En 1997, la conférence annuelle de la Ligue des bibliothèques européennes de recherche s'est tenue à Berne du 1er au 5 juillet et avait pour thème : "The Teaching Libra¡y".
Elle s'articulait autour des travaux des quatre divisions :
Ayant plus particulièrement suivi les interventions de la division développement des collections, je me limiterai à faire le compte-rendu de celles-ci. Les thèmes abordés dans cette session insistaient sur deux notions fondamentales : la formation et l'évaluation.
Valérie Tesnière, dans son intervention, a mis l'accent sur l'utilisation du concept de développement de collection comme outil pour la formation et pour l'encadrement des personnels. A la Bibliothèque nationale de France, il a fallu tout d'abord, compte tenu des deux niveaux de consultation et de la constitution de nouvelles collections, définir le profil des collections requises. Ensuite, le personnel chargé des acquisitions a pu établir une charte documentaire. L'appropriation par les bibliothécaires de leur PDC (Plan de développement des collections) s'est révélée une méthode d'encadrement dynamique du personnel. Elle conclut sur la nécessité de formaliser un document écrit pour communiquer et se justifier au plan scientifique.
Dora Biblarz (Associate Dean, Arizona State University) a plutôt orienté son discours sur la notion de qualité totale qui, selon elle, ne peut se réaliser qu'à l'aide d'évaluations.
Mais comment évaluer les collections ? Existet-il une méthode pertinente ? Dora Biblarz cite d'abord une méthode empirique qui est souvent réalisée dans les bibliothèques universitaires : la création de bases de données, regroupant les cours, les programmes des différentes unités de recherche, les mots-clefs, les classifications utilisées.
Mais si l'on veut évaluer en profondeur et complètement les collections, un Plan de développement est indispensable et repose sur des objectifs préalables : quels documents sélectionnés ?, quelle couverture géographique ?, quel support acquérir ?, quelles relations entre disciplines ? C'est un document formel qui doit être au départ défini finement. Il faut également se poser la question : pourquoi est-il nécessaire et quand doit-il être écrit et mis à jour ?
Dora a poursuivi en insistant sur l'évaluation des collections et en fait le PDC se révèle l'outil indispensable pour réaliser ce travail. Elle a prolongé son intervention par la mise en place d'un atelier de travail où elle a livré quelques pistes pratiques pour illustrer son propos sur l'évaluation.
Il est souhaitable de ne pas vouloir évaluer toute la collection de la bibliothèque mais uniquement un fragment d'une discipline ; ce qui permet de mesurer plus rapidement les points forts et les lacunes dans tel ou tel domaine.
A partir du choix thématique, Dora Biblarz nous a livré une grille méthodologique de travail, comportant 10 points :
Cette liste n'est pas exhaustive et il faut également tenir compte de la couverture linguistique, des ouvrages édités dans le domaine évalué, ainsi que des périodiques publiés. Il ne faut pas oublier d'analyser le prêt entre bibliothèques ainsi que les consultations sur place (ne serait-ce que sur une journée), les prêts à domicile...
Existe-t-il des réseaux, des conventions avec d'autres partenaires ? Peut-on chiffrer les échanges ?
Le deuxième outil qu'elle propose pour évaluer une collection est de calculer l'âge médian des ouvrages constituant cette collection.
Ce calcul est obtenu de la façon suivante :
Tout d'abord, on comptabilise le nombre d'ouvrages existants, dans la bibliothèque sur un sujet choisi comme exemple. Ensuite on monte un tableau où l'on inscrit en haut la cote CDU, Dewey ou LC qui résume le sujet des ouvrages choisis et on liste les années de publication des ouvrages (voir tableau 1). Lorsque l'on atteint le milieu de la collection. on peut en fonction de l'année de ce livre dire que nous avons l'âge médian de la collection.
(Exemple : imaginons qu'une bibliothèque possède 100 ouvrages sur un sujet donné. Le travail consiste à noter les années de publication de ces ouvrages. L'année du cinquantième ouvrage donne une idée de l'âge médian de la collection)
Bien sûr ce n'est pas un outil absolument fiable et il faut yajouter d'autres analyses quantitatives et qualitatives pour avoir des résultats plus pointus. L'évaluation de collections est utile car elle permet d'identifier les domaines non ou mal couverts. Elle est un outil précieux pour construire une vraie politique documentaire et une aide pour orienter les choix à court et à long terme.
A l'issue de cette table ronde, les participants ont tous été conscients de l'importance d'avoir un document écrit, formalisant dans un premier temps leur politique documentaire, et permettant d'évaluer ultérieurement leurs collections.
La Division des acquisitions de LIBER envisage l'organisation d'un séminaire au printemps 1998 pour finaliser ce document et pour préparer une maquette utilisable par chaque bibliothèque.