Au cours de l'année 1997, plusieurs manifestations ont eu lieu pour célébrer le Centenaire de la naissance de Georges Bataille. Son oeuvre littéraire multiforme est trop souvent retenue pour son seul versant érotique et comme détaché de son « économie " générale. L'on se polarise encore trop sur les courts récits parfois jugés dérangeants sinon scandaleux voire politiquement incorrects au détriment d'une oeuvre monumentale d'essayiste et de critique désormais largement reconnue.
Entre les années trente et soixante, Georges Bataille a joué un rôle essentiel dans la vie intellectuelle française. Issu de la mouvance surréaliste, il prit part à divers mouvements de pensée, collabora à de nombreuses revues comme Aréthuse ou La Critique sociale et en fonda plusieurs dont Documents, Acéphale et la revue Critique. Mais nombreux sont les bibliothécaires à savoir que Georges Bataille fut aussi un professionnel qui exerça ses fonctions de conservateur, d'abord au cabinet des Médailles et au département des Imprimés de la Bibliothèque nationale puis à Carpentras et à Orléans.
En organisant un colloque à Paris, le 10 octobre 1997, la Bibliothèque nationale de France a donc tenu à rendre hommage à un grand écrivain mais aussi à son grand bibliothécaire » comme le souligna Jean-Pierre Angremy dans son discours d'ouverture.
Une table-ronde rappela l'importance du fonds de manuscrits que Diane Bataille légua à ces lieux et dont une grande partie reste encore à explorer tandis que les différentes interventions tissaient une réflexion sur ce que la bibliothèque fut pour Georges Bataille, à la fois espace de lecture, de travail et de vie.
Celle de Laurent Henrichs fut remarquable en ce qu'elle permit, d'une part, de retracer les premières années de la carrière de Bataille conservateur au cabinet des Médailles et, d'autre part, de rendre compte du travail professionnel et scientifique non négligeable qui y fut accompli par le futur écrivain. Nous est révélé ici un aspect peu connu, insoupçonné du jeune Bataille et suggérée l'idée que certains centres d'intérêt liés à l'activité du moment ont pu inspirer la pensée bataillienne en gestation.
Nous le remercions de nous avoir autorisés à publier de larges extraits de sa communication en attendant la publication des actes du colloque.
Il revenait également à la Ville d'Orléans d'honorer la mémoire de Georges Bataille qui dirigea sa bibliothèque municipale de 1951 à 1962.
Parmi les diverses manifestations, on retiendra un important colloque, les 22 et 23 novembre 1997, consacré aux relations Bataille-Leiris ainsi qu'une étonnante et belle exposition à la médiathèque dont la riche expérience nous est relatée par Marie-Claude Sullerot qui en assura la réalisation.
Rappelons un dernier événement, éditorial, de ce Centenaire : la publication, chez Gallimard, d'un important Choix de lettres: 1917-1962, inédites, éditées par Michel Surya, biographe de Georges Bataille et commissaire de l'exposition d'Orléans.