Appel à communications
L’art et le livre entre XVe et XVIIIe siècle, pour une approche transdisciplinaire

Organisateur : Enssib

Date et horaire : 30/04/2020 09:00 - 17:00

Adresse : Enssib | 17-21 bd du 11 novembre 1918 69100 Villeurbanne


Les propositions de communication, sous forme d’un résumé d’une demi-page environ, accompagnées d’un bref CV, devront être envoyées avant le 30 avril 2020 à cette adresse : histoirelivre.histoireart@gmail.com

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appel communication
Présentation de l’évènement

Colloque organisé par Clarisse Evrard (Université de Lille), Fabienne Henryot (Enssib / Centre Gabriel Naudé), Chloé Perrot (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne / Enssib), Malcolm Walsby (Enssib / Centre Gabriel Naudé).

 

Quand image et objet-livre interagissent, cela intéresse tout autant l’histoire du livre que l’histoire de l’art et d’autres disciplines telles que les littéraires, chacune travaillant avec ses propres méthodes.

Et de fait, de nombreuses études ont déjà interrogé les relations entre visuel et textuel. La littérature scientifique en témoigne, que l’on pense aux livres d’Heures traités tant par des historiens du livre que des historiens de l’art, ou aux romans illustrés de la période moderne qui font également l’objet d’une double attention et intéressent aussi les spécialistes de la littérature. Citons par exemple les travaux du Centro di Elaborazione Informatica di testi e Immagini nella Tradizione Letteraria de la Scuola Normale de Pise sur les romans chevaleresques de la Renaissance[1] ou la thèse de Benoît Tane qui approfondit les questions des liens entre gravure et récit, et questionne jusqu’à la notion d’illustration afin de déterminer interactions et indépendance des media de la narration[2].

Il ne s’agit donc pas d’analyser une fois encore les relations entre les deux types de discours que sont l’écrit et le visuel, verbal and non verbal texts[3], pas plus que des voies relevant de la problématique du ut pictura poesis et des modes de transposition du texte en image et inversement. Nous souhaitons voir se croiser les regards sur le terrain d’un dialogue méthodologique et d’une recherche épistémologique en questionnant la polysémie de l’objet-livre et en se demandant comment différents champs disciplinaires étudient un même objet, suivant quelles modalités et dans quelles perspectives.

 

Le champ d’analyse est vaste et nous avons choisi de le circonscrire au livre imprimé et à l’image ante-industrielle. Nous proposons par ailleurs des axes qui doivent servir de thématiques communes d’analyse autour desquelles s’établira le dialogue. Nous avons articulé ces axes autour d’une biographie du livre et de l’art, de la création de l’illustration à ses développements endogènes et exogènes, en passant par la forme livresque comme œuvre en soi, sans oublier la place du livre dans les collections.

  • Axe 1 : Autour des processus créatifs dans l’objet-livre
    Ce premier axe permettra de croiser les approches et les regards portés sur les images dans le livre et d’interroger leurs spécificités : comment les aborder dans une éventuelle sérialité qui se construit au fil des pages et de la lecture ? Dans quelle mesure le positionnement de l’image dans le corps de l’ouvrage peut-il orienter sa compréhension ? Quels sont les facteurs de composition d’un livre qui se répercutent sur celle de l’image ? Quelle part d’auctorialité pour l’illustrateur ? Peut-on parler d’une écriture illustrative comme d’une écriture éditoriale ?
    Par ailleurs, nous voudrions également comprendre comment images et compositions typographiques particulières participent de la valeur marchande, modulent la présence du livre dans les circuits d’échanges, en incluant la dimension commerciale dans la genèse qui préside à sa réception.
  • Axe 2 : Art dans le livre, art né du livre
    L’image qui émaille le texte lui insuffle, tout comme certains choix typographiques, une forme de rythmicité qui participe à l’acte de lecture. Nous souhaiterions que soit interrogé ce regard qui lit, suivant les lignes et les chapitres et celui qui observe l’image, échappant à la linéarité au profit d’une synchronie, et rompant, peut-être, avec le parcours diachronique que le récit avait prévu pour lui dans son déroulement.
    Une autre perspective qui pourra être envisagée est celle des spécificités des images nées du livre dès lors qu’elles ne sont plus ancrées à leur support textuel premier, que ce soit des gravures autonomes ou des œuvres d’art : relèvent-elles toujours de la sphère de l’illustration ou revêtent-elles une dimension métatextuelle ?  L’objet d’art né du livre porte-t-il encore la marque de l’organisation matérielle du texte illustré qui l’a inspiré ? Quel statut conférer à ces images à la fois nées du livre et hors de l’objet ?
  • Axe 3 : Le livre à images et les collections
    Pourvu d’images, l’objet-livre attire autant les bibliophiles que les collectionneurs. Mais les uns et les autres ne l’abordent ni ne le conservent de la même manière. Ainsi, dans les catalogues de vente, on peut le trouver classé avec la bibliothèque ou dans les collections d’estampes. Le département des estampes de la BnF nous fournit un élément de réflexion important : des séries d’illustrations conservées pour elles-mêmes et indépendamment du texte qu’elles accompagnaient. C’est donc cette proximité et cette séparation dans l’acte de collection que nous voudrions interroger ici et, plus particulièrement, dans les rapports qu’entretiennent bibliophilie et collection d’estampes.
    Ces questions entraînent un corollaire en termes de classement et de signalement des images du livre au sein des collections nationales que sont les bibliothèques. La compréhension de la diversité des approches méthodologiques des chercheurs peut permettre aux établissements de faire évoluer le référencement des fonds d’images, complexes par nature.

 

Par conséquent, c’est tout naturellement à l’Enssib que cette rencontre trouve place et nous espérons qu’elle suscitera l’enthousiasme des universitaires tout comme des professionnels des musées et des bibliothèques. Ces axes ne sont en rien limitatifs et les intervenants sont invités de manière large à sonder leurs corpus au prisme des images dans l’objet-livre et du cadre chronologique défini.

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[1] Lina Bolzoni (dir.), Galassia Ariosto. Il modello editoriale dell'Orlando Furioso dal libro illustrato al web, Rome, Donzelli editore, 2017.

[2] Benoît Tane, Avec figures. Le roman illustré au XVIIIe siècle, Rennes, PUR, 2014.

[3] Donald McKenzie, Roger Chartier (préf.), Marc Amfreville (trad.), Bibliographie et sociologie des textes, Paris, Éditions du cercle de la librairie 1991, p.6.