Durant les derniers mois, depuis les tristes nouvelles de nos collègues d'Orange, Marignane et Vitrolles, les bibliothécaires des pays européens se sont montrés très intéressés et inquiets sur le fonctionnement des bibliothèques municipales en France. Des journalistes se sont déplacés sur le terrain, ont rencontré nos collègues et particulièrement en Provence.
Le DIK, Dokumentation-Information-Kultur, organisme danois qui fédère les bibliothèques, nous adresse copie d'un article publié dans sa revue Dik Forum. En voici quelques extraits (traduction de l'anglais : C. Belayche)
Là ou gouverne le Front national, dans le sud de la France : les bibliothèques deviennent des outils de l'extrémisme de droite.
Les autorités municipales exercent un contrôle tatillon sur les acquisitions et favorisent clairement les maisons d'édition et publications du Front national. Le personnel des bibliothèques, qui assume cette hiérarchie, est épuisé et licencié. Tout contact de ce personnel avec les médias est interdit. Telle est la situation des bibliothécaires dans quatre villes du sud de la France qui sont tenues par le parti d'extrême-droite français, le Front national.
Normalement, visiter une bibliothèque pour un journaliste n'est pas un problème. Cette fois-ci, un sentiment de malaise remplit l'espace quand nous entrons dans la bibliothèque municipale de Vitrolles, abritée dans un bâtiment des années 1970.
Le personnel derrière le bureau de prêt regarde la caméra du photographe avec suspicion. Ils parlent entre eux à voix basse Ce n'est pas qu'ils désapprouvent notre présence, mais les autorités municipales ont interdit l'accès des journalistes sans autorisation...
Lars Truedson, auteur de l'article, poursuit en expliquant la situation faite depuis les élections municipales de 1995, le départ de Martine Pichon, les positions du FN sur les bibliothèques comme instrument de leur combat idéologique.
Le DIK a pris l'initiative de créer, avec d'autres associations de Suède et d'autres pays, un document :
« Défendre les bibliothèques françaises contre les attaques du front national » document traduit en plusieurs langues et présenté à l'IFLA. L'un des résultats de cette action a été la création à l'IFLA du FAIFE (pour la liberté d'expression) dont Britt Marie Haggstrôm, présidente du DIK, est responsable.
Pour nos collègues étrangers, cette liberté est indivisible, on le ressent également dans l'intérêt que leurs correspondants portent à d'autres sujets, comme... le droit de prêt qui fera l'objet d'un article dans une revue suédoise dans les prochaines semaines. L'Europe des bibliothèques en quelque sorte !