Mettre en données le manuscrit : entre intelligence artificielle, philologie et science ouverte
Organisateur : Enssib
Date et horaire : 02/02/2026 16:30 - 18:00
Adresse : Enssib | 17-21 bd du 11 novembre 1918 | 69100 Villeurbanne
Conférence organisée pour les étudiants de master et retransmise en direct sur la chaîne youtube de l'Enssib.
L'Enssib organise un cycle de trois conférences sur l'Intelligence artificielle (IA) à destination des étudiants de master de la mention sciences de l'information et des bibliothèques.
Ces conférences abordent l'IA au prisme des sciences humaines et sociales pour identifier et explorer les enjeux politiques et sociaux associés à la fabrique d'outils d'intelligence artificielle.
Pour chacune de ces trois conférences, la parole est donnée à de jeunes chercheuses.
Séance du 2 février 2026 : Ariane Pinche : Mettre en données le manuscrit : entre intelligence artificielle, philologie et science ouverte
Les récents progrès de l’intelligence artificielle, et plus particulièrement de la reconnaissance automatique de l’écriture (HTR), ont profondément transformé l’accès aux sources manuscrites médiévales. Ce qui relevait autrefois d’un patient travail d’expertise, mobilisant des années de recherche, peut désormais être accompli en quelques jours, ouvrant la voie à une mise en données à grande échelle du patrimoine écrit. Mais cette accélération technique s’accompagne de questionnements épistémologiques majeurs : qu’advient-il du document lorsqu’il devient donnée ? Que change l’automatisation dans la pratique philologique et dans l’appréhension du texte ? Cette conférence proposera une réflexion sur la place des méthodes numériques dans la chaîne éditoriale et la construction des corpus, depuis le fac-similé jusqu’à l’édition critique. Elle explorera la stratification des données — image, transcription, normalisation, annotation — et les tensions entre fidélité documentaire, modélisation numérique et interprétation savante. Enfin, elle interrogera le rôle renouvelé de la philologie dans le contexte de la science ouverte, où le manuscrit devient à la fois objet patrimonial, ressource de recherche et jeu de données interopérable.
Ariane Pinche est chargée de recherche au CNRS en études médiévales et humanités numériques au CIHAM (UMR 5648). Spécialiste de l’édition numérique des textes hagiographiques en ancien français, elle s’intéresse aux transformations des pratiques philologiques à l’ère de l’intelligence artificielle. Ses travaux actuels portent sur la reconnaissance automatique de l’écriture dans les manuscrits médiévaux et sur les logiques de compilation au sein des légendiers français.