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Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques

1984
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    Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques

    50e conférence, Nairobi, Kenya, 19-25 août 1984

    Par M.L. BOSSUAT

    c est la première fois que l'IFLA tenait sa Conférence sur le sol africain, et pour la deuxième fois dans un pays du tiers-monde.

    Pour beaucoup, le Kenya est le pays des safaris ; et il faut bien reconnaître que certains pensaient qu'il s'agissait plus de faire du tourisme professionnel que d'étudier des problèmes bibliothéconomiques.

    Erreur profonde ! Ce fut un excellent congrès aux résultats positifs.

    L'Association des bibliothèques du Kenya avait mis tout en oeuvre pour que les conditions de travail soient agréables. Les salles du Kenyatta international conférence center étaient accueillantes et le Comité local d'organisation efficace.

    Un millier de participants étaient présents, venant de quatre-vingt pays différents. Les bibliothécaires africains étaient nombreux, et particulièrement les collègues francophones. La Conférence était précédée d'un séminaire sur la formation professionnelle élémentaire réservée aux bibliothécaires africains. Notre collègue Geneviève Patte en a été un des organisateurs. Grâce à une subvention du Ministère des Relations extérieures, Bureau du livre, ce séminaire disposait d'une interprétation simultanée français-anglais, ce qui a permis la participation d'une quinzaine de bibliothécaires africains francophones qui ont pu ensuite participer aux travaux de la Conférence et présenter des communications.

    Il est difficile de donner un compte rendu exhaustif des réunions, car les séances des divisions et des sections de l'IFLA se chevauchaient obligatoirement et il était donc impossible d'assister à toutes, malgré l'envie qu'on en avait.

    Les Bureaux exécutif et professionnel de la Fédération ont tenu plusieurs réunions. Le Bureau exécutif s'est réuni notamment avec les représentants de la Division du Programme général d'information de l'Unesco, de la Fédération internationale de documentation et du Conseil international des archives. Il est important de continuer avec ces organismes internationaux, une collaboration fructueuse dans des activités communes. Les problèmes financiers retinrent aussi l'attention des membres de ce Bureau.

    Les travaux de la Conférence concernaient plus particulièrement la gestion de l'IFLA et la bibliothèconpmie africaine.

    Chaque-section, chaque division devait préparer et mettre au point son programme à moyen terme des années 1986-1991. Le Programme doit être publié l'année prochaine et prévoir les travaux de l'IFLA pour les six années à venir. C'est une des tâches essentielles actuellement du Bureau professionnel.

    La séance plénière fut ouverte par un excellent discours du vice-président du Kenya, M. Mwai Kibaki. Il a mis en lumière le rôle des bibliothèques pour le développement des cultures et l'accès des individus à des cultures spécialement sur le continent africain et au Kenya.

    Deux séances plénières ont été tenues sur le thème général de la Conférence : « les services nationaux de bibliothèques >. Un de nos collègues sénégalais, Théodore N'Diaye, y présenta une réflexion sur le livre et les fondements des services de bibliothèques «Des bibliothèques pourquoi faire?». Il pense que « quels que soient l'époque, le pays ou les formes que prennent les bibliothèques, les missions essentielles - recueillir et transmettre l'information au service du développement individuel et national - resteront les mêmes ». M.H. Cha-kava, du Kenya traita un sujet important : « Reading in Africa : some obstacles ». Il paria notamment de l'analphabétisme, des problèmes de langue, du sous-développement et du manque de volonté de lire.

    Passons en revue les séances des différentes divisions :

    À la séance de la Division des bibliothèques de recherche générales, l'inspecteur général, G. Thirion, parla du « Rôle joué par les bibliothèques universitaires dans les pays en voie de développement: le cas de l'Afrique noire francophone au sud du Sahara et M. Menendez (Colombie) aborda le sujet suivant: « Des services de bibliothèques pour la recherche » en décrivant l'expérience de la Bibliothèque de l'Université de Los Andes qui a offert ses services aux chercheurs non-universitaires contre paiement et a créé un service de formation du lecteur. Les résultats ont été positifs : augmentation du nombre des lecteurs, une collection d'ouvrages de référence améliorée, des services spécialisés et des lecteurs mieux formés, et tout cela pour un prix modique.

    À la Division de la gestion et de la technologie, Mme A. Bernard et M.C. Lerin (B.N.) firent un exposé sur l'Information de la Bibliothèque nationale en décrivant la méthode de conduite du projet, la participation et la formation du personnel, tandis que M. Keriguy parla de l'expérience faite au Centre national de la Recherche scientifique sur V Application du disque optique pour la fourniture de documents ».

    À la Division des collections et services furent étudiés les problèmes d'acquisition de deux points de vue différents : M. R. Attia, de Tunis, parla des « Problèmes que rencontre la Bibliothèque nationale de Tunis dans l'acquisition des publications étrangères. et M. J. Armstrong décrivit l'expérience de l'Office régional de Nairobi de la Bibliothèque du Congrès dans le domaine des acquisitions africaines. Deux expériences qui se complétaient et faisaient apparaître des difficultés non contradictoires. La discussion qui suivit fut intéressante et fructueuse.

    Division du Contrôle bibliographique : Après les comptes rendus des activités des trois sections de la Division (Classification, Catalogage, Bibliographie), M. P. Lewis (British Library) présenta une communication sur « The Role of CIP in bibliographic control : some new directions ». Cette mise au point était nécessaire après les travaux du Colloque sur le CIP de 1982.

    Division de la formation et de la recherche : Plusieurs orateurs intervinrent pour décrire les programmes et le développement des écoles de bibliothécaires et des études sur l'information - MM. Benjelloun (Rabat) : La Formation des bibliothécaires, documentalistes et archivistes dans les pays d'Afrique francophone, et M. M. Amam (États-Unis) : Planning and development of library and information studies schools in English-speaking Africa. La première présentait donc la formation professionnelle en Afrique francophone vue par un Africain, et l'autre l'information en Afrique anglophone vue par un collègue américain, décrivant les responsabilités des pays développés pour aider les pays en développement à surmonter les problèmes qui les empêchent de progresser dans la science et la technologie de l'information.

    Division des bibliothèques : Les différentes sections présentèrent le bilan annuel de leurs activités. Cette année, c'est la Section des bibliothèques pour aveugles, (Président: M. W. Vitzansky) qui fit un rapport oral, décrivant ses travaux en cours et futurs.

    Division des activités régionales : Trois orateurs parlèrent de la coopération régionale des bibliothèques pour leur développement en Asie, Afrique et Amérique latine.

    Voici maintenant un aperçu des plus importantes communications présentées dans les sections ; elles furent pour la plupart d'un très haut niveau.

    La Section des acquisitions et échanges tint deux réunions : l'une fut consacrée aux « Problèmes et perspectives des acquisitions au Kenya » (J.R. Njuguna) et à la Jamaïque (S. Fer-guson) : l'autre, organisée en liaison avec la Section des publications officielles (Présidente : Mme G. Boisard, B.N.) entendit une communication de Mme A. Ben Khemis (B.N.) : « Les échanges de publications officielles de la Bibliothèque nationale avec les États africains ». La discussion qui suivit fut passionnée et passionnante. Ce fut une occasion pour l'oratrice et pour les assistants de prendre des contacts qui devraient être fructueux et de percevoir tout l'intérêt du développement de ces échanges dans des pays où les publications officielles sont souvent les plus nombreuses. M. Willison a parlé à son tour des acquisitions africaines de la British library, complétant ainsi la communication de Mme Ben Khemis. MM. H.A. Liyai et Kamau de l'Université de Nairobi et des Archives nationales du Kenya firent un exposé sur l'organisation et l'accès des publications officielles du Kenya.

    La Section de bibliographie (Secrétaire : Melle M. Beaudiquez, B.N.) a donné le compte rendu des activités de ses groupes de travail concernant notamment les publications :

    • 1) IFLA communications 1983: a Bibliography of IFLA conférence papers ;
    • 2) Recommandations sur les volumes cumulatifs des bibliographies courantes à paraître dans les Rapports professionnels de l'IFLA.
    • 3) International guide to Marc data bases and services, contribution au Programme MARC International. Deux communications furent ensuite présentées : « Les Bibliographies nationales du Maghreb », par M. Richard Attia, qui décrivit ainsi les instruments bibliographiques de l'Algérie, du Maroc, de la Tu-nisie et de la Lybie : The State of art of the current national bibliographies in the English speaking countries in Africa », par Mme B. Bankole qui exposa les développements de ces bibliographies, en accord avec les résultats de la Conférence de Paris de 1977.

    La Section de catalogage (Secrétaire : Mme F. Finelli, B.N.) avait retenu pour thème : « Les Enregistrements bibliographiques, politiques et problèmes de catalogage dans les pays africains >. On entendit M. A. Kamba (Zimbabwe) parler du « Bibliographic control : Zimbabwe's present practices and ho-pes for the future; il décrivit les espoirs mis dans la création d'un service national de bibliothèque et documentation qui permettrait le contrôle bibliographique national. M. R. N'Diaye et Mme D. Dongue présentèrent une étude sur les Problèmes et les pratiques de catalogage au Sénégal: Ils reconnaissent la nécessité d'unifier les systèmes de catalogage et de créer une agence bibliographique nationale permettant une diffusion de l'information indispensable aux niveaux national et international.

    La Section de la technologie de l'information nous permit de faire le point des travaux d'informatique. Quatre communications furent présentées : Software packages for management and retrieval of bibliographic information for mini and micro-computers, par Mme C. Bossmeyer (R.F.A.) ; Minisis/UNI-MARC: what it can and cannot do for libraries, par M. C. Godfrey (Canada) : United we stand, divided we fait : the benefits to libraries of international standardization in videotex par M. G. Andrew, et : Minisis for information technology par Mme H. Avram (États-Unis).

    Les quatre Sections de bibliographie, de catalogage, de technologie de l'information, et des bibliothèques nationales se réunirent sur le thème de 1'« Impact d'UNIMARC». Mme F. Conrad (R.F.A) parla des « National magnetic tapes services, en insistant sur les efforts faits par le Programme international MARC pour établir une meilleure base pour l'échange des données dans le réseau international MARC, et Mme H. Avram lut la communication de Mme S. McCallum : Doing UNIMARC : prospects and problems. Elle annonça que la Bibliothèque du Congrès pourra fournir ses renseignements en format MARC à l'automne prochain, et dénonça les lacunes du format UNIMARC dont l'IFLA doit favoriser le développement.

    La Section des bibliothèques nationales entendit aussi un exposé de M. Kartashov (U.R.S.S.) : The rôle of national libraries of the U.S.S.R. in reading promotion; il décrit un rôle inhabituel pour les bibliothèques nationales.

    La Section des livres rares et précieux avait choisi pour thème de ses réunions : « The Libraries and the study of the African héritage » : M. 1. Willison (Royaume Uni) parla de History and current development of the British library's African studies. On regretta que, par manque de subvention, on n'ait pu présenter une communication similaire pour les collections françaises. En liaison avec la Table ronde sur l'histoire des bibliothèques, la Section écouta aussi une autre communication d'un collègue anglais, M. B. Bloomfield, sur un sujet analogue mais concernant les collections de la School of Oriental and African studies de Londres.

    La Section des publications en série traita de deux thèmes : « Contrôle des publications en série dans les pays en développement", et «Formation du bibliothécaire pour le traitement des publications en série. »

    À la Section des bibliothèques scientifiques et techniques, il y eut deux communications assez différentes : G. Kruse (R.F.A.) parla de la « Patent documentation " comme source de nouvelles idées pour la croissance économique des pays en développement ; D.G. Ng'ang'a (Kenya), décrivit « The Availability of publications in science and technology in Kenya » en exposant les problèmes d'édition et de contrôle bibliographique, et M. Line insista sur l'importance, pour les pays en développement, des publications scientifiques et techniques.

    La Table ronde des documents audiovisuels, réunie avec l'IAML et l'IASA avait prévu le thème suivant : « The Collection and preservation of a nation's cultural héritage avec référence spéciale aux traditions africaines ; quatre communications concernèrent la collecte et la préservation du patrimoine et des traditions musicales du Kenya, l'organisation et la diffusion des documents concernant le patrimoine d'un pays et le stockage et la conservation de ces mêmes documents sous des climats tropicaux et sub-tropicaux.

    La Section des bibliothèques de géographie avait pris pour thème : « Les Systèmes et services d'information dans les bibliothèques de géographie et les cartothèques Un de nos collègues kenyans parla des problèmes de ces services en Afrique orientale.

    La Section du prêt interbibliothèques avait prévu deux communications : Les Catalogues collectifs de livres dans les pays en développement (M. Line et R. Bennett, T.V.), et le Prêt interbibliothèques entre le Nord et le Sud : l'exemple de la France et des pays francophones au sud du Sahara. A. Thioune, Sénégal, y expliqua que, devant la conjoncture économique difficile, le prêt était la seule issue, pour les pays en développement, d'obtenir l'information nécessaire à ses lecteurs.

    La Section des bibliothèques publiques tint plusieurs réunions. Avec la Section des bibliothèques d'enfants, elle entendit deux communications, l'une sur le développement des bibliothèques d'enfants en Afrique (G. Dillworth, Sierra Leone) et l'autre (n'ayons pas de complexe) intitulée : Public libraries are fan-tastic. M.Torngren décrivait la promotion de la lecture et l'utilisation des bibliothèques en liaison avec les auteurs, les écoles et autres institutions. Pour une autre réunion, la Section des bibliothèques publiques retint le thème général des « Bibliothèques publiques en Afrique » permettant ainsi de connaître les réalisations de ce continent.

    La Section des bibliothèques desservant un public spécifique a annoncé la publication d'un « Guide à l'usage des bibliothèques desservant les malades hospitalisés et les personnes handicapées à domicile » : on y trouve décrite l'organisation d'un service de bibliothèque pour personnes handicapées, l'organisation de bibliothèques dans les hôpitaux et autres institutions, la formation des bibliothécaires de ce secteur. On peut souhaiter que ce guide ait rapidement une version française. La Section des Bibliothèques d'aveugles avait prévu plusieurs communications ; les auteurs y ont fait une place importante à l'écriture Braille ; elle est utilisable partout et à tout moment, ne nécessite pas de matériel sophistiqué et reste le meilleur moyen de lutte contre l'analphabétisme. Les mêmes auteurs ont insisté sur la nécessité d'offrir aux lecteurs handicapés la même qualité de service qu'aux lecteurs valides.

    Le président du Comité de gestion des programmes donna le compte rendu des activités des programmes fondamentaux de l'IFLA fonctionnant actuellement: Contrôle bibliographique universel, Accès universel aux publications, Programme international MARC, et exposa les buts des nouveaux programmes : Développement de la bibliothéconomie dans le Tiers-monde, Conservation et préservation, Flux transfrontières des données.

    La Conférence des directeurs de Bibliothèques nationales se réunit sous la présidence de Sir Harry Hookway pour étudier notamment le rapport du Comité du Réseau international MARC, mettre au point la préparation de la Conférence de Vienne sur la préservation et examiner le texte des Guidelines for national libraries qui doit être publié prochainement comme aboutissement d'un contrat avec l'Unesco.

    La Table ronde pour la gestion des associations de bibliothécaires avait retenu pour thème « Le Rôle des associations dans le développement des bibliothèques et des services d'information. » M. A. Bousso, représentant l'Unesco, évoqua le rôle de ces mêmes associations dans les activités du Programme général d'information de l'Unesco.

    On ne peut passer sous silence une intéressante communication présentée par les « Éditeurs de revues bibliothéconomiques,,: M. J. Petersen (Danemark) avait intitulé son exposé The Scandinavian countries put ail their eggs in one basket: « Scandinavian public library quarterly ». Pour publier une seule bonne revue, les différents pays scandinaves ont décidé d'unir leurs moyens, et c'est chose faite. Les associations françaises ne pourraient-elles, dans ce but aussi, mettre leurs oeufs dans un seul panier? Cela mériterait peut-être une réflexion !

    Du 18 au 24 août 1985, l'IFLA tiendra sa Conférence à Chicago, répondant à l'invitation de l'ALA. Les préparatifs, déjà très avancés, sont prometteurs. Précisons que 1985 est une année de Conseil, c'est-à-dire d'élections dans les sections, divisions, Bureaux professionnel et exécutif. Espérons que la délégation française sera nombreuse : c'est indispensable pour que les bibliothèques françaises soient représentées dans toutes les unités professionnelles de l'IFLA et aussi pour la défense de la langue française au sein de la Fédération. En 1986, la Conférence de l'IFLA se réunira à Tokyo, en 1987 à Brigh-ton, en 1988 à Sydney et en 1989 à Paris, ne l'oublions pas : nos associations professionnelles devront mettre leurs oeufs dans un seul panier !