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Le 51e Congrès des bibliothécaires allemands

1962

    Le 51e Congrès des bibliothécaires allemands

    Par H. M.

    Le 51e Congrès des bibliothécaires allemands s'est tenu, cette année, à Munich, du 23 au 27 mai 1961. Près de 800 bibliothécaires ou « Diplombibliothekaren » y prirent part.

    Une bonne dizaine d'associations de bibliothécaires étrangers avaient, d'autre part, tenu à répondre à l'aimable invitation de leurs collègues allemands et délégué des représentants à ces Journées nationales d'études ; l'A.B.F. était représentée par son Président.

    Après une allocution de bienvenue de M. le professeur Dr. Fuchs, Président de l'Association allemande, en l'absence du Président en exercice, M. le Dr. Kottelwelsch, retenu loin de Munich par une grave maladie, le Congrès s'ouvrit sur un exposé fort intéressant et des plus documentés du professeur Dr. Maunz, ministre bavarois pour les questions culturelles, qui brossa un tableau aussi vivant que complet de la situation présente des bibliothèques en Bavière.

    Le Dr. Maunz tint, avant tout, à souligner la variété, comme l'esprit de continuité, qui caractérisent le réseau des bibliothèques bavaroises ; Munich compte 350 bibliothèques : bibliothèques d'Etat, bibliothèques universitaires, municipales, scolaires, bibliothèques de communautés religieuses, d'établissements scientifiques, de musées, d'instituts culturels, de groupements et d'entreprises ; leurs fonds rassemblent plus de sept millions de volumes

    Sur la condition actuelle de chacune de ces catégories, le Dr. Maunz apporta d'intéressantes précisions. C'est ainsi que la Bibliothèque des « Siemenswerke », fondée en 1922, rassemble 30 000 volumes et est abonnée à 400 périodiques allemands et étrangers.

    La Bibliothèque de la Chambre de Commerce et d'Industrie compte 50 000 volumes et reçoit environ 300 périodiques et journaux. Le fonds de la « Internationale Jugend Bibliothek » dispose d'environ 30 000 livres pour enfants ou adolescents. La « Sud Deutsche Lehrerbücherei », bibliothèque essentiellement pédagogique, met environ 110 000 volumes à la disposition du corps enseignant ; les collections de la bibliothèque de consultation de l'Institut Central de l'histoire de l'art, forment un ensemble de 60 000 volumes, tandis que la bibliothèque de l'Institut d'Histoire Contemporaine, de création récente, en groupe 40 000, intéressant la période de la République de Weimar, du Régime hitlérien et la période d'après-guerre ; la Bibliothèque des Sciences médicales compte à elle seule plus de 200 000 volumes.

    Tous ces fonds, pour importants qu'ils soient, sont loin d'égaler celui de la « Staatsbibliothek », Bibliothèque Nationale Bavaroise. Détruite aux trois quarts, ayant perdu, du fait des bombardements, près de 500 000 volumes, elle dispose aujourd'hui d'un fonds de plus de deux millions d'ouvrages, dont un bon quart reste encore dispersé dans des localités proches de Munich et, il faut bien le reconnaître, demeurent de ce fait difficilement accessibles aux chercheurs. Présentement, la Staatsbibliothek s'accroit d'environ 50 000 volumes par an ; Dépôt légal pour l'Etat bavarois, elle reçoit régulièrement 360 quotidiens allemands, 3 000 périodiques allemands et 4 200 étrangers. Son budget, actuellement de 790 000 DM, passera à un million de DM en 1962 ; à ces ressources, viennent s'ajouter celles que la « Deutsche Forschungstelle » met à la disposition de la Staatsbibliothek pour des acquisitions intéressant l'antiquité classique, la philologie, l'histoire et les civilisations anciennes, l'Europe orientale et les sciences musicales. Pour le moment, la Bibliothèque ne dispose que d'une salle de lecture provisoire, avec relativement peu de place : le plan de reconstruction en cours prévoit une salle de travail capable de recevoir plus de deux cents lecteurs.

    Plus difficile est, encore aujourd'hui, la situation de la Bibliothèque universitaire. De ses 800 000 volumes, 350 000 seulement peuvent être considérés aujourd'hui, quinze ans après la fin de la guerre, comme directement accessibles et cela à un moment où l'effectif des étudiants inscrits est passé de 5 à 20 000 et le nombre de places disponibles descendu de 485 à 128, réparties dans de petites salles de lecture.

    Le professeur Maunz tint à souligner l'effort exceptionnel accompli dans ce domaine par la « Studendenbücherei », fondation de l'oeuvre des étudiants allemands ; grâce à elle a été reconstitué un fonds d'usuels essentiels, de toutes disciplines (jusqu'à 60 exemplaires d'un même volume), capable de satisfaire presque immédiatement de nombreuses demandes de consultation ou , en tout cas, dans une proportion que le professeur Maunz évalue à 80 %, les demandes essentielles des étudiants.

    Plus favorisée semble être, dans cet ordre d'idées, la bibliothèque de la Technische Hochschule : dotée d'une salle de travail moderne de 300 places, elle met dès maintenant à la disposition de ses étudiants un fonds de 200 000 volumes, une salle spéciale d'usuels de 20 000 volumes et une salle de périodiques techniques, tant allemands qu'étrangers (2 000 environ). 50 000 volumes sont encore entreposés à l'extérieur et ne rejoindront la bibliothèque que lorsque ses aménagements définitifs seront terminés. Toutes ces données soulignent l'effort considérable du gouvernement et des autorités bavaroises pour adapter son réseau de bibliothèques et leurs fonds aux besoins de la recherche actuelle.

    Les congressistes entendirent ensuite toute une série d'exposés abordant à peu près tous les problèmes susceptibles d'intéresser les techniciens de la bibliothéconomie : bâtiments et installations matérielles, personnel, équipement, catalogage, prêt, conservation et reliure, reproduction. Nous ne rapporterons que quelques indications sur ceux qu'il nous a été donné de suivre et, surtout, d'entendre car, si l'audition était parfaite au Palais de la Résidence, elle était infiniment plus difficile - pour les Allemands euxmêmes - dans la salle pourtant spécialement étudiée, nous eut-il semblé, de la «Hochschule für Musik » réservée aux rapports techniques.

    Dans son exposé, basé sur les résultats d'une enquête menée auprès de 17 bibliothèques allemandes et relative à l'évolution architecturale des bibliothèques allemandes, le Dr. Liebers, de Gôttingen, ne put dégager de conclusions positives que sur quelques points de détail : tendance générale à l'augmentation du nombre de places mises à la disposition des usagers, compte tenu surtout de l'augmentation du nombre des étudiants dans les Facultés et établissements d'enseignement supérieur ; souci de voir créer des salles de travail spécialisées, disposant, en ce qui concerne les périodiques, notamment, de la documentation de base propre à chaque spécialité ; désir encore de voir multiplier dans les nouvelles bibliothèques des installations capables de permettre la constitution et la mise à la disposition du public d'instruments de travail (catalogues et fichiers) diversifiés au maximum, de nature à serrer de plus près tous les aspects possibles de la recherche et à les satisfaire ; tout ceci d'ailleurs devant être réalisé suivant des formules aussi simples que possible et adaptées à chaque cas. A en juger par quelques « mouvements divers » au cours de l'exposé du rapporteur, il semble que nos collègues allemands soient plus sensibles aux réalisations pratiques et utilitaires, qu'au caractère d'originalité qui semble avoir été recherché dans quelques bibliothèques de réalisation récente, au profit d'organismes internationaux.

    Le Dr. Braun, de Hambourg, fit une synthèse des points de vue auxquels aboutirent les experts travaillant en Comité spécialisé allemand en matière d'unification des principes de catalogage, en vue de la conférence d'octobre 1961 à l'Unesco.

    Evoqué dans plusieurs communications, le problème du recrutement du personnel technique des bibliothèques parut particulièrement préoccuper nos collègues d'outre-Rhin : son insuffisance quantitative est manifeste, aussi bien pour les bibliothèques scientifiques que pour les bibliothèques administratives, encore que pour ces dernières, suivant le Dr. Wernicke, Directeur de la Bibliothèque du Bundestag, à Bonn, ce problème semble en voie de solution par la création de centres de formation professionnels dans le secteur de la « Arbeitsgemeinschaft der Parlaments- und Behôrden Bibliotheken » (Bibliothèques parlementaires, administratives, Bibliothèques du «3e pouvoir» - à caractère juridique - Bibliothèques des instituts scientifiques, des corporations de droit public et des administrations commerciales).

    Selon le Dr. Richter (Hambourg), le déficit numérique, déjà sensible en ce qui concerne les cadres responsables (spécialistes des sciences naturelles et appliquées, juristes et économistes surtout), l'est encore davantage (un tiers au moins) dans le secteur des « Diplombibliothekaren » du fait, tant du nombre insuffisant des centres de formation, que des moyens dont ils disposent.

    La discussion qui suivit l'exposé du rapporteur fit ressortir à la fois le désir très net de la part des délégués des différents « Länder » de maintenir l'autonomie de leurs centres respectifs de formation, d'autant plus que la diversité des régimes administratifs dans chacun des pays, comme la différence à l'heure actuelle, de la durée des cycles de formation, rendrait une unification des plus délicates, et à leurs yeux, inopportune.

    Sur l'initiative du Dr. Hoffmann (Stuttgart) et Bauheim (Munster), le principe d'une enquête sur ce dernier point fut d'ailleurs décidée auprès des centres intéressés.

    En fin de discussion, les congressistes décidèrent de saisir de leurs voeux la Conférence permanente des « Kulturminister », en vue d'obtenir la création d'écoles de bibliothécaires dans les Etats qui, jusqu'ici, n'en avaient point.

    Dès maintenant, la création d'un centre de formation est décidée pour 1962 dans l'Etat de Bade-Wurtemberg, comme l'extension et l'augmentation du nombre des centres existants (50 %) et la création de postes de directeurs et d'instructeurs officiellement habilités.

    Toutes ces communications furent suivies, jusqu'au dernier jour par un auditoire nombreux, attentif, passionné même parfois, soulignant l'intérêt que les bibliothécaires allemands portent à leurs problèmes professionnels dans les différents Länder.

    Après avoir brièvement fait le point de ces journées de travail, particulièrement bien remplies, le professeur Dr. Fuchs présenta aux congressistes le nouveau président de l'Association des Bibliothécaires allemands, le professeur Dr. Luther, de Göttingen, qui, vivement applaudi, invita les congressistes à se retrouver nombreux l'année prochaine à Darmstadt.

    Au cours de ces journées, à tous les points de vue agréables par les contacts personnels qu'elles nous permirent, et riches d'enseignement, par les exposés entendus ou les discussions suivies, les bibliothécaires présents à Munich eurent l'occasion de visiter les installations de la Staatsbibliothek et celles de la Technische Hochschule. Le Kultusministerium de Bavière offrit un dîner en l'honneur des congressistes et le Bourgmestre les reçut à déjeuner à l'Hôtel de Ville. Nombreux furent parmi eux, ceux qui, le samedi 27, prirent part aux excursions organisées à leur intention vers les lacs et bibliothèques des couvents de la Haute-Bavière et de la Souabe (Polleuz, Ettal, Benediktbeuren et Ottobeuren), comme à Innsbruck où ils purent visiter la bibliothèque de l'Université, quelque peu démodée par ses installations, mais riche et intéressante par son fonds et tout particulièrement sa section bibliographique.

    Nous ne saurions terminer ce rapide compte rendu sans dire combien l'organisation de ce Congrès fut parfaite, à tous les points de vue, malgré le nombre important des participants, et souligner les attentions répétées que le professeur Fuchs, le Dr. Hofmann, président de la F.I.A.B. et directeur de la Staats-Bibliothek, comme le Dr. Wieder, directeur de la Bibliothèque de la Technische Hochschule, eurent à l'égard du représentant de l'A.B.F. : qu'ils en soient ici très sincèrement remerciés.