
Thomas Chaimbault-Petitjean, Département des Etudes, responsable des formations de fonctionnaires, s’est rendu ce mois d’août au congrès de l’IFLA 2016 à Colombus (Ohio) aux Etats-Unis : l’occasion pour nous de lui poser quelques questions sur son expérience …
Quelle est l'open session qui vous a le plus intéressé pendant le WLIC 2016 ?
J'hésite entre deux sessions mais je pense que je vais opter pour le Knowledge Café "Continuous Learning in Libraries & their Communities" présenté par les groupes Knowledge Management, Library and Research Services for Parliaments et Continuing Professional Development and Workplace Learning. Il n'y avait pas de conférences à proprement parler mais une dizaine d'ateliers sur une thématique particulière dans lesquels les collègues échangeaient pendant un temps déterminé. Au bout de ce dernier, ils changeaient de table et de thème pour partager leur expérience dans un autre atelier, et une restitution générale était proposée en fin de session.
Ce côté échange d'expérience pouvait, certes, parfois manquer de réflexions stratégiques (quoique) mais facilitait les rencontres et les découvertes en rapprochant des collègues qui n'auraient eu aucune raison de se parler sans cela.
Cette année, il s'agissait donc de réfléchir aux défis et opportunités que peuvent rencontrer les institutions afin de soutenir leurs équipes d'une part, engager les usagers d'autre part dans un processus de formation continue.
Les thèmes portaient donc sur :
1. Transforming the library with creativity
2. Developing an innovative culture in the workplace
3. Share your innovative programs
4. Team Building & Team leadership
5. Learning from others: Peer training best practices
6. Learning Strategies for Staff
7. Learning within the constraints of limited staffing and budgets
8. Digital libraries – digital futures: how to develop and keep up skill sets
9. Learning together: when experts from developed libraries work with developing
10. Mentoring and coaching programmes
11. Developing strategies for communication with decision makers
Quelle section vous intéresse le plus et pourquoi ? Pouvez-vous nous décrire une de leurs actions (guide, conférence, etc.) ?
Deux sections se rapprochent de mon activité professionnelle et sont donc potentiellement riches pour faire évoluer nos propres pratiques : il s'agit de la section "Education and Training" (SET) qui s'intéresse aux questions de formation initiale des professionnels des bibliothèques et de la section "Continuing professional developement and workplace learning" (CPDWL) qui s'intéresse au développement des compétences en formation continue. C'est cette dernière section qui était à l'origine des échanges d'expériences mentionnés dans la question précédente.
Les sections proposent des conférences à l'occasion du congrès d'une part et autour du congrès en proposant des conférences satellites. Elles travaillent également pour SET à construire un outil de comparaison de la qualité de la formation des professionnels au niveau mondial, pour CPDWL à la publication d'un guide pour améliorer la formation continue des professionnels. SET cherche également à proposer un prix à destination des étudiants en sciences de l'information et des bibliothèques et prévoit d'inviter le lauréat à chaque congrès, puis à présenter une intervention dans leurs conférences thématiques.
Avez-vous visité une bibliothèque, si oui laquelle ? Et racontez-nous une chose que vous avez trouvé particulièrement intéressant dans cette bibliothèque.
J'ai pu participer à la conférence satellite organisée par le Groupe d'intérêt spécial "Services to LGBTQ+ users" dont les préoccupations se rapprochent de celles du groupe Légothèque de l'AbF autour de la bibliothèque comme lieu d'inclusion et de construction de soi. Ce fut l'occasion de visiter la plus grande bibliothèque spécialisée LGBTQ+ du Midwest : la bibliothèque Gerbert/Hart du nom d'activistes chicagoans.
Outre la spécificité de ses collections, la bibliothèque est intéressante pour plusieurs raisons : la première est d'ordre culturel. Les Américains conçoivent les métiers des musées, des archives et des bibliothèques de manière bien plus imbriqués que nous le faisons. Les collections de la bibliothèque comprennent ainsi nombre de tee-shirts par exemple, de badges, de document qu'ils appellent textiles, en tout cas non-textuels, en plus des ouvrages, périodiques et DVD habituels. Cela pose de nombreuses questions et autant de défis en termes de valorisation des collections, mais aussi et surtout de conservation (comment bien conserver des tee-shirts utilisés dans les manifestations des années 1970 mais dont l'imprimé ou le décalco se défait ou s'abîme une fois plié ?).
La bibliothèque conserve les fonds d'associations et de personnages célèbres, d'activistes LGBT du Midwest. Elle peut donc travailler à rendre plus visible l'histoire de la communauté. Un espace d'exposition proposait ainsi un travail autour de l'émergence d'une écriture lesbienne dans les années 1960-1970 que ce soit dans les pulps populaires ou dans des magazines et fanzines spécialisés.
Enfin, la bibliothèque travaille autour de descripteurs spécialisés afin de décrire le plus finement possible la multiplicité des facettes et des identités des communautés au sein de ses collections.