Index des revues

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    Conférences de l'IFLA

    Istanbul 1995 (2e partie)


    Cecompte rendu a été établi par Marc Chauveinc à partir des rapports de nombreux participants français

    Section des bibliothèques d'art

    Nouvelles de la section

    Elle compte soixante et onze membres :

    • le bureau actuel a été reconduit. Le président est Jan Van der Wateren, National Art Library, Victoria and Albert Museum, Londres ; la trésorière Catherine Heesterbeek-Bert, Musées royaux des beaux-arts de Belgique ; le secrétaire est Hiroyuki Hatano, Musée d'art occidental de Tokyo ;
    • un comité mènera une réflexion sur l'avenir des Newsletters: doivent-elles s'étoffer et devenir une véritable revue ? ;
    • un projet à long terme de guide international sur les fonds d'archives d'artistes dans les bibliothèques et archives de musées. Ce répertoire n'est avancé qu'en Espagne ;
    • le répertoire international des bibliothèques d'art est bien avancé et sera consultable sur Internet. Pour la France, le répertoire a maintenant presque deux ans. Une nouvelle édition sera publiée en janvier 1996 ;
    • le glossaire des termes utiles aux bibliothécaires d'art est presque terminé et sera publié à la fin de l'année ;
    • traduction en anglais prévue du livre de Hiroyuki Hatano sur la communication audiovisuelle.

    Deux réunions publiques à Istanbul

    « Les collections d'art islamique dans les bibliothèques »

    • 1 - Madame Nurham Atasoy, professeur à l'Université d'Istanbul a présenté les collections de manuscrits des bibliothèques turques en insistant sur l'importance de ces oeuvres dans l'évolution de l'art islamique. Un catalogue général des manuscrits turcs est en projet.
    • 2 - Les bibliothèques ne sont pas faites pour brûler: la communauté internationale des bibliothécaires et la reconstruction du patrimoine détruit de la Bosnie-Herzégovine. Andras Riedlmayer (Harvard University, Aga Khan Centre) a montré un reportage photographique sur l'incendie de la Bibliothèque nationale de Sarajevo et sur les nombreux monuments bosniaques détruits. La Bibliothèque nationale qui possédait un million et demi de volumes n'a plus maintenant qu'un dixième de ses collections ; quatre collègues ont été tués ; le bâtiment est très gravement détruit. Le directeur de la Bibliothèque nationale de Sarajevo a lancé un appel à toutes les bibliothèques d'art pour qu'elles les aident à reconstituer les fonds en donnant des doubles ou en proposant des microfilms. Joindre Andras Riedlmayer à cette adresse Internet : ried/mayAAAfas. harvard. edu.
    • 3 - La formation d'une collection d'art islamique dans un musée américain: le Brooklyn Museum. Deirdre Lawrence a décrit le développement et les principales richesses de cette collection de plus de 5 000 livres commencée au début du siècle, parallèlement au développement des collections d'art islamique du musée de Brooklyn.

    L'impact des nouvelles technologies, telles que la numérisation des images, sur la bibliothéconomie d'art

    • 1 - Le musée virtuel entre au campus par Angela Giral (Columbia University) et Jeannette Dixon (Houston Museum of fine arts). Sous l'égide du AHIP (Getty Art History Information Program) et de MUSE (Museum Educational Media), sept musées ont monté un projet de numérisation de leurs collections pour les diffuser dans sept universités. Il s'agit d'une collaboration particulièrement intéressante : les musées ont numérisé 6 000 images en haute définition et rédigé des commentaires d'un choix d'oeuvres de leurs collections. Cette banque d'images commentées est à la disposition des étudiants sur le réseau des campus, gratuitement.
    • 2 - La numérisation des images et la base de données au Musée d'art occidental de Tokyo:un système intégré pour la recherche en histoire de l'art. Hiroyuki Hatano a décrit la réalisation technique et les caractéristiques du matériel utilisé.
    • 3 - L'art sur le réseau WWW. La qualité des bibliothèques du futur ne se mesurera pas uniquement en termes de collections mais aussi en termes de diversité et d'efficacité de ses services électroniques. C'est pour cette raison que la Bibliothèque royale de La Haye met au point une « Advanced information workstation for the humanities (AIW) ». Cette station de travail intégrée aidera les lecteurs à localiser, lire et décharger de l'information électronique. Dès 1994, nos collègues ont travaillé à la réalisation d'un prototype de station multimédia en se limitant à l'art moderne, en collaboration avec quelques historiens d'art. Maggy Wishaupt et Marco de Niet qui ont présenté cette communication constatent à quel point l'électronique a changé notre métier et nous a rapprochés de nos lecteurs. Cette station de travail sera performante pour le bicentenaire de la Bibliothèque royale en 1998.
    • 4 - Le projet de base d'images de l'Aber-deen Gallery, prototype pour construire et entretenir une base d'images avec un petit budget par John W. Murdoch, Robert Newton, Douglas Anderson.
    • * 5 - Le livre d'art électronique. John Kirby réalisé un livre électronique reproduisant l'oeuvre du peintre et dessinateur anglais George Fullard (1923/1953) conservée à l'université Hallan à Sheffield, ville natale de l'artiste.
    • 6 - Les arts plastiques en Australie: les bibliothèques et les nouvelles technologies par John Thomson et Joye Volker. Utiliser Internet pour transmettre les catalogues des bibliothèques et des musées est une façon de réduire les distances dans ce très grand pays et de vaincre l'isolement.

    Francesca Zannoni (Biblioteca di archeologia e storia dell'arte de Rome, vice-présidente de BIARTE) a présenté la collection Monneret de Villard : importante pour l'art islamique et oriental. Michael Rinehart (Éditeur de la Bibliographie d'histoire de l'art) a présenté les projets de CD-ROM communs au CNRS et à la Fondation Getty.

    Section des sciences biologiques et médicales et section des bibliothèques scientifiques et techniques

    L'archivage des journaux électroniques. Peut-on dire que la communication rendue possible grâce aux publications électroniques est différente de celle permise par le support papier ? Est-il envisageable de considérer ce type de publication comme une extension du papier ? Quels sont les rôles respectifs du producteur de l'information, du vendeur, de l'éditeur et du bibliothécaire par rapport aux publications électroniques et à leur archivage ? Telles sont les questions qui se posent maintenant. Quelques points de vue sont exposés ici.

    Le point de vue du producteur de l'information. L'édition électronique en mode caractères bouleverse l'équilibre qui s'était établi entre les acteurs de la chaîne de création et de distribution de l'information. Le document électronique permet à l'auteur d'être son propre éditeur et à l'éditeur d'être son propre diffuseur. Sa structure comporte tous les éléments qui servent à leur catalogage et à leur indexation. La recherche de l'information et la navigation entre les documents amènent à coupler les activités de production de bases de données et de catalogues à la recherche des documents primaires. L'édition électronique oblige les bibliothèques et les centres de fourniture de documents à modifier profondément leurs méthodes de travail, leurs infrastructures informatiques et de télécommunication. L'INIST, qui est à la fois créateur de données bibliographiques et fournisseur de documents primaires, se place dans une perspective de liaison entre ces deux activités, en collaboration avec tous les partenaires de la chaîne documentaire :

    • celui d'un fournisseur de l'information électronique. Le problème majeur qui se pose est l'accès à des documents publiés il y a quelques années, et le fait que chaque vendeur possède sa propre liste de périodiques. Comment les retrouver ? L'archivage et la récupération des documents électroniques ne sont pas aussi simples que pour les documents imprimés ;
    • celui de l'éditeur de journaux électroniques. L'exemple de l'éditeur Elsevier est significatif, notamment, avec l'expérience CAPCAS qu'il est en train de mener à l'université de Tilbu/g aux'Pays-Bas. Cent vingt périodiques publiés dans les domaines de l'économie, de l'informatique et des mathématiques sont accessibles en mode électronique sur tout le réseau du Campus. Ainsi, étudiants et professeurs ont la possibilité de lire 13 000 articles à partir de leur PC. Plus généralement, un certain nombre d'éditeurs scientifiques (dont Springer) proposent dorénavant l'accès aux journaux électroniques, sur Internet notamment. Les modes de diffusion diffèrent : soit les sommaires des revues sont proposés, soit les résumés des articles ou l'article lui-même en texte intégral.

    Le rôle du bibliothécaire. Il reste le gardien de l'information que celle-ci soit archivée sur des rayonnages ou sous forme électronique ; c'est à lui qu'incombent la recherche de l'information et l'utilisation d'outils parfois très sophistiqués (sur Internet par exemple, ou pour l'interrogation de banques de données spécialisées). Son problème essentiel est de rendre un service maximal à l'utilisateur, en offrant l'accès aux numéros anciens et courants des périodiques, en développant des interfaces d'accès simplifié. De plus en plus, une nouvelle forme d'aide au lecteur se dessine, aide dictée par les technologies.

    En conclusion. L'archivage des journaux électroniques est un problème aigu à la valeur significative: les documents numérisés font appel à des outils de recherche variés, à des formes d'archivage très différentes (que ce soit de l'information en texte intégral, sous forme de banque de données, ou en hypertexte) ; le support papier est loin d'offrir une telle variété, et c'est un des arguments actuels en faveur de l'archivage des journaux électroniques.

    Section des acquisitions et des échanges

    La section a élu un nouveau président : Marjorie E. Bloss (Center for Research Libraries, Chicago, États-Unis), M. McLaren-Turner (European Languages Collections, British Library) est élu secrétaire.

    Activités de la section

    Suite au congrès de Cuba, un questionnaire a été envoyé aux différents membres de la section afin d'identifier les activités prioritaires. Nous avons analysé les réponses à ce questionnaire et avons sélectionné les futurs axes de travail.

    Travail en commun: bibliothécaires, éditeurs, diffuseurs ; ce thème introduit les notions de coût, de copyright, de licence.

    Développement des collections: la politique ; l'aspect pratique de la gestion des collections (désabonnements, désherbage, etc.) ; mise en place de plans de développement des collections.

    Collections électroniques (y compris les journaux électroniques) : marchés, utilisation, droits de copyright concernant les nouveaux supports.

    Réunion plénière d'Istanbul

    Organisée conjointement par la section des acquisitions et des échanges, la section des publications officielles et gouvernementales, la section des livres rares et des manuscrits, le programme fondamental de l'accès universel aux documents.

    Ulrich Montag, l'ancien président de la section a rappelé les différents projets et publications des sections appartenant à la division cinq » Collections et services » : nouvelles éditions du guide des centres de prêt international et de copie et du manuel Unesco des échanges internationaux de publications ; participation à la deuxième conférence internationale sur la littérature grise, à Washington, les 2 et 3 novembre 1995.

    Jim E. Vickery (responsable des acquisitions de la British Library) est intervenu sur l'évolution du rôle traditionnel d'un service d'acquisitions, étant donné la place de plus en plus importante des nouvelles technologies ainsi que la multiplication des publications électroniques sur le marché. Qui contrôlera les collections de publications électroniques ? Qui contrôlera la liberté d'accès aux bases de données des éditeurs ? Il insiste sur le rôle futur des services d'acquisitions dans les bibliothèques. L'accès au savoir numérisé pourrait être réservé aux pays qui peuvent payer des licences à des coûts prohibitifs.

    Steven D. Zink (doyen des bibliothèques de l'université du Nevada, Reno, États-Unis) met l'accent sur l'accès à l'information gouvernementale. Il parle même de révolution de cette information : celle-ci est devenue une marchandise et les bibliothèques doivent avoir un rôle de « leader dans la diffusion de l'information gouvernementale. Cependant comme J. Vickery, il pense que les professionnels doivent utiliser à la fois les services traditionnels et les nouvelles technologies. Il termine son intervention par une citation de Margaret Wheatley, extraite de son ouvrage Leadership and the new science : learning about organizations from an orderly Universe, qui me semble bien résumer le climat de mutation des bibliothèques : "We are required to stay comfortable with uncertainty, and confident of confusion 's ro (1) . "

    Henry L. Snyder (professeur d'histoire et directeur du Centre d'études bibliographiques, université de Californie, River-side) clôt cette réunion en mettant l'accent sur l'accès bibliographique aux collections de livres anciens. Bien sûr, les livres rares vont durer plus longtemps que les documents numérisés. Mais les nouvelles technologies vont permettre de localiser et de donner l'accès à toutes les données bibliographiques les plus complètes possible. Dans le passé, pour accéder au livre rare, on citait le microfilmage, le fac-similé, maintenant il faut y ajouter l'accès électronique.

    Un atelier avait pour thème « Est-Ouest-Est : la reconstitution des procédures d'échanges de collections, après la chute du communisme ».

    Marie Avril (responsable du service des langues orientales, BNF) a dressé un panorama des Pays de l'Est coopérant avec la BNF, dans le cadre des échanges internationaux. En règle générale, les Pays de l'Est proposent maintenant moins d'exemplaires pour les échanges. De plus, les frais de douane et de poste ont beaucoup augmenté. Il faut ajouter le grave problème de l'éclatement des bibliothèques de l'ex-Union soviétique. Un début de plan thématique de littérature disponible est en train de se mettre en place. La situation, qui s'était complètement dégradée en 1991, a beaucoup évolué car nous avons réussi à avoir dans chaque pays des partenaires privilégiés.

    Kalju Tammaru (Bibliothèque nationale d'Estonie) a fait le bilan de l'état des collections dans son pays. Il a insisté sur le libre accès à l'information. Cependant celle-ci est bien souvent insuffisante. Les éditeurs ne la transmettent pas. Il est facile de se procurer les publications en langue russe, mais beaucoup d'intellectuels ont quitté le pays et publient à l'étranger. Compte tenu de la situation économique difficile, des coûts de douane élevés et du manque d'information, peu de titres sont achetés.

    Tatyana Ershova (Bibliothèque d'État russe, Moscou) a ensuite brossé un tableau des conditions de travail dans les bibliothèques russes. Elle a insisté sur les bas salaires, sur la désintégration des structures sociales et sur le manque de communication entre bibliothèques. L'accès à l'information est difficile : on ne sait pas ce qui va être publié. Les coûts prohibitifs des ouvrages rendent impossible l'achat de plusieurs exemplaires d'un même titre, ce qui a des conséquences fâcheuses sur notre politique d'échanges.

    Parmi les projets est envisagée la mise sur Internet de toutes les ressources des bibliothèques russes et la création de centres régionaux d'information afin d'organiser le suivi, le partage et la modernisation des ressources documentaires.

    M. Levner est responsable, à Moscou, des acquisitions d'ouvrages en langue russe pour la Bibliothèque du Congrès. Son premier travail a été de tisser un réseau de partenaires dans plusieurs régions. Mais il insiste lui aussi sur la difficulté de l'accès à l'information. Comment stimuler les relations avec des bibliothèques régionales, comment établir une réelle politique d'échanges ? M. Levner a organisé des visites de bibliothèques. Des sessions de formation de bibliothécaires ont été montées avec le concours de l'Ambassade américaine. Des foires aux livres itinérantes sont organisées régulièrement.

    Les participants ont conclu que l'échange est une nécessité, aussi bien échange de notices bibliographiques que d'ouvrages, et ont proposé la mise en place de sociétés d'économie mixte d'échanges et d'achats.

    Programme des deux prochaines conférences IFLA

    À Pékin, la réunion plénière de la section traitera du sujet suivant : - Les acquisitions d'un point de vue économique - : coûts, prévisions budgétaires, conséquences des réductions de budget, pratiques de travail : marchés, recours aux diffuseurs et aux éditeurs, politiques éditoriales.

    À Copenhague en 1997 sur le thème « Bibliothèques et systèmes d'information pour le progrès de l'humanité », la section envisage une réunion plénière sur le développement des collections et la mise en place de réseaux documentaires et de coopération avec les libraires. Les problèmes de désabonnements ainsi que de désherbage seront traités ou feront l'objet d'un prochain atelier.

    Un atelier sera centré sur l'évolution des structures organisationnelles gérant les acquisitions, à partir d'expériences réalisées dans plusieurs pays.

    Section des livres rares et des manuscrits

    La section a élu président le professeur Henry Snyder, qui succède à Clemens de Wolf, et le docteur David Pearson est réélu secrétaire. Elle proposait cette année un petit cycle de conférences sur le thème « Perspectives de l'histoire du livre ».

    Allemagne. Il est regrettable que la contribution de Hidayet Yavuz Nuhoglu sur l'histoire du livre dans le monde islamique ait été annulée au tout dernier moment. En revanche, la brillante causerie du docteur Hans-Peter Geh (Württembergische LandesBibliothek, Stuttgart) a retracé toute l'histoire de la recherche des livres dans les pays germaniques, depuis l'invention de l'imprimerie, et la naissance des préoccupations bibliophiliques et bibliographiques en Allemagne. Les recherches les plus intéressantes de ces dernières années sont dues au professeur Bernhard Fabian, de l'université de Müns-ter. Il s'agit d'un recensement de tous les fonds anciens et patrimoniaux en Allemagne dont la publication a commencé en 1992 à Hildesheim sous le titre Handbuch der historischen Buchbestande im Deutschland, seize volumes prévus.

    Pays anglophones. La conférence de Richard Landon (Thonlas Fisher Rare Books Library, Toronto, Canada) sur « L'histoire du livre dans les pays anglophones s'est révélée très riche en informations, bien que son texte n'ait pas été diffusé, l'auteur la considérant comme un travail en cours. Un hommage appuyé fut rendu à l'école française dans le domaine de l'histoire du livre, dont la France (de Lucien Febvre à Henri-Jean Martin et à Roger Chartier) fut pionnière en créant une discipline nouvelle. R. Landon a ensuite évoqué tous les projets en cours dans le monde anglo-saxon et anglophone, dont la plupart s'inspirent de ce que l'on peut appeler le modèle français, c'est-à-dire les quatre volumes de l'Histoire de l'édition française (1983-1986) et les quatre volumes de l'Histoire des bibliothèques françaises (1988-1992).

    Grande-Bretagne. A History of the Book in Great Britain est programmée en sept volumes, à paraître à Cambridge University Press jusqu'aux environs de l'an 2000. Le premier tome sera consacré à la période anglo-saxonne, le deuxième aux manuscrits, et les suivants au livre imprimé. En même temps, est prévue en trois volumes une History ofLibraries in Great Britain and Ireland.

    États-Unis. Le même éditeur a prévu en quatre volumes A History of the Book in America qui abordera aussi le monde du livre au Mexique et au Canada.

    Canada. Par le biais de la Bibliographical Society of Canada, le Canada a un projet qui s'intitulerait A History of the Book in Canada. Si les francophones, proches de l'école française, sont prêts à commencer la collaboration, les anglophones sont confrontés à un problème de sources : ils n'ont pratiquement pas repéré d'archives sur l'histoire de l'édition.

    Australie. L'Australie a lancé un projet intitulé A History ofthe Book in Australia, commençant par un prospectus et une petite feuille périodique, la HOBA Newsletter. L'histoire du livre australien, divisée en trois sections, devrait paraître en 2001. Deux projets annexes devraient ensuite connaître la publication : un Dictionary of the Book in Australia et un Historical Dictionary of Newspaper in Australia, prévu pour 2006.

    Nouvelle-Zélande. Elle doit discuter du projet The History of the Book in New Zea-land. Celle-ci, pour mériter son titre («L'histoire...» au lieu de "Une histoire... », compte témoigner également de l'attitude des cultures orales, celle des Maoris par exemple, vis-à-vis du monde de la culture imprimée. Un projet existerait également pour l'Afrique du Sud.

    Écosse. The Scottish Book, prévu en quatre volumes, rendrait compte de l'importante diaspora écossaise. Le Pays de Galles et l'Irlande auraient aussi chacun un projet, actuellement dans les limbes.

    Lors de la discussion finale, Lotte Hellinga, de la British Library de Londres, tout en se félicitant de toutes les entreprises nationales se demandait s'il n'était pas temps de passer à une histoire européenne du livre : le commerce du livre aux XVeet XVIe siècles était en effet déjà très largement international. Par exemple, l'énorme importance des livres importés d'Italie, de France, d'Allemagne ou des Pays-Bas dans l'Angleterre du XVe siècle plaide pour que des historiens se lancent dans des recherches dépassant le cadre d'un pays.

    Le thème de l'atelier de la section des livres rares et précieux était cette année : « Les images dans les livres rares et manuscrits : l'utilisation de la technologie digitale ".

    Parallèlement au développement de catalogues rétrospectifs automatisés et à l'élaboration en cours d'une norme de catalogage informatisé pour les manuscrits, de nombreux projets dans le monde concernent la mise au point de banques d'images ou de textes numérisés associant le texte et l'iconographie sur plusieurs supports, CD-ROM ou interrogation en ligne sur le réseau Internet.

    Hans Brandhorst (Groupe de recherche et développement Iconclass de l'université d'Utrecht) nous a présenté le projet d'une banque d'images de manuscrits et de livres anciens indexées sur le modèle du système Iconclass de classification décimale des images, créé dès 1961 par Van de Waal, professeur d'histoire de l'art à Leyde. Ce système s'applique particulièrement bien aux domaines classiques (religion, mythologie, mythes littéraires) et l'indexation par un code alphanumérique de chaque image permet une description très fouillée, facilement traduisible en langage informatique.

    Cependant, si le contenu du projet et sa réalisation technique semblent bien avancés, de nombreuses questions se posent encore en ce qui concerne son coût et son financement ainsi que sur ses utilisateurs potentiels.

    Le projet de la Bibliothèque Vaticane présenté par Fabio Sciattarella associe trois partenaires : la Bibliothèque Vaticane, l'Université catholique pontificale de Rio de Janeiro et IBM. Il vise à mettre à la disposition d'un vaste public, sur place comme à distance, le considérable réservoir d'images contenues dans les manuscrits de la Bibliothèque Vaticane.

    Il faut rappeler qu'il existe déjà trois vidéodisques commercialisés réunissant 70 000 images des manuscrits enluminés à la Bibliothèque Vaticane, résultat de la coopération entre l'École française de Rome et la Bibliothèque Vaticane pour la direction scientifique, et l'École des hautes études en sciences sociales à Paris pour la base de données iconographiques. Christiane Baryla, déjà à l'origine du vidéodisque de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, en a assuré la conception et la coordination avec Jérôme Baschet, responsable de l'indexation iconographique basée sur le «Thésaurus des images médiévales ».

    Enfin, dans le cadre du Plan d'action européen pour les bibliothèques, la DG XIII de l'Union européenne apporte son soutien au programme Incipit. Ce programme, basé à la British Library, en partenariat avec les principales bibliothèques européennes et l'éditeur commercial Primary Source Media, sous la coordination de Lotte Hellinga, doit publier sur CDROM la base « The Incunabula Short-Title Catalogue en y associant la reproduction d'images digitales des pages clés bibliographiques de chaque incunable.

    Incipit n'est pas une base de données plein texte mais fournit pour chaque incunable la reproduction des pages clés (titre, début du texte, page de colophon ou lre page du 2° cahier). Après une série de disques d'essais en 1995, le projet Incipit espère produire une première version commerciale en 1996.

    Les manuscrits et les livres anciens constituent un réservoir potentiel d'images considérable pour les nouveaux supports technologiques. Après les vidéodisques, l'édition de CD-ROM est en pleine expansion. On peut désormais accéder par Internet aux grands catalogues de bibliothèques et aux banques de données.

    Cependant, afin de maîtriser l'évolution très rapide des technologies et de réduire les coûts très élevés, il serait souhaitable d'envisager et de développer une collaboration et une concertation des bibliothèques au niveau international autour de programmes communs.

    Section des publications en série

    Elle a examiné trois projets.

    Manuel élémentaire de gestion des publications en série (responsable du projet : Judith Szylvassy, Hongrie) prêt à être publié. Son prix ne devant pas être un obstacle pour les pays à très faibles ressources auxquels il est destiné, il faut trouver des sources de financement.

    Titres uniformes pour les publications en série. Relations avec les GARE. La pratique des titres uniformes pour les publications en série n'existe pas en France contrairement aux États-Unis. Questions soulevées : comment sont-ils construits ? Quel est le lien avec le titre clé du système ISSN ? Que faire pour les titres anciens qui n'ont pas de titre clé ? Quelle articulation avec le travail sur les spécifications fonctionnelles ? Qu'est-ce qu'une notice de référence pour les publications en série ?

    Répertoire des catalogues collectifs (responsable de projet : Per Morten Bryhn, Norvège). Ce répertoire devrait associer plusieurs sections (publications en série, manuscrits et livres rares, prêt entre bibliothèques et fourniture de documents) et a reçu le soutien de l'UAP.

    Programme pour les prochaines réunions.

    Pékin, 1996: les problèmes liés aux différentes écritures dans les notices bibliographiques, à la translittération dans l'échange d'informations, seront approfondis.

    Copenhague, 1997: des communications sur la bibliographie rétrospective des journaux et périodiques sont prévues.

    Séance plénière

    De nombreuses bibliothèques sont très intéressées par le développement des publications électroniques : mises à jour rapides, pas d'indexation nécessaire, pas de problèmes de pages ou de fascicules manquants ou de reliure, pas de stockage, disponibilité aisée en plusieurs endroits. Certaines bibliothèques américaines ont non seulement commencé à numériser des collections anciennes ou endommagées, mais également des documents très récents dont elles n'hésitent pas à se débarrasser ensuite. Également, elles ont de plus en plus recours à des services commerciaux de fourniture de documents (UMI, CARL, OCLC) qui procurent les copies d'articles (récents ou anciens) à la demande pour un coût de 7 à 15 US$, droits compris avec un accès à des tables de sommaires et suppriment leurs abonnements. Parallèlement, se multiplient les revues publiées directement sous forme électronique. Ainsi, une centaine de titres sont diffusés sur Internet. La difficulté est alors d'avoir connaissance de ces revues, d'en évaluer la qualité et l'intérêt pour leurs lecteurs et de fournir des moyens d'accès faciles, uniques et conviviaux à l'ensemble des ressources proposées.

    M.-W. Collier (Montfort University, Lei-cester) a fait part de l'impact de l'utilisation des documents électroniques dans un environnement universitaire. Plusieurs projets ont vu le jour, dont certains permettent une collaboration bibliothèques-éditeurs. Par exemple, le projet ELSA (European Libraries SGML Applications) associe Jouve, Elsevier Science et l'université De Montfort en Grande-Bretagne afin de tester la possibilité d'utiliser des documents encodés selon la procédure SGML dans un environnement de bibliothèque, de les afficher et de les fournir à l'utilisateur (bibliothèque ou tout utilisateur final). ELSA offre ainsi des moyens totalement différents de présenter et de fournir les documents aux utilisateurs : un article est présenté isolé, hors de son contexte au sein d'une revue et un ensemble d'articles n'apparaîtra pas comme une publication traditionnelle. Les bibliothèques sont alors capables de créer des revues « virtuelles » à la demande des utilisateurs et ceux-ci peuvent créer leur propre publication.

    PHOENIX, un autre projet interuniversi-taire, vise à développer, tester et mettre en oeuvre des procédures automatiques de gestion du copyright et à fournir les informations et les comptes aux éditeurs.

    Si les publications en série sont les premières concernées par ces processus de désintégration, que dire des ouvrages et plus encore des documents multimédia ? Textes, images fixes ou animées, son, chaque élément peut avoir un utilisateur différent, des références bibliographiques propres, un copyright spécifique, une commercialisation autonome et une mise à jour particulière au sein d'un ensemble. Ces infoclips constituent un véritable défi bibliographique, ou un cauchemar ! Et les bibliothèques en possèdent des millions. Des licences d'usage à grande échelle commencent à se mettre en place, consortium, structures nationales pour toutes les universités par exemple.

    Les éditeurs, de leur côté, voient leur rôle se transformer et certains se lancent dans la fourniture de services, tels Elsevier (projet TULIP), Pergamon, Springer Ver-lag (projet RED SAGE), et viennent concurrencer les fournisseurs traditionnels d'abonnement, tel EBSCO.

    Geoff Smith (British Library, Newspaper Library) rappelle que la collecte et la conservation des journaux sont toujours largement tributaires des méthodes traditionnelles : le microfilmage demeure la méthode la plus largement utilisée pour l'archivage, la conservation et la duplication des journaux, même si les technologies nouvelles offrent des possibilités intéressantes pour l'accès au contenu, mais, outre un coût très élevé, elles excluent un grand nombre de titres (journaux locaux, presse populaire, presse des pays moins avancés) ou une partie de ces journaux (petites annonces, photographies ou dessins humoristiques protégés par le copyright, documents des agences de presse, articles signés).

    Les documents électroniques posent donc encore de nombreuses questions et modifient certaines fonctions des bibliothèques. La grande question reste cependant moins d'ordre technologique, en bonne voie de résolution, que la gestion des droits d'usage à grande échelle.

    Table ronde sur les journaux

    La table ronde sur les journaux et publications en série a adopté la nouvelle version des Directives de microfilmage de conservation des journaux ". La numérisation des journaux n'en est qu'à ses débuts en raison du format et de la fragilité du papier. Elle se fait exclusivement à partir des microfilms et a pour objectif principal l'accès à distance de journaux uniques et anciens.

    Section de l'enseignement et de la formation

    La formation des bibliothécaires à l'utilisation des nouvelles technologies y compris les sources d'information en réseau, par Diann Rusch-Feja.

    Les avancées techniques se développant en liaison avec les systèmes de réseaux d'information ont un impact sur les structures organisationnelles des bibliothèques et des centres de documentation, ainsi que dans la recherche et dans la communauté universitaire. Elles obligent les bibliothécaires et les professionnels de l'information à utiliser ces nouveaux instruments et à rendre disponibles de nouveaux services.

    Plus que la transition depuis les catalogues traditionnels sur fiches vers des systèmes automatisés de bibliothèque, ou depuis la recherche manuelle vers la recherche en ligne, la transition en cours concerne tous les domaines du travail en bibliothèque. Pour relever ce défi, diverses formations continues sont à la disposition des bibliothécaires et des spécialistes de l'information.

    Dans les écoles de bibliothécaires, les domaines de l'Internet, de l'édition électronique et de la fourniture électronique des documents sont traités à des degrés divers et en fonction des différentes tâches des bibliothèques.

    Section Théorie et recherche bibliothéconomiques

    La section Théorie et recherche bibliothéconomiques, en liaison avec la section des bibliothèques publiques, a organisé un atelier sur le rôle de la recherche dans la planification du futur.

    Cet atelier comportait six communications. La première et la dernière, de caractère théorique, traitaient l'une, des méthodologies pour conduire des recherches sur le futur et, l'autre, de l'évolution du rôle des bibliothèques et des professionnels de l'information. Les quatre autres communications étaient des études de cas concrets.

    Deux communications complémentaires portant sur l'enquête sur les bibliothèques publiques faite à la demande du DHN (Department of National Heritage) en Angleterre et au pays de Galles ont été présentées par B. Usherwood (consultant) et P. G. Gill (directeur de bibliothèque publique).

    Intervention de B. Usherwood

    L'enquête, qui devait être conduite dans un délai de douze mois, comportait six projets de recherche principaux : l'interview de 922 personnes, une enquête par voie postale auprès de 3 600 personnes, un questionnaire envoyé à 3 400 personnes travaillant dans les bibliothèques publiques, des groupes de discussion, des interview d'hommes politiques et de directeurs. Le projet comprenait également une revue de la littérature présente et passée sur le sujet. Suite à une campagne d'affichage et de distribution de brochures, l'équipe de recherche reçut environ 3 000 commentaires.

    Une force de l'enquête est d'avoir étudié le public, les hommes politiques et les professionnels. Elle a montré que les bibliothèques publiques ont une image positive dans tous les groupes. En particulier, les utilisateurs sont très satisfaits. De façon surprenante, il apparaît que seul un petit nombre d'entre eux a ressenti une détérioration du service ; la majorité a trouvé que le service s'était amélioré depuis cinq ans. Ce point de vue est en opposition absolue avec celui des bibliothécaires professionnels. Les utilisateurs savent ce qu'ils aiment et, parfois, de quelle information ils ont besoin mais très souvent ils ignorent ce que la bibliothèque peut leur fournir. Par ailleurs, alors que les budgets et les services étaient en régression, le personnel a suivi des formations en termes d'accueil et de signalisation, ce qui a entraîné une meilleure image de la bibliothèque alors que la réalité, en fait, faisait apparaître un appauvrissement.

    L'enquête a également été approfondie du côté des professionnels des bibliothèques.

    Intervention de P. G. Gill

    Il a rappelé que les bibliothèques publiques, en Angleterre et au Pays de Galles, sont régies par le « Public Libraries and Museum Act » de 1964. Les autorités locales doivent fournir un service complet et efficace. Depuis cette date, le contexte a considérablement changé et la question du financement public a pris une importance critique.

    Le rapport affirme que l'accès aux bibliothèques publiques et à leurs services doit demeurer libre de tout paiement direct. Cependant, il laisse aux autorités locales la possibilité de faire payer l'accès aux non-livres, ce que l'auteur de l'article déplore, considérant que l'accès à une oeuvre, qu'elle soit sous forme de livre ou de disque, doit être également gratuit.

    Deux recommandations ont fait l'objet de discussions : la première concernant le raccordement des bibliothèques publiques aux autoroutes de l'information rencontre un large consensus ; la seconde concernant le concept d'"hyper-bibliothèques », bibliothèques situées dans les villes les plus importantes concentrant un certain nombre de services au niveau régional et travaillant en étroite liaison avec la British Library, suscite une forte opposition dans la profession.

    Section sur l'histoire des bibliothèques et la lecture

    La table ronde Recherches sur la lecture a connu une importante reconnaissance de la part de l'IFLA, puisqu'elle vient d'être transformée en section. Les nouveaux responsables de cette jeune section sont Valeria Stelmakh (Bibliothèque nationale russe de Moscou) qui est présidente, et Shmuel Sever (Bibliothèque universitaire d'Haïfa) qui en est secrétaire. Durant l'hiver 1996-1997, des élections devront nommer des représentants des différents membres de l'IFLA au comité permanent de cette nouvelle section. Pour ce faire, il est nécessaire que des associations et institutions choisissent d'y adhérer. C'est donc un appel pressant que nous lançons aux collègues français et francophones ! La nouvelle section, qui compte en son sein l'ancienne table ronde sur les centres de documentation pour enfants, a déjà établi certains points forts de son programme d'activités.

    La table ronde sur l'histoire des bibliothèques a, elle aussi, élu ses nouveaux responsables : Pamela Spence Richards (Rutgers University, New Jersey) a été élue présidente, Martine Poulain (Bulletin des bibliothèques de France) a été élue secrétaire. La table ronde avait organisé un pré-séminaire consacré aux bibliothèques orientalistes et à l'orientalisme, au cours duquel une dizaine de contributions ont été présentées.

    L'évolution des bibliothèques en Roumanie

    La séance publique, lors du congrès lui-même, a permis d'entendre trois exposés. Le premier, de Hermina Anghelescu, de l'université du Texas à Austin, s'est intéressé à l'évolution de la situation de la lecture et des bibliothèques en Roumanie. Comme on le sait, après la période d'euphorie, les pays de l'Est ont été confrontés à divers problèmes liés à la nouvelle conjoncture politique et économique. Le réseau des bibliothèques en Roumanie est animé par deux ministères : la Bibliothèque nationale et les bibliothèques publiques dépendent du ministère de la Culture ; les bibliothèques universitaires et de recherche sont sous la tutelle du ministère de l'Éducation. Ces bibliothèques sont entièrement financées par le gouvernement. La censure, qui existait dans l'ancien régime communiste, était particulièrement forte en Roumanie et avait mis en place un système de fonds spécial, où étaient envoyés tous les ouvrages jugés « politiquement incorrects » par les membres du Parti (2) . En janvier 1990, les nouveaux dirigeants de la Bibliothèque nationale décidèrent d'intégrer ce fonds dans le fonds général.

    Aucune bibliothèque n'ayant été construite durant 45 ans, la plupart sont installées dans des locaux qui ne leur étaient pas destinés. Ceauçescu avait fait construire une nouvelle bibliothèque nationale entièrement à la gloire du communisme et à la sienne propre. Le bâtiment inachevé, inauguré en grande pompe en 1989, est aujourd'hui abandonné. Hermina Anghelescu précise quelques-unes des façons de faire de l'ancien régime : grossir les statistiques de lecteurs en faisant signer dans les registres d'entrée les bibliothécaires eux-mêmes ou leurs amis ; la seule école de bibliothèques existante fut fermée en 1952 ; le personnel était donc composé de non-professionnels, titulaires de diplômes en langues étrangères ou historiens. Une école des bibliothèques a donc été fondée en 1990, au sein du Département de roumain de l'université de Bucarest. Cette année, deux associations de bibliothécaires ont été créées : l'Association de bibliothécaires de lecture publique et l'Association des bibliothécaires des bibliothèques éducatives. Certains bibliothécaires conservent encore la mauvaise habitude de se demander quels profits personnels ils pourront tirer de l'adhésion à une association. La tâche des bibliothèques roumaines est maintenant, selon Hermina Anghelescu, d'adopter une attitude résolument tournée vers la satisfaction des besoins des lecteurs.

    Catalogues des bibliothèques ottomanes

    L'auteur, Isam E. Erunsal, décrit un catalogue récemment retrouvé, qui pourrait bien être le plus ancien connu aujourd'hui. Il date sans doute de 908 de l'ère de l'Egire, soit 1501, sous le règne du sultan Bayezid 1er. Il aurait été rédigé par Sah Celebi ibnü'l-Fenari. Ce catalogue contient la description de 796 livres ayant appartenu à Mehmet le Conquérant, dont 41 livres donnés par un haut personnage de l'État et 389 donnés par des érudits. Une partie des notices semblent avoir été recopiées d'un autre catalogue. Leur contenu est le suivant : titre et auteur, description physique du livre, de la reliure, nombre de pages enluminées, date de l'exemplaire, nom du donateur. Il est indiqué quelquefois la couleur des encres et le genre d'écriture, très rarement le nom du copiste.

    On connaît donc maintenant trois catalogues ottomans pour le XVIe siècle, deux décrivant les fonds de la Bibliothèque de la Mosquée de Mehmet le Conquérant, le troisième étant celui de la Bibliothèque du Palais. Le deuxième catalogue est dû à Haci Hasan-Zade et date de 1560. Dans son introduction, celui-ci explique «pourquoi la science est nécessaire pour une meilleure compréhension de la religion et propose une brève histoire des bibliothèques, avant de décrire la collection. Si la Bibliothèque de la Mosquée décrit plus minutieusement les ouvrages, c'est parce qu'elle est une bibliothèque de prêt et qu'elle doit vérifier que l'exemplaire rendu est bien celui qui a été prêté.

    Celui de la Bibliothèque du Palais date aussi de 1501 ; dans l'introduction sont rappelées les règles de la classification. La Bibliothèque du Palais devant servir à la cour, le rôle du bibliothécaire était de pouvoir trouver rapidement (déjà l'information nécessaire à l'exercice du pouvoir.

    Istanbul au coeur des échanges Est-Ouest

    Pamela Spence Richards s'est intéressée à la place d'Istanbul dans les échanges Est-Ouest. Au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Empire ottoman a favorisé la présence européenne. Les créations d'écoles ou d'universités d'origine européenne furent nombreuses : ainsi par exemple le Robert College ou l'American College for girls d'Istanbul, institutions fondées par les Américains et fonctionnant selon les critères en usage outre-Atlantique. Les Français et les Allemands offraient de semblables institutions. La fascination pour l'Empire ottoman était grande, on le sait du côté européen, Istanbul étant une source incomparable pour qui s'intéressait à l'Islam. La première presse n'ayant été autorisée qu'en 1728, la consultation des 73 000 manuscrits de la Bibliothèque de la Mosquée de Soliman est irremplaçable. Les découvertes de Schliemann à Troie ont aussi participé de ce mouvement d'engouement envers la Turquie. Une chaire d'études orientales fut fondée à Saint-Pétersbourg en 1863, de nombreuses revues orientalistes naquirent ici et là.

    La nouvelle République de Mustafa Kemal fut plus favorable à la pénétration occidentale. Mustafa Kemal appela John Dewey pour concevoir une nouvelle organisation de l'éducation. Après 1939, nombre d'universitaires démissionnés de leur charge en Allemagne par le régime nazi travaillèrent dans les universités d'Istanbul ou d'Ankara. Et, souligne Pam Richards, « quand la Bibliothèque nationale ouvrit en 1948, son catalogage était effectué selon les normes prussiennes ». La plus grande réforme de Kemal fut, on le sait, l'adoption de l'alphabet romain. Si la volonté de Kemal était de promouvoir des études visant à conforter sa volonté de différencier les Turcs des autres pays musulmans (rappelons qu'il a créé une République laïque), des instituts européens renommés développèrent des études sur l'époque ottomane.

    Istanbul reste aujourd'hui, selon Pam Richards, une source majeure pour toutes les études sur la culture islamique et un noeud central pour tous les échanges intellectuels entre l'Orient et l'Occident.

    Réunion du Groupe Femmes

    Une communication a présenté l'équivalent turc de la Bibliothèque féministe Marguerite Durand : démarrage grâce au soutien logistique et financier de la municipalité d'Istanbul, constitution du fonds et insertion dans une zone populaire.

    L'ouverture, à certaines heures, de la bibliothèque aux enfants du quartier, en l'absence d'autre établissement proche pour répondre à leur besoin de consultation de dictionnaires et d'ouvrages de référence, a permis une appropriation de la bibliothèque par les habitants du quartier.

    Une collègue chinoise a présenté le résultat d'une enquête effectuée dans un échantillonnage de bibliothèques de son pays sur les motivations des femmes exerçant la profession de bibliothécaire, sur leurs conditions de travail, leur degré de satisfaction, leur façon d'envisager leur avenir dans les bibliothèques.

    1. « Nous devons accepter tranquillement l'incertitude et rester confiant dans un rôle confus. retour au texte

    2. Voir sur ce point Istvan Kiraly, Fonds secrets ou fonds interdits ? une esquisse d'histoire des fonds secrets des bibliothèques de Roumanie -, Bulletin des bibliothèques de France, 4, 1994. retour au texte