Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓

    L'adolescent et la bibliothèque


    L'intervention de Mademoiselle A/tmayer a déjà été partiellement publiée dans le Bulletin du Livre et dans Lecture-Jeunesse (numéro 6, déc. 1978, 4, Square de Vitruve, 75020 Paris), c'est pourquoi nous ne reproduisons ici que la deuxième partie de son exposé, consacrée aux relations entre les adultes et les adolescents au sein de la bibliothèque.

    Relations Adultes-Adolescents

    Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet et je ne pourrais qu'indiquer rapidement les attitudes qui facilitent ce dialogue Adulte-Adolescent et ce que les jeunes attendent de nous.

    1) Tout d'abord l'ouverture, l'accueil.

    Je ne m'y attarderai pas puisque nous venons d'en parler. Notons toutefois que cet accueil ne doit pas être de surface, de commande, mais correspondre à une ouverture très réelle à la condition des jeunes, à leur vie, à leurs problèmes, à leurs intérêts qui sont prioritaires et cela implique de faire passer leurs soucis à eux avant les nôtres.

    2) Compétence

    Les jeunes sentiront très vite s'ils ont affaire à quelqu'un de compétent ou pas; ils désirent qu'on les prenne au sérieux donc que la personne à qui ils ont affaire soit compétente. Ils croient à notre compétence et se font même quelques illusions à ce sujet : ainsi ils s'imagineront facilement que le Bibliothécaire a lu de bout en bout tous les livres qui se trouvent sur les rayons. Il ne s'agit pas évidemment de les laisser dans cette illusion, mais il faut aussi, qu'à défaut d'avoir tout lu, on puisse, au moyen des catalogues, les renseigner exactement et rapidement sur ce qu'ils demandent; en particulier je pense qu'un bon catalogue matière est indispensable avec des jeunes. Ils sont exigents, et il ne faut pas les décevoir dans leur exigence.

    3) L'adulte doit aussi se montrer « à l'écoute » des jeunes,

    3) L'adulte doit aussi se montrer « à l'écoute » des jeunes, en étant très proche d'eux, en les laissant parler, s'exprimer. La Bibliothèque, plus parfois que l'école ou la famille, peut être un lieu privilégié pour les adolescents qui désirent parler avec des adultes... pour certains même ce sera un des seuls lieux où ils puissent le faire. Il faut leur laisser ce droit à la parole, cette possibilité de dialogue. Cela demande certes une grande disponibilité, mais aux yeux des jeunes, nous sommes là pour cela, pour répondre à leurs questions. Là aussi, il faut essayer, malgré les impératifs de nos tâches, que nul ne saurait sous-estimer, de ne pas les décevoir.

    4) Notons aussi qu'il faut au Bibliothécaire se consacrant aux adolescents faire preuve de beaucoup de persévérance.

    Une des caractéristiques de cet âge adolescent est en effet l'instabilité, la mouvance et cela est parfois très déconcertant; il est fréquent que, sous l'influence d'un camarade, ou d'un groupe tel ou telle qui venait quasi-journellement à la Bibliothèque, la déserte pendant des semaines, voire des mois, puis y revienne sans autre explication.

    Il arrive aussi que des travaux entrepris soient abandonnés, que des engagements pris ne soient pas tenus ou très insuffisamment. Ceci est parfois décevant, mais il faut se garder du découragement et surtout ne pas renoncer à ce qu'on a décidé de faire avec eux ; les jeunes comprendront ainsi qu'une oeuvre commencée doit être achevée et que le succès d'une entreprise est fonction de la part que chacun y apporte.

    5) Le Bibliothécaire travaillant avec des jeunes s'efforcera aussi de partager ses responsabilités avec eux,

    de les faire participer le plus possible à la vie et au fonctionnement de la Bibliothèque. J'imagine mal que l'on puisse vraiment intéresser actuellement des jeunes de 14,15,16,17 ans à une réalisation, s'ils sont de simples utilisateurs passifs sans être impliqués directement dans la gestion de l'équipement qu'ils utilisent.

    Cette participation peut se faire sous bien des formes :

    • - prise en charge de services : prêts, réparation et équipement des livres, rangement ;
    • - certains travaux plus techniques comme l'intercalation ;
    • - réalisation concrètes : affichage, décoration de la Bibliothèque ;
    • - participation à des activités d'animation :
      • Compte rendu de lectures
      • Montages audiovisuels
      • Expositions
      • Organisation de fêtes
    • - Débat sur le choix des livres par la présence à des réunions de choix de livres avant les commandes.
    • - Enfin participation aux décisions, aux orientations à prendre : chaque trimestre nous réunissions à Maisons-Alfort un groupe d'une cinquantaine de jeunes. A ces réunions ils étaient invités à donner leur avis sur les activités du trimestre écoulé et à prévoir celles des mois à venir.

    Il est donc souhaitable qu'en contre-partie de cette liberté d'expression et d'action dont nous parlions tout à l'heure, les jeunes se sentent responsables en partie de la bonne marche des choses dans l'équipement qu'ils utilisent.

    6) Et pour terminer,

    il faut indiquer aussi, que ces dispositions d'accueil, d'ouverture, d'amitié avec les jeunes n'entraînent pas pour autant une attitude de négligence et de laisser-aller.

    Je pense au contraire qu'avec des adolescents il faut manifester, non pas une autorité contraignante, mais une réelle fermeté : les jeunes ont besoin de sentir en face d'eux dans certains cas une attitude ferme, parfois même une certaine résistance. Ils ont besoin aussi de sentir une bonne organisation dans les activités qui leur sont proposées.

    Ce n'est pas leur rendre service que de passer sur tout, de laisser tout faire, de n'avoir aucune exigence : ils doivent savoir que l'utilisation des livres et des locaux dans une Bibliothèque suppose : propreté, soin, tenue, ordre, exactitude, etc...

    On obtiendra d'autant plus aisément que ceci soit compris et que ces quelques exigences soient respectées que l'on s'efforcera de leur en expliquer les raisons. Ces raisons étant essentiellement le respect du bien commun, le souci de l'intérêt général qui veut que lorsqu'on utilise des biens et des locaux collectifs on s'efforce de les maintenir dans le meilleur état possible au bénéfice de tous.

    Je ne prétends pas que l'on puisse par ces quelques explications obtenir un ordre et un soin parfaits, mais je pense, que dans l'ensemble, l'expérience a prouvé que les jeunes sont heureux qu'on leur donne les raisons de ce qui leur est demandé, qu'ils sont sensibles à ces arguments et que, de toutes façon, ce n'est pas en ne leur demandant que des choses faciles et ne réclamant aucun effort qu'on obtiendra leur adhésion et leur intérêt.

    En conclusion dans ces relations Adultes-Adolescents, je pense que chacun doit rester à sa place, se comporter selon son état; l'adulte s'il demande un effort aux jeunes, le respect de certaines règles, ne le fera pas au nom d'exigences abstraites qui n'auront aucun impact en soi, mais, comme nous l'avons dit, en vue du bien commun.