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    Le circuit Boston-Manchester

    Par Claude Bernard

    Un voyage avant le Congrès nous a permis de voir les bibliothèques d'une grande ville, Boston, et d'une ville moyenne, Manchester.

    BOSTON, 750.000 habitants, trois millions et demi avec l'agglomération, est une des capitales intellectuelles des Etats-Unis, traditionnellement attachée au livre.

    La bibliothèque centrale comporte deux divisions, recherche et bibliothèque de prêt, et deux bâtiments juxtaposés, l'un ancien (1895) qui tient du palais italien et de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, l'autre très moderne (1973). L'architecte, P. Johnson, très connu aux Etats-Unis, a réussi à maintenir une harmonie entre les deux en gardant la même élévation, la même forme de toit et en prenant une pierre de la même qualité pour le revêtement de la façade. La structure intérieure du nouveau bâtiment, grâce à une collaboration étroite entre bibliothécaires et architecte, est très fonctionnelle. Les 3 étages supérieurs sont en quelque sorte accrochés à de fortes poutres de béton ce qui permet d'avoir en-dessous de très grands espaces délivrés de la forêt de piliers de soutien habituelle. Il ne reste que 36 colonnes, groupées par 4 autour d'un grand hall. Grâce à cette trouvaille architecturale, les surfaces réservées à la lecture publique (rez-de-chaussée, 1er et sous-sol) sont d'une extrême souplesse d'utilisation. La bibliothèque offre tous les services habituels d'une bibliothèque américaine: livres (600.000 vol.), fonds pour aveugles et handicapés, périodiques (1.300 titres), lecture sur place (1.200 places assises), salles de référence et de bibliographie, et une grande section audiovisuelle: fonds iconographique, disques, films (prêt aux collectivités seulement). Un grand auditorium, des salles de conférence et de réunion permettent, chaque jour, des animations très variées : concerts, conférences, discussions, films. A cela s'ajoutent une section pour les jeunes et une grande salle pour les enfants également accompagnée d'un auditorium permettant des projections de films. Les étages supérieurs abritent les services centraux. Les deux bâtiments, l'ancien et le nouveau, sont reliés par un patio calme et verdoyant et une galerie qui sert de galerie d'exposition.

    La bibliothèque publique de Boston comprend, en plus de la bibliothèque de recherche (2 m 1/2 de volumes) et de la grande bibliothèque de prêt, 28 annexes et 3 bibliobus. Les annexes, dont l'une sert de bibliothèque d'hôpital, ont de 15.000 à 60.000 livres avec un personnel de 3 à 5 personnes pour les plus petites, de 10 à 12 pour les plus grandes. Une voiture de service fait le lien 2 fois par jour entre centrale et annexes. La bibliothèque de recherche achète presque tous les livres qui paraissent en anglais. Chaque semaine les bibliothécaires d'annexes viennent regarder les ouvrages reçus et signalent ceux qu'elles souhaitent avoir en fonction de leur public et de leur budget (chaque annexe a un budget proportionnel à son importance). La commande et le traitement des livres sont effectués par les services centraux avec l'aide de deux ordinateurs dont l'un est consacré surtout à la lecture publique (prêt, réservations, statistiques). Grâce à l'automatisation, les catalogues sous forme de volumes prennent une importance croissante. La fiche de base est établie d'après l'exemplaire de la bibliothèque de recherche.

    La bibliothèque de Boston joue aussi le rôle de bibliothèque centrale pour toutes les bibliothèques publiques du Massachussetts qu'elle aide par des prêts de livres et des renseignements bibliographiques. Elle joue aussi le rôle de bibliothèque régionale avec des fonds spéciaux correspondant à l'histoire littéraire, technique ou artistique locale.

    Enfin elle fait partie d'un consortium des bibliothèques de recherche du Grand Boston avec les bibliothèques des universités voisines, dont celles, très célèbres de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology qui représentent plus de 10 millions de livres. Cette collaboration permet d'établir des catalogues collectifs, d'éviter des achats onéreux en double exemplaire, de coordonner les abonnements et le microfilmage des périodiques, de répartir les spécialités.

    A mi-chemin entre Boston et New York, au centre du Connecticut, MANCHESTER sait allier le dynamisme commercial et industriel et le charme de la vie de village. Dès 1850 des ouvrières en textile obtenaient par une pétition la création d'une bibliothèque. En 1973, les chiffres sont éloquents :

    • Population ................................... 50.000 habitants
    • lecteurs inscrits (période de 4 ans) .......... 24.485
    • nombre de livres ............................. 161.340
    • prêts ........................................ 354.610
    • personnel .................................... 29 3/4

    Il y a actuellement deux bibliothèques, une annexe et un bibliobus. Le bâtiment principal n'a rien de spectaculaire, plutôt provincial avec le classique petit portique à colonnes et les gros rideaux fleuris. Tout est en rez-de-chaussée mais, là aussi, la gamme des services rendus est complète : livres, revues, disques, oeuvres d'art, films (8 et 16 mm) avec, dans la salle des adultes, des classeurs de documentation, notamment sur les professions, un appareil de photocopie et une importante collection de microfilms avec un appareil de lecture qui permet d'avoir très vite copie de la page intéressante. Pour les enfants, une seule grande salle avec aussi des disques, du matériel audiovisuel et un appareil de télévision. La bibliothèque publie chaque semaine la liste des nouvelles acquisitions et des listes d'ouvrages correspondant aux événements locaux. Elle semble très appréciée des commerçants et industriels qui y trouvent des renseignements précieux. Elle travaille en collaboration étroite avec la bibliothèque d'une ville voisine et toutes les petites bibliothèques de la région (informations, idées, prêts interbibliothèques).