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Histoire de la Bibliothèque de l'Université de Varsovie 1939-1945

1961
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    Par Louise Rapacka
    Wanda Sokolowska

    Histoire de la Bibliothèque de l'Université de Varsovie 1939-1945

    - Dzieje Biblioteki Uniwersyteckiej 1939-1945. [Przedmowa Jana Baculewskiego]. - Warszawa, 1959. - In-8° (24 cm), 127 p. (Acta Bibliothecae Universitatis Varsoviensis. - Résumé en français).

    La Bibliothèque de l'Université de Varsovie fait paraître des Acta Bibliothecae Universitatis Varsoviensis, ce sont des monographies consacrées à de la bibliothéconomie, à des catalogues, à de la bibliographie et à un choix de documents concernant l'histoire de la Bibliothèque. Ce T.I. préfacé par le Directeur de la Bibliothèque, Jan Baculewski, retrace la période très difficile que la Bibliothèque a subie de 1939 à 1945.

    Parmi les nombreuses publications consacrées à la deuxième guerre mondiale dominent les sujets militaires et politiques. Il y a peu d'ouvrages qui traitent de l'histoire de la culture et surtout du sort d'une seule institution. Le travail de Mme Sokolowska n'est pas une chronique des événements ou un journal personnel, bien que l'auteur n'ait pas négligé les témoignages et ses propres souvenirs. Cet ouvrage a été écrit sur la foi des documents qui se sont conservés à la Bibliothèque Universitaire et à la Bibliothèque Nationale de Varsovie.

    L'auteur présente d'abord l'état de la Bibliothèque à la veille de la guerre, puis son sort en septembre 1939 et l'histoire de l'occupation allemande qui a eu deux phases : la première, jusqu'au mois de juillet 1940 et la seconde, du 27-7-1940 au 31-7-1944. Ensuite, l'auteur étudie l'insurrection de Varsovie par rapport à la Bibliothèque, puis l'évacuation des collections de novembre 1944 à janvier 1945, et enfin les conditions de reprises du travail en janvier 1945. Des sources publiées en annexe et un résumé en français terminent cet ouvrage.

    La Bibliothèque comptait, en 1939, 820 000 imprimés, 4 132 manuscrits, 103 604 estampes et dessins. Le mois de septembre 1939 la surprit insuffisamment protégée contre les bombardements aériens, ce fut un personnel réduit, une partie en ayant été mobilisée, qui dut lutter contre l'incendie. La première période de l'occupation qui va de novembre 1939 à juillet 1940 vit les immeubles de l'Université, y compris le bâtiment de la Bibliothèque, occupés par la Schu-tzpolitzei. Les bureaux et les salles de lecture furent transformés en dortoirs militaires, en dépôts de vivres et de vêtements. Cinq personnes seulement furent autorisées à travailler bénévolement, elles mirent, au cours d'un hiver particulièrement froid, 80 000 volumes en sécurité, mais ne purent empêcher qu'une commission spéciale allemande emportât 162 cartons du Cabinet des Estampes contenant les collections du roi Stanislas Auguste. Du 27-7-1940 au 31-7-1944, la Bibliothèque, devenue Staatsbibliothek Warschau, eut une Direction allemande.

    Une direction centrale des bibliothèques ayant à sa tête le Dr Gustav ABB, fut créée en 1940 auprès de l'Office du Gouvernement général ; toutes les bibliothèques du Gouvernement général étaient soumises à son contrôle. Le Dr WITTE fut chargé des affaires concernant les bibliothèques du district de Varsovie et fut commissaire de la Staatsbibliothek Warschau qui comprenait deux sections, la première, la Bibliothèque universitaire, et la deuxième, la Bibliothèque Nationale. Le Dr WITTE obtint que la police libérât les bâtiments, 42 anciens employés sous la direction de l'ancien directeur Adam Lewak, purent remettre les locaux dévastés en état et mirent à l'abri 40 000 volumes provenant de divers Instituts de l'Université. Mais, en février 1941, WITTE entreprit la réorganisation de la Staatsbibliothek Warschau qui devait se composer de trois sections, la 3e étant la Bibliothèque Krasinski. La première Section - la Bibliothèque Universitaire - devait rassembler les imprimés en langue autre que le polonais, la 2e Section - la Bibliothèque Nationale - les imprimés en langue polonaise, la 3e Section était destinée aux incunables, manuscrits, estampes, musique, cartographie. Les estampes furent défendues dans la mesure du possible par leur conservateur, Mlle SAWICKA, mais elle fut déportée ainsi que plus tard, Mme ORANSKA. Ce transfert de collections fut cause de catastrophes ; la Bibliothèque Krasinski ayant brûlé pendant l'insurrection, ne furent sauvés que les manuscrits les plus précieux et les périodiques du XVIIIe siècle que tes Polonais avaient réussi à cacher.

    Durant cette période, la germanisation de la Bibliothèque, malgré le changement de nom, les bulletins et fiches en langue allemande et le cachet à l'effigie de l'Allemagne hitlérienne, n'a été que superficielle, car le classement a toujours été fait selon le règlement polonais. Cependant, la Bibliothèque était réservée aux Allemands, mais le personnel s'employa, en courant de gros risques, à prêter des ouvrages clandestinement et à collectionner les publications qui paraissaient sous le manteau. Le public voulut aussi prendre part à la conservation des biens culturels : un ingénieur polonais fit faire à ses frais un plafond résistant en vue des attaques aériennes ; il s'est révélé efficace en 1944.

    L'insurrection fut un cauchemar pour le personnel, la Bibliothèque se trouvant au centre des opérations militaires. Les Allemands firent des employés des fossoyeurs et des transporteurs de munitions ; le 18-9-1944, tous les Polonais durent quitter les locaux, 200 caisses de livres furent emportées sur l'ordre d'un officier SS.

    Après la capitulation, on constata que le bâtiment n'était pas démoli ; une équipe de volontaires, de novembre 1944 à janvier 1945, tâcha de mettre à l'abri les collections les plus précieuses dans Varsovie dévastée. C'est à ces travailleurs que la Bibliothèque doit son salut, car surpris par l'offensive soviétique, les Allemands n'eurent pas le temps de l'incendier.

    Après la libération, le professeur Borowy réussit à former une équipe pour sauver la Bibliothèque du pillage des maraudeurs ; fin janvier 1945, la Bibliothèque retrouvait son ancien directeur, M. Lewak et le travail de réorganisation commença à reprendre dans les conditions que l'on imagine.