Lalecture publique a été et est toujours un sacerdoce pratiqué par quelques illuminés dans des terres de missions difficiles et ingrates. La lecture est souvent une activité saluée avec beaucoup de respect et de crainte, mais de loin et d'autant moins pratiquée qu'elle est plus respectée et crainte. La Corse en 1952 était une de ces terres où « l'évangélisation » culturelle ne pouvait être un travail de routine en ce sens qu'il fallait inventer et s'impliquer fortement.
J'y fus nommé à partir d'octobre 1952 par André Masson, Inspecteur général des bibliothèques, qui cherchait un contractuel pour développer là-bas un service privé de lecture publique. Depuis une première visite en 1946, André Masson essayait de développer la lecture publique en Corse, s'appuyant sur les bibliothèques municipales de Bastia et d'Ajaccio et sur une Association pour le développement de la lecture publique lancée par MmeCampinchi. Rien de tout cela ne réussit, jusqu'à ce qu'arrive à Corte, un nouveau sous-préfet, M. Vignaud.
Précédemment en Charentes, M. Vignaud, dynamique et aimant la lecture, pour les autres car lui-même ne lisait que des romans policiers, disposait d'une technique sans faille pour lancer une opération de lecture publique. Cette technique était astucieuse et permettait de compenser les défaillances de l'État, qui ne pouvait installer d'officielles BCP dans tous les départements (1) . Il prélevait sur les communes une sorte de taxe pour la lecture, obligeant les maires à l'inscrire à leur budget. À cette cotisation volontaire de 200 F par habitant (2) , s'ajoutaient des crédits provenant de la loi Barangé (3) , destinée en principe à aider les écoles mais qui s'étendait aussi aux organismes culturels desservant les écoles, une subvention du conseil général, et, quand même, une participation de l'État sous la forme de personnel et de livres.
La charge de 200 F par habitant était très lourde pour les communes corses, pauvres et dépeuplées, souvent sans adduction d'eau ni électricité, mais l'autorité du sous-préfet était suffisante, tant qu'il était là.
M. Vignaud avait déjà lancé dans le département des Charentes une association de lecture publique et un bibliobus. Le responsable en était M. Barbet, ancien instituteur dynamique et bagarreur. Lorsque M. Masson me proposa un contrat de sous-bibliothécaire à l'indice 170 (soit 25 000 F) pour la Corse, il m'envoya, à mes frais et pendant mes vacances, en stage à Confolens, siège de la bibliothèque circulante des Charentes. En un mois, j'appris presque tout du métier sous la direction de M. Barbet et de son adjoint M. Vidalou qui, plus tard, me remplacera en Corse.
Sur l'initiative donc de M. Vignaud, une association fut créée en Corse, » U Libru Corsu >, dont la présidence était confiée à un colonel à la retraite, M. Andréi. Le colonel était un homme aimable, efficace, gardant toutes les qualités et les défauts de son ancien métier. Sa démarche évoquait celle d'un officier de cavalerie, frappant sa botte avec une badine. C'est lui qui m'accueillit à Corte lorsque j'arrivais sur une petite moto 125 cm3avec une valise pour tout bagage, lui qui avait organisé avec le maire mon logement et, discrètement, surveillait mes premiers pas dans la ville, ainsi d'ailleurs que le personnel. Sa présence à mes côtés fut permanente et d'un grand réconfort pour résoudre toutes les difficultés d'une installation dans un pays étrange, aux règles inconnues et particulières, mais si attachant.
Au titre des particularismes corses, lors de mes premiers pas dans la ville, et, notamment quand je descendais ou remontais du petit restaurant (conseillé par le colonel Andréi car il était du bon bord) où je prenais mes repas, j'étais surveillé par des petites vieilles, toutes en noir, assises sur des chaises devant leur porte et qui s'échangeaient des « qual'e ques ? », c'està-dire qui c'est celui-là ? », jusqu'à ce que je sois suffisamment connu comme le « pinzute (4) de la bibliothèque et enfin reconnu sinon admis.
Une autre particularité de la ville était que les gens hibernaient. Il m'arrivait de ne jamais rencontrer mes voisins habitant sur la haute place du village devant le Palais national de tout l'hiver. Puis, soudain, à Pâques, on sortait les meubles sur la place pour effectuer le nettoyage de printemps et on recommençait à vivre et à sortir. La plus grande sortie était le « paseo » qui se pratiquait tous les soirs d'été dans le Cours Paoli, rue principale de Corte à partir de 17 heures.
Je confiais mon linge à une vieille dame vivant à côté du Palais Paoli dans un immeuble sans chauffage central. Elle se chauffait avec un petit feu dans sa cheminée, remarquable parce qu'avec peu ou pas de cendres, ce feu brûlait en continu avec trois branches en éventail. Le linge était bouilli sur ce feu surmonté d'un trépied et lavé à la cendre de bois.
Je fus donc installé dans le « Palais national », ancien lieu de gouvernement de Pascal Paoli, lors d'une brève indépendance de la Corse au XVIIIesiècle. Grosse bâtisse carrée, proche du piton qui domine Corte, face à la caserne, il était disposé symétriquement, avec une grande salle de réunion au centre, la bibliothèque à gauche sur trois pièces et, à droite, ma chambre, immense pièce de 10 m de côté et de 8 m de plafond, voûtée. Les murs étaient d'au moins 2 m d'épaisseur, ce qui rendait la pièce agréable l'été, mais ne l'empêchait pas d'être glaciale l'hiver. Quand le dimanche matin, des réunions d'anciens combattants se tenaient dans la salle centrale, toute sortie était impossible. D'autant que le seul point d'eau se trouvait à l'entrée et que les ablutions se faisaient avec un broc d'eau dans une cuvette. Ce n'est qu'au bout d'un an qu'un chauffage au mazout fut installé et un cabinet de toilette construit dans l'entrée.
Ce logement m'était accordé par la mairie, car je faisais aussi fonction de bibliothécaire municipal. J'appris, plus tard, par le truchement du colonel, que cette faveur de la mairie impliquait de ma part un vote conforme aux élections municipales. Ce n'était pas menace en l'air, puisque le chauffeur de la BCP fut licencié quelques mois après pour ne pas s'être conformé à cette obligation.
Une des trois pièces de la bibliothèque était réservée comme bureau pour tout le personnel, les deux autres faisant fonction de bibliothèque accessible au public, avec une salle de prêt et une salle d'étude. Il fallut mettre en place les procédures normales de fonctionnement, catalogage, prêt, achats, etc. Le prêt, identique à la BM et à la bibliothèque circulante, fonctionnait selon le système Newark, avec deux fiches, une bleue et une de couleur saumon, l'une classée par lecteur et l'autre par auteur. Dans les tournées de prêt, seule la bleue était retirée pour être classée par dépôt à la centrale. La deuxième servait pour le prêt local.
À mon arrivée, la bibliothèque municipale était quasiment installée depuis 1951. Le personnel se composait de Mme Ottaviani, secrétaire de mairie faisant fonction de bibliothécaire-adjointe pour la BM, de MlleAlbertini, secrétaire, et du chauffeur, homme à tout faire. Nous n'étions donc que trois personnes pour la BCP. Comme déjà dit, nous perdîmes le chauffeur après les élections municipales, ce qui nous laissa sans chauffeur pendant presque un an. Un peu plus tard, le rectorat accorda au Libru Corsu un instituteur, M. Mari, qui m'accompagnait dans les tournées. Puis sur la fin, un excellent chauffeur, Raphaël Albertini, fut recruté, soigneux avec sa voiture et pêcheur de truite à la main. Il montait dans les torrents le matin de bonne heure et préparait ensuite des sandwichs de truite que nous dégustions pendant la tournée.
En plus, le colonel Andréi venait travailler 3 heures par jour à la bibliothèque, discutant des problèmes, classant les livres et faisant même du catalogage. En mon absence, il a aussi piloté le bibliobus. S'il était imbattable sur la politique corse, il respectait le professionnel des bibliothèques pour ce qui concernait les questions techniques. Il participait parfois aux tournées et, surtout, intervenait avec beaucoup d'efficacité chaque fois qu'il fallait prendre contact avec un maire ou un conseiller général. Il resta président de l'Association U Libru Corsu jusqu'en 1963.
Il fallut aussi acheter un bibliobus et, pour cela, aller à Bastia où se trouvait un garage Citroën. On choisit un 1 000 kg à traction avant et couvert de tôle ondulée, suffisamment petit pour passer sur les routes du département. Il fut aménagé sur place avec des étagères en bois des deux côtés et, surtout, au centre sur le plateau, des caisses aux poignées de cordes qu'il fallait régulièrement porter. Était aussi installée dans le bibliobus une sonorisation avec micro qui permettait de s'annoncer dans les villages en lançant: « U Libru Corsu, nous vous attendons sur la place du village ! Nous ne manquions pas, dans ces villages reculés, de rencontrer un certain succès et de voir venir à nous les enfants des écoles et des dames en noir qui rapportaient les Du Veuzit qu'elles venaient échanger contre des Delly. Cette vie ressemblait à celle des nombreux commerçants ambulants qui alimentaient ces villages et avec qui nous déjeunions souvent au café du coin.
Pendant quelques mois, nous sommes partis tous les deux, le chauffeur et moi pour faire les tournées. Après son licenciement je me suis retrouvé seul à conduire. J'assurais alors les tournées, conduite, conseil, prêt et portage des caisses inclus. Sans compter quelques demi-tours involontaires sur la neige fondue, certains matins de novembre. Comme l'écrit M. Masson dans un rapport de 1965, « La vie de nos bibliothécaires en Corse est très dure par suite de l'état des routes. »
Les tournées étaient et sont toujours conditionnées par la configuration physique de l'île de beauté, bloc montagneux fissuré de vallées profondes au fin fond desquelles les villages s'étaient abrités, soit au sommet d'un piton, soit à flanc de montagne pour se protéger des incursions de pirates et de Sarrasins. Elles n'étaient donc pas des plus faciles. Surtout parce que les villages étaient très isolés, souvent au bout d'une longue route tortueuse qui nécessitait toute une journée pour en faire l'aller et retour. Nous ne pouvions faire qu'un seul dépôt par jour. C'était le cas de Chisa, petit village au fin fond d'une vallée qui n'allait pas plus loin, ou d'Asco. Par contre, il y avait des tournées agréables lorsqu'on allait vers Calvi car, vu la distance, nous y restions deux jours avec nuit sur place. Il m'est arrivé à Calvi de passer une nuit à l'hôtel sans voir personne, ni client ni responsable, donc sans payer la chambre. Je pris une clé au tableau en arrivant et la remis à sa place lors de mon départ. Nous desservions en effet tout le centre de la Corse, jusqu'à Calvi, Galéria à l'ouest et Aléria, Chisa à l'est. Nous n'allions pas dans le Cap Corse, ni après le col de Vizzavona au sud.
Pour certaines communes du centre, comme Aïti, Lano, Rusio ou Errone, le bibliobus ne pouvait monter jusqu'à elles, parce qu'il n'y avait pas de routes à cette époque. Nous laissions donc nos caisses de livres au bord de la route, dans un abri d'où partait le chemin que prenaient les mulets pour monter les provisions aux villages. N'ayant jamais vu les habitants de ces communes, je n'ai jamais su ce qu'ils pensaient des livres qu'on leur apportait, ni même s'ils les avaient lus.
D'après le rapport d'inspection d'André Masson, nous avions établi 20 circuits avec une moyenne de 7 dépôts, soit 140 et, à raison de trois sorties par semaine, 250 par trimestre. Mais nous tournions quatre trimestres par an, car l'été était plus actif que l'hiver. Cela permettait de desservir les arrondissements de Corte et de Calvi.
Ces tournées étaient aussi l'occasion de rencontres agréables puisque le bibliobus pouvait servir à transporter des personnes, qui, dans les villages, souhaitaient descendre à Corte et venaient nous le demander, ou de personnes de Corte souhaitant rejoindre leur village. Nous avons ainsi transporté, avec ses bagages, une institutrice qui rejoignait son poste à Galéria. Nos passagers suivaient la tournée, conversant avec les habitants des villages visités.
À ce propos, il faut reconnaître qu'une des grandes difficultés de ces tournées était, pour le pinzute que j'étais, la langue corse. La plupart des instituteurs que nous rencontrions parlaient évidemment français, mais beaucoup d'utilisateurs qui visitaient le bibliobus, même s'ils lisaient le français, s'entretenaient en corse. Le chauffeur faisait parfois l'interprète, mais souvent je me trouvais complètement étranger. La plupart des dépositaires, instituteurs ou secrétaires de mairie, étaient accueillants et nous offraient volontiers le café ou le pastis, selon l'heure. Ils étaient contents de recevoir des nouvelles du monde extérieur. Ces nombreux cafés, toujours arrosés », c'est-à-dire additionnés d'alcool, étaient impossibles à refuser mais difficiles à absorber pour un organisme de 23 ans peu habitué à l'alcool ou au café.
La plupart des dépôts étaient heureusement assez classiques. Ils avaient, le plus souvent, lieu à l'école puisque nous avions le soutien du vice-recteur et bénéficiions de la loi Barangé. Mais cela ne se passait pas toujours aussi facilement car les rivalités politiques ou, surtout, claniques étaient très fortes. Je me souviens qu'arrivant dans un village, le bibliobus fut arrêté par une personne sur le bord de la route. Le monsieur, un peu gêné, nous demanda de faire un deuxième dépôt dans le village (quelques 50 habitants) car, n'étant pas du parti du maire, il ne pouvait aller au dépôt actuel qui se trouvait à la mairie. Certains dépôts tenaient plus du prêt personnel que du dépôt public.
Le mode de desserte était un mélange de caisses et de prêt direct. Les caisses servaient de véhicule principal mais, dans un village, les lecteurs étaient les bienvenus et choisissaient eux-mêmes leurs livres qui s'ajoutaient au dépôt préparé. Ils prenaient souvent des livres pour nous faire plaisir et parce qu'un prêt ne se refuse pas.
M. Masson écrivait dans son rapport de 1965 : La Corse est l'un des départements où le bibliobus est accueilli avec le plus de faveur, ce qui s'explique à la fois par le peu de ressources des villages perdus dans la montagne, par le niveau relativement élevé des lecteurs, etc. »
Ce bibliobus servait aussi aux acquisitions. Celles-ci se faisaient, une fois par mois, à la grande librairie Hachette d'Ajaccio. J'y partais le vendredi, et choisissais les livres sur les rayons du magasin, très librement. Mis en carton, ils étaient chargés dans le bus. Après quoi, pourvu que ce soit l'été, j'allais me détendre à la plage et profiter un peu de ce qui apparaissait comme une grande ville méridionale, alors que Corte était austère et froid.
L'autre source des acquisitions était le ministère, ou, plus spécifiquement, la Direction des bibliothèques de France. J'allais deux ou trois fois par an à Paris, rencontrer les inspecteurs et surtout M. Masson pour lui rendre compte du développement de la BCP. D'une façon plus intéressée, j'allais retrouver MmeVan der Sluys. Elle était chargée d'acheter et de faire relier des ouvrages pour les nouvelles BCP. J'ai retrouvé, 40 ans après, ces ouvrages dans plusieurs BDP où ils sont maintenant quasiment abandonnés tout en constituant un fonds d'auteurs classiques. La couverture était en grosse toile rouge, bleue, marron ou vert. Cela leur donnait un air un peu tristounet mais, à l'époque, j'étais bien content de trouver des livres bien choisis, bien reliés et gratuits. Je suppose que la Corse avait un contingent de quelques centaines de livres que je devais choisir en rayon dans les caves de la rue Byron où se trouvait alors la Direction. J'aimais beaucoup choisir ces livres en rayon et m'arrangeais toujours pour en prendre plus que mon contingent, ce sur quoi MmeVan der Sluys fermait volontiers les yeux. Ils étaient ensuite envoyés par transporteur jusqu'à Corte.
J'ai peu d'éléments pour estimer le nombre d'ouvrages possédés par la BCP en 1952. Dix ans plus tard, le total était de 45 000. Cela peut donner environ 20 à 25 000 titres en 1954. Il est actuellement de 182 000 à Corte et de 162 000 à Sartène.
Je reçus une seule fois la visite de M. Masson, pour inspection. Ce fut du 17 au 20 mars 1954, lors de la deuxième année de mon séjour à Corte. Il fallut aller le chercher à l'aéroport de Bastia avec le bibliobus car je n'avais pas de voiture et la BCP n'avait qu'un véhicule. De plus elle n'avait pas de chauffeur et j'ai dû prendre le volant pendant la tournée. Un conseil d'administration réunit le lendemain les élus, le sous-préfet et le colonel Andréi. À l'invitation d'un maire, nous avions prévu une tournée à Chiatra, Pietra, Moïta, et Canale qui incluait, évidemment, un repas. M. Masson a vaillamment résisté aux secousses de la route et à la richesse du repas corse mais il a été frappé par la difficulté des routes. Les résultats de cette inspection figurent dans un rapport toujours présent dans les dossiers. Il est dans l'ensemble favorable à l'action de U Libru Corsu, mais inquiet sur l'avenir du service qui n'avait pas encore des bases très solides. Je me souviens que l'atmosphère était fort sympathique et la conversation animée. M. Masson poursuivit ses inspections chaque année jusqu'en 1966, ce qui montre que la BCP de la Corse lui tenait à coeur.
Il est difficile de mesurer l'impact de la BCP sur le niveau culturel de la Corse. L'idée de départ était de ne pas brusquer une population isolée et non encore informée par la télévision. Toutefois, elle était divisée en trois catégories : ceux, rares, qui n'avaient jamais quitté leur village et qui, souvent, ne parlaient pas français. Ensuite, les retraités qui avaient connu du pays, soit la métropole, soit même des pays lointains et avaient donc une ouverture plus grande sur les problèmes contemporains, et, enfin, les étudiants ou actifs actuels, qui revenaient dans leur village l'été. Ces vacanciers, qui souvent faisaient doubler la population des villages, étaient plus exigeants et nous devions augmenter le niveau culturel et le nombre des livres pendant les tournées d'été, jusqu'à apporter des ouvrages universitaires pour la préparation des examens.
Le reste de l'année, nous avons commencé par inonder » le marché avec des romans policiers et des romans d'amour (à l'époque Du Veuzit et Delly) afin de répondre à une demande évidente de nos lecteurs. Et puis, petit à petit, la demande a évolué vers des romans, toujours d'amour, mais mieux écrits, comme si une certaine saturation des esprits était intervenue pour les romans à l'eau trop rose. Les policiers et les ouvrages de guerre étaient aussi très appréciés. Cela n'empêchait pas les exceptions, comme ce berger qui lisait Virgile.
Mais nous ne disposions pas encore de méthodes d'analyse de la consommation culturelle et la durée de mon séjour a été trop courte (deux ans) pour lancer une telle enquête. Il faudrait poser la question à mes successeurs pour juger de l'évolution de la lecture publique en Corse.
Ce qui est certain, c'est que, en 1956, la BCP desservait 230 dépôts (338 aujourd'hui), que dès 1958, elle s'étendait à Sartène et, en partie, à Ajaccio et qu'une véritable BCP fut créée en 1961, à la suite des efforts incessants de M. Masson. La BCP de la Corse du sud fut créée en 1981 et plusieurs BM virent aussi le jour (Furiani, Solaro, Porto Vecchio, Propriano, etc.). L'association U Libru Corsu a donc été une expérience, un peu bricolée et aléatoire, mais fructueuse. Elle s'est maintenue en tant qu'association jusque dans les années 1980, ayant un rôle fédérateur entre les deux BCP et animant des activités culturelles comme les Arts au soleil ». Avec le transfert des BCP aux départements, elle s'est mise en sommeil et a été remplacée par deux associations, les amis de la BDP (une association dans le Sud et une dans le Nord) qui ne reçoivent plus qu'un franc (1,50 F dans le Nord) par habitant pour un rôle de soutien à la BDP, achat d'ouvrages anciens du fonds local ou animation dans les écoles. Ce travail n'a donc pas été inutile et c'est l'essentiel.