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    L'ABF aux Pays-Bas

    Deux exemples de bibliothèques néerlandaises

    La Haye et Delft

    Par Anne Verneuil

    Le groupe Île-de-France a organisé à l'automne dernier un voyage aux Pays-Bas qui proposait notamment la visite de deux établissements phares du pays, la bibliothèque centrale de la capitale, La Haye, et la BU de l'université de Delft.

    Toutes deux construites ces dernières années par un architecte célèbre (Richard Meier à La Haye) et un local (jeune lauréate issue de l'université à Delft), elles s'insèrent dans leur environnement comme des éléments marquants de l'urbanisme, à l'implantation facilitée par un centre-ville entièrement rebâti ou un campus dégagé. Si, par son immaculée blancheur (intérieure et extérieure) et ses grands volumes géométriques et stricts, La Haye offre une impression de froideur très efficace, le tipi de Delft, qu'on préfère sur place appeler le cône, associé à un long bâtiment au sommet ondulant, fait preuve d'une originalité propre à ces nouveaux bâtisseurs.

    La bibliothèque centrale de La Haye

    Ces formes conquérantes de la lecture publique reflètent somme toute assez bien leur contenu bibliothéconomique. La Haye propose ainsi un espace très vaste (sept niveaux dont cinq publics), lumineux mais aussi très sobre, et dont l'aménagement intérieur ne tolère aucune fioriture.

    Cette bibliothèque, la plus importante d'un réseau municipal qui en compte une quinzaine, applique depuis environ vingt ans le prêt payant, sous deux formes ; l'usager a le choix entre une cotisation annuelle réduite jointe à un droit supplémentaire à chaque emprunt effectué et une somme forfaitaire plus élevée (60 florins par an, soit 180 F). Une autre somme est également perçue pour le prêt de chaque document non imprimé. Nos collègues hollandais ont constaté la lourde charge financière qui en résulte pour la ville, laquelle ne bénéficie plus du reversement que l'État pratiquait au début de ces mesures. Espérons que ce n'est pas, avec vingt ans d'avance, ce qui nous attend...

    Toujours est-il que les banques de prêt du rez-de-chaussée (prêt centralisé) tiennent plus des caisses marchandes (le mois de septembre offre des soldes sur les droits d'emprunt...), avec temps d'attente assez long, les bibliothécaires qualifiés étant affectés au seul renseignement du public lors des ouvertures afin d'assurer le meilleur service à l'usager. Les accès internet sont également payants et limités en temps, de manière symbolique, afin de remédier aux utilisations jugées abusives de la quarantaine de postes.

    D'autres éléments sont frappants, comme le tri souterrain des documents rendus, qui arrivent au sous-sol par un tapis roulant et sont alors triés (toujours par des non-bibliothécaires) pour le retour en rayon ou la réparation, ce qui évite d'encombrer les espaces publics par de nombreux chariots, mais prive aussi les usagers d'un choix rapide et ciblé dans les retours du jour.

    La salle de musique est aussi une curiosité : insonorisée et équipée d'un piano, elle est disponible gratuitement sur réservation pour les personnes en quête d'un lieu calme où répéter ; mais, alors qu'un service de formation est proposé aux postes de consultation internet et multimédias, ce n'est pas le cas ici. Les rayons en langues étrangères sont, comme dans tout le pays, autrement pourvus que ceux des bibliothèques de lecture publique françaises. La signalétique de la fiction propose aussi quelques pictogrammes pleins d'humour aux 30 °/o de la population qui fréquentent la bibliothèque lors de ses très larges horaires d'ouverture, dimanche compris.

    La bibliothèque de la Technische Universiteit de Delft

    S'il existe des modèles de bibliothèques universitaires, celle-ci en est probablement un. Au-delà des prouesses de l'architecte, qui a combiné matériaux chaleureux, lumière et confort pour les étudiants, c'est un rare exemple de services qui s'offre là.

    Gratuité et accessibilité à tous, étudiants ou non ; 85 heures d'ouverture sur sept jours ; une collection en accès libre impressionnante ; un nombre conséquent de postes offrant à la fois un accès internet, cédérom et bureautique (dont 400 PC réservés aux étudiants) ; des banques de données en ligne ; du personnel spécialisé à la disposition de tous pour des recherches approfondies ; plus de 1 000 places assises ; un fonds ancien regroupant entre autres collections celles des anciennes universités hollandaises ; le prêt inter numérisé effectué par courrier, fax ou e-mail. Et, pour ne plus avoir à sortir de ce paradis du chercheur, cafétéria et librairie dans les murs !

    Quel que soit le regard que l'on porte sur ces deux établissements, il est certain que les options bibliothéconomiques prises ne manquent pas d'intérêt et résultent de réflexions professionnelles tournées résolument vers l'offre du meilleur service possible à l'usager.