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Présentation du réseau des bibliothèques d'art de Grenoble

1996

    Présentation du réseau des bibliothèques d'art de Grenoble

    Par Sylvie Crouzet, Bibliothèque municipale de Grenoble

    Grenoble estune ville qui s'est depuis longtemps enorgueillie d'être la première ville de France à se doter dès 1919-1920 d'une importante collection d'art contemporain grâce à M. Andry-Farcy conservateur du musée de peinture.

    La bibliothèque municipale

    En matière de bibliothèques, Grenoble a été tout particulièrement en avance. Alors que la plupart des bibliothèques municipales datent de la Révolution, à Grenoble, la Bibliothèque est née en 1772.

    Parmi les oeuvres remarquables conservées, 20000 manuscrits enluminés en provenance de la Grande-Chartreuse (dont le Catholicon de Gutenberg, des livres d'heures), environ 700 incunables, de nombreuses éditions originales (Villon, Pascal, Racine, Montaigne, Voltaire), la plus grande partie des manuscrits de Stendhal, un fonds local extrêmement riche, 80 000 estampes, des monnaies, des cartes, des plans, 25 000 clichés photographiques, des fonds spéciaux sur les jeux, le papier.

    La bibliothèque municipale d'étude et d'information possède outre ses riches fonds iconographiques anciens, 20000 estampes, 80 000 photos et cartes postales du début du siècle sur Grenoble et sa région, un fonds de 20 000 ouvrages correspondant à la classe Dewey 700; ce fonds a une prédominance de monographies de peintres, d'ouvrages sur les arts décoratifs : design, mobilier.

    Les périodiques en beaux-arts sont au nombre de 50; l'accroissement annuel des documents est de 200. Un vidéodisque Videralp », présente les images, estampes, dessins conservés dans les bibliothèques de la région Rhône-Alpes.

    La bibliothèque du musée de Grenoble

    La bibliothèque a ouvert ses portes en 1994, et nous accueille aujourd'hui dans ce magnifique bâtiment. Elle est le pôle documentaire majeur pour tout grenoblois qui recherche une documentation sur l'art, grâce à la richesse de ses collections. Elle abrite la très belle bibliothèque d'art d'André Chastel.

    Cette bibliothèque a commencé à se développer en 1975 avec un très petit budget en organisant une politique d'échanges de catalogues, qui se poursuit aujourd'hui, avec un ensemble de 500 institutions et musées français ou étrangers. Cet apport par les échanges constitue les 2/3 des volumes qui augmentent le fonds de la bibliothèque chaque année. (1 000 sont achetés - 2000 obtenus par échange). Aujourd'hui, le fonds comprend 40 000 ouvrages, 40 000 diapositives, 60 abonnements de périodiques vivants autant que morts, 10000 dossiers d'artistes.

    Les livres sur l'art au XXesiècle sont très développés car tant que la bibliothèque n'a pas eu de budget propre et que son fonds s'accroissait par échanges, ce sont particulièrement les catalogues sur l'art du XXesiècle qui sont entrés. Puis les bibliothécaires se sont ensuite efforcés d'enrichir les collections en achetant des livres sur tous les différents secteurs des beaux-arts, en Occident, de la Renaissance à nos jours. Sont présents des ouvrages sur la peinture, la sculpture, l'histoire de l'architecture, les arts décoratifs, les arts graphiques, l'histoire de la photographie, les arts appliqués, l'art vidéo, les théories artistiques, les écrits d'artistes, des ouvrages de base sur l'archéologie grecque, romane et médiévale. On trouve quelques livres d'artistes.

    Les bibliothécaires pratiquent également une politique d'échanges avec les musées d'art ancien ainsi qu'une politique d'acquisition d'ouvrages d'art classique. Ce fonds est aujourd'hui en grande partie accessible au public sur des horaires élargis. Il est beaucoup consulté par les étudiants en art, les professeurs et chercheurs, les conservateurs et animateurs du musée. Ceux-ci consultent plus particulièrement les dossiers d'artistes (10 000), les dossiers sur les expositions et demandent de nombreux catalogues aux bibliothécaires.

    Depuis août 1995, la bibliothèque informatise ses acquisitions avec le même logiciel que celui de la bibliothèque municipale (Best-Seller), constituant dès lors, à elles deux, un catalogue commun. Un très gros chantier reste en cours : l'informatisation rétrospective des 40 000 notices de catalogue.

    Les pôles universitaires

    Le deuxième pôle de documentation en histoire de l'art se trouve sur le campus universitaire, à la bibliothèque Droit-Lettres. Le budget a triplé après des années de misère. Ce fonds informatisé avec le logiciel Sibil-Opsys a l'intérêt de conserver les thèses mais n'a malheureusement pas l'importance de la bibliothèque du musée. Il répond essentiellement aux besoins des étudiants du premier cycle. Il compte 20 périodiques - 6 000 ouvrages (fonds ancien, techniques des arts, muséologie) mais le budget d'acquisition est insuffisant. Le classement est systématique depuis 1962.

    La bibliothèque de l'école des Beaux-Arts, rattachée au réseau informatisé avec le logiciel Best-Seller, possède un fonds essentiellement constitué d'oeuvres sur l'art (6 000 livres et catalogues), la photo, l'histoire de l'art, l'architecture, l'art décoratif, les écrits d'artistes, la sociologie, la philosophie. Le public, en majorité des étudiants, a accès à des bases de données internationales, et à 20 abonnements de périodiques.

    Autre pôle documentaire en direction des étudiants, la bibliothèque de l'école d'Architecture dont le fonds est spécialisé en architecture, design, construction, urbanisme, paysage, habitat. Ce fonds est constitué d'ouvrages, de cassettes audio et vidéo, de plans cadastraux, de documents technico-commerciaux, de travaux de recherche, de périodiques français et étrangers et d'une cinquantaine de dossiers de presse. Les articles des revues d'architecture, d'art et de construction ainsi que les travaux de fin d'études, sont systématiquement dépouillés en réseau par les documentalistes des 22 écoles d'architecture de France sur une base commune consultable en ligne ou sur cédérom. La bibliothèque est informatisée depuis 1989 et connectée à Internet depuis 1995. Enfin, la bibliothèque publie quelques produits documentaires.

    Le réseau des bibliothèques municipales

    Pour le grand public dont je parlais précédemment, les curieux, les amateurs d'art, Grenoble offre la richesse du réseau des bibliothèques municipales avec deux grandes médiathèques (centre ville et Grand'Place), ayant deux fonds sur l'art particulièrement riches en livres, catalogues vidéo (5 000 ouvrages), en raison de la présence du service artothèque qui prête au public : photos, estampes et gravures.

    Citons également la bibliothèque du quartier des Eaux-Claires dont le fonds - arts plastiques (peinture, sculpture, installations) est riche de 225 ouvrages dont 40 consacrés à l'art contemporain.

    La bibliothèque jeunesse du quartier Hauquelin située en face du musée propose 216 ouvrages sur l'art (ouvrages généraux, histoire de l'art, architecture, sculpture). Cette bibliothèque est située dans un local très mal placé, en étage. Un projet est à l'étude pour une nouvelle implantation, de ce qui sera une médiathèque spécialisée en arts plastiques, face au musée.

    Une collaboration s'est développée tout naturellement entre l'équipe des bibliothécaires et l'équipe pédagogique du musée de Grenoble, avec une participation de la bibliothèque aux ateliers proposés par le musée. Tous les mercredis, un groupe de quinze enfants participe à un atelier d'une heure trente et se trouve ainsi sensibilisé aux collections du musée.

    Les différents bibliothécaires de ces bibliothèques se sont rencontrés à diverses reprises pour s'informer mutuellement des champs couverts par leurs fonds. Différentes collaborations ont eu lieu. Une convention existe entre l'université et le musée qui, en compensation de l'accueil des étudiants met à disposition du musée un étudiant de maîtrise trois heures par semaine pour traiter les dossiers d'artistes.

    Pour clore cette présentation rapide, je vais faire appel à Henri Matisse qui sera le parrain de ce congrès à plusieurs titres :

    • d'abord parce qu'il est l'un des hôtes les plus lumineux et magique de ce musée ;
    • d'autre part parce qu'il nous attend à la bibliothèque d'étude sous la forme d'une exposition autour de son livre jazz publié par Tériade en 1947;
    • enfin, parce qu'a lieu, à Grenoble, le Festival de Jazz qui accueille Carla Bley, grande artiste américaine qui propose au Cargo/Maison de la Culture un hommage à Henri Matisse inspiré des trois lagons du Jazz.