
Lena Bouillard est diplômée du master Sciences de l'information et des bibliothèques - parcours "Archives numériques" obtenu en 2021. Elle est actuellement co-responsable de l’atelier de la donnée de Bourgogne-Franche-Comté au sein du pôle documentation de l’EPE université Bourgogne Europe.
1/ En quoi la formation reçue à l’Enssib a-t-elle contribué à façonner votre parcours professionnel ?
Lorsque je suis entrée en M2 ARN à l’Enssib en 2021, j’avais déjà commencé ma vie professionnelle depuis plusieurs années. Après des études de lettres et de journalisme, j’avais occupé plusieurs postes à la radio, dans une agence de communication et dans une boutique de bonbons. Il s’agissait donc d’une reprise d’études. J’avais choisi le master ARN avant tout pour nourrir un engagement associatif sur la thématique des archives LGBTQI+, mais pas pour devenir archiviste.
Au fur et à mesure de l’année scolaire, j’ai découvert la richesse du métier d’archiviste, mais aussi et surtout l’existence des métiers liés à la gestion et à l’ouverture des données de recherche dans l’enseignement supérieur et la recherche. C’est le domaine vers lequel j’ai décidé de m’orienter à l’issue de mon année de M2 ARN, puisque je suis aujourd’hui co-responsable de l’atelier de la donnée de Bourgogne-Franche-Comté au sein du Pôle documentation de l’EPE université Bourgogne Europe. En tant qu'atelier de la donnée, notre travail est d'aider les chercheurs/euses de Bourgogne-Franche-Comté à adopter de bonnes pratiques de gestion (stockage, nommage, partage...) et d'ouverture des données de recherche. J’ai trouvé cet emploi, dans lequel je m’épanouis énormément, avant même la fin de mon année de M2, car les compétences archivistiques sont recherchées dans l’écosystème de la science ouverte. Sans l’Enssib, je n’aurais probablement jamais su que ce type de métier existait !
2/ Quels sont, selon vous, les grands enjeux actuels dans votre domaine, et comment votre passage à l’Enssib vous a-t-il préparé à y répondre ?
Au sein des services de soutien à la recherche, la question de l’archivage à long terme des données de recherche est de plus en plus pressante. Nous sommes régulièrement sollicité.e.s par les chercheurs/euses, qui se posent légitimement la question de l’avenir des données qu’ils/elles produisent, d’autant que les financeurs de la recherche publics leur demandent de plus en plus d’anticiper cela en début de projet. Malheureusement, peu de personnels dans les structures de recherche ont les compétences nécessaires pour répondre à ces questions. Quant à celles et ceux qui les ont, notamment les archivistes de ces structures (lorsqu’ils/elles existent), ils/elles peuvent s’appuyer sur peu d’éléments réglementaires pour répondre aux chercheurs/euses.
Assez vite après ma prise de poste, j’ai donc décidé de me saisir de ces enjeux, avec l’aide de mes collègues de l’atelier de la donnée. Au niveau local, nous avons lancé un projet qui réunit différents établissements de Bourgogne-Franche-Comté (et leurs archivistes, lorsqu’ils/elles existent) pour nous permettre de conseiller de manière claire et précise les chercheurs/euses sur la question de l’archivage à long terme de leurs données de recherche. La position fédératrice au niveau régional de notre atelier de la donnée nous permet en effet de coordonner ce projet à un niveau plus haut que celui des établissements. Je me suis engagée également au niveau national en rejoignant plusieurs groupes de travail sur la question. Tout cela, j’ai pu le faire grâce aux compétences archivistiques acquises à l’Enssib.
3/ Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux étudiants de l’Enssib ?
Je leur dirais de se laisser surprendre par les différents domaines professionnels qu’ils/elles découvriront à l’Enssib et de se laisser la possibilité d’explorer différentes choses à la fin de leur formation. Il ne faut pas hésiter à tenter sa chance dans un domaine qui ne semble peut-être pas directement lié à sa formation ! Les frontières ne sont souvent pas aussi imperméables que l’on ne pense, que ce soit entre les métiers, mais aussi entre les différents master de l’Enssib. J’ai recroisé depuis la fin de mon M2 des collègues issu.e.s du master PBD ou SIBIST qui travaillaient dans le même domaine que moi sans aucun problème.
Propos recueillis par Robin Chauchot
Le 5 janvier 2025