Du 26 au 30 septembre 2016, Christelle Petit, responsable du service Diffusion des savoirs, s’est rendue à la bibliothèque de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) à l’occasion d’un stage dans le cadre du programme Erasmus co-financé par l'Union Européenne.

Christelle Petit : Des bibliothèques bien ancrées dans le paysage universitaire en Belgique

Dans la bibliothèque où vous avez fait votre stage, pouvez-vous nous décrire en quelques mots le service/collection/projet qui vous a le plus intéressée/étonnée ?

La bibliothèque de l’ULB a organisé son accueil en deux services : S&SAME traite les premières demandes d’accueil et d’orientation, à la fois dans la bibliothèque et sur l’ensemble du campus, en visant les réponses les plus immédiates ; les questions plus poussées en matière documentaire sont adressées à EUReKA, lors de permanences ou de rendez-vous, assurés par des responsables de collection, des subject librarian, et des sherpas employés par la bibliothèque.
Ces sherpas font l’originalité du dispositif de formation à la recherche dans cette bibliothèque, depuis 2000 ; le plus souvent universitaires diplômés, ils ont l’aisance orale et les compétences disciplinaires nécessaires à l’exercice, et assurent une offre de services à la carte pour les chercheurs ou les étudiants : séminaires d’auteur pour jeunes chercheurs qui souhaitent publier, ateliers spécifiques sur les questions de droits d’auteur, d’open access, de bibliométrie, etc.

 

Toujours dans cette même bibliothèque, pouvez-vous nous décrire une de leurs actions qui vous paraît vraiment différente de la France ?

La Belgique est un pays très proche de la France, géographiquement, linguistiquement, culturellement, éditorialement – au point qu’il devient parfois possible d’oublier que nous ne sommes pas en France. Enfin presque, parce qu’en réalité, l’organisation des bibliothèques universitaires révèle de nombreuses différences fondamentales, notamment en ce qui concerne les relations au monde de la recherche. Pour le personnel dit académique (chercheurs et enseignants-chercheurs), venir travailler en bibliothèque n’a rien d’extraordinaire et n’est pas considéré comme une reconversion. Par exemple, le directeur de la bibliothèque des sciences humaines ou le directeur du département de support aux activités académiques (dans lequel sont insérées les bibliothèques de l’ULB) sont des académiques, qui ne se perçoivent pas comme bibliothécaires, mais dont la carrière passe assez naturellement par des fonctions que nous identifions en France comme relevant des bibliothécaires. Cette situation prend certainement son ancrage dans l’absence de diplôme de bibliothécaire au-delà du niveau bac + 3, contrairement à la France dont les études liées aux bibliothèques déclinent tous les niveaux. Découle de ce manque un avantage considérable, en ce que la bibliothèque paraît plus naturellement inscrite dans le paysage universitaire qu’elle ne l’est en France.

  

Si vous avez visité une autre bibliothèque, laquelle ? Et racontez-nous une chose que vous avez trouvée particulièrement intéressante dans cette bibliothèque.

La Bibliothèque royale de Belgique (ou KBR pour Koninklinjke Bibliotheek van België), située idéalement en plein centre de Bruxelles, rassemble les collections patrimoniales du gouvernement depuis 1837, et bénéficie d’un dépôt légal depuis 1966. Son histoire est donc relativement récente. Depuis une dizaine d’années, la Bibliothèque royale de Belgique poursuit une politique de numérisation de ses collections, à la fois dans un but de préservation et pour en assurer une diffusion en ligne. Pour mener à bien cette mission, elle s’est dotée en 2011 d’un service de numérisation qui est chargé de coordonner la réalisation des projets de numérisation. Celui-ci s’appuie sur une multi-expertise du personnel, toute l’équipe étant capable de piloter l’ensemble des tâches de la numérisation pour des lots de 50 à 100 documents. Ce fonctionnement par projet, accompagné d’un important travail sur les indicateurs, permet de repérer plus vite les risques d’embouteillage. Tous les 6 mois, des points d’amélioration possibles sont identifiés et ordonnés par priorité, ce qui permet un développement régulier du service. La visite des différentes stations de numérisation, avec un matériel très pointu, prouve la vitalité de cette activité.