Agnès Defrance

Après plusieurs emplois de bibliothécaire jeunesse en bibliothèque municipale puis en bibliothèque départementale de prêt, Agnès Defrance occupe un poste de chef de service de médiations au sein de la bibliothèque départementale de prêt de l’Hérault. En 2014, elle intègre le poste de responsable à la médiathèque pierresvives et des médiations.

Rencontre avec Agnès Defrance : les enjeux liés à l’éducation artistique et culturelle (EAC) en bibliothèque

Nous avons rencontré Agnès Defrance lors de la journée d’étude « Le livre dans l'éveil artistique et culturel des enfants et des jeunes » organisée à l’Enssib. À cette occasion, elle revient sur les enjeux liés à l’éducation artistique et culturelle (EAC) dans la profession et comment cette pratique s’exprime dans les bibliothèques.

 

Vous travaillez au sein du bâtiment pierrevives, à l’architecture particulière. Comment la médiathèque s’exprime-t-elle au sein de cette structure au style atypique ?

Lorsque Zaha Hadid, l’architecte à l’origine du design de cet édifice, nous a présenté ce projet, elle l’a envisagé comme un « arbre couché de la connaissance ». Il faut savoir que pierrevives accueillait au départ la médiathèque, les archives départementales et Hérault Sport. Pendant près de cinq ans, nous avons travaillé sur ce que la réunion de ces trois services pouvait apporter ou, du moins, sur ce qu’ils avaient en commun.  Il en est ressorti des thèmes tels que l’éducation populaire, le partage des connaissances ou encore la construction de soi. Nous sommes une bibliothèque départementale de prêt, et ce type d’établissement est avant tout destiné à des professionnels. Avec pierrevives, nous avons souhaité que ce bâtiment profite à un grand public et que la médiathèque soit ouverte sur le quartier.

 

Pierresvives, c’est un nom original. D’où vient-il ?

Il s’agit d’une référence au Tiers-Livre de François Rabelais : « Je ne bâtis que pierresvives, ce sont hommes. » C’est véritablement l’état d’esprit que nous souhaitons refléter, que pierresvives soit un lieu de partage de connaissances ouvert à tous.

 

Vous avez contribué à l’ouvrage Faire vivre l’action culturelle et artistique en bibliothèque : Du tout-petit au jeune adulte de la collection La Boîte à outils. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle de l’EAC ?

Si l’EAC est aujourd’hui très présente, c’est avant tout le résultat de plusieurs années de travail avec des bibliothèques et des partenaires. Cette situation nous permet désormais d’avoir la possibilité de développer des actions différentes où l’écrit reste présent, mais où la création artistique peut davantage s’exprimer. À l’heure de l’évolution des pratiques culturelles, les attentes des usagers évoluent aussi : le nombre de prêts est en baisse tandis que la fréquentation des bibliothèques s’est accrue. C’est là une belle occasion à saisir pour diversifier nos pratiques.

 

Quelles relations entretenez-vous avec les établissements d’enseignement héraultais dans le cadre de la promotion de l’action culturelle et artistique ?

Nous accueillons tout type de public scolaire, de la maternelle à l’enseignement supérieur. L’accueil des élèves du primaire ne s’inscrit pas dans un projet pédagogique sur le long terme car nous n’avons pas vocation à entrer en concurrence avec les médiathèques de proximité qui occupent ces fonctions à juste titre. Grâce à l’infrastructure de pierresvives, nous avons cependant développé des ateliers que nous proposons aux enseignants, tels que la découverte de l’architecture ou une initiation à l’art urbain.

 

Comment le parcours d’EAC s’intègre-t-il dans le projet d’établissement de pierresvives ?

En tant que bibliothèque départementale de prêt, nous jouons le rôle de facilitateur de projets entre la médiathèque ou la bibliothèque de proximité et l’établissement scolaire. Il peut s’agir de prêt de documents et d’expositions, ou bien de la mutualisation des pratiques entre bibliothèques. C’est notre côté fédérateur qui s’inscrit dans la mission de lecture publique du département. Au-delà de l’accueil de ces publics et des ateliers qui leur sont dédiés, nous organisons des activités en période extrascolaire. La médiathèque, les archives et le service programmation œuvrent ensemble pour le développement de l’action artistique et culturelle à destination des jeunes publics.

 

Que retenez-vous de votre passage à l’Enssib à l’occasion de cette journée d’étude ?

Cette journée était utile car elle a permis aux bibliothécaires de mieux s’approprier la notion d’EAC qui relevait peut-être trop du domaine scolaire dans l’imaginaire collectif, en raison du terme « éducation » assez connoté. Ces échanges avec des collègues nous ont démontré que nous faisions en réalité tous de l’EAC, parfois sans même le savoir. C’est un moyen de se rassurer et de se donner confiance dans cette nouvelle orientation des bibliothèques qui, à travers leurs actions, concourent à l’épanouissement et à l’émancipation des citoyens.

 

Propos recueillis par Karim Guerda