Alexandra Nobile

Alexandra Nobile est diplômée en Lettres classiques et Lettres modernes. Elle est professeure à Naples, puis à Tunis, où elle travaille également dans l’action culturelle, avant de préparer le concours de bibliothécaire d’État en 2018. Elle intègre la promotion FIBE 09 Bartleby en 2019.

Alexandra Nobile, élève-bibliothécaire en stage professionnel à la bibliothèque Widener (Université de Harvard)

Après six semaines de stage professionnel à la bibliothèque Widener de l’Université de Harvard, Alexandra Nobile dresse un premier bilan d’une expérience très formatrice, qui lui aura permis de contribuer à la collecte de documents primaires1 sur les mouvements socio-politiques contemporains en Europe.

 

1/ Quelles ont été vos missions de stage et le contexte dans lequel elles se sont inscrites ?
J’avais pour mission de créer une bibliothèque numérique (articles, posts, photos, vidéos, dessins, mèmes2, …) à propos du Brexit. Cette bibliothèque s’insèrera dans les autres bibliothèques numériques de Harvard qui documentent les mouvements socio-politiques contemporains en Europe. Elles sont destinées à servir la communauté des chercheurs en leur proposant des documents non académiques. La collecte d’éphémères politiques (tracts, affiches…) est une pratique de longue date à Harvard.

 

2/ Travailler à l'étranger est forcément source de découverte. Quelles pratiques professionnelles locales vous ont particulièrement étonnées ?
Ici, les bibliothécaires sont perçus comme de véritables relais des professeurs. Les étudiants leur font confiance et n’hésitent pas à les solliciter pour avancer dans leurs recherches. Certains professeurs considèrent d’ailleurs qu’ils sont trop présents. À Widener, ce qui surprend également en arrivant, ce sont les magasins, qui sont en accès libre : 3,5 millions de livres et 57 miles d’étagères autour desquelles les étudiants déambulent en essayant de ne pas se perdre.

 

3/ Si vous avez visité une bibliothèque ou un établissement documentaire autre que celle de votre stage, qu'en avez-vous retenu de particulièrement surprenant, innovant ou enthousiasmant ?
J’ai surtout visité les autres bibliothèques de l’université, qui en compte environ soixante. Les collections sont impressionnantes mais également les propositions de formation, tant pour la recherche documentaire que pour la maîtrise des technologies. À part Harvard, j’aimais aller à la Boston Public Library qui ressemble plus ou moins à ma bibliothèque idéale, en termes de beauté, de collections, d’inclusion et d’hospitalité (et de nourriture).

 

4/ Finalement, maintenant que le stage est fini, quel bilan en tirez-vous en termes d'expérience individuelle ?
J’ai beaucoup aimé ma mission de stage et les échanges et retours avec les collègues ; j’ai appris au sujet de l’archivage du web et des collections numériques. J’ai assisté à une formation sur l’UX, le nettoyage des données, le codage et la data-visualisation, ce qui m’a servi pour ma mission. J’ai également assisté à quelques formations destinées aux étudiants et j’ai vraiment apprécié la façon de transmettre. Ça me sera utile pour la partie formation des usagers de mon prochain poste.

 

5/ Une anecdote à partager sur votre séjour aux USA ?
Je retiens le plaisir de baigner dans un contexte multilingue ; dans notre bureau, le russe, le grec, le français et l’anglais s’entrelaçaient. Dans un autre département de la Widener, j’ai rencontré Richard, un bibliothécaire qui maîtrise huit langues et en déchiffre de nombreuses autres. Richard vient de l’île Maurice et il est extrêmement précieux pour une institution comme celle-ci. Au-delà de leur glorieux passé, ce sont les parcours de vie et les personnalités de ceux qui y travaillent qui font la richesse des bibliothèques !

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1. Documents produits par les témoins directs d’un événement.
2. Documents satiriques mêlant image et texte et circulant de façon virale sur les réseaux sociaux.

 

Propos recueillis par Raphaëlle Bats, publiée le 18 mars 2020.