Le projet Sammelband 15-16
Le développement de l’imprimé au cours des XV^e et XVI^e siècles révolutionna l’accès au livre. L’explosion extraordinaire du nombre de livres diffusés a fait l’objet de nombreuses études et, grâce à des projets d’envergure, nous savons ce que l’on imprimait. Des chercheurs se sont également penchés sur les lectures et pensées des humanistes et des grands auteurs... mais nous savons très peu de choses sur la manière dont les personnes plus modestes interagissaient avec les livres.
Pour comprendre cet aspect, ce projet cherche à analyser un objet omniprésent dans le monde du livre de la Renaissance : le recueil. Les éditions ne recevaient pas de reliure d’éditeur à la manière des volumes que nous trouvons aujourd’hui dans le commerce. Le choix de la reliure, sa façon et sa qualité dépendaient des souhaits de l’acheteur. Le résultat était une grande variété de reliures dont le coût de confection représentait une proportion importante du prix final d’un livre.
Cette réalité matérielle encourageait la création des recueils factices ; des volumes constitués par des éditions différentes réunies dans une même reliure. Ces recueils sont un des aspects les plus frappants des livres des XV^e et XVI^e siècles, et pourtant leurs caractéristiques n’ont jamais été étudiées. Cette lacune est d’autant plus criante que ces recueils renferment des indices révélateurs sur l’interaction entre le livre et ses possesseurs pendant cette période. L’analyse du contenu des recueils, leur organisation, les détails de leur création, et leur matérialité, peuvent nous renseigner sur comment on structurait la pensée et comment on mettait en relation les textes. Elle est fondamentale pour notre compréhension de la manière dont les femmes et les hommes de la Renaissance appréhendaient la connaissance et la façon dont ils tentaient de faire sens de la quantité extraordinaire d’informations qui les entourait.
 
Pour lancer le projet Sammelband 15-16, une Winter school est organisé à l’Enssib à Lyon les 12 et 13 décembre 2019. Cet événement sera l’occasion de faire intervenir des spécialistes internationalement reconnus dans le domaine du livre. Ces chercheurs exerçant en Italie, aux Pays-Bas, en Angleterre, et en France, présenteront chaque aspect de la matérialité du livre (le papier, la reliure, l’analyse typographique, les annotations, les provenances...) en insistant sur l’apport de ces analyses pour comprendre les recueils.

Programme

Jeudi 12 décembre

• 9h30-10h : Accueil café
• 10h-10h45 : Understanding Sammelbände, Malcolm Walsby (Enssib)
• 11h-12h30 : Papering over the cracks. Evidence in the construction of miscellanies, Neil Harris (University of Udine)
• Pause déjeuner
• 14h-15h30 : Bookbindings as evidence of when, where and how bound books were assembled ?, Nicholas Pickwoad (University of the Arts London)
• 15h45-16h45 : Annotations, reader marks and provenance, Ann-Marie Hansen (University of Utrecht)
• 17h45-18h45 : Working with manuscript fragments, maculature, membra disjecta and other binding waste, Bart Jaski (University of Utrecht)
• 18h-19h : Plenary session: Verticalising the Book: a Pictorial History, Neil Harris (University of Udine)

Vendredi 13 décembre

• 9h-10h : Why the printed matter matters, Malcolm Walsby (Enssib)
• 10h-11h : Theme thinking, Katell Lavéant (University of Utrecht)
• 11h15-12h15 : The deconstructed Sammelband, Jelle Koopmans (University of Amsterdam)