Mes chers Collègues,
J'ai toujours pour ma part déploré l'usage qui veut que les discours succèdent aux repas. L'inverse ne serait-il pas plus logique, surtout lorsque votre Président doit vous présenter le bilan de l'année écoulée depuis la dernière Assemblée générale? Sans doute ce bilan, cette année encore, témoigne-t-il d'une activité assez grande... mais ce n'est qu'un bilan.
Il est inutile, je pense, de vous rappeler longuement ce soir - notre prochain bulletin sera spécialement consacré à ces manifestations - que nous avons eu l'honneur en septembre dernier d'accueillir à Paris la session de la Fédération Internationale des Associations de Bibliothécaires, qui ne s'était pas réunie en France depuis vingt ans. Les participants étrangers y vinrent particulièrement nombreux et nous aurions souhaité pour les accueillir un ciel plus serein : malheureusement la pluie ne cessa qu'à la fin de nos réunions. Ce fut pour nous tous une vive déception, sinon une surprise car, depuis trois ans, les sessions de la Fédération internationale des Associations de Bibliothécaires ont eu lieu dans les mêmes conditions. Faut-il vous rappeler aussi - je l'ai fait déjà et vous l'avez compris - que nous avons dû respecter l'usage établi qui veut que, pour ces réunions, le nombre des nationaux reste très limité, puisque en fin de compte elles sont organisées pour les étrangers. Je tiens aussi à remercier une fois encore tous ceux qui nous ont permis de recevoir comme il convenait nos invités : M. Julien CAIN, Directeur général des Bibliothèques, M. SEYDOUX, Directeur des Affaires Culturelles ; MM. les Présidents du Conseil général, du Conseil municipal et de la Chambre de Commerce de Paris et de la Seine. Sans leur appui, sans leur aide, ces diverses réunions n'auraient pas été possibles, car il va sans dire que les modestes ressources de notre Association ne lui auraient pas permis de recevoir des invités dont le nombre dépassait largement la centaine. Nos remerciements vont aussi à tous les membres du Bureau qui se sont dévoués pour la préparation matérielle de la réunion et plus particulièrement notre Secrétaire général et notre Trésorière, ainsi que leurs adjoints respectifs, mais aussi certains de nos collègues qui, spontanément, étaient venus nous offrir leur aide. Sans eux, il nous aurait été impossible de régler avec soin les mille détails que comporte une réunion de ce genre.
Malgré la préparation de ces journées, nous nous sommes efforcés de ne pas ralentir l'activité intérieure de l'Association. Nous avons pu entendre, l'année dernière, M. CHAPLIN, qui nous a parlé des problèmes du Catalogue Général des Imprimés du British Museum ; Mlle HÉBERT, des xylographies et gravures d'illustration à la fin du XVe siècle ; M. MARTIN, du commerce des livres au XVIIe siècle ; Mme BASANOFF, des livres russes de Diderot et M. PIERROT, des contrats d'édition de Balzac. Tout récemment enfin, Mme PUGET nous a tous fait profiter de la visite qu'elle a pu faire des bibliothèques de Washington. Nous avons pu aussi vous faire visiter l'exposition des chefs-d'oeuvre du musée de Besançon, qui me tient tout particulièrement à coeur, le Centre international de l'Enfance, la Librairie Larousse, les nouvelles installations du Département des Imprimés de la Bibliothèque nationale, l'Observatoire et sa bibliothèque. En juin dernier enfin, nous avons organisé une journée à Soissons et à Laon, où vous avez pu visiter les bibliothèques de ces deux villes ainsi que leurs magnifiques monuments.
Nous avons été heureux d'être représentés, le 17 mai, à la réunion annuelle des bibliothécaires de la Manche et notre Secrétaire général a entretenu nos collègues normands de l'utilité des expositions dans les bibliothèques. Nous avons enfin participé aux réunions du Comité français de documentation, aux élections de la Commission nationale de l'U.N.E.S.C.O., ainsi qu'aux journées d'études organisées par la Direction des Bibliothèques et, à cette occasion, nous avons pu recevoir à un cocktail nos collègues de province.
Si les étrangers sont venus en France, notre Association a, elle aussi, été invitée à leur rendre visite et nous avons assisté à la réunion annuelle des bibliothécaires allemands à Lübeck, du 11 au 15 juin, au 50e anniversaire de l'Association des Conservateurs des Bibliothèques de Belgique ; les 15 et 16 juin, à la réunion annuelle des bibliothécaires suisses ; les 5 et 6 octobre, à Genève, ainsi qu'à celle des bibliothécaires italiens qui avait lieu en Sicile à la mi-novembre.
Nous avons aussi continué à publier nos Listes et fiches critiques établies par le Comité de lecture au cours de ses réunions hebdomadaires. La publication de notre Bulletin a, de son côté, donné de grands soucis à ceux des membres de notre Bureau qui veulent bien en assumer la charge ; ils rencontrent dans cette tâche délicate des difficultés matérielles, mais aussi des difficultés pour recruter des collaborateurs. Je profite d'ailleurs de cette réunion pour vous répéter à tous que nous souhaitons vivement votre aide, si nous voulons que notre Bulletin continue à être, en France et à l'étranger, l'expression de notre groupement professionnel.
Notre Bureau enfin n'a cessé, au cours de l'année, de correspondre avec les associations étrangères, qui s'informent auprès de lui des conditions de travail et de groupement des bibliothécaires français. Je profite de cette réunion pour saluer la présence parmi nous d'un de nos collègues portugais, M. BAPTISTA DE LIMA, qui nous a fait l'honneur de se joindre à nous aujourd'hui.
Je tiens à vous rappeler aussi, ce soir, les noms de ceux de nos membres qui ont été l'objet de distinctions particulières : M. Julien CAIN a été promu Grand-Croix dans l'Ordre de la Légion d'Honneur, tandis que notre ancien Président, le docteur HAHN, était promu au grade d'Officier. Diverses promotions au grade de Chevalier sont venues récompenser l'activité de Mmes MESSONNIER, MARIX-SPIRE, de Mlles DUPASQUIER, CANNAC, PIQUARD, d'ALVERNY et JACQUIOT et de MM. BREILLAT, CAILLET et VAILLANT. Nous avons eu aussi plaisir à voir figurer plusieurs de nos membres sur les listes des promotions dans l'Ordre des Arts et Lettres, récemment créé. Aux uns et aux autres nous adressons nos plus vives félicitations. Je tiens aussi à féliciter trois de nos collègues, MM. VEINSTEIN, WEIGERT et BOUSSARD, dont les travaux ont reçu les belles récompenses des prix Jamati, Marmottan et Gobert.
Mais nous avons aussi à déplorer la mort de plusieurs de nos collègues : le baron MACQUART de TERLINE, MM. Robert CAILLET, BEAULIEUX, BEL, PRÉVOST, GALABERT et BLANCHET. A cette liste trop nombreuse, s'ajoute depuis quelques jours le nom de Mme KIENER, Conservateur honoraire à la Bibliothèque de Strasbourg. Notre Association présente à leurs familles l'expression de nos condoléances émues.
Telle fut, avec ses peines et ses joies, ses occupations et ses soucis, la vie de notre Association en 1957. Vie certainement active, mais que j'aurais souhaitée plus intense et spécialement sur le plan provincial. J'aurais aimé voir s'organiser d'une façon plus régulière ces sections locales, dont je vous ai plusieurs fois entretenus et qui établiraient entre les bibliothécaires d'une même région ces liens et ces contacts si précieux pour les uns et pour les autres. Sans doute, votre Président a-t-il quelque responsabilité dans cette affaire : il ne peut invoquer comme circonstances atténuantes que le surcroît de besogne imposé par les manifestations exceptionnelles qui ont marqué les trois années écoulées. C'est avec confiance qu'il remettra ce soin à son successeur, que vous allez désigner.
Laissez-moi, en terminant ce discours, qui termine aussi le mandat dont vous avez bien voulu me charger, vous exprimer combien j'ai été sensible à votre confiance. Je veux aussi vous répéter le plaisir que j'ai éprouvé à voir avec quel coeur certains de nos collègues se dévouent à la cause de notre Association : ils n'hésitent pas à lui sacrifier une bonne partie de leurs instants de liberté. C'est grâce à leur esprit d'équipe, dont j'ai apprécié la qualité, qu'une association professionnelle, dont l'utilité ne se discute pas, peut manifester sa vitalité : qu'ils sachent que je garde du travail accompli avec eux un souvenir particulièrement vif.