Eloy Baratiny

Eloy Baratiny commence sa carrière en documentation spécialisée avant d’intégrer la Bibliothèque départementale Schœlcher à Fort-de-France, où il assure la fonction de responsable du fonds patrimonial, de directeur adjoint, puis de directeur par intérim. Depuis décembre 2001, il assume la direction de la médiathèque du Lamentin, où il met en place de nombreux projets innovants.

Diplômé en science politique, Eloy Baratiny est enseignant vacataire à l’université des Antilles depuis de nombreuses années. Formateur pour la délégation régionale du CNFPT Martinique et au Centre de gestion, il participe à de nombreux jurys d’examens et de concours professionnels.

En 2012, dans le cadre du jumelage entre la ville du Lamentin et celle de Santiago de Cuba, il collabore avec la Casa del Caribe à l’organisation d’un colloque sur la Caraïbe dans le Cadre du festival del Caribe de Santiago de Cuba. Actuellement, toujours dans le cadre de ce jumelage, il a en charge en tant que chef de projet de la modernisation, l’informatisation et la formation du personnel de la Bibliothèque Abel Santamaría de Santiago de Cuba. A l’origine du FabLab de la médiathèque du Lamentin, Eloy Baratiny s’intéresse également à la réalisation de brevets industriels et à la création de Start-Up.

Rencontre avec Eloy Baratiny, directeur de la médiathèque du Lamentin en Martinique, à propos de l’offre de formations continues de l’Enssib

1/ Vous êtes actuellement directeur de la médiathèque du Lamentin en Martinique, un poste riche qui vous sollicite. Pourquoi est-il néanmoins important pour vous de continuer à vous former ?
Nous exerçons un beau métier qui a évolué très vite ces dernières années et avec les nouvelles technologies s’est transformé à une vitesse exponentielle : « Du puits au robinet » avait écrit M. Denis Varloot en 1983 dans le BBF. On peut remarquer d’ailleurs que la bibliothéconomie a beaucoup apporté à l’évolution numérique par la nécessité de trouver et de mettre en œuvre des solutions de stockage et de diffusion de l’information. Ce sera là, dans les années à venir, un enjeu majeur de nos sociétés : l’accès à la connaissance universelle !
À ce titre, pendant le confinement, les bibliothèques ont réussi, pour celles qui étaient préparées, à maintenir le lien avec leurs lecteurs, par l’accès en ligne des œuvres, à la presse, à la connaissance, à la culture d’une manière générale.
Ainsi, se former régulièrement, est pour moi, le moyen d’être au fait de ces évolutions non seulement technologiques, mais aussi des pratiques qui changent, évoluent, et s’adaptent aux besoins des usagers. C’est aussi l’occasion de rencontrer et d’échanger avec d’autres collègues sur leurs propres expériences, leurs réalités quotidiennes. Par ailleurs, la formation permet d’assurer une veille permanente, d’initier avec les équipes des démarches projets et d’être dans l’innovation permanente.

 

2/ Ces trois dernières années, vous avez participé à plusieurs stages de formation continue organisés par l'Enssib. Pourquoi avoir choisi l'Enssib pour vous former ?
Ma formation initiale, je l’ai faite à l’ENSB, ancienne dénomination de l’Enssib. C’est pour moi l’institution de référence pour ceux qui ont embrassé cette carrière. Les modules proposés sont intéressants et les intervenants sont de bons professionnels d’un excellent niveau. Ils n’hésitent pas à nous faire partager parfois leurs propres expériences.

 

3/ Quels étaient alors vos principales attentes ? Vos besoins ?
Il est vrai que je m’informe très régulièrement sur l’évolution du métier à travers mes lectures et échanges avec d’autres professionnels de France et d’ailleurs.
Conforter mes connaissances à l’occasion de ces formations ne peut être que bénéfique. De plus, lors de mes déplacements vers l’hexagone, à plus de 8000 km de mon territoire, j'en profite pour faire une immersion dans les bibliothèques pouvant être en lien avec ces formations, ou parfois lorsque je m’intéresse à un projet innovant mis en place par une médiathèque.
Dans tous les cas, je n’hésite pas à coupler ces déplacements avec des stages pratiques ou des visites de médiathèques dont les projets m’intéressent particulièrement.

 

4/ Qu'est-ce qui d'après vous distingue les formations de l'Enssib ? Quels sont leurs points forts ?
Les formations dispensées par l’Enssib sont des formations métiers, c’est-à-dire plus spécifiques, plus pointues sur le métier. Je note que ces formations ne sont pas forcément proposées dans les catalogues des autres organismes de formations qui couvrent le territoire.
Quant aux points forts, ce sont pour moi : le lieu, l’accueil, les moyens mis à disposition des stagiaires pendant et après la formation (accès aux supports des cours via une plateforme dédiée). La qualité des interventions, et les modules organisés sur trois jours rendent ces formations efficaces.

 

5/ Concrètement, quelles ont été les applications pratiques des formations que vous avez suivies à l'Enssib ? En quoi vous ont-elles été utiles ?
Sans pouvoir identifier spécifiquement les différentes formations, les projets que j’ai initiés suite aux stages que j’ai effectués à l’Enssib sont les suivants : renforcement de la politique d’accueil et d’animation en direction des publics empêchés ; démarche visant à faire de la médiathèque, une médiathèque Tiers lieu ; numérisation d’un fonds de ressources documentaires patrimoniales sur l’histoire du Lamentin et de la Martinique en vue d’intégrer à terme le programme européen MICHAEL ; création d’un FabLab au sein de l’Espace public numérique, pour impulser la créativité, susciter l’envie d’apprendre la programmation et initier les jeunes enfants à la robotique ; développement du fonds de livres numériques et des nouveaux supports de lecture (l’après confinement nous permettra une vraie mise en pratique).
Généralement, ces formations me permettent de revoir ou d’adapter nos pratiques. Ce qui n’est pas toujours évident à court terme, puisque nous sommes dans un contexte insulaire et vivons une autre réalité.

 

6/ Compte tenu du contexte sanitaire actuel, les modalités de formation évoluent, notamment vers de la formation à distance. Comment envisagez-vous votre propre formation et celle de vos collaborateurs dans les mois à venir ?
La formation à distance me paraît intéressante et une bonne alternative à la formation présentielle parce qu’elle favorisera la participation d’un plus grand nombre de professionnels aux formations. En effet, certains d’entre eux, pour diverses raisons, n’y prennent pas part. Je citerai par exemple : frein personnel et psychologique, autorisations non obtenues de la hiérarchie, les absences du service difficiles à organiser sans risquer d'en gêner le fonctionnement, des raisons de coûts pour la collectivité (billets d’avion, train, hébergement...), des raisons organisationnelles (décalage horaire, etc.).
De toute évidence, la formation à distance, dans les années à venir, deviendra une pratique courante. Le contexte sanitaire actuel a mis en exergue la nécessité d’y recourir : certains de mes collaborateurs ont suivi des formations par webinaire, et ont semblé apprécier. Je ne manquerai pas de les inciter à poursuivre l’expérience.



Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 7 juillet 2020