Index des revues

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    Par Alice Garrigoux

    Ville de Lyon

    Bibliothèque municipale. Livres et lecteurs à Lyon, six enquêtes psycho-sociologiques en 1965-1967. - Lyon, Impr. nouvelle lyonnaise, 1968. - 26 cm., 174 p., cartes.

    De tous les comportements humains, la lecture n'est certes pas un des plus faciles à appréhender. Acte individuel qui va du coup d'oeil superficiel jeté sur le journal quotidien à l'étude approfondie d'un texte, usage de l'objet-livre qui le laisse intact pour d'autres usagers, lent cheminement de la réaction à la chose lue différente suivant l'individu, comment mesurer quantitativement l'utilisation que font les Français de l'imprimé ?

    Cependant, la chose est d'importance. Auteurs, éditeurs, libraires, éducateurs, bibliothécaires, sociologues s'interrogent. Quels livres lit le public ? Quelles motivations guident son choix ? Quelle population disponible à la lecture échappe encore à son attrait ? Comment atteindre ce public potentiel ?

    Parmi les diverses enquêtes qui ont été faites ces dernières années, celle qui a été mené auprès de la population lyonnaise en 1965-1967 se signale par son ampleur et son sérieux. Une équipe d'une quarantaine d'étudiants en psycho-sociologie a apporté son concours aux recherches qu'a conduites, sous le contrôle de Geneviève Latreille, maître-assistante de psycho-sociologie à l'Université de Lyon, M. Paviol qui, pendant deux ans, a partagé la vie des bibliothécaires municipaux.

    Les recherches ont porté sur la diffusion des livres à Lyon : circuits commerciaux, circuits de prêt de livres ; sur l'attitude des Lyonnais vis-à-vis de la lecture ; sur le comportement des lecteurs inscrits dans une bibliothèque ; enfin, sur les motivations des lecteurs et, aussi, des non-lecteurs.

    Les textes des questionnaires d'enquête sont donnés en annexe. Il faut noter l'étendue du questionnaire présenté aux lecteurs inscrits dans une bibliothèque : plus de cent questions cherchent à saisir les goûts, habitudes, motivations de ce public dans le domaine des loisirs et de la culture autant que dans celui propre à la lecture.

    Appuyées sur une abondante documentation traitée avec la meilleure méthode, les conclusions qui se dégagent de ce travail rejoignent celles que l'on a pu tirer d'études antérieures, souvent moins approfondies. L'usage de la lecture dans les divers quartiers de Lyon reflète l'implantation, dans ces quartiers, des centres de diffusion de livres (bibliothèques et commerces du livre) et cette implantation est des plus irrégulières, laissant dans un désert culturel certains arrondissements. Partout où un centre de diffusion se crée, le nombre de lecteurs augmente. Les directives sont donc des plus claires : il faut rapprocher les livres du public, saisir celui-ci dans ses trop rares heures de disponibilité et, pour cela, décentraliser bibliothèques et points de vente. De même, les résultats de l'enquête lyonnaise confirment qu'il n'y a pas concurrence dans les divers modes de transmission de la culture (télévision, cinéma, livre), mais, au contraire, corrélation et convergence.

    Toutefois, si les résultats généraux de cette étude concordent avec ceux d'autres enquêtes, il ne faut pas négliger le caractère particulier qui s'en dégage quant à la ville même de Lyon.

    Alors que les moyennes nationales, d'après l'enquête du Syndicat des éditeurs, indiquent 42 % de lecteurs contre 58 % de non lecteurs, 76 % des Lyonnais lisent des livres, si 24 % n'en lisent jamais. La différence est notable. Notable aussi le pourcentage de lecteurs parmi les ouvriers lyonnais, 63 % contre 33 % pour la France entière. Lyon a un long passé de ville ouverte au livre, et ceci est très opportunément rappelé dans l'Introduction historique. Dès 1835, artisans et ouvriers fréquentaient assidûment les bibliothèques. C'est une initiative privée, au reste peu démocratique, qui fonda en 1863 la Société Saint-Nizier, encore survivante, et créa la première une bibliothèque telle que la souhaite le public : libre accès à d'importantes collections de livres, prêt à domicile, ouverture quotidienne de 13 à 22 heures.

    A l'heure actuelle, la municipalité lyonnaise entreprend avec continuité et efficacité le développement des bibliothèques publiq'ues. Les résultats obtenus ces derniers mois dépassent largement ceux qui avaient été relevés lors de l'enquête, alors que va s'élever à la Part-Dieu une grande bibliothèque municipale à la mesure du passé et de l'avenir de Lyon.