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Les réseaux des bibliothèques de médecine au Royaume-Uni

1991
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    Les réseaux des bibliothèques de médecine au Royaume-Uni

    Par Sheila Cannell, bibliothécaire en section médecine Université d'Edinburgh

    Spécificité et autonomie

    Au Royaume-Uni, les bibliothécaires de médecine forment une branche de la profession, autonome et bien développée. Ils ont une identité et une éthique propres et des associations professionnelles particulières. Plusieurs raisons expliquent cette spécificité : les bibliothécaires en sciences médicales se sentent plus proches de la "finalité" de la vie réelle que les autres bibliothécaires ; la formation de leurs clients des professions médicales est très longue ; et la profession médicale considère les bibliothécaires comme membres d'une autre profession, avec ses compétences et ses spécialistes. Dans ce contexte, des réseaux de bibliothécaires en sciences médicales se sont développés, qui ont agi comme groupes de soutien, groupes de pression, groupes de partage des ressources et plus récemment comme base de réseaux automatisés.

    Des petites bibliothèques d'hôpitaux aux bibliothèques des facultés

    Il existe divers types de bibliothèques médicales au Royaume-Uni et de nombreuses organisations sont impliquées dans leur fonctionnement. Beaucoup sont de très petites bibliothèques d'hôpitaux qui constituent le premier point de contact de la plupart des usagers. Vient ensuite un petit nombre de bibliothèques plus importantes, dont des bibliothèques presque nationales telles la British Medical Association, la Royal Society of Medicine et la bibliothèque du Ministère de la santé et de la sécurité sociale. Puis il y a les bibliothèques avec lesquelles j'ai le plus de relations : les bibliothèques des facultés de médecine, au nombre de 34 au Royaume-Uni. Généralement, les bibliothèques des facultés de médecine sont gérées à la fois par l'université ou l'école de médecine et par le service de santé du district ou de la région, avec parfois, des fonds supplémentaires provenant, par exemple, des Research Councils. Ces bibliothèques sont destinées au personnel et aux étudiants de l'université, mais aussi au personnel travaillant pour le National Health Service (N.H.S.) c'est-à-dire le personnel médical, dentaire, paramédical, scientifique et administratif. Au sein du N.H.S., quelques directions régionales de la santé ont nommé des bibliothécaires régionaux pour coordonner le service des plus petites bibliothèques d'hôpitaux de la région. Dans d'autres régions, une structure régionale souple repose sur la bibliothèque de l'école médicale locale.

    Des réseaux de coopération et de réflexion

    La diversité des bibliothèques a conduit à la création de nombreuses associations professionnelles, ou réseaux "humains" parmi lesquels le Groupe des bibliothèques en sciences médicales et sociales (Medical Health and Welfare Libraries Group) de la Library Association est probablement le plus important. Ce groupe organise de nombreux stages et réunions, dont une conférence annuelle bien suivie. Il publie une revue la "Health Libraries review". Au cours des années 1960 et 1970, de nombreuses écoles médicales se sont créées, de plus en plus dotées de bibliothécaires professionnels qui voulaient avoir des contacts les uns avec les autres. Ainsi, un bon nombre de groupes locaux furent établis, par exemple l'Association écossaise des bibliothécaires des sciences de la santé (Association of Scottish Health Sciences Librarians). Le but principal de ces groupes était de réunir les gens dans un réseau de soutien. Mais ces groupes ont trouvé récemment de nouvelles fonctions, ils organisent des stages, publient des répertoires, constituent des listes communes de périodiques et, plus remarquables encore, établissent des programmes gratuits d'échanges de photocopies. Ces réseaux informels, dont les membres peuvent dépendre d'organismes financiers différents ou venir de l'université, du N.H.S. ou d'organisations privées et commerciales, sont très puissants parce que les bibliothécaires veulent vraiment qu'ils fonctionnent.

    Par ailleurs, il existe un certain nombre de groupes spécialisés de bibliothécaires de médecine qui se réunissent pour débattre de préoccupations communes. L'UMSLG (University Médical School Librarians Group) est un groupé de bibliothécaires des sections universitaires de médecine qui se rencontre deux fois par an pour échanger des expériences, tel l'achat d'un CD-ROM ou l'évolution des programmes d'étude en premier cycle. Il a encouragé la création d'un comité consultatif pour la documentation médicale (Advisory Committee on Médical Materials) sous les auspices de la conférence permanente des bibliothèques nationale et universitaires (SCONUL, Standing Conference of National and University Libraries). Ce groupe a, en effet, préparé un certain nombre de réponses à des dossiers importants, organisé des enquêtes relatives à l'organisation conjointe de bibliothèques universitaires de médecine et contrôlé les résultats de la politique gouvernementale en matière de bibliothèques universitaires de médecine ; par exemple, il a étudié quelles seraient les conséquences pour une bibliothèque de médecine si un hôpital dispensant un enseignement choisissait de quitter le N.H.S. Récemment, le comité consultatif de la SCONUL a travaillé sur plusieurs questions de politique avec le groupe de bibliothécaires régionaux (RLG, Regional Librarians' Group) du N.H.S.

    Ces réseaux et d'autres ont eu un rôle majeur dans certains progrès récents. Des groupes, tels que l'UMSLG et le RLG ont contribué à organiser la collecte d'indicateurs d'activité et de statistiques de gestion.

    Ces indicateurs permettront aux bibliothèques de comparer leurs performances et peut-être, ce qui est le plus important, leurs recettes et dépenses.

    Avec l'accent mis sur les audits et les contrôles de qualité des professions de la santé, y compris celle des bibliothécaires de médecine, ces analyses deviennent essentielles.

    Le développement de plans de bibliothèques et centres d'information pour la santé (HIPS, Health Information Plans) est un élément récent. Ces plans envisagent toutes les ressources documentaires d'une région géographique pour améliorer l'accès à la documentation de tous les demandeurs, professionnels de la santé et consommateurs.

    De tels projets ne se réaliseront que s'il existe un réseau documentaire constitué de fournisseurs motivés.

    Pour un accès plus facile à la documentation

    Tous ces réseaux "humains" pourraient se développer bien davantage. Aujourd'hui, il n'existe pas de réseau national de bibliothèques de médecine ni de "bibliothèque nationale de médecine" (National Library of Medicine) comme aux Etats-Unis. La plus grande bibliothèque de médecine du Royaume-Uni est la British Library. Elle a le plus important fonds de documentation médicale du pays et est très active pour la profession médicale. Par exemple, la BLDSC (British Library Document Supply Center) estime qu'un tiers de ses demandes concerne des articles médicaux et biomédicaux. Mais il n'y a pas d'établissement au Royaume-Uni qui remplisse les rôles de la National Library of Medicine, tant pour fournir les documents que pour servir de guide à la recherche et au développement en documentation et informatique médicales.

    J'ai abordé les réseaux "humains" dans les bibliothèques de médecine avant d'en venir aux réseaux automatisés parce qu' ils ne fonctionneront pas les uns sans les autres. Les bibliothèques universitaires de médecine dépendent, comme toutes les sections des bibliothèques universitaires du Royaume-Uni, de l'utilisation des réseaux commerciaux locaux reliés à JANET (Joint Academic Net-work). Les bibliothèques de médecine utilisent JANET qui rend accessibles, catalogues de bibliothèques, réseaux de documentation, messageries électroniques pour des recherches en ligne. Désormais, l'accès aux bases de données, telles que Science Citation Index et Medline, ainsi que la fourniture de documents en texte intégral, auront un rôle considérable.

    Mais les bibliothèques de médecine doivent faire face à un problème particulier car tous les usagers ne jugeront pas facile d'utiliser le réseau universitaire et JANET. Sur quelques sites, le N.H.S. met en place ses propres réseaux, n'utilisant que rarement le même format que le réseau local de l'université voisine. Ceci peut aboutir à une situation où l'utilisateur d'un micro-ordinateur qui simultanément chercherait de la documentation par le réseau de l'université et par celui du N.H.S. aurait éventuellement besoin de deux cartes de communication.

    Par exemple, il se peut qu'un utilisateur veuille connaître le prix d'une procédure particulière et savoir si la documentation sur cette même procédure est disponible dans la bibliothèque locale.

    Une partie de la documentation peut alors se trouver sur le réseau du N.H.S. et l'autre partie se trouverait sur la base de données Medline accessible par le réseau JANET, il faudrait ensuite, afin de s'assurer de la disponibilité du document sur place, une connexion au réseau local de l'université.

    Les bibliothécaires de médecine vont devoir lutter pour que la documentation reste facilement accessible à tous les utilisateurs potentiels. Les réseaux, particulièrement les réseaux "humains" déjà en place faciliteront les choses.