C'est un difficile problème que posent aux Bibliothèques Municipales la constitution, puis la mise à jour constante du fonds d'ouvrages de sciences pures (la classe 500 de la Classification décimale). En effet, tout en écartant les ouvrages traitant de sujets très précis et n'intéressant que de rares spécialistes, il est nécessaire d'offrir aux lecteurs si divers qui fréquentent ces bibliothèques une gamme extrêmement complexe d'ouvrages d'un niveau assez varié. Une Bibliothèque Municipale devra donc se constituer un fonds suffisamment solide d'ouvrages de base pour pouvoir ensuite, au fur et à mesure des parutions et de ses propres achats, se tenir à jour suivant les besoins qui apparaîtront peu à peu.
Les ouvrages de base doivent permettre de trouver toujours un renseignement valable sur tous les sujets. Ils peuvent être de deux sortes : les Encyclopédies et les textes scientifiques de base.
Encyclopédies scientifiques : Elles semblent nécessaires car les lecteurs cherchent quelquefois des détails sur un point précis pour lequel la Bibliothèque risque d'être démunie de monographie. Les ouvrages suivants, par exemple, sont consultés aisément et avec profit :
Une bibliothèque municipale doit également posséder une histoire générale des sciences. Par exemple : « Histoire générale des Sciences » publiée sous la direction de René Taton, Paris, P.U.F., 1957.
Textes scientifiques : Il est plus difficile de faire un choix dans le grand nombre des textes scientifiques de base. Il faut éviter de s'encombrer d'ouvrages qui ne peuvent être lus que par des spécialistes : ceux-ci trouvent, en effet, dans les bibliothèques d'Instituts tout ce qui est nécessaire à leurs recherches. Et cependant, il est indispensable, surtout à notre époque, où le prestige des humanités recule devant celui de la science, qu'une bibliohtèque municipale possède les oeuvres majeures des grands maîtres de la science. De même qu'elle possède le Théâtre complet de Racine, même si beaucoup de pièces ne sont pas lues souvent, elle doit posséder par exemple le « Calcul des probabilités » de Poincaré, les oeuvres de Teilhard de Chardin, quelques oeuvres d'Einstein. On peut, pour se guider, se servir de l'ouvrage de Durtain « Les Grandes figures de la science française », Hachette, 1952, qui donne de bonnes bibliographies, ainsi que de deux ouvrages publiés chez Collin : Mason « Histoire des Sciences » et Caullery « La Science française depuis le XVIIe siècle ».
Livres de vulgarisation : Une fois ce fonds de base constitué, il s'agit de faire une sélection parmi la masse des écrits scientifiques qui paraissent tous les jours. Le seul moyen, me semble t-il, d'enrichir le fonds primitif d'une façon cohérente, est d'avoir une tactique d'achats sûre et constante, et de suivre cette tactique sans s'en écarter. Mais comment l'établir ? Il est malheureusement difficile d'avoir des contacts durables avec les bibliothèques spécialisées. Ce sont donc les besoins du public dont chaque bibliothèque a la charge qui nous guideront de la façon la plus sûre. On peut consulter celui-ci par des conversations ou à l'aide d'un cahier de suggestions, et utiliser d'après ces critères les catalogues des maisons d'édition.
Le premier principe pourrait être d'écarter systématiquement certains éditeurs spécialisés qui font paraître les ouvrages des chercheurs : Hermann, Masson, Gauthier-Villars, etc. : cela permet, en effet, d'éliminer les traités, les cours, les thèses et les traductions d'un niveau trop élevé.
Au contraire, certaines collections de vulgarisation permettent, si on les suit régulièrement, de posséder un ouvrage accessible sur presque tous les sujets. A cet égard, les collections suivantes sont très précieuses :
Mais comment éviter de s'égarer dans la quantité des monographies qui ne paraissent pas en collection ? Les comptes-rendus des revues bibliographiques, ainsi que les bibliographies paraissant dans les revues spécialisées telles que « Nature », « Atomes », « Naturalia », sont d'une aide très appréciable.
Ces quelques réflexions ont été suggérées par les réactions du public de Colombes, et il ne saurait être question de présenter ici une bibliographie d'ouvrages scientifiques valable pour tous, mais chaque bibliothécaire connaît son propre public. Qu'attendent en fait les lecteurs de nos bibliothèques ? Ce sont des ouvrages de vulgarisation écrits par des auteurs au nom célèbre, des livres présentés de façon attrayante, avec des exposés simples et clairs, et de nombreuses illustrations.