Hélène Fischbach

Titulaire d’un master en édition, Hélène Fischbach fait ses premières armes chez Gallimard au sein de la collection « Série noire ». Elle exerce ensuite différentes missions auprès d’éditeurs en indépendant et travaille pour le festival Quais du Polar dès sa création en 2005, tout en poursuivant ses activités en freelance. Depuis 2014, elle est à la tête de ce festival international.

Rencontre avec Hélène Fischbach, directrice du festival Quais du Polar

Rencontre avec Hélène Fischbach, directrice du festival Quais du Polar

Dans le cadre de la journée d’étude sur le polar organisée à l’Enssib le 28 mars dernier, nous avons rencontré Hélène Fischbach, directrice du festival Quais du Polar qui s’est tenu du 29 au 31 mars à Lyon. L’occasion de revenir sur cet événement incontournable du roman policier.


Le festival international Quais du Polar célèbre cette année sa quinzième édition. Que vous inspire cet anniversaire ?

Hélène Fischbach : Cette édition 2019 est particulière en raison de cet anniversaire, mais également du fait d’un plateau de 140 invités, contre de 110 à 120 à l’accoutumée, avec des noms très attendus dont Brian De Palma, Roberto Saviano ou encore Michael Connelly. Nous constatons, sur les quinze dernières années, une véritable évolution du genre, notamment avec l’émergence de nombreux auteurs francophones et d’un intérêt pour le polar français à l’étranger. Les pratiques ont elles aussi évolué, avec une utilisation plébiscitée du format numérique et l’élargissement du lectorat. Le nombre de collections de littérature policière est en constante augmentation et la manière d’appréhender ce genre a changé : la série télévisée, qui n’existait pas ou peu il y a quinze ans, intéresse désormais tant les amateurs de polar que les auteurs.

 

La journée de formation organisée le 28 mars à l’Enssib visait à former et à sensibiliser divers publics à la littérature policière. En quoi cette journée répondait-elle à un besoin ?

H.F. : Il y a une dizaine d’années, au moment du lancement de cette journée de formation, le genre pouvait encore être légèrement décrié. Il était en tout cas considéré comme mineur en comparaison avec la littérature dite « blanche ». Nous ressentions le besoin de le populariser, dans un contexte où le nombre de lecteurs et de collections est toujours plus important. Le polar est un genre assez tentaculaire avec énormément de sous-catégories telles que le polar historique, le thriller ou encore le roman noir. L’objectif était donc de transmettre les connaissances nécessaires aux participants n’ayant pas forcément une approche complète du genre.

 

Pourquoi avoir choisi de se spécialiser dans ce genre littéraire en particulier ?

Au moment de la création du festival, il n’y avait pas de manifestation littéraire dédiée, ce qui était étonnant au vu de l’envergure d’une agglomération comme Lyon. Le choix s’est porté sur le polar car il soulève des questions sociétales et permet de sortir des sentiers battus en allant chercher un public différent, qui se sent plus proche de cette littérature.

 

Le festival dépasse traditionnellement le simple cadre du livre. Quelle programmation avez-vous prévue?

Nous avons travaillé avec la majorité des cinémas de la métropole sur un programme de projections riche durant ces trois jours : films, séries, documentaires, courts-métrages et films pour enfants. Nous privilégions les manifestations au format original avec des rencontres aux musées d’art contemporain et des Beaux-Arts, ainsi qu’une soirée thématique au musée gallo-romain. Sans oublier un des succès du festival, la grande enquête dans la ville avec un parcours citadin jalonné d’énigmes à résoudre.

 

Avant d’être un festival, Quais du Polar est d’abord une association éponyme, active toute l’année. Quels types de missions mobilisent l’association ?

Chaque année, l’opération « Polar derrière les murs » organise des rencontres entre auteurs et détenus et fournit des livres aux prisons. Nous avons aussi un programme dédié aux publics scolaires. Des écoles primaires élisent le lauréat du prix Jeunesse, des collégiens travaillent sur une battle polar et des lycéens se penchent sur des projets autour de l’adaptation et de la traduction. D’autres actions sont menées ponctuellement tout au long de l’année.

 

Pour conclure, votre sélection coup de cœur de cette année ?

Il y a le roman « Piranhas » de Roberto Saviano, paru à l’automne dernier chez Gallimard, dont la suite va sortir lors du festival. Il retrace la montée d’un baby gang, une sorte de nouveau gang dont les membres sont des adolescents, qui a pris les rênes de la mafia napolitaine. Du côté francophone, j’ai en tête le roman « La guerre est une ruse », de Frédéric Paulin, publié aux éditions Agullo. Il s’intéresse à l’histoire de l’Algérie des années 90, plongée dans le terrorisme. C’est un livre très bien documenté et fort dans la construction de ses personnages.

 

Propos recueillis par Karim Guerda