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Guide pratique des techniques documentaires

1990
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    Par Anne Curt
    Claire Guinchat
    Yolande Skouri
    Marie-Pierre Alix, Collab
    Bruno Delmas, Préf

    Guide pratique des techniques documentaires

    Paris : EDICEF : AUPELF, 1989. - 2 vol., 271+319 p. : ill. - (Universités francophones, ISSN 0993-3948).- 140 F

    Il existe peu de manuels pratiques, simples et accessibles aux débutants. Celui-ci a su réunir, autour de son berceau, l'Association internationale des écoles des sciences de l'information, l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AIESI et AUPELF) qui l'ont doté par leur soutien financier, l'Institut national des techniques documentaires (INTD) qui lui a apporté non seulement ses moyens intellectuels, mais aussi, qui lui a fourni ses moyens techniques et administratifs. Destiné aux pays en développement de langue française, en particulier à l'Afrique, cet ouvrage a été conçu en 1980 à Dakar, à l'Ecole de bibliothécaires, archivistes et documentalistes (EBAD). C'est grâce à la ténacité, au courage et à l'expérience de ses concepteurs, Claire Guinchat et Yolande Skouri, professeurs dans le secteur documentaire, que ce manuel a pu voir le jour au bout de 10 ans de gestation.

    Ces pédagogues chevronnés ont rédigé un manuel simple, clair, dont le vocabulaire technique est explicitement défini. L'organisation en neuf modules, divisés eux-mêmes en chapitres et en parties, typographiquement bien signalés par des titres et sous titres clairs, soutient une pédagogie directe et concrète.

    L'ouvrage est abondamment illustré de tableaux, de schémas, dessins, photos, adresses, bibliographies, et en annexe, surtout d'exemples pratiques, d'études de cas, d'exercices avec leurs corrigés. Cette organisation modulaire, la clarté de l'ouvrage, sa simplicité et l'originalité de sa pédagogie en font un ouvrage destiné à un public plus large que son public originel. C'est celui des étudiants en documentation, des petites unités documentaires débutantes ou des documentalistes à la recherche d'une "remise à jour" de leurs connaissances.

    Cette organisation remarquable permet d'aborder tout ce qui a trait à l'information, à la documentation et à leur traitement. Nous allons essayer de pénétrer au coeur du problème en analysant quelques modules.

    Le circuit du livre est présenté de façon très vivante, comme des ré-ponses aux questions fondamentales : "trouver quoi ? pour qui ? où ? comment ?" Illustrés d'exemples concrets adaptés aux besoins des pays en développement, les chapitres font le tour des problèmes et proposent des solutions.

    Sujets très rarement abordés, gestion, marketing, quête de données statistiques, enquêtes d'analyse/d'évalua-tion...des produits et des services sont courageusement traités. Cependant on regrette qu'ils n'aient pas été conçus d'un point de vue plus pragmatique et illustrés par des exemples concrets plus nombreux, afin de combler ainsi en partie une lacune grave de notre littérature professionnelle.

    Le module traitant de la description bibliographique est conçu de façon très pratique et s'adapte particulièrement t'..-n aux réalités documentaires des pays maghrébins et africains. On aimerait un lien plus étroit entre ce chapitre et le suivant, celui qui aborde l'analyse documentaire. Dans ce chapitre sont présentés des modèles de bordereau de saisie et de formats informatiques dans les exercices d'application. C'est un progrès réel par rapport aux ouvrages professionnels présentant jusqu'ici le catalogage. Très peu, en effet, lient description bibliographique selon l'ISBD et formats informatiques.

    Cependant, on aimerait que la multitude des formats informatiques, INTER-MARC, UNIMARC... y soit réellement décrite avec leurs avantages et leurs inconvénients. Parmi la jungle des formats, en effet, lequel choisir ? Certains logiciels documentaires proposent des formats en option, le format d'échange international UNIMARC par exemple...

    On a très envie de rapprocher matériellement et physiquement les chapitres précédents de ceux qui traitent de l'informatisation et des réseaux. Il n'y a pas de renvoi entre eux, ni de lien réel, et pourtant...! Il est vrai que l'informatisation est traitée de façon classique et partielle. Le travail en réseau est abordé superficiellement. Serveurs et réseaux documentaires de producteurs d'information auraient dû être mieux définis et illustrés par des exemples permettant de mieux comprendre les chemins de l'information au plan mondial.

    D'autre part, il aurait fallu insister plus sur l'obligation de travailler avec les mêmes matériels, les mêmes systèmes d'exploitation, les mêmes logiciels de versions identiques, et surtout, sur la nécessité d'adopter le même format de description bibliographique, en un mot, souligner l'importance de veiller soigneusement à la compatibilité des matériels et logiciels, si l'on veut échanger, travailler ensemble...

    A propos d'informatisation encore, et malgré le choix des auteurs de ne présenter que des configurations informatiques éprouvées (logiciels documentaires comme matériels), on peut regretter que si peu de place soit laissée à l'archivage électronique, à la numérisation par scanner et au stockage sur DON ou vidéodisque, techniques qui deviennent, de jour en jour, plus performantes. Il aurait fallu prévoir un renvoi de ce chapitre à celui qui traite du rangement et du stockage et vice versa.

    La technologie ne cesse d'évoluer et les mémoires optiques sont en pleine expansion que nous parlions d'édition, de stockage de masses importantes d'informations, comme les banques de données, les banques d'images...

    D'autre part, nous sommes à l'aube d'une civilisation communiquante. Les microordinateurs se conjuguent en réseaux, sont de plus en plus puissants, travaillent à la fois comme des unités autonomes ou avec d'autres systèmes, voire des systèmes plus puissants... Les cartes et logiciels de communication qui tendent de plus en plus à remplacer les modems, permettent de sortir des bureaux, de télécharger ou de télédécharger des données que l'on pourra retraiter, refondre et utiliser avec ses propres données locales pour compléter, de façon économique, sa propre information.

    Actuellement, tout ouvrage technique traitant de l'informatisation est, par définition, en retard sur l'actualité. Toute information à jour à un moment donné est remise en question au moment de sa diffusion, la technique ayant évolué entre temps. Tout auteur, dans ce domaine, se transforme inévitablement en Sisyphe.

    Ce livre reste cependant un ouvrage précieux pour une information de base essentielle et pratique dans le domaine de la documentation. Il faut admirer cette entreprise courageuse et conseiller cet ouvrage à tous les débutants à la recherche de méthodes simples, pratiques, efficaces et sûres pour traiter l'information et la documentation.