Histoire et sociologie de la lecture dans le monde romain traitant surtout des deux premiers siècles de notre ère, dont le propos est d'étudier le statut et les relations réciproques de l'auteur, de l'oeuvre et du public.
Deux catégories d'écrivains se distinguent nettement. Certains membres de l'aristocratie sénatoriale romaine spoliée d'une partie de son pouvoir politique par l'instauration du principat, trouvent dans l'écriture une forme d'opposition politique puis une vie mondaine bien fournie. C'est plus comme opposants que comme écrivains qu'ils subissent une répression épisodique. Leur situation contraste avec celle d'écrivains sans ressources, à peu près privés de toute possibilité de tirer des revenus de leur oeuvre par les modes de diffusion du temps, membres d'une profession déconsidérée qui cherchent leur source dans la clientèle d'un patron. Le mode de diffusion le plus valorisé est la lecture publique devant le cercle d'amis et de client La librairie, peu organisée, ignore, semble-t-il, la propriété littéraire.
Cependant, par le biais des librairies et des dons de copies par les auteurs, les lecteurs, formés par un enseignement remarquablement uniforme qui fait place aux auteurs contemporains, accèdent largement au livre. La diffusion de celui-ci est étonnante et participe à l'unification culturelle de l'Empire : les nouveautés parviennent jusqu'aux troupes barbares du Danube, le livre dans le paquetage du soldat et bien entendu dans les demeures des édiles provinciaux.
Dans cette diffusion, la bibliothèque publique joue un rôle essentiel. L'équipement public est très étendu et ouvert à tous. Située au centre de la cité, construction monumentale édifiée à partir de prescriptions architecturales spécifiques, met en oeuvre des techniques de classement élaborées, bénéficie d'une organisation administrative propre, lieu de débat et de foule, la bibliothèque publique répond très largement à notre propre concept de la lecture publique...
En dehors de la culture classique provenant des élites, on repère, au moins dans les milieu urbains, une littérature orale populaire véhiculée par des conteurs forains, non sans interactions avec la littérature légitime ainsi qu'en témoigne le "Satiricon", une des sources clefs de cette étude.
L'annexe de René Martin est une introduction à la paléographie latine à partir de fac-similé.