Cédric Vigneault, à Zadar en Croatie pour un séjour Erasmus professionnel

Cédric Vigneault a participé grâce au programme Erasmus a un échange professionnel co-financé par l'Union Européenne. Il a découvert le service relations internationales de l'université de Zadar en Croatie du 25 au 29 septembre 2017. Il revient sur cette riche expérience internationale.

Cédric Vigneault, à Zadar en Croatie pour un séjour Erasmus professionnel

Pouvez-vous nous parler d'un élément de votre stage qui vous a particulièrement marqué ?

Le rapport à l’Europe. A une époque où l'Europe donne des signes de faiblesse, la politique internationale de l’université est marquée par une volonté très forte de s’inscrire dans l'espace de la communauté européenne. Mais aussi d’être un pont entre la CEE [communauté européenne économique] et les voisins immédiats de la Croatie tels que la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine qui sont les futurs candidats au projet européen mais qui ont aussi un œil du côté de l'Est. Une vraie bataille d'influence culturelle se joue dans cette région entre la Russie et l'Europe. Le département international de l'université de Zadar édifie des ponts pour transformer ces concurrences politiques en collaborations scientifiques. Ce stage m'a permis de mieux prendre conscience de cette dimension géopolitique d'une DRI [direction des relations internationales].

 

Dans votre environnement de stage, avez-vous été étonné par des pratiques ou perspectives professionnelles différentes des habitudes françaises ?

Oui, j'ai été très surpris en apprenant que le service des publications composé d'une personne publiait 20 livres par an dont un certain nombre de beaux livres, là où nous en publions 11 avec une équipe de 3 personnes. J'ai donc mené mon enquête. La solution : le recours à des prestataires de service et une personne en interne qui coordonne. En Italie, plusieurs universités fonctionnent ainsi. Avoir une structure éditoriale au sein de l'école comme c'est le cas à l'Enssib aujourd'hui, est un vrai luxe. Erasmus nous apprend cela aussi.

 

Parmi les bibliothèques ou centres de documentation visités, pouvez-vous nous raconter une chose que vous avez trouvée particulièrement surprenante, innovante ou enthousiasmante?

La nouvelle bibliothèque universitaire que je n'ai pas visité mais qui est en devenir. J'ai juste une photo de son futur emplacement (cf. photo ci-dessus) : un terrain vague au bord de la mer. J'ai pu voir les premiers projets architecturaux mais sous le sceau du secret avec interdiction d'en reproduire des plans. Il est donc difficile d'en parler. Les bibliothécaires m'ont simplement fait part de leur enthousiasme de se voir doté d'une bibliothèque à la mesure de leurs missions. Quelques réticences, cependant, liées au fait que les professionnels de la documentation n'ont pas du tout été consultés sur l'aménagement avec le risque de faire un choix plus politique et esthétique que pratique.

Autre point d'enthousiasme, plus anecdotique peut-être mais qui touche le monde des bibliothèques, la petite bibliothèque de Sali sur l'île Dugi, au large de Zadar. Une architecture intérieure innovante avec une série d'espaces à chercher avant de se les approprier, une décoration riche de collages de toute sorte du sol au plafond, une lumière indirecte du soleil sur la mer, un piano à disposition des usagers, des livres partout - en croate en priorité mais aussi en langues étrangères-, un télescope pour l'atelier astronomie, un guichet unique pour une bibliothécaire unique, des espaces de travail moelleux, une expérience utilisateur singulière, bref, un learning center en version matérialisée.

 

Au final, que vous aura apporté votre mobilité internationale ?

En premier lieu de faire mes premiers pas dans une DRI et de constater que les problématiques vont être spécifiques à chaque université, même si on peut observer des aspects communs (la gestion des mobilités, le travail administratif, l'accueil des entrants etc.).

Cette mobilité alimente aussi ma conviction que l’Europe a du sens et qu’elle ne peut se construire que dans la rencontre qui reste le meilleur rempart pour lutter contre les lieux communs et autre raccourcis opportunistes pour dénigrer le voisin.

Et enfin elle permet de tailler en pièce le France bashing, très à la mode ces derniers temps. Les Français ne se rendent pas compte des sentiments très positifs que leur pays inspire à l'extérieur. Une mobilité internationale, comme un miroir, nous renvoie cette image valorisante.

Pour finir, je voudrais remercier à Zadar, Maja Kolega et Mate Juric, et à l'Enssib Raphaëlle Bats et Cyrielle Sogno pour m'avoir permis d'effectuer ce stage dans de très bonnes conditions.