Chaque bibliothèque, quelle que soit, d'autre part, la catégorie à laquelle on peut la rattacher en raison, notamment, de la nature et du niveau de ses collections, et du type d'utilisateurs qui la fréquentent, s'en distingue néanmoins généralement par certains traits qu'elle doit à l'héritage du passé (surtout lorsque celui-ci est déjà long) et, dans le cas de la Bibliothèque du Muséum à l'histoire et à l'évolution de l'Etablis-sement scientifique dont elle est l'indispensable complément.
Pour rendre compte en quelques pages de ce double aspect je voudrais, d'une part, évoquer les étapes les plus décisives de l'histoire de la Bibliothèque du Muséum et montrer en particulier le rôle déterminant joué dans sa création par les représentants de l'institution dont elle porte le nom, et, d'autre part, mettre surtout en évidence celles de ses activités et de ses initiatives à travers lesquelles on discerne le mieux, mutatis mutandis, les soucis et les préoccupations qui lui sont communs avec l'ensemble des bibliothèques scientifiques spécialisées.
La première date importante dans l'histoire de la Bibliothèque est l'année 1790. Tout un ensemble de conditions se sont trouvées réunies cette année là pour faire apparaître à la fois comme nécessaire et comme possible la création, au Jardin des Plantes, d'une grande bibliothèque consacrée aux sciences naturelles et aux sciences de la terre.
Il y avait d'abord l'existence d'une institution, vieille d'un siècle et demi déjà, à laquelle le long et glorieux règne de Buffon qui venait de s'achever, avait valu, avec des accroissements territoriaux importants, un prestige national et mondial tout à fait exceptionnel. Les savants qui avaient travaillé à ses côtés ne pouvaient que déplorer l'insuffisance de la petite collection de livres réunis par leurs prédécesseurs, l'éloigne-ment et le caractère incomplet des dépôts de livres, auxquels, faute de mieux, ils étaient bien obligés d'avoir recours. Il existait donc, rassemblé en un même lieu, un public de lecteurs potentiels déjà important et appelé à se développer.
Il fallait également pour que l'opération puisse être envisagée, que les circonstances soient favorables à la constitution rapide d'une collection de base renfermant tous les ouvrages essentiels dans un certain nombre de domaines.
Il fallait enfin disposer d'un local.
Tels étaient les problèmes qui se posaient à un groupe de savants appartenant à la génération intermédiaire entre Buffon et Cuvier. Telles étaient les préoccupations qui les habitaient au moment où ils s'efforçaient, non sans difficulté d'obtenir la transformation du Jardin royal des plantes en Muséum national d'histoire naturelle.
Le décret de la Convention (10 juin 1793) sur le Jardin national des plantes et le Cabinet d'histoire naturelle de Paris, dont Lakanal était le rapporteur, et qui est à la fois l'acte de naissance du Muséum et celui de sa bibliothèque, reconnaît, à la fin de l'article 1er du Titre III intitulé de la Bibliothèque, que celle-ci est « nécessaire au complément du Muséum ».
Pour en arriver là il avait fallu, certes, mener toute une campagne, inaugurée officiellement par les Adresses et le Projet de réglemens présentés à l'Assemblée nationale par les Officiers du Jardin des plantes et du Cabinet d'histoire naturelle en 1790.
Dans ce projet la bibliothèque qu'il s'agissait de créer occupait déjà une place importante, et le titre VI qui lui était consacré témoignait de la conscience très claire qu'avaient les « Officiers du Jardin » de la nécessité d'un telle création. L'insistance qu'ils y apportaient était d'autant plus grande que les circonstances n'avaient jamais été plus favorables à la constitution d'une collection de base. En effet ils connais-saient bien, pour les avoir jadis assidûment fréquentées, les « bibliothèques des maisons ecclésiastiques supprimées » (et en particulier celle de Saint Victor) et les trésors d'ouvrages d'« Anatomie, de Minéralogie, de Chimie, de Botanique et de Zoologie » (les Voyages, chers au coeur d'Antoine-Laurent de Jussieu, seront ajoutés dans le texte du décret) qu'elles renfermaient. C'est dans ces collections « entassées » dira plus tard Toscan « dans des lieux fermés et sous le scellé » que les « Officiers du Jardin des plantes » souhaitaient être autorisés à puiser.
De local, il n'est pas encore question dans le projet de 1790. Sans doute allait-on au plus pressé : ne pas laisser échapper les fonds des bibliothèques confisquées, faire rentrer au bercail la collection des velins, « déposés à différentes époques à la Bibliothèque royale », à la fois reflet des recherches poursuivies au Jardin des plantes, et objet d'étude des savants, dont certains (tels Lacépède) s'y réfèrent très fréquemment.
Le problème du local de la future bibliothèque auquel le texte du projet ne fait pas allusion a certainement fait l'objet de discussions entre 1790 et 1793. Certains passages du mémoire sur l'utilité de l'établissement d'une bibliothèque au Jardin des plantes, publié en 1793 par Toscan qui allait en devenir le premier bibliothécaire, y font écho.
Toscan développe d'abord en faveur de la création de celle-ci toute une série d'argu-ments « la Science de la Nature est la Science des faits..., pour lire avec succès dans ce grand livre il faut avoir recueilli et comparé les observations de tous les naturalistes dans toutes les parties du monde, pour s'assurer des unes et rectifier les autres... C'est ainsi que l'on peut parvenir à détruire d'anciennes erreurs et ajouter quelques vérités nouvelles au petit nombre de celles qu'il est donné à l'homme de connaître. »
« On sent déjà ce qui manque au Jardin des plantes... la collection de tous les livres qui ont trait aux sciences qu'on y professe ». Et Toscan poursuit, en écartant d'avance, en des termes dont nous lui laissons, bien entendu, l'entière responsabilité, les objec-tions basées sur l'existence d'autres bibliothèques et en particulier de la Bibliothèque nationale: «...si, jusqu'à présent, les cours d'études qui ont eu lieu au Jardin des plantes n'ont pas rempli leur objet, si les étudiants n'y ont pas afflué, c'est à cette privation de livres qu'il faut l'attribuer car la Bibliothèque nationale située dans la rue de Richelieu ne saurait être, par son éloignement, d'aucune ressource pour l'élève du Jardin des plantes. Outre cet inconvénient, elle en a d'autres qui ne peuvent être bien sentis que de celui qui n'y va que s'instruire, tel que le concours des étrangers que la curiosité y attire, le bruit qui les suit, la lenteur du service des livres dans un vase immense, la distraction inévitable que cause une foule de demandes diverses et quelquefois bizarres, enfin, le peu de temps qu'il reste à donner à la lecture quand on en a tant perdu à s'y préparer. »
Toscan insiste enfin sur l'existence dans le Cabinet du Jardin des plantes d'un local dont, bien entendu, il vante les avantages: «...dans la partie neuve du bâtiment qui forme le second étage du Cabinet, est une grande pièce dont on peut d'autant plus disposer pour une bibliothèque qu'elle n'a actuellement aucune destination. »
C'est de ce local qu'il est fait état dans l'article 1 er du titre III du Décret de 1793 mais, en réalité, sur ce plan-là, les choses n'étaient pas aussi brillantes qu'on voulait bien le dire de sorte que la bibliothèque, déclarée d'emblée bibliothèque publique (ce qui est bien en accord avec l'esprit d'une époque où la notion d'éducation permanente était très en faveur) et donc ouverte à tous ceux qui, à quelque niveau que ce fût, s'intéressaient aux sciences naturelles, devait, jusqu'à son installation, près de deux siècles plus tard, dans les locaux qu'elle occupe actuellement, se montrer en réalité moins accueillante qu'elle ne l'aurait souhaité, faute de place.
Le fait qu'elle était en principe ouverte à toutes les catégories de lecteurs n'impliquait du reste nullement que sa politique d'achats, d'échanges et d'abonnements, toute entière orientée dès l'origine vers l'acquisition de publications correspondant à la nature et au niveau des recherches poursuivies dans les divers laboratoires du Muséum, dût s'en trouver modifiée. Cette politique n'a, du reste, pas varié.
Installée de 1822 à 1840 au premier étage de la Maison de Buffon, puis, à partir de 1840 dans un bâtiment spécialement construit pour elle à l'extrémité occidentale des galeries de Zoologie, Minéralogie et Botanique, la Bibliothèque était, dès 1873, menacée d'asphyxie malgré les travaux d'agrandissement, vite devenus insuffisants, exécutés en 1890.
Cependant, depuis sa création, elle n'avait cessé de s'enrichir grâce à des acquisi-tions, à des dons souvent importants (les bibliothèques de Cuvier, de Chevreul et de Charles-Lucien Bonaparte), mais surtout grâce à des échanges, commencés en 1834, avec les diverses publications du Muséum (Archives, Bulletin, Mémoires). Ces échanges nous ont valu des collections de périodiques qui sont l'une des richesses de la Bibliothèque.
Rattachée à la Direction des bibliothèques depuis la création de celle-ci, la Biblio-thèque centrale a vu depuis cette date s'améliorer sa situation à la fois sur le plan financier et sur le plan du personnel.
On commençait déjà vers cette époque à envisager le déménagement de la Faculté des sciences de plus en plus à l'étroit à la Sorbonne. Dans la perspective de son installation éventuelle sur l'emplacement occupé par la Halle aux Vins, on ne manquait certainement de tenir compte du fait qu'elle se rapprocherait ainsi du Muséum et de l'une des bibliothèques les plus riches du monde dans le domaine des sciences naturelles et des sciences de la terre mais aussi l'une des plus mal logées. Il ne semblait donc plus possible de différer plus longtemps la construction au Jardin des Plantes d'un nouveau bâtiment, exclusivement consacré aux activités d'une bibliothèque moderne, et comportant notamment, avec des magasins à la mesure de ses collections présentes et futures, une grande Salle de lecture (dont, comme il était prévisible, la fréquen-tation n'a fait qu'augmenter au fur et à mesure de l'installation progressive dans son voisinage immédiat des enseignements et des laboratoires de « Paris VI » et de « Paris VII », pour atteindre le rythme de 25 % d'augmentation annuelle depuis trois ans).
La décision prise conjointement par M. Julien Cain, Directeur des bibliothèques et par le Directeur du Muséum M. Roger Heim, devait aboutir, en 1963 à l'inauguration de la nouvelle bibliothèque du Muséum, édifié grâce à des crédits dégagées par la Direction des bibliothèques.
Après un siècle et demi de vie cachée celle-ci apparaissait enfin au grand jour, revêtue de verre et de béton, et capable enfin d'accueillir tous les lecteurs que pouvaient attirer la nature et l'importance de ses fonds. C'était un véritable événement dont il est difficile, encore à l'heure actuelle de mesurer toutes les conséquences (1) .
Certains projets sortirent presque immédiatement des cartons où le manque de moyens et de personnel les avait longtemps relégués et l'on commença à parler de Catalogues collectifs et de Listes mensuelles d'acquisitions.
En effet, si la Bibliothèque du Muséum est, depuis une époque du reste récente, dite Centrale, c'est pour la distinguer des 27 bibliothèques de laboratoires ou services du Muséum constituées, pour l'essentiel, de collections données ou léguées au cours du XIXe siècle par d'anciens directeurs ou chercheurs des divers laboratoires, et de périodiques reçus en échange des publications de ces laboratoires car, il faut le souligner ceux-ci ne disposent d'aucuns crédits réguliers d'achats de livres ni, du reste, la plupart du temps, d'un personnel spécialisé pour s'occuper de leurs bibliothèques. Or, certaines de ces bibliothèques sont fort riches.
Le projet d'un Catalogue collectif des ouvrages avait, à une époque déjà lointaine, reçu un commencement de réalisation et l'on trouve, dans l'Ancien Catalogue Auteurs un certain nombre de fiches qui portent le cachet d'un laboratoire du Muséum, mais l'effort n'avait pu être poursuivi.
En 1967, une enquête fut entreprise auprès des bibliothèques des laboratoires en vue de l'établissement d'un Catalogue collectif des périodiques reçus dans ces biblio-thèques et à la Bibliothèque centrale. Les laboratoires nous communiquèrent la liste des périodiques vivants enregistrés chez eux au cours de l'année.
1.222 collections de périodiques représentant 830 titres différents nous furent signalées.
Après une période consacrée à compléter les renseignements fournis, à dépouiller le Catalogue des périodiques reçus à la Bibliothèque du Musée de l'Homme pour ne retenir que les titres ne figurant pas déjà dans nos fichiers, et à une ultime mise à jour pour 1969, les notices reproduites par xérocopie sur fiches de couleur (afin de les distinguer des fiches de notre Catalogue des périodiques) étaient incorporées à notre fichier.
Depuis cette date, chaque année, le responsable du Catalogue collectif rend visite aux bibliothèques des divers laboratoires en vue d'enregistrer les naissancs et les décès sur les listes de périodiques reçus par ces laboratoires.
L'inventaire des collections de périodiques que ces bibliothèques avaient cessé de recevoir avant 1968 est actuellement envisagé.
La préparation de la prochaine mise à jour de l'I.P.P.E.C. a été l'occasion d'une collaboration plus étroite encore avec les bibliothèques de laboratoires. La responsable du Catalogue collectif a apporté un concours très actif à la rédaction des bordereaux correspondant aux périodiques reçus depuis 1965 dans ces bibliothèques, et acquis à l'I.P.P.E.C. la participation de 12 nouveaux laboratoires.
Amorcée une première fois en février 1968, la mise en route du Catalogue collectif des ouvrages devait s'avérer infiniment plus complexe que celle du Catalogue collectif des périodiques. Réamorcée en 1969 en faisant appel à la collaboration des responsables des bibliothèques de laboratoires, l'entreprise prenait lentement, mais sûrement, le départ.
A l'heure actuelle, tous les laboratoires, sauf un, nous fournissent régulièrement les listes ou fiches correspondant à leurs acquisitions de l'année.
Spontanément, et au fur et à mesure de leur possibilités et des nôtres, un certain nombre de laboratoires nous ont déjà communiqué tout ou partie de leurs fichiers corres-pondants aux ouvrages reçus avant 1969. On imagine sans peine les problèmes posés par l'intégration dans nos catalogues de notices rédigées selon des normes aussi diverses que variables. Peu de bibliothèques de laboratoires ont à leur disposition un biblio-thécaire ayant reçu une formation spécialisée. Les visites répétées et prolongées de notre émissaire ont amené peu à peu certains d'entre eux, lorsqu'ils n'en étaient pas déjà convaincus, à découvrir les avantages d'une rédaction normalisée des fiches de catalogue. D'autres, et nous les accueillons très volontiers, ont demandé à faire des stages de catalogage d'ouvrages et de périodiques à la Bibliothèque centrale. Nous avons aussi accueilli, pour un stage, une sous-bibliothécaire affectée à la Bibliothèque du Musée d'histoire naturelle de Nantes.
Il est peut-être intéressant, en passant, de noter que les bibliothèques des grands musées d'histoire naturelle de province possèdent des collections de périodiques qui commencent à attirer un public de plus en plus nombreux d'étudiants.
Certains de ces musées conservent aussi d'importantes collections d'ouvrages et de manuscrits peu ou pas du tout connues.
Mais, revenons à la Bibliothèque centrale et à celle de ses initiatives récentes qui a été la plus appréciée de l'ensemble des chercheurs du Muséum et qui s'inscrit dans la ligne du Catalogue collectif des ouvrages : nous voulons parler de la Liste mensuelle des nouvelles acquisitions (achats, dons, échanges, monographies paraissant dans le cadre des publications en série...). Elle a remplacé la Sélection mensuelle lancée en 1970, ainsi que la Liste annuelle qui avait vu le jour en 1944. Les notices de cette liste, classées systématiquement (nous avons repris en le modifiant le cadre systématique de la liste annuelle) sont numérotées et chacun de ceux qui la reçoivent dans le cadre du Muséum a la possibilité de nous demander, pour les intégrer à son propre fichier (fichier personnel ou fichier du laboratoire) un ou plusieurs exemplaires des fiches correspondant aux notices qui l'intéressent. (La multigraphie des fiches est assurée à la Bibliothèque grâce à une machine Rank Xerox louée par le Muséum). Un index auteurs est fourni à la fin de l'année. Les plus importants des ouvrages signalés sur chaque liste sont exposés dans la Salle de lecture et peuvent être feuilletés par les usagers. Cette initiative a manifestement répondu au besoin des chercheurs d'être informés aussi rapidement que possible de toutes les nouveautés que la bibliothèque peut mettre à leur disposition. Certains nous ont même dit qu'il leur arrivait d'apprendre grâce à cette liste la parution de tel ou tel ouvrage intéressant leur domaine de recherche. En outre cet échange d'informations sur les acquisitions récentes des uns et des autres permet d'éviter les doubles emplois.
Un certain nombre d'exemplaires de nos listes sont mis à la disposition des lecteurs. Certaines bibliothèques scientifiques nous ont demandé de leur en faire le service.
Il reste à dire un mot d'activités plus anciennes et plus classiques de notre Bibliothèque. Sa collection de périodiques est riche de plus de 6.000 titres ; 2.540 périodiques ont été reçus en 1972. Une partie d'entre eux vient par abonnements (ce sont bien entendu les plus chers) et environ les deux tiers nous viennent grâce à des échanges avec les publications du Muséum. De nouveaux échanges nous sont sans cesse proposés. On peut du reste dire que c'est en grande partie grâce à eux que les travaux des savants français dans le domaine des sciences naturelles et des sciences de la terre sont diffusées jusque dans les régions les plus éloignées du globe, et, bien souvent, auprès d'institutions qui ne pourraient les acquérir par d'autres moyens.
Une liste des périodiques français et étrangers vivants reçus à la Bibliothèque est publiée tous les deux ans (avec une mise à jour l'année qui suit la publication de la liste). Largement diffusée auprès des laboratoires et organismes inscrits au prêt, elle leur permet (ou devrait leur permettre) de nous fournir, à l'occasion de leurs emprunts des références exactes et complètes.
Comme dans beaucoup de bibliothèques scientifiques on rencontre rue Geoffroy Saint-Hilaire deux catégories assez distinctes d'utilisateurs.
Il y a d'une part le public de la Salle de lecture, située au second étage, les chercheurs du Muséum y sont en minorité. Ce public, extrêmement varié (de 7 à beau-coup plus de 77 ans !), va de quelques naturalistes en herbe, clients du mercredi, jusqu'aux professeurs de Faculté et du Collège de France en passant par toutes les catégories d'étudiants et de chercheurs, y compris les étudiants en médecine. Il s'agit souvent de recherches temporaires. La plupart de ceux qui composent ce public ne sont pas dans les conditions requises pour être autorisés à bénéficier du prêt.
Le Prêt, situé au premier étage, n'est ouvert qu'aux personnes morales laboratoires, instituts, bibliothèques, organismes divers (C.N.R.S., C.N.R.Z., B.R.G.M., Institut Pasteur, e t c .). Les personnes admises à bénéficier du prêt (au nombre d'environ 1.000 dont un fort contingent appartient au Muséum) empruntent sous la responsabilité de leur direc-teur ou du professeur qui dirige leur équipe, et nous ne les voyons que très rarement. C'est, en effet, la plupart du temps par le truchement de leur garçon de laboratoire ou, dans le meilleur des cas, du responsable de leur propre bibliothèque, qu'ils commu-niquent avec le service du prêt.
Cette situation que l'on rencontre dans la plupart des bibliothèques scientifiques, ne simplifie pas la tâche des responsables du prêt et met constamment à contribution leur dévouement et leurs connaissances bibliographiques.
Pour éviter que le service ne soit submergé certains jours sous l'afflux des demandes de prêt il a fallu limiter celui-ci à un certain nombre de volumes par jour et par laboratoire.
Un nombreux courrier nous apporte en outre, par l'intermédiaire des bibliothèques universitaires, les demandes d'emprunt des laboratoires et instituts de recherche de province. Lorsqu'il s'agit d'articles de périodiques, cas le plus fréquent, nous avons fini par substituer l'envoi de photocopies à celui des volumes eux-mêmes dont l'absence avait jusque là tendance à se prolonger pendant des semaines et parfois des mois. A quand la Bibliothèque nationale de prêt !
Il faudrait parler évidemment de notre collection de manuscrits (mémoires, notes correspondances, dessins et aquarelles de savants, etc.) car elle est très consultée et s'accroît régulièrement, grâce, en partie à des dons. Ces dernières années ont été marquées par l'entrée dans notre collection d'un grand nombre de documents d'un très grand intérêt sur le plan scientifique ainsi que pour l'histoire du Muséum.
Nous avons organisé, il y a deux ans, à l'intention des personnels du Muséum, dont certains pour les raisons que nous venons d'évoquer, n'avaient jamais franchi le seuil de la Bibliothèque, toute une série de visites qui ont obtenu un vif succès, et permis peut-être à quelques-uns de découvrir que la bibliothèque n'était pas un simple magasin de livres, de découvrir également la possibilité et l'intérêt d'un dialogue, très souhaité de notre part, avec les responsables des différents services de la Bibliothèque. Nous comptons renouveler bientôt ces visites à l'intention des nouveaux.
Cette année, à l'époque de la rentrée universitaire, nous avons eu l'occasion de collaborer à une initiation au bon usage d'une bibliothèque scientifique organisée par un professeur de Paris VI, pour ses étudiants préparant des thèses. Nous souhaitons que des initiatives de ce genre se multiplient, à l'imitation de ce qui se fait dans certaines universités étrangères, et de ce que certains de nos collègues ont déjà tenté de faire, non sans succès.
Il faudrait citer encore d'autres activités, d'autres travaux, achevés, en cours, ou envisagés, mais la réalisation de beaucoup de projets, le maintien de nos collections (et surtout des collections de périodiques dont le prix augmente sans cesse), la pour-suite des services que nous assumons, ce qu'il faudrait pouvoir faire pour assurer efficacement la conservation de tant de documents précieux, se heurte de plus en plus depuis quelques années à la diminution régulière de notre pouvoir d'achat, et pourtant, comme je le rappelais récemment : le rôle de cette bibliothèque dont le fonds est sans doute encore le plus important et le plus complet d'Europe et même du monde dans le domaine particulièrement actuel des Sciences naturelles et des Sciences de la terre (le prix Nobel ne vient-il pas d'être attribué à un éthologiste ?) ; le nombre très rapidement croissant des étudiants et des assistants inscrits dans les Facultés des sciences et même des lettres de Paris et de la région parisienne qui fréquentent notre salle de lecture, faute d'avoir pu trouver ailleurs non seulement des ouvrages et des collections de périodiques qui font souvent défaut aux jeunes bibliothèques (surtout dans un domaine où les travaux du passé conservent toute leur valeur), mais encore les ouvrages correspondant à de nouveaux enseignements (écologie, éthologie...) que notre bibliothèque est souvent la seule à pouvoir mettre à leur disposition, nous créent des obligations. Il faudrait pouvoir faire face, sur tous les plans (communication et conservation) à l'augmentation du nombre de nos utilisateurs et rester fidèle à une tradition, de plus en plus justifiée à l'heure actuelle, et qui a toujours été celle de cette bibliothèque : veiller dans toute la mesure du possible à ne rien laisser échapper de ce qui se publie d'important en toutes langues, dans un certain nombre de domaines.
C'est là, en effet, notre raison d'être (et celle de toutes les bibliothèques spécialisées) et c'est à cela que la Bibliothèque du Muséum doit sa réputation et son prestige et de pouvoir continuer à jouer efficacement son rôle d'auxiliaire de la recherche.