Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    Istanbul 1995

    Présentation

    Par Marc Chauveinc
    Ce compte rendu a été établi par Marc Chauveinc à partir des rapports de nombreux participants français - les représentants de la Bibliothèque nationale de France Marcelle Beaudiquez, Françoise Bourdon, Nadine Boddaert, Sonia Zillhardt ; - les boursiers du CORI : Jean-Philippe Accart, Edwige Archier, Nicole Benhamou, Colette Charrier, Jacqueline Dubois, Thierry Giappiconi, Françoise Lemelle, Catherine Marandas, Mariette de Miribel, Antonieta Moellon, Michel Netzer, Nicolas Petit, Marie-José Poitevin, Marie Polderman, Martine Poulain, Marie-Cécile Robin, Marie-Paule Saj, Marie-joëlle Tarin, Marie-Martine Tomitch. Introduction générale par Marcelle Beaudiquez. Rapports des sections présentés dans l'ordre des divisions de lIFLA. (1)

    La soixante-et-unième conférence annuelle de l'IFLA s'est tenue cette année du 18 au 26 août à Istanbul, en Turquie. Elle a réuni 2 591 participants de 103 pays (2 390 congressistes et 201 accompagnants) parmi lesquels 625 Turcs et 1 765 "étrangers dont une centaine d'Africains (majoritairement anglophones), plus de 200 collègues de l'Europe centrale et orientale et 120 bibliothécaires français.

    La conférence a connu la plus forte affluence de son histoire, ceci s'explique par le succès croissant de l'IFLA, mais aussi par la situation géographique de la Turquie qui a permis une très forte participation des républiques d'Asie Centrale et d'autres pays voisins (Azerbaïdjan, Bos-nie, Chypre, Croatie, Iran, Géorgie, Kazakhstan (42), Kirghizistan, Liban, Russie (142), Turkménistan, Ukraine, Ouzbékis-tan). La délégation américaine, avec 267 participants, occupe toujours le premier rang.

    Plus de 275 communications ont été présentées dans 52 réunions publiques et 17 ateliers. Parmi ces communications 13 seulement ont été faites par des Français. Seuls trente exposants ont participé à une petite exposition, sans doute par manque de publicité de la part des Turcs. Les stands français, Bibliothèque nationale de France, ACRPP, Jouve, étaient d'autant plus remarqués parmi d'autres stands comme British Library, Biblioteca nacional Madrid et Bibliothèque nationale de Turquie.

    Résultats des élections au Bureau exécutif

    Il faut se réjouir de l'élection au bureau exécutif de l'IFLA de Christine Deschamps, candidate des associations et des institutions françaises. Comme Marcelle Beaudiquez jusqu'en 1993, elle sera le seul membre francophone du bureau exécutif.

    Celui-ci est désormais composé comme suit : Robert Wedgeworth (États-Unis) président, Marta Terry (Cuba) 1" vice-présidente, Ekaterina Genieva (Russie) 2device-présidente, Warren Hornton (Australie) trésorier, Robert Stueart (États-Unis) membre, Christine Deschamps (France) membre, Borge Sorrensen (Danemark) membre.

    Les Français dans les sections

    Des bibliothécaires français (cf. encadré ci-après) ont été élus ou sont maintenus dans les comités permanents des sections.

    Résolutions

    Aucune résolution professionnelle n'a été présentée au Conseil. En revanche, trois résolutions générales ont été approuvées :

    • sur la liberté d'expression et la libre circulation de l'information (un comité ad hoc a été créé, présidé par Tony Evans, Grande-Bretagne) ;
    • pour la création d'une journée mondiale des bibliothèques et de l'information (le bureau exécutif est ainsi mandaté pournégocier avec l'UNESCO) ;

    Vignette de l'image.Illustration
    Bureau professionnel de l'IFLA

    • - pour soutenir la rénovation de la Bibliothèque nationale de Tchétchénie (présentée par les associations russes).

    Communications

    Au plan professionnel, la qualité et l'intérêt des communications autour du thème général les bibliothèques du futur », ou relatives au travail des différentes sections ont été généralement bons. Les nouvelles technologies, les documents électroniques (et particulièrement les journaux électroniques), la bibliothèque virtuelle, Internet mais aussi les questions d'évolution et d'évaluation des services rendus par les bibliothèques et les stratégies de gestion ont été les grands thèmes du congrès, avec, en contrepoint, les besoins des pays en développement.

    Le discours d'ouverture prononcé par Talat S. Halman, ancien ministre de la Culture de Turquie a immédiatement donné le ton. Provocateur ou visionnaire, cet agitateur d'idées, dont l'intervention avait pour titre « De Babylone au Libre-espace », a inscrit sa réflexion dans le monde du cyberspace et des bibliothèques virtuelles, posant d'emblée la question de savoir si ces nouveaux espaces seront facteurs de libération de l'individu et de renaissance des bibliothèques ou, au contraire, outils de perdition et d'isolement qui verront la fin des bibliothèques, transformées en tombeaux du savoir. Le risque majeur est de voir s'aggraver la cassure entre pays du Nord et pays du Sud, ces derniers tombant sous le coup d'une nouvelle forme de colonialisme intellectuel et scientifique. M. Halman a lancé un défi aux bibliothécaires :

    Depuis Babylone, les bibliothécaires ont préservé le patrimoine intellectuel mondial. Utilisez donc aujourd'hui le Cyberspace pour nous sortir de l'enfer de l'ignorance et nous diriger vers le paradis de l'illumination de la connaissance

    L'explosion d'Internet et des services accessibles sur le réseau a servi de trame de fond à de nombreux exposés. L'expérience des bibliothèques nord-américaines montre clairement les différentes facettes des nouveaux services développés par les bibliothèques. La bibliothèque devient un noeud de communication, donnant à la fois, par le biais de serveurs WWW, des renseignements sur l'institution, mais aussi un accès à la masse d'informations disponibles sur le réseau. De nouvelles compétences émergent en termes d'évaluation de services en ligne ou d'intégration de collections numérisées de textes, d'images et de sons. Les projets de numérisation appliqués aux livres anciens et aux manuscrits (Incipit, Iconoclass ou Bibliothèque du Vatican) illustrent cette approche. La présentation des projets BNF en matière de numérisation de documents cartographiques et de collections spécialisées (11 projets mis en oeuvre avant la fin 1996) a synthétisé l'ensemble des questions, juridiques ou techniques, posées par la mise à disposition d'importantes collections d'images numériques.

    On peut toutefois se demander si la numérisation de masse des collections lancée par de très nombreuses bibliothèques dans le monde, à la fois pour élargir l'accès aux collections et les préserver plus efficacement et à moindre coût, ne néglige pas un aspect tout aussi important qui est la mise au point d'outils permettant de naviguer, de rechercher, et de traiter l'information numérisée. Aucune intervention n'a porté sur cet aspect, pourtant fondamental pour la bibliothèque du futur. Dans ce contexte, le projet européen Mémoria, auquel participe la BNF, paraît d'autant plus important et novateur.

    La réception des francophones

    Monsieur DOPFFER, Ambassadeur de France en Turquie a offert un cocktail dans les jardins du Consulat à Istanbul. Grâce à l'efficacité de M.-C. Germanaud (BNF) et de René Herbouze (ministère des Affaires étrangères) nous avons pu inviter l'ensemble des francophones inscrits au Congrès, les officiels de l'IFLA et quelques collègues francophiles de longue date. Cette réunion informelle a regroupé près de 200 personnes.

    Visites de bibliothèques

    Nos hôtes Turcs ont su organiser des soirées culturelles (danses folkloriques, musique classique et traditionnelle turque) dans d'anciens palais d'Istanbul et des visites de bibliothèques. La bibliothèque d'État Beyazit fut la première bibliothèque établie par l'État à l'époque ottomane en 1884. Conformément à la loi sur les Dépôts de 1934, elle reçoit une copie de chaque livre publié en Turquie. La visite de la bibliothèque Sûleyman, installée dans le complexe de la mosquée construite au nom du Sultan Süleyman le Magnifique par l'architecte Sinan, a éveillé la curiosité des visiteurs en présentant dans une pièce musée réservée à cet effet, un aperçu de ses trésors : manuscrits orientaux, catalogues de bibliothèques enluminés. Malgré des locaux spacieux, la bibliothèque de l'université d'Istanbul, désertée en cette période de vacances scolaires, offre un exemple des difficultés rencontrées par ce type de bibliothèques : manque de personnel qualifié, absence de documents récents (l'Encyclopédie Larousse en libre accès date de 1972), informatisation embryonnaire. Ces visites rappellent aux bibliothécaires des pays occidentaux, happés par des préoccupations postmodernes (virtualité, réseau, document immatériel) l'impérieuse nécessité de ne pas développer aussi dans le secteur des bibliothèques un monde des nantis opposé à un monde des démunis. Bien que figurant dans les principaux objectifs de l'IFLA, la solidarité professionnelle avec les bibliothèques des pays du Sud se met difficilement en place.

    Le stand de la BNF

    Le stand a été un succès, tant par son importance que par la qualité de sa documentation en français et en anglais ou par la disponibilité et le professionnalisme de tous ceux qui le tinrent. De très nombreuses démonstrations furent faites à des collègues étrangers comme français.

    Conférence des directeurs de bibliothèques nationales

    Ils se sont retrouvés mercredi 23 août. Le nombre accru de participants, soixante-dix, bien qu'ayant permis un enrichissement des débats à l'échelon mondial, a rendu extrêmement difficile l'émergence d'un plan de travail et d'objectifs communs.

    Le groupe de travail sur les documents électroniques de la CDNL (Conference of Directors of National Libraries) s'est réuni de manière informelle. Les travaux n'ont pas avancé car on ne disposera qu'en octobre des résultats de l'étude commandée par la DG XIII. En attendant, les rapports d'activité de chaque BN participante ont été échangés.

    Sur une idée lancée par Brian Lang, directeur de la British Library, on commence à parler d'un 6eprogramme fondamental pour l'IFLA, « Universal Digital Document Access », qui viendrait compléter le programme « Accès universel aux publications ».

    Le dernier jour, Brian Lang présenta les projets en cours dans le cadre de CoBRA (Computerized Bibliographie Record Action), action concertée entre sept bibliothèques nationales d'Europe, financée par la Commission européenne. Il précisa avec humour que CoBRA ne secrète aucun dessein venimeux mais concrétise au contraire progressivement la création du réseau européen des bibliothèques. Passant de l'incrédulité à une attention soutenue, la communauté professionnelle américaine a vu pour la première fois débarquer une armée de projets européens aux noms néo-barbares tels que Flex, Elsa, Metric, Moebius, Author, Juke-box, Muriel, Cited, Copycat.

    1. Faute de place dans ce numéro, nous avons été contraints à reporter au numéro 171 du Bulletin les rapports des divisions des bibliothèques spécialisées et de la formation et recherche (il s'agit des comptes rendus des sections : Bibliothèques d'art. Bibliothèques médicales et biologiques, Bibliothèques scientifiques, Acquisitions et échanges, Publications officielles, Livres rares et manuscrits, Enseignement et formation, Théorie et recherche bibliothéconomique et de la Table ronde sur l'histoire des bibliothèques). retour au texte