Index des revues

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    Par Anne-Marie Delaune, BMde Limoges
    Brigitte Richter
    Georges Jean. -

    Oeuvre poétique

    Bernay (Eure) & Le Mans, 1993. - 380 pages. - ISBN: 2-909640-02-7. Prix : 300 F.

    Ce volume de poèmes est le premier tome de l'oeuvre littéraire de Brigitte Richter publié par l'Association des amis de Brigitte Richter et l'association Donner à voir. Deux autres sont annoncés: l'un rassemblera les Nouvelles et Romans, et le dernier les Poèmes dispersés. Chacun connaît déjà les savoureux écrits pour enfants, en particulier, la Vie compliquée de Marie Chicote ou l'Arbre à chats, mais ce volume donne l'occasion de découvrir des aspects plus secrets de l'auteur du fantasque jardinier des bêtes. Un index par titres permet d'arpenter cet ouvrage, forêt de poèmes, et suite de différents recueils, où nous essaierons de donner quelques repères. Les deux premiers textes déjà publiés et épuisés - «Avant le jour" et «Le coeur gouverné"- sont des poèmes d'amour, ou d'amoureuse :

    Ce n'est pas à grands pas

    qu'on mesure son bonheur

    A petites journées

    avec des brins de pluie | . l

    Les deux inédits suivants, De mémoire obscure » et « Pays d'enfance morte", sont empreints d'une anxiété qui constate que «Nous ne méritons pas l'infini qui nous hante Je me tiens sous le cercle aveuglant de mes jours l'autre moitié du temps dans l'ombre, déchirée

    anxiété qui se rythme en forme de réquisit :

    Où allez-vous ?

    où que l'on aille

    on va tout seul

    dans les hauts murs de son histoire

    anxiété qui s'encourage :

    Ne pas savoir

    Vivre comme en enfance

    et croire encore un peu

    qu'il n'est pas si ridicule après tout

    de mesurer le monde à l'écart de mes bras

    Métamorphoses, le recueil suivant aiguise encore plus la lame du désespoir :

    La poésie attend sous le couteau

    son sort de bête sans paroles

    Paroles des chemins, recueil publié chez Corps Puce, est alors un grand bol d'air, poèmes d'une promeneuse plus ou moins solitaire... qui a sans doute en marchant repris sa fantaisie et composé les Branches de l'oiseau-lyre, avec un « dictionnaire des animaux connus et inconnus », proche du haïku parfois :

    Qu'il fasse froid

    qu'il fasse chaud [,.

    Le chat jamais ne retire

    son manteau

    Le volume s'achève sur la note émouvante de six courts et derniers écrits de 1991 :

    Aujourd'hui il faut s'attendre

    que la mort vienne me prendre [...]

    Est-il justifié de mentionner une oeuvre poétique dans un bulletin professionnel, sous prétexte que l'auteur était bibliothécaire? Il peut sans doute être capital pour un bibliothécaire d'être poète, la poésie étant éclair, jeu, méditation, lecture lente, guet de ce qui arrive...