Mathilde Gaffet

Mathilde Gaffet, étudiante en master PBD à l’Enssib effectue son stage à l’Alliance française de Bogota où elle participe à la création d’un réseau de médiathèques pour un public non francophone. Elle nous fait part de son expérience, co-financé par l'Union Européenne et par l'AUF, en répondant à nos questions.

Mathilde Gaffet : un partenariat pour la création d’un réseau de médiathèques, stage en Colombie

Dans l’établissement dans lequel vous faites votre stage, pouvez-vous nous parler d’une des missions qui vous ont été confiées ?

L’une des missions qui m’a été confiée et qui structure une grande part des activités est la création d’un réseau de médiathèques dont l’objectif est de favoriser la diffusion du français dans des lieux tiers à l’Alliance française de Bogota. Ce projet vise ainsi à concevoir et proposer des activités d’ordre culturel et pédagogique aux établissements partenaires mais aussi de proposer les ressources de la bibliothèque numérique Culturethèque au plus grand nombre. Cette mission implique de raisonner en termes de partenariat et de réussir à voir plus loin que les enjeux propres de son institution. C’est aussi une mission structurante en ce qu’elle est transversale à de nombreuses activités qui sont alors remises en perspective puisque les projets d’abord pensés à l’échelle d’une bibliothèque doivent désormais l’être à l’échelle d’un réseau de médiathèques (choix des ressources ou idée d’ateliers par exemple). Par-là, ce type de partenariat nous oblige à penser des projets pour des publics « inhabituels » dans le sens où nous ne sommes jamais en contact avec eux. Cet aspect renforce d’autant plus les efforts qui doivent être mis en place pour créer un dialogue suffisamment riche avec l’institution partenaire pour faire des propositions adaptées.

 

Dans votre environnement de travail, avez-vous été étonnée par des pratiques ou perspectives professionnelles différentes des habitudes françaises ?

Effectuant mon stage à l’Alliance française de Bogota, une grande partie du personnel est français et de nombreux référentiels professionnels proviennent directement des pratiques françaises. Les perspectives professionnelles sont en revanche différentes des habitudes françaises en ce que les missions de la structure sont différentes. L’Alliance française est une association privée et elle vise en priorité à s’adresser aux personnes souhaitant apprendre la langue française. Cette priorité se ressent alors dans le choix des ressources, des politiques d’ouverture et des différents événements proposés.

 

Parmi les bibliothèques visitées, pouvez-vous nous raconter une chose que vous avez trouvée particulièrement surprenante, innovante ou enthousiasmante ?

En dehors du cadre du stage, j’ai eu l’occasion de visiter la bibliothèque publique Virgilio Barco de Bogota. Elle est l’une des quatre têtes du réseau BibloRed qui compte 19 bibliothèques au total. Ce qui m’a le plus étonnée tient à la localisation et à l’architecture de la bibliothèque. Bien que géographiquement plutôt centrale dans la ville, je l’ai trouvée isolée. En marchant aux abords de la bibliothèque, on ne peut distinguer la moindre habitation aux alentours. Elle est entourée de parcs, d’espaces verts et d’imposants bâtiments qui, après une recherche approfondie, se trouvent être des équipements culturels et sportifs. Bâtie en 2001, le terrain de la bibliothèque s’étend sur près de 14 hectares. Tout un travail architectural et paysager dans un esprit de circularité a été mené dans et autour du bâtiment principal. Ainsi, la bibliothèque est au cœur d’un ensemble de bassins, de terrasses et de jardins qui rompt complètement avec le tumulte de la ville. Au départ, réellement surprise par un tel éloignement, l’expérience de se rendre à la bibliothèque devient tout autre en ce que la démarche revêt presque une dimension de promenade dominicale (à noter que la bibliothèque est effectivement ouverte le dimanche).

Au final, que vous aura apporté ce stage à l'étranger ?

Ce stage à l’Alliance française de Bogota m’aura beaucoup apporté tant sur le plan professionnel que personnel. Sur le plan professionnel, car un stage de quatre mois permet nécessairement de s’immerger dans une culture d’entreprise et d’avoir une meilleure compréhension de la structure et de ses enjeux. Cela a été également un réel apport sur le plan professionnel, car les directions m’ont accordé leur écoute et leur confiance au fil des semaines et cela a été décisif pour être force de propositions. Sur le plan personnel, il s’est avant tout agi de la découverte de toute une culture dont l’histoire récente participe à renvoyer à l’international une vision très partielle de la réalité du pays.