CE rapport annuel aura deux partie: un compte rendu d'activités et une réflextion sur l'état moral de l'ABF, un examen de conscience.
Dans la première partie, je citerai volontiers quelques réalisations jugées très positives et qu'il m'est agréable de rappeler.
En ce qui concerne les publications, l'ABF a obtenu un beau succès avec Le Métier de bibliothécaire, grâce à la section des Bibliothèques publiques qui l'a rédigé, grâce à M. et Mme Bony qui l'ont édité, grâce à la Secrétaire générale qui a coordonné et relu les manuscrits. Après un tirage à 4.000 ex., épuisé en moins d'un an, un nouveau tirage est dès mainteant prévu pour septembre.
Un autre succès d'édition, obtenu grâce à la maison Saur de Munich, est la publication des comptes rendus de la journée sur la vulgarisation scientifique tenue à Nice. L'ouvrage paraîtra d'ici la fin de l'année. Je souhaiterais vivement que d'autres textes voient le jour, mais là encore c'est à vous de travailler, d'être responsables en écrivant, en éditant, sans attendre que la bonne parole vienne d'en haut.
On peut ajouter, à ces publications entreprise par l'ABF, d'autres réalisées par les sections ou sous-sections et notamment le Répertoire des bibliothèques et centres de documentations d'histoire de l'art de la Région parisienne par la sous-section des Bibliothèques d'art.
Par contre la situation de notre Bulletin est beaucoup moins brillante. Les difficultés économiques augmentent le coût de l'impression mais la publicité diminue, créant une situation extrêmement difficile pour le maintien en vie du Bulletin. Il faut reconnaître que les derniers numéros de 1979 étaient à peine présentables. Nous avons été à "deux" doigts d'arrêter cette publication, l'éditeur ne voulant plus financer le déficit que la publicité ne compensait pas et que l'ABF ne pouvait non plus combler.
C'est pourquoi nous avons essayé une nouvelle présentation, un nouveau format, une nouvelle typographie et une nouvelle mise en page. Vous allez recevoir ce numéro, il serait utile de connaître votre réaction.
Les problèmes éditoriaux ne sont pas tout. Il y a plus grave: ce sont les problèmes rédactionnels. Renée Lemaître, que je tiens à remercier publiquement, a bien voulu se charger de la tâche difficile de Rédacteur en chef. Vous lui rendez ce travail difficile ! Si en effet d'autres professions écrivent, il semble que les bibliothécaires n'aient rien à dire et ne s'intéressent pas assez à leur métier pour en parler.
Pour des gens du livre c'est un comble ! Il est presque impossible malgré un comité de rédaction de trouver de la copie et encore plus de la bonne copie.
Dans la pénurie de publications professionnelles françaises, on pourrait croire qu'au moins un bulletin serait nécessaire et deviendrait le forum des idées sur le développement et l'évolution de notre métier. On ne peut que s'étonner de cette pénurie, quand on observe les collègues étrangers qui publient des dizaines de revues et de nombreux ouvrages, nos prédécesseurs et leur bulletin d'avant 1939, d'autres associations qui publient un bulletin mensuel; on constate ailleurs la richesse et la variété des idées qui s'échangent. Alors pourquoi pas vous? Je lance un pressant appel à tous les collègues, le Bulletin de l'ABF paraît depuis 1906, nous n'avons pas le droit de le supprimer. Mais notre seule volonté ne suffit pas à le faire vivre et il est impossible de la maintenir artificiellement. C'est à nous tous de le faire vivre (en le modifiant s'il le faut) en produisant des textes et des textes de qualité. Croire que ce Bulletin est l'organe du seul "échelon national" est absurde. C'est l'organe de tous, moyen de communication, d'échanges, de formation.
Indiquez d'abord à Renée Lemaître les thèmes qui vous intéressent, que vous souhaitez voir traiter, décrivez ensuite vos propres expériences, vos projets, vos idées sur la profession. Notre Bulletin doit être le témoin de la bibliothéconomie de notre temps, mais ceci n'est possible que par vos contributions, vos témoignages, vos travaux qui seuls manifestent l'intérêt que vous lui portez.
L'Annuaire de l'Association 1979/1980 est enfin en cours d'impression et sera publié avant l'été. Pour des raisons techniques il ne comportera que les adresses professionnelles de nos adhérents. Mlle M.T. Laureilhe, dont tous nos collègues connaissent le dévouement a accepté la lourde tâche de la fabrication des index. Qu'elle trouve ici l'expression de notre gratidude.
La Note d'Information. L'autre maillon important de nos relations intérieures est la Note d'Information créée en 1975, qui vous apporte des nouvelles brèves, des informations ponctuelles et qui reprend sous sa forme multigraphiée une partie du Bulletin qui ne méritait pas de passer à la postérité. Nous avons donc réparti les informations en choisissant pour le Bulletin les outils de fond et un compte rendu des activités importantes des groupes et sections et pour la Note d'Information les comptes rendus circonstanciels (déjeuners, visites, etc...), des comptes rendus d'ouvrages, les offres d'emplois, les nouvelles générales.
Mais il faut reconnaître que cette Note d'Information repose uniquement sur la Secrétaire générale qui la rédige en totalité. Pourquoi ne pas lui envoyer des nouvelles, les annonces de congrès, réunions, activités, les comptes rendus de ces mêmes activités, des comptes rendus d'ouvrages ou des "lus dans la presse"?
Autre publication, le calendrier trimestriel d'activités qui souffre des mêmes défauts que les deux précédentes: le manque de participations des membres qui n'envoient pas au secrétariat national l'annonce de leurs prochaines réunions, ce qui fait que ce programme est incomplet.
Essayons de mieux concevoir cette participation à l'oeuvre commune en se sentant co-responsable de l'Association et de ses publications et, par un réflexe naturel d'envoyer régulièrement des textes, comptes rendus et réflexions qui profiteront à tous nos collègues.
Le rôle d'une association est aussi de réunir ses membres et dans ce domaine les succès sont nombreux.
Le Congrès de La Rochelle a réuni 520 personnes, ce qui est un record.
La Section des Bibliothèques publiques a réuni ses membres deux fois pour des journées d'étude sur les documents autres que le livre à Orléans, sur les bibliothèques pour enfants et les discothèques à Grenoble.
La Section de la Bibliothèque nationale a organisé de nombreuses visites d'organismes parisiens et notamment du Service informatique des Archives.
Les sections des Bibliothèques universitaires et des Bibliothèques spécialisées ont organisés avec succès une journée d'étude en collaboration avec l'ADBS que je remercie, car avec une ferme volonté de collaboration on peut toujours réussir des entreprises intéressantes et d'avenir.
On ne peut citer toutes les réunions des groupes car elles sont trop nombreuses et témoignent d'une vitalité continue de notre association.
Depuis deux ans maintenant, les Présidents de sept associations-soeurs se réunissent régulièrement afin de coordonner leurs activités, des thèmes "dans l'air" méritant un congrès ou une réunion, de suivre l'évolution de la situation des bibliothèques. Un résultat important de ces réunions a été justement la réunion ABF/ADBS du 15 mars 80.
Cette collaboration de nos associations apparaît de plus en plus nécessaire car les problèmes sont communs et un environnement plutôt hostile oblige à serrer les coudes. Cette collaboration doit se manifester aussi bien sur le plan local par des réunions interassociations que sur le plan régional au niveau des groupes ou sur le plan national.
Autre succès important: la formation professionnelle. Grâce à Mme F. Froissart responsable de ce secteur au Bureau national, des réunions communes entre responsables des cours ABF ont pu avoir lieu permettant, un inventaire de ces cours, une organisation plus solide, des comparaisons utiles.
Dans la mesure où c'est un diplôme ABF qui est délivré, cette collaboration entre les centres est nécessaire. Elle a permis à l'ABF d'obtenir sa reconnaissance par les autorités en tant qu'organisme de formation avec possibilité de remboursement de frais par les entreprises, ce qui en contrepartie a donné aux centres régionaux une officialité qui ne fait qu'ajouter à leur prestige.
L'ABF, avec les autres associations, participe depuis longtemps à l'IFLA. Cette année fut brillante puisque le Congrès de Copenhague qui reçut une délégation française de 45 membres, vit l'élection à la Vice-présidence de Marie-Louise Bossuat devenue Trésorier de la Fédération, poste particulièrement important. Nous renouons ainsi avec une tradition qui veut qu'un Vice-président soit Français.
Jusqu'à présent, nous donnions un compte rendu de la réunion annuelle de l'IFLA, importante source de nouvelles et d'informations, dans un numéro spécial du Bulletin.
Le Bureau et le Comité des publications en ont décidé autrement, voulant gar garder un Bulletin par section et par an. Mais comme la copie est insuffisante en partie parce que confiée à d'autres publications jugées plus intéressantes, nous devons rajouter des textes de communications du Congrès IFLA, jugées importantes, dans chaque numéro. Ces comptes rendus seront donc éparpillés.
Voilà donc les activités de l'Association, de toute association: des réunions, des cours, des publications. Apparemment cela ne semble pas satisfaire tout le monde puisque certains membres d'un groupe ont préféré faire sécession. Ils ne seront sûrement pas présents à Strasbourg, mais je voudrais leur dire à quel point leur attitude est fausse. Ce n'est pas parce qu'on a une vie régionale riche et développée avec de nombreuses réunions, des catalogues, des travaux, que l'échelon national est superflu. De tous temps, le Bureau a encouragé cette vie régionale car elle est un des éléments les plus solides de l'Association. Mais cette vie a besoin, pour bien se développer, du soutien logistique, d'une coordination, d'un Secrétariat général.
Il est absurde d'opposer les deux échelons; ils sont complémentaires et mutuellement nécessaire. Une petite association régionale n'est qu'une petite association régionale de 30 à 50 membres sans pouvoir ni possibilité d'action et comme seule activité leur réunion annuelle autour d'un bon repas, ce n'est pas négligeable, mais c'est un peu court! Rien n'interdit l'appartenance à plusieurs associations encore qu'il soit dommageable de disperser ses efforts. La structure très fédérative de l'ABF permet tout le développement local que vous pouvez souhaiter avec un petit quelque chose en plus.
Tout le reste et notamment les reproches faits au Bureau et au secrétariat national sont affaire de mauvaise organisation facilement réparable, mais aussi de mauvaise foi. Pour combattre les deux, le Bureau a décidé de déléguer un de ses membres aux réunions des groupes régionaux afin de mieux connaître ce qui si passe, de faire connaître l'activité du Bureau et surtout de permettre une explication franche sur les difficultés administratives qui peuvent se produire.
Il faut toutefois pas trop s'affoler car de tous temps, l'Association a été victime d'une oscillation permanente entre le centralisme et l'éclatement; chaque section, chaque groupe a tendance à faire sécession, se jugeant très "différent" des autres puis dès qu'il est séparé à lancer un appel au regroupement.
Il ne faut toutefois pas trop s'affoler car de tous temps, l'Association a été victime pèse bien toutes les conséquences. Sur le plan local, un regroupement des types de bibliothèques est nécessaire quelles que soient leurs différences, au moins pour certaines activités. Sur le plan national, aussi, avec une forte activité des sections. Vouloir traduire des mouvements d'humeur en institutions est un peu léger et prouve un manque d'élévation.
Sur le plan moral, maintenant, ce rapport ne changera pas beaucoup de celui de l'année dernière.
Comment se fait-il que le marasme actuel des bibliothèques en général retentisse sur la vie professionnelle en général et sur l'Association en particulier ? On aurait pu imaginer naïvement peut-être que par un phénomène compensatoire ce marasme, l'absence de politique, le manque de crédits, l'effritement des bibliothèques auraient provoqué un sursaut de la vie associative qui pourrait regrouper les bonnes volontés. Il n'en est rien, je le constate sans l'expliquer.
Je le déplore aussi car notre Association n'est pas une entité abstraite mais le résultat du rassemblement de ses membres, à tous les niveaux. Si un consensus de rassemblement n'existe pas, à quoi bon maintenir une union purement formelle ? Ce ne sont plus quelques personnes qui peuvent maintenir ce que nul ne soutient.
Il faut donc une réponse franche à cette question. Voulons-nous maintenir l'ABF ? Et cette réponse ne peut-être que celle d'une participation plus active de chacun à toutes les formes de la vie de l'Association.