Mélanie Papot-Liberal

Mélanie Papot-Libéral, étudiante en master CEI a bénéficié d’un stage en Ecosse à la National Library of Scotland, co-financé par l'Union Européenne et par la Région Auvergne Rhône-Alpes, qui lui a procuré un enrichissement personnel et professionnel et lui a ouvert l’esprit. Elle partage avec nous son expérience.

Mélanie Papot-Liberal : une exposition à Edimbourg en l’honneur des 20 ans de la publication du premier Harry Potter, stage en Ecosse

Dans l’établissement dans lequel vous faites votre stage, pouvez-vous nous parler d’une des missions qui vous ont été confiées ?

J’ai réalisé mon stage professionnel de fin de master au sein de la National Library of Scotland à Édimbourg. Il s’agit de la plus grande bibliothèque d’Écosse, l’une des six bibliothèques du dépôt légal au Royaume-Uni et l’un des centres majeurs de recherche en Europe. Travaillant dans le département des collections modernes, j’ai notamment été en charge d’organiser une exposition pour célébrer les 20 ans de la publication du premier Harry Potter. Cette exposition était programmée comme un évènement d’une journée qui devait attirer beaucoup de monde, Édimbourg étant le lieu de naissance d’Harry Potter. J’ai donc eu pour mission de sélectionner les livres qui allaient être exposés, parmi eux la première édition d’Harry Potter and the Philosopher’s stone et des éditions illustrées très prestigieuses, mais également d’organiser les différentes vitrines et de rédiger les étiquettes explicatives. La bibliothèque a pris contact avec J.K Rowling et un célèbre collectionneur pour tenter d’obtenir des documents précieux pour l’évènement. Pour l’organisation de cet évènement, j’ai également travaillé en collaboration avec la section exposition et communication de la bibliothèque. En parallèle, j’ai procédé à l’archivage du web en créant une collection spécialisée sur Harry Potter. Mon rôle était d’archiver tous les sites web britanniques ayant un lien avec le célèbre sorcier, que ce soit des sites officiels, des sites de fans ou des articles de presses.
Outres ces deux missions, j’ai travaillé entre autres sur un projet avec Google Arts & Culture en créant une exposition virtuelle sur Ossian et je me suis occupée des acquisitions françaises.

 

Dans votre environnement de travail, avez-vous été étonnée par des pratiques ou perspectives professionnelles différentes des habitudes françaises ?

Contrairement à la France, il n’y a pas besoin de concours pour exercer les professions de bibliothécaire ou conservateur au Royaume-Uni. De cette manière, tout le monde peut postuler à un emploi en bibliothèque. Cela peut sembler plus simple de prime abord, mais la sélection aux entretiens d’embauche est donc plus importante. Il y a beaucoup de candidats pour chaque poste et l’expérience professionnelle est plus recherchée que les études.
De plus, j’ai été surprise des possibilités d’évolution ou de changement de poste possibles au sein de la bibliothèque. En effet, des annonces régulières sont envoyées par mail et il est rare qu’un employé effectue toute sa carrière dans le même département.
Enfin, il y a une profonde collégialité au sein de la bibliothèque qui est très agréable. L’entraide est très importante et les relations professionnelles sont souvent moins formalisées qu’en France, chacun s’appelant par son prénom la plupart du temps, notamment dans les mails.

 

Parmi les bibliothèques visitées (celle de votre stage ou une autre), pouvez-vous nous raconter une chose que vous avez trouvée particulièrement surprenante, innovante ou enthousiasmante ?

J’ai dans un premier temps été surprise par les collections incroyables de la National Library of Scotland. En effet, elle ne possède pas moins de 24 millions de documents, principalement acquis grâce au dépôt légal depuis 1710. Ainsi, il est rare que les lecteurs ne trouvent pas ce qu’ils sont venus chercher. Autre fait surprenant est la méthode de classification des livres, classés par taille et date d’arrivée à la bibliothèque. 6 000 nouveaux documents arrivent chaque semaine, ce qui représente environ 300 000 par an. Il est donc impossible d’effectuer une classification par sujet à cause de la place que cela demanderait. L’architecture de la bibliothèque est également très originale. Le bâtiment principal à George IV Bridge étant construit sur un pont, le public entre directement au 11e étage et la salle de lecture se trouve au 13e étage. Les espaces de stockage se situent donc tous sous le hall d’accueil, sur plus de dix étages, jusqu’à Cowgate, rue passant sous le pont.

Enfin, un fait innovant de la bibliothèque est son développement des ressources numériques. En effet, après accord avec certains éditeurs, des livres du dépôt légal sont acquis en format numérique et non papier. Se pose alors la question des expositions. Peut-on mettre en vitrine un ebook ? C’est une des questions auxquelles va tenter de répondre la National Library of Scotland dans les prochaines années.

 

Pour conclure, que retirez-vous de ce séjour international ?

Je tire de ce séjour en Écosse un enrichissement professionnel et personnel. En effet, j’ai découvert une nouvelle culture, proche de celle française mais qui a tout de même ses petites différences. J’ai pu m’intégrer à une équipe au sein de la bibliothèque et découvrir une autre manière de travailler, fondée sur l’entraide et la collaboration. L’ambiance au travail est très détendue et personne ne louperait la pause thé du matin. Voyager à l’étranger m’a ouvert l’esprit et m’a prouvé que le monde était bien plus vaste que je ne me l’imaginais. J’ai fait de nombreuses rencontres et je n’ai maintenant qu’une envie, repartir à la découverte de nouveaux pays et pourquoi pas travailler à l’étranger pour un temps. Et il faut bien avouer que l’Écosse est un pays magnifique et ses habitants les personnes les plus aimables que j’ai pu rencontrer.