Index des revues

  • Index des revues

La philosophie politique et culturelle d'une ville de 8 000 habitants

2001
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    La philosophie politique et culturelle d'une ville de 8 000 habitants

    Par Jacques Atlan, Maire de Saint-Jean-de-Vedas

    L'environnement géopolitique d'une ville de 8 ooo habitants

    Saint-Jean-de-Védas est une commune périphérique de Montpellier et compte un peu plus de 8 000 habitants avec une forte connotation économique (plus de 800 entreprises).

    Sa population s'est considérablement rajeunie, surtout par l'arrivée de Montpelliérains désireux de vivre hors de la capitale régionale sans trop s'en éloigner.

    La commune comporte trois groupes scolaires et un collège.

    La politique culturelle de la commune sur une période de 12années

    La municipalité élue en 1989 a mis l'accent sur des équipements destinés à éviter le phénomène ville dortoir » et a affirmé une forte volonté politique en matière d'équipements et d'actions, surtout culturels.

    L'environnement culturel

    • II Un théâtre de qualité professionnelle d'une jauge de 420 places dans un ancien chai réhabilité, adapté à la musique, au théâtre et à la danse.
    • S Trois écoles municipales de Musique, d'arts plastiques et d'anglais.
    • * La mise en place d'intervenants culturels dans les écoles pendant le temps scolaire (anglais, musique, arts plastiques) à côté de BCD dans chaque école.
    • * La Médiathèque Jules Verne constitue le dernier équipement construit, et ouvert en décembre 2000.

    La démarche de l'élu

    Une médiathèque, équipement culturel nouveau et souvent méconnu

    Contrairement aux autres équipements publics, qu'ils soient sportifs, sociaux, scolaires et même culturels, classiques, que la population s'approprie facilement, la médiathèque a suscité des interrogations sur sa nécessité, sa justification sociale et aussi financière. Nous avons acquis la certitude que, sauf pour une frange minime de la population déjà familiarisée avec un tel équipement, une majorité regardait presque la médiathèque comme un luxe pas toujours accessible, ni même utile au regard des coûts.

    La nécessité impérieuse d'une volonté politique forte

    Il a donc fallu faire un travail d'explication en direction d'interlocuteurs aux réactivités très diverses, les élus de la majorité n'étant pas les derniers à reculer devant l'obstacle en craignant le jugement des électeurs, ceux de l'opposition criant à la dépense somptuaire, les enseignants craignant pour la pérennité de leur BCD.

    Les étapes d'un « parcours du combattant »

    Notre expérience dans cette aventure m'a permis de dégager quelques principes essentiels à l'usage du décideur.

    Aller vite sans se presser

    Une fois la décision politique prise, il fallait aller vite mais sans brûler les étapes, et notamment celle de la réflexion préalable sur l'outil désiré. L'assistance d'un cabinet spécialisé nous a été d'une grande utilité, même si les normes suggérées, tant en surfaces, qu'en nombre de documents ou en personnel nous ont quelquefois fait sursauter. Nous avons bien rogné un peu, mais finalement pas trop.

    S'entourer de professionnels reconnus à tous les moments du processus

    En constituant un véritable jury pour le concours d'architectes, sans faire trop peser le politique sur le spécialiste.

    Recruter et impliquer la future équipe de direction avant même le début des travaux, parce que l'architecte, même spécialisé dans cet équipement, ne le fera pas fonctionner au quotidien.

    Courir après les aides au financement

    L'État apporte un financement non négligeable allant jusqu'à 40 %, mais il exige en contrepartie le respect de normes somme toute supportables.

    Ne faire aucune économie sur un poste par rapport à d'autres

    La médiathèque est un tout cohérent et homogène. L'erreur serait de négliger, par économie, la qualité d'un poste par rapport à d'autres. Une construction de qualité impose un mobilier et un matériel du même niveau. C'est toute la perception de l'équipement par l'usager qui s'en trouverait pénalisée.

    Ne jamais voir petit pour le plaisir de paraître modeste

    Dans notre réflexion préalable, nous avons visité des médiathèques construites dans des villes de même importance, mais surtout aussi de plus grande taille. Nous voulions savoir comment les « plâtres avaient été essuyés » et aussi nous projeter dans l'avenir d'une ville en développement. Cela nous a incité à construire une médiathèque pour une population doublée.

    La médiathèque au quotidien

    Notre plus grande surprise, y compris celle de la direction et du personnel, a été de constater la véritable explosion de l'équipement et l'adhésion immédiate de la population, surtout des jeunes.

    Depuis l'ouverture et chaque mois, les statistiques ont montré une progression hors normes par rapport aux ratios habituels.

    Je crois utile de donner quelques chiffres significatifs, car ils résument finalement toute la philosophie politique, sociale et culturelle qui nous a guidés.

    Six mois seulement après l'ouverture, pour une population totale de 8 200 habitants, nous avons enregistré 2 640 abonnements, soit plus de 30 % de la population, alors que les statistiques nationales donnent 20 %. Actuellement, nous progressons encore chaque mois.

    Sur ces 30 % de population, nous comptons la moitié de moins de 18 ans, ce qui donne une indication très forte sur le plan de l'équilibre social et culturel dans une commune.

    Chaque mois, nous prêtons 8 000 documents, soit une moyenne de 12 documents par habitant.

    Voilà, vous avez devant vous un maire heureux, non seulement d'avoir réalisé cet équipement, mais aussi de pouvoir en parler ici pour faire partager son expérience.

    Ah, j'oubliais... la médiathèque a coûté, terrain, construction, matériel, mobilier et documents compris, près de 22 millions de francs.

    Merci.