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Le rôle international de la sous-section des bibliothèques d'art

1996

    Le rôle international de la sous-section des bibliothèques d'art

    Par Jacqueline Viaux, Conservateur en chef honoraire bibliothèque Forney

    Surie plan international le rôle de la sous-section des bibliothèques d'art françaises a été très important et a commencé très tôt. C'est ici même, à Grenoble, en 1973, à la 39eConférence de l'IFLA, que pour la première fois à l'une des réunions de la division des bibliothèques spécialisées, la canadienne Noëlle Balke, l'américaine Judith Hoffberg, et moi-même avons suggéré à l'IFLA de s'intéresser aux bibliothèques d'art. En effet, l'IFLA ne présentait que peu d'intérêt pour les bibliothécaires travaillant dans notre discipline.

    C'est donc un anniversaire. En réalité l'intervention de 1973 était déjà l'aboutissement de plusieurs années d'efforts. Van Wesemael, secrétaire de l'IFLA, en général très favorable aux initiatives françaises, ne croyait pas à la réussite d'une section des bibliothèques d'art. Il me renvoyait à la présidente des bibliothèques spécialisées, madame Savova, aussi charmante qu'inefficace. Pourtant il y avait eu des précédents et madame Feuillebois, qui avait obtenu une section des bibliothèques d'observatoire, m'encourageait à poursuivre mes démarches.

    À Grenoble en 1973, il existait déjà plusieurs associations nationales de bibliothèques d'art. Notre sous-section a été fondée en 1967 (J'ai expliqué lors de la réunion de Florence, les débuts difficiles de cette sous-section). Trevor Fawcett, dès 1968, avait pris contact avec nous. Gillian Varley a évoqué hier les débuts d'ARLIS/UK and Ireland en 1969. Les Américains, bénéficiant de l'expérience anglaise, ont créé seulement en 1972 leur association ARLIS/NA, qui réunit tous les bibliothécaires du Nord de l'Amérique, ce qui englobe donc États-Unis, Mexique et Canada.

    En 1973 il était très important de créer un forum international où les différentes associations puissent régulièrement se rencontrer pour entreprendre des actions communes, et pour encourager la création d'associations nationales, dans les pays où de telles associations n'existaient pas. Il était déjà évident, qu'on ne pouvait faire de travail utile que par une coopération entre les différents pays.

    Il a fallu encore quatre ans après Grenoble, pour obtenir une décision de l'IFLA. Les conditions n'étaient pas favorables car, à Oslo en 1975 et à Lausanne en 1976, l'IFLA s'occupait de la révision de ses statuts et le travail professionnel était alors négligé.

    Les associations anglo-saxonnes ont progressé très rapidement, et en 1976 devant l'immobilisme de l'IFLA, ARLIS/UK and Ireland avec l'aide d'ARLIS/NA organisait à Brighton, une conférence internationale sur les périodiques d'art. C'était la première réunion vraiment internationale. Il y avait 130 participants ; 10 pays furent représentés car plusieurs associations nationales s'étaient créées notamment dans les pays nordiques. La délégation française était assez importante. À la fin de la session eut lieu un très vif débat qui engageait l'avenir.

    Les bibliothèques d'art doivent-elles fonder une association internationale autonome, comme les bibliothèques musicales (AIBM), ou les bibliothèques des arts du spectacle (SIMAB) ; doiventelles se rattacher à l'ICOM ou à l'IFLA? Les Américains et surtout Judith Offberg militaient pour l'indépendance. Les Français dont la sous-section était sagement restée dans le giron de l'ABF, évoquaient toutes les difficultés financières et administratives qu'aurait entraînées le fonctionnement d'un bureau permanent. Certains de nos collègues anglais furent convaincus par nos arguments et on décida donc de créer à l'IFLA cette section des bibliothèques d'art dont on parlait depuis plusieurs années.

    L'année suivante, à Bruxelles, les bibliothèques d'art vinrent en force. Il y avait toute une équipe résolue. Trevor Fawcett, William Walker, Noëlle Balke, moi-même et surtout Judith Hoffberg obtinrent du dynamique et efficace Irvin Pizer, nouveau président de la section des bibliothèques spécialisées, la création d'une table ronde des bibliothèques d'art.

    Tout n'était pas gagné, car cette table ronde dut faire ses preuves, pour subsister et devenir une section. Or, les conférences de l'IFLA, eurent malheureusement lieu dans des pays qui rendent difficile la présence de nombreux bibliothécaires.

    En 1978 elle se tint dans une station de montagne de Tchécoslovaquie, Stbske Pleso. Les congressistes étaient répartis dans différents hôtels, on gelait, il neigeait dehors, il n'y avait pas de salle de réunion. Parmi 14 participants, j'étais la seule Française.

    En 1980, la conférence de l'IFLA eut lieu à Manille. Très peu d'Européens étaient présents, Clive Philpott, et moi-même avions beaucoup de mal à organiser le travail. On jeta cependant les bases d'un questionnaire pour un Répertoire international des bibliothèques d'art. La soussection française avait compris qu'il fallait procéder très vite à un recensement des bibliothèques d'art, ne serait-ce que pour prouver à l'IFLA que nous existions. La section française avait donné l'exemple, avec des équipes de bénévoles, elle avait publié un Répertoire des bibliothèques françaises. Il y a eu trois éditions, 1975, 1976, 1978. Mais dès la création de la table ronde de l'IFLA, la section française avait publié une liste préliminaire des bibliothèques en Europe. Aidée de Véra Kaden, il y en eut deux éditions, 1979 et 1981. C'était le travail bénévole, indispensable à la préparation d'un Répertoire international. À Leipzig, en 1981, la table ronde mit au point le questionnaire destiné à établir le Répertoire international. Nous possédions, grâce à la liste préliminaire, une base pour contacter les bibliothèques. La table ronde devint une section, Philippe Pacey en fut le président, Huguette Rouit la secrétaire. Grâce à Philippe Pacey, le Répertoire fut publié non par l'IFLA mais par Garland ; or il date de 14 ans et une nouvelle édition n'est pas encore disponible.

    On peut dire que le travail essentiel de la table ronde fut de recenser les organismes concernés par la documentation artistique. Une nouvelle phase s'ouvrait. Là aussi je voudrais insister sur une initiative française : la création des colloques européens et internationaux. Il est très difficile de faire admettre aux responsables de l'IFLA que lorsque la conférence annuelle a lieu hors d'Europe, Chicago, Nairobi, Sydney ou Tokyo, la participation européenne est trop limitée pour faire un travail efficace au sein de la section.

    Aussi en 1985, sans argent, sans aide de l'IFLA, Huguette Rouit, organisa avec Jean-Pierre Dubouloz un très intéressant colloque sur l'iconographie. Les Anglo-Saxons boudèrent un peu ce colloque où l'on parlait beaucoup français mais la participation fut importante (130 bibliothécaires environ). Les actes furent publiés par l'IFLA ; la section des bibliothèques d'art inaugura une nouvelle formule qui fera école, puisqu'en 1986 eut lieu une réunion à Amsterdam sur les périodiques d'art et en 1988 à Florence sur les catalogues d'expositions. Huguette Rouit apporta son aide et son soutien important à Rosella Todros pour l'organisation très difficile de la réunion de Florence. Il faut aussi noter que de tels colloques facilitent le démarrage d'associations nationales.

    Parmi les travaux de cette période on peut aussi noter : SHERIDAN (Ian). - An Art Librarian's Glossary. - IFLA, 1984. Ce glossaire très utile, propose 610 termes anglais de bibliothéconomie et d'art, avec des index en français, espagnol, italien et allemand. Cette publication vient d'être mise à jour : Multilingual Glossary for Art Librarians (1) .

    Ces quelques vingt ans d'efforts persévérants sont peut-être à méditer pour tous ceux et celles qui ont la difficile mission de s'adapter à une nouvelle bibliothéconomie en pleine mutation. Il est utile de connaître le passé pour construire l'avenir. Or notre sous-section a encore à jouer un rôle important dans le contexte international, je voudrais suggérer quelques points qui me paraissent importants.

    Notre sous-section devrait toujours être représentée aux assemblées générales des associations des autres pays : cela s'est fait pour ARLIS/NA bénévolement, plus récemment pour ARLIS/UK, mais presque jamais pour d'autres pays. J'ai été une fois à ARLIS/NORDEN. Il faut être au courant de ce qui se fait dans les autres pays pour organiser un véritable travail international.

    Il faut établir des liens avec plusieurs comités de l'ICOM (2) ;tout le travail de l'ICOM repose sur les Comités. Depuis trente ans je participe aux travaux du Comité des arts appliquées, ICAA (3) mais personne d'entre nous que je sache ne va aux Comités des beaux-arts, de l'architecture, de l'audiovisuel. Il faut savoir ce qui s'y fait et surtout il faut nous faire connaître.

    L'IFLA n'a pas d'archives. Quand Jacques Lethève a été élu vice-président de l'IFLA, il avait soulevé cette question. Notre soussection doit garder la mémoire de ce travail qui remonte maintenant à plus de trente ans. Il faut d'abord que la sous-section donne l'exemple et dans un premier temps établisse une bibliographie de tout ce qui s'est publié : les articles dans les revues professionnelles, dont certaines ont disparu, les différents répertoires, les actes des colloques, etc.

    On pourrait aussi essayer de savoir où en sont les différents ARLIS et envisager une publication internationale.

    Il me reste à vous souhaiter beaucoup de courage et d'enthousiasme pour faire face aux innombrables tâches qui vous attendent.

    1. Cf. note 1 supra. retour au texte

    2. ICOM : International Council of Museums. retour au texte

    3. ICAA : International Committee for applied Arts (Genève). retour au texte