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    Fondation Custodia

    L'Institut Néerlandais

    Par Anneke Kerkhof *, Conservateur Bibliothèque de l'Institut néerlandais

    L'Institut néerlandais a été créé le 20 juillet 1956, conjointement par le gouvernement néerlandais et la Fondation Custodia. À l'origine des deux institutions, se trouve le grand collectionneur d'art Frits Lugt. Il légua sa collection d'art à la Fondation Custodia qui la gère toujours aujourd'hui ; quant à l'Institut Néerlandais, il devint le centre culturel des Pays-Bas. On y organise des concerts, des conférences, des expositions, des cours de langues, le tout centré sur la culture néerlandaise. Les deux institutions, bien qu'ayant des identités très distinctes, sont étroitement liées, surtout les bibliothèques qui ne diffèrent que par leur ex-libris et leur budget. En effet, Frits Lugt possédait en plus de sa collection de dessins, de peintures et de gravures une bibliothèque impressionnante sur l'histoire de l'art, qui au cours de ces dernières années s'est considérablement accrue.

    Bibliothèque

    Les collections jointes des deux bibliothèques comprennent environ 200 000 volumes, dont 250 périodiques. L'objectif de la collection est d'offrir une image aussi complète que possible des beaux-arts et arts décoratifs des Pays-Bas et des Flandres. De plus, la section histoire de l'art comprend un très grand nombre d'ouvrages sur l'évolution de l'art dans d'autres pays européens, notamment la France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie : les ouvrages traitant d'oeuvres antérieures à 1900 sont particulièrement bien représentés. Enfin, une partie importante est consacrée aux ouvrages relatifs à la miniature indienne et persane, appui important pour la collection de miniatures indiennes que possède la Fondation Custodia.

    La collection d'ouvrages anciens offre une vue d'ensemble de la qualité exceptionnelle des livres publiés aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles aux Pays-Bas.

    Frits Lugt avait une prédeliction pour les ouvrages illustrés : les livres d'emblèmes, les livres topographiques, les chansonniers, pour la plupart des recueils de poésies galantes dans lesquels on trouve pêle-mêle le meilleur et le pire etc.

    Les sujets des ouvrages de la collection sont très diversifiés. C'est ainsi qu'on y trouve le livre Entrée joyeuse de Ferdinand d'Autriche , illustré par P P. Rubens et édité par Plantin, un livre sur le maniement des armes qui est le manuel le plus complet que l'on ait jamais vu sur l'escrime de Gérard Thibault édité par Elzevier ou le Wapenhandelinghe de Jacques de Gheyn II, avec 177 estampes splendides illustrant le maniement de l'arquebuse etc. En effet, Frits Lugt cherchait à reconstituer une bibliothèque idéale d'un homme vivant au XVIIe siècle aux Pays-Bas.

    Les autographes de la Fondation Custodia (plus de 40 000) forment une partie fascinante du fonds. L'accent de la collection est mis principalement sur les lettres illustrées comme complément aux dessins, car Frits Lugt s'intéressa particulièrement à l'écriture des artistes : « La main qui écrit la lettre est aussi celle qui trace le dessin ». Sous la direction de Carlos van Hasselt, après la disparition de Frits Lugt en 1970, la collection d'autographes est devenue un domaine autonome avec des ensembles de lettres adressées à un artiste, ou des dossiers retraçant la genèse d'une oeuvre. La Fondation possède par exemple une correspondance entre Mondrian et van Doesburg avec l'architecte Oud.

    Les lettres illustrées constituent les autographes les plus originaux : ainsi la lettre de Durer embellie d'une rose, d'une balayette et d'un chien, la délicieuse lettre de George Lemmen à madame Weber dans laquelle il raconte son voyage ou encore la lettre de Jozef Israëls avec une esquisse à la manière de Rembrandt, celle de Kees van Dongen avec un dessin de Montmartre où il habitait, etc.

    La littérature néerlandaise constitue un autre domaine important de la bibliothèque. La collection comporte un grand nombre d'oeuvres littéraires, prose et poésie, tant en néerlandais qu'en traduction française. La littérature moderne d'après 1945 constitue la spécialité de la bibliothèque ; néanmoins, la littérature ancienne est également représentée par un choix d'oeuvres de qualité (en édition moderne ou ancienne). On y trouve aussi un nombre d'ouvrages sur l'histoire de la littérature néerlandaise, les arts du livre aux Pays-Bas (typographie, reliure, illustration, imprimerie, édition).

    Outre ces spécialités, la bibliothèque comporte des plus petites sections sur l'histoire néerlandaise, le folklore, les us et coutumes, la religion, la science, la Maison d'Orange, ou encore la géographie et la topographie des Pays-Bas. Des oeuvres encyclopédiques concernant l'art, la littérature et la musique néerlandaise, ainsi que des ouvrages techniques viennent compléter la collection.

    Informatisation

    La bibliothèque (ouvrages anciens et modernes) ainsi que les autographes et les marques de collection sont en cours d'informatisation. Prochainement, la bibliothèque de l'Institut néerlandais disposera avec l'ambassade des Pays-Bas d'un site sur le Web, sur lequel figureront les informations concernant le programme culturel de notre Institut, sur les cours de langue et les divers services offerts.

    La bibliothèque prévoit également une collaboration étroite avec l'Institut National de l'Histoire de l'art (INHA) afin de rendre les recherches bibliographiques plus faciles et permettant de mieux cibler les besoins des chercheurs.

    Ceci ne veut pas dire pour autant que la bibliothèque de l'Institut néerlandais est en passe de devenir une bibliothèque virtuelle....

    Des visiteurs intéressés

    Depuis les travaux d'aménagement de la bibliothèque, le nombre de visiteurs s'est accru d'une façon sensible. Le plus souvent, les visiteurs s'orientent vers des recherches d'ordre artistique. Les chercheurs sont en priorité des historiens d'art, des étudiants de l'école du Louvre ou de l'université, ainsi que des collectionneurs et les marchands d'art.

    Nous accueillons également un grand nombre de personnes intéressées par la culture néerlandaise en général. Les sujets recherchés vont des champs de tulipes aux polders, en passant par la famille royale, les expositions aux Pays-Bas, la situation politique et l'attitude néerlandaise concernant la libéralisation des drogues douces.

    Nous essayons de répondre à toutes ces questions ou de diriger ces personnes vers les organismes compétents.

    La section littéraire a un public et un statut différents : le service de prêt payant (100 F d'adhésion et 100 F de caution). Les utilisateurs de cette section sont souvent nos élèves qui apprennent le néerlandais à l'Institut néerlandais ou dans les différentes universités parisiennes, même parfois de Lille et d'Amiens. La première visite se fait souvent avec leurs professeurs, qui dirigent leurs travaux et les familiarisent avec le système bibliographique des Pays-Bas.

    Enfin, les néerlandophones habitant Paris ou la région parisienne profitent aussi du service de prêt de la bibliothèque néerlandaise à Paris.

    Vignette de l'image.Illustration
    Institut néerlandais