Raphaëlle Bats au congrès de la lecture et de la Foire International du Livre de Bogotà, Colombie

Raphaëlle Bats, chargée de mission Relations Internationales (RI) a participé à la conférence annuelle de la lecture organisée par la Funda lectura au cours de laquelle elle a donné deux conférences en lien avec les préoccupations des bibliothécaires colombiens, face aux transformations démocratiques d’un pays en plein processus de paix. Nous avons saisi cette opportunité pour lui poser quelques questions.

Raphaëlle Bats : découverte du congrès de la lecture et de la Foire International du Livre de Bogotà, Colombie

Pouvez-vous nous parler de ce colloque ?

Chaque année, au sein de la Foire du Livre de Bogotà (FILBO), la Funda lectura organise le Congrès annuel de la Lecture. Plus de 900 bibliothécaires ou personnes dédiées à la découverte de la lecture (enseignants du primaire par exemple) se réunissent pendant une semaine pour aborder un thème d’actualité. Cette année le thème était "égaux mais divers", thème qui fait référence au processus de paix en cours en Colombie.
Par ailleurs, l'année 2017 est l'année France-Colombie, et un pavillon français avait été installé sur le site de la FILBO. Plusieurs auteurs, éditeurs et bibliothécaires français ont été invités à partir à la FILBO en général et pour les bibliothécaires au congrès FundaLectura en particulier. Ainsi, Fabrice Chambon (BM Montreuil), Jérémy Lachal (BSF) et moi-même nous sommes retrouvés à Bogotà.

 

Avez-vous été invitée pour donner une conférence pendant ce colloque ?

Oui, en effet, et même pour donner deux conférences. J’ai eu l’honneur de donner conférence inaugurale sur le thème "Démocratie, pluralisme et bibliothèque". Au-delà de l'intérêt que je porte au sujet, en lien avec mon travail de doctorat (en cours), il me semble qu'intervenir sur un tel thème dans un autre pays que le sien est toujours éclairant. La démocratie colombienne est très différente de la nôtre, à la fois dans son histoire et ses fondements, et dans ses formes actuelles, notamment sur le plan du pluralisme. Aussi parler de démocratie devant des Colombiens comporte une certaine prise de risque et oblige à bien travailler les concepts et le point de vue qu'on prend. En d'autres termes, et selon le principe des regards croisés, je n'ai pas tant appris sur la démocratie colombienne que sur la nôtre, et c'est une excellente chose, surtout en ce moment.
J'ai donné une autre présentation, devant un public plus réduit (250 personnes), sur l'expérience menée à la BM de Lyon et appelée "Projet Démocratie", expérience qui constitue le terrain de ma thèse.

 

Lors de votre séjour, quelles choses ont pu susciter votre étonnement ?

Plusieurs choses m’ont étonné ; je vais donc faire une sorte d’inventaire non classé.
D’abord les bibliothèques privées, dont celle ouverte par une banque qui a transformé ses locaux (immenses) en une bibliothèque à la fois municipale et académique, avec un auditorium et une grande programmation culturelle, et ce en plein centre-ville.
Ensuite, la présence de jeux de société dans toutes les bibliothèques visitées, quelles qu’en soient la taille, le statut, le type d’institution (les bibliothèques d’Alliance française, comme les bibliothèques municipales, comme les bibliothèques privées). Il semblerait que le jeu ne soit pas un nouvel enjeu pour les bibliothèques, mais une certaine évidence. De manière plus anecdotique, j’ai été étonnée par le fait que dans les librairies, les livres sont entourés de plastique, ce qui n’en permet pas le feuilletage. Cela me laisse penser que la lecture est plutôt liée à l’étude et donc à des demandes précises, qu’au véritable loisir.
Enfin, d’une manière générale, j’ai été très touchée par les questions que se posent les bibliothèques à l’heure du processus de paix. Ce sont des questions sur leur rôle dans à la fois la mémoire des événements, mais aussi la possibilité d’un nouveau vivre-ensemble. Je crois que les bibliothèques colombiennes sont face à un moment historique dans leur développement, car une telle situation politique renouvelant la forme de leur démocratie ne peut qu’avoir un impact sur les missions qu’elles se donnent.