Nicolas Beudon

Nicolas Beudon est conservateur des bibliothèques, consultant et formateur. Il a notamment créé les 7 lieux, la bibliothèque de Bayeux intercom, qui se distingue par plusieurs partis-pris innovants (mobilier « comme chez soi », présentation des collections inspirée des librairies, large amplitude horaire).
En tant que consultant, il accompagne des lieux culturels qui souhaitent se réinventer, tisser des liens plus étroits avec leur public et imaginer de nouveaux services.

Rencontre avec Nicolas Beudon, formateur à l’Enssib, conservateur des bibliothèques, consultant et formateur

1/ Vous intervenez dans le cadre de formations proposées aux professionnels par l'Enssib. Qu'est-ce qui, pour vous, distingue l'Enssib comme organisme de formation continue ?
L’Enssib est d’abord pour moi le lieu où j’ai suivi ma formation initiale post-concours (je suis conservateur des bibliothèques). Au-delà de l’aspect purement personnel, l’école, précisément parce que c’est une plaque tournante incontournable pour de nombreux professionnels, bénéficie d’une visibilité unique. De ce fait, l’offre de formation continue touche presque tous les types de publics : bibliothèques universitaires, bibliothèques municipales, petits ou grands établissements, urbains ou ruraux... En tant que formateur, c’est à la fois un défi et une richesse d’être face à des stagiaires aussi divers, venus des quatre coins de la France. Cela génère des échanges très riches en formation.

En tant qu’établissement national, l’Enssib a également vocation à proposer une offre de formation innovante et à explorer des territoires nouveaux. C’est bien le cas pour la formation que j’anime sur le merchandising, puisque elle a été la première de ce type en France. D’autres organismes de formation m’ont ensuite sollicité mais Armelle de Boisse, la responsable du pôle formation continue, fut la première à faire ce pari.


2/ Vous êtes responsable scientifique et unique intervenant du stage : Le merchandising : nouvelles approches pour aménager l'espace et valoriser les collections en bibliothèque". Pourquoi traiter d'un tel thème en bibliothèque ?
C’est une bonne question, parce que le terme merchandising ne fait pas partie du vocabulaire de base des bibliothécaires. Pour le dire brièvement, il s’agit des différentes techniques que l’on peut employer dans un lieu de vente pour favoriser la rencontre entre un produit et un client. On est dans le champ du commerce, de la vente, du marketing. Les bibliothèques n’ont rien à vendre évidemment, mais on retrouve néanmoins des problématiques communes. Par exemple, les bibliothécaires doivent eux-aussi agencer des produits (généralement des livres) dans l’espace, sous une forme lisible et attractive, qui permet de trouver ce que l’on cherche mais également de faire des découvertes.
Il y a donc deux aspects intéressants selon moi à se former au merchandising lorsqu’on est bibliothécaire : d’abord, sortir de son univers professionnel pour découvrir des idées et des pratiques nouvelles, et d’autre part, retrouver formulé autrement des questionnements qui sont déjà les nôtres.
 

3/ Comment avez-vous construit cette formation ? Comment avez-vous pour cela collaboré avec le pôle Formation Tout au Long de la Vie de l'Enssib ?
La difficulté est d’arriver à alterner la théorie et la pratique. Comme il s’agit d’idées nouvelles, il y a beaucoup de choses à expliquer. En même temps, on est dans un domaine très concret. J’essaie de procéder sous forme de séquences, qui permettent d’explorer une thématique et qui se clôturent par un temps d’activité : un travail en binôme, une discussion collective, un atelier de mise en pratique...
La collaboration avec le pôle Formation Tout au Long de la Vie porte sur la forme plus que sur le fond. Nous avons par exemple testé différentes durées, avec une première formation d’un jour et demi, avant de passer à deux jours complets. J’apprécie beaucoup la réactivité de l’Enssib, qui a exceptionnellement proposé deux sessions pour cette formation en 2020, afin de répondre à la forte demande.

 

4/ Conservateur des bibliothèques, vos postes précédents vous ont conduit à placer l'innovation au cœur de vos pratiques. En quoi cela enrichit-il votre approche de formateur ?
Proposer des formations sur des sujets innovants est un vrai plaisir parce que tout est à inventer. Il ne s’agit pas simplement de faire un état de l’art ou une synthèse de bonnes pratiques bien connues. Il faut trouver les bons mots, les bons exemples, créer de toutes pièces des exercices. Cela implique évidemment de tâtonner un peu et mes formations évoluent toujours beaucoup d’une session à l’autre. Les stagiaires m’apprennent énormément et leurs retours permettent à la formation de s’améliorer.

 

5/ Qu'est-ce qui pour vous définit une formation réussie ?
En tant que formateur, j’ai deux objectifs : comme j’interviens souvent sur des sujets innovants, mon premier souhait est de permettre aux stagiaires de changer de regard. Mon second objectif est plus pratique : j’espère proposer des formations utiles qui permettent de passer à l’action, de mener des projets, de faire bouger les choses.

 

6/ Concrètement, les mesures sanitaires en cours depuis mi-mars ont modifié l'accès à la formation. Quelles sont pour vous les principales évolutions actuelles et à venir ?
Pour l’instant, il me semble difficile de se prononcer sur l’avenir, même à court terme. Cependant, pendant le confinement, beaucoup de gens ont découvert le télétravail et les outils collaboratifs en ligne. Certaines formations que je devais donner durant cette période ont été transformées en visioconférences. On peut supposer que ces formats vont se développer, mais c’est une simple hypothèse. Fort heureusement, beaucoup de choses vont également revenir à la normale. La formation que j’animerai en septembre prochain par exemple devrait prendre une forme tout à fait classique, mis à part les mesures barrières auxquelles nous sommes maintenant tous habitués.



Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 30 juin 2020