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    Un congrès de bibliothécaires roumains

    Par Marie-Joëlle Tarin, Institut national de recherche pédagogique

    Je représentais le bureau national de l'ABF à la sixième Conférence nationale de l'Association des bibliothécaires de l'enseignement roumains (ABIR), à Timisoara, 20-22 septembre 1995. Mais je ne décrirai ici que les travaux auxquels j'ai participé. Ensuite, je présenterai la Bibliothèque universitaire, ainsi que la Bibliothèque municipale de Szeged (Hongrie) que nous avons visitée avec nos collègues roumains.

    Pour des raisons professionnelles, je n'ai pas pu assister à la séance inaugurale du congrès. L'après-midi, les différentes sections : bibliographie, informatisation, catalogage, acquisitions, se sont réunies. Pour ma part j'ai participé à la « section acquisitions Il n'y a pas en Roumanie de réseau documentaire et les acquisitions restent un problème propre à chaque bibliothèque. Une question a été soulevée : la multiplicité des éditeurs. En effet avant la chute du communisme, il y avait 22 éditeurs. Actuellement, on en compte environ 2000. Comment dans ces conditions savoir ce qui est valable intellectuellement ? Ceci rejoint les préoccupations des différents collègues des Pays de l'Est qui se sont exprimés au congrès de l'IFLA, à Istanbul. Eux aussi insistaient sur la qualité et non la quantité des acquisitions. Doit-on tout acheter ?

    Notre collègue, responsable des acquisitions à la bibliothèque centrale universitaire de Bucarest, a présenté un autre thème de réflexion. En Roumanie, certaines bibliothèques n'ont pas de budget propre. Elles appartiennent à des instituts et ne savent jamais quelle est la part du budget qui leur est attribuée. Très souvent, rien n'est discuté pour le domaine documentaire. Lors de notre réunion, une motion a été proposée par nos collègues roumains, demandant que les instituts s'engagent à préciser le budget attribué aux bibliothèques qui leur sont rattachées.

    Le Président de la section « acquisitions de l'ABIR a soumis une autre proposition : la création d'un centre d'acquisitions indépendant qui centraliserait les achats des différentes bibliothèques. Cette proposition n'a pas retenu l'adhésion des congressistes présents. En revanche, la mise en place d'une commission d'évaluation et de rationalisation des acquisitions est souhaitée par l'ensemble des collègues roumains présents.

    Le lendemain, Monsieur Stoïca, président, dresse le bilan de l'activité de l'ABIR pour 1995 et présente les projets à développer en 1996. Il insiste sur le manque de statut des professionnels de bibliothèque alors que la Loi sur l'enseignement vient d'être adoptée. Il faut donc que l'ABIR réfléchisse à la mise en place d'un statut et qu'elle organise un véritable enseignement bibliothéconomique. Autres points à développer : le prêt entre bibliothèques, l'informatisation. Il conclut son intervention en souhaitant développer les relations avec des associations étrangères ainsi qu'avec l'IFLA.

    Je terminerai en décrivant le fonctionnement de trois bibliothèques. Tout d'abord, la bibliothèque où s'est déroulé le congrès : la bibliothèque centrale universitaire de Timisoara. Fondée en 1948, elle dessert en 1995 un public de 50 000 étudiants et chercheurs (bibliothèque centrale et satellites).

    Collections : 689 000 ouvrages (229 666 titres), 8192 titres de périodiques (305 000 volumes), un fonds de livres anciens (XVIIe, XVIIIe siècles) ; personnel : 64 personnes ; équipement informatique : deux gros ordinateurs, seize moniteurs, un serveur CD-ROM (7 unités), sept PC. Services fournis : bibliographies sur profil, accès à des bases de données sur CDROM et à partir d'Internet. En projet, la création d'un réseau automatisé de toutes les bibliothèques universitaires de Timisoara en 1996 : TITLINE (Timisoara Library Network). La bibliothèque centrale est déjà en cours d'informatisation, avec le logiciel ALEPH, produit par Ex-libris (Tel-Aviv, Israël).

    La bibliothèque municipale hongroise que nous avons visitée est située à Szedged ; elle s'intitule : « bibliothèque Somogyi nom du chanoine (1811-1888) qui offrit sa bibliothèque personnelle à la ville (43 000 volumes). Cette importante collection, composée de livres de toutes disciplines, constitua le noyau de la bibliothèque qui ouvrit ses portes en 1883. Un nouveau bâtiment a été construit en 1984 (6 500 m2). En 1995, les collections comprennent 600 000 ouvrages et 635 titres de périodiques et journaux. Outre les départements classiques tels que périodiques, section enfantine, section arts et musique, il existe des fonds particuliers. Parmi eux, un très beau fonds de manuscrits littéraires du XXesiècle, trois cents livres des XVIe et XVIIe siècles, une collection de 2 000 ouvrages en espéranto.

    Ce compte rendu me permet de présenter la Bibliothèque nationale, que j'ai fréquentée lors d'un précédent séminaire. Fondée le 15 octobre 1836 en tant que première bibliothèque nationale publique, elle fut réorganisée en 1864 et reçut le nom de Bibliothèque nationale de Roumanie en février 1990. Les collections totalisent 8,4 millions d'ouvrages. Elles s'enrichissent tant par des dons, que par des acquisitions, des échanges et le dépôt légal.

    Les fonds ont un profil encyclopédique et regroupent tous types de supports : manuscrits, livres, revues, mais aussi disques, bandes magnétiques, audio et vidéocassettes, microformes. Parmi les collections rares, signalons un riche fonds d'incunables et d'ouvrages du XVIe siècle. Le fonds de manuscrits contient des oeuvres et des lettres d'écrivains roumains, tels que : Alecsandri, Balcescu, I. Ghica... ainsi que d'étrangers célèbres : Matisse, Maupassant, Heinrich Mann...

    Les estampes de la Bibliothèque nationale signées par des artistes roumains côtoient celles d'artistes étrangers : Raffet, Lance-lot, Boucquet, etc. Dans les fonds musicaux, figurent une série de manuscrits de musique religieuse roumaine de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXesiècle, un exemplaire de l'édition originale de l'opéra « Tamerlan » de Haendel (Londres, 1724), un exemplaire de l'opéra « Manon » avec la dédicace autographe de Massenet.

    La Bibliothèque nationale édite des publications d'information bibliographique et documentaire, comme la Bibliographie nationale de Roumanie composée de plusieurs séries (Livres, Publications officielles, musique). En 1982, elle a pris la décision d'informatiser ses services. Entre 1982 et 1983, une base de données regroupant toute la série "Livres de la Bibliographie nationale de Roumanie - a été constituée. En 1993-1994, l'utilisation du logiciel CDS-ISIS ainsi que l'installation d'un réseau local d'ordinateurs a permis de charger cette base de données. Au cours de l'été 1994, l'implantation d'un système intégré de bibliothèque TINLIB a été réalisée, assurant l'informatisation de toutes les fonctions : acquisitions, catalogage, prêt, OPAC. Depuis octobre 1994, le personnel ainsi que les usagers peuvent interroger les bases de données internationales via Internet.