Vers le monde d’après…

Nathalie Marcerou-Ramel
Directrice de l'Enssib

Le 27 mars, lorsque l’Enssib a pris la décision d’ouvrir ses ressources documentaires, éditoriales et des contenus de formation à titre gratuit pendant la période de confinement, les équipes s’attendaient à recevoir quelques centaines de demandes. Mais, dès l’annonce adressée à nos différents réseaux professionnels, les messages ont afflué. Alors que cette offre prendra fin le 1er juin, quelques demandes arrivent encore et ce sont au total plus de 4500 comptes gratuits qui ont été créés. Autant dire qu’à l’heure des premiers bilans, cette réponse massive de nos communautés professionnelles ouvre des perspectives dans un contexte dont nul ne peut ignorer la gravité. Cette offre de contenus a généré de multiples échanges entre les personnels de l’Enssib et des professionnels parfois peu familiers de l’école : de nouveaux publics se sont intéressés à l’école et à ses services. Il convient évidemment d’analyser ces résultats, afin de comprendre quels usages ont été faits des contenus proposés.  Le séminaire Biblio-COVID 19, créé et animé par Raphaëlle Bats, a lui aussi attiré bon nombre de celles et ceux que la crise incitait à réfléchir à la place et au rôle des bibliothèques. Cette démarche est donc amenée à se poursuivre, permettant à Raphaëlle et à l’École de tester de nouvelles méthodes d’animation à distance, transposables à d’autres thématiques.
 
Car l’après confinement, ce « monde d’après » des bibliothèques, de l’enseignement supérieur et de la recherche, s’annonce, pour longtemps peut-être, hybride. Depuis le 11 mai, les personnels de l’Enssib, créatures masquées mais souriantes, s’entraînent à suivre les sens de circulation créés dans le bâtiment, « PRA » oblige ! L’enjeu est double : accompagner les conservateurs stagiaires de la promotion Louise Michel DCB 28 dans la fin de leur processus de formation et leur affectation en établissement, tout en préparant activement la réouverture de l’École aux publics en formation, en septembre. Comme tous les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, elle sait que le distanciel continuera à jouer un rôle important dans son offre de formations, de publications et de manifestations. La continuité pédagogique constitue la priorité de la direction des études et des équipes enseignantes, dont il faut saluer la mobilisation : engagées dans la préfiguration  des différentes rentrées de l’automne, elles se mobilisent pour convaincre entreprises et bibliothèques de proposer des offres de stages professionnels, d’alternance ou d’apprentissage, une nouvelle modalité de formation que l’École met en place cette année au sein de sa mention de master Sciences de l’information et des bibliothèques.
 
Dans ce paysage en recomposition, l’Enssib a plus que jamais besoin de ses communautés professionnelles pour faire évoluer son offre de formations et de services. Au-delà des ouvertures de ressources évoquées plus haut, liées à un contexte particulier, l’École s’est durablement engagée en faveur de l’accès ouvert à travers certaines de ses publications : les contenus du Bulletin des bibliothèques de France prochainement disponibles via le Flux du BBF, la nouvelle revue de recherche Balisages, qui lance son troisième appel à articles, la collection La numérique publiée aux Presses de l’Enssib. Ce choix a cependant un coût et, alors que le processus d’évaluation engagé en 2019 avec le Hcéres suit son cours et que l’Enssib réfléchit à son prochain projet d’établissement, la question de son modèle économique reste posée. Il existe de multiples moyens de soutenir l’École : cette première Lettre d’après confinement vous propose quelques pistes.