Les collections de la bibliothèque ont été constituées à la fin du siècle dernier. Le bombardement du 24 août 1870 détruisit totalement celles du musée des Beaux-Arts. Lorsqu'il fut reconstitué, à partir des années 1890, une bibliothèque lui fut annexée en même temps qu'un Cabinet des estampes, logés au palais Rohan.
Par ailleurs, le musée des Arts décoratifs avait sa propre bibliothèque constituée d'ouvrages sur les arts appliqués et d'une importante collection de documents graphiques.
En 1939, les deux bibliothèques furent fondues en une seule qui fut baptisée Bibliothèque des musées de Strasbourg (BDMS). Elle avait encore une direction commune avec le Cabinet des estampes, et était chargée de réunir la documentation des huit musées d'art et d'histoire de la ville. Strasbourg est en effet une des rares villes en France à avoir organisé ses musées en réseau, doté de services communs (régie, ateliers de reliure et d'encadrement, documentation, bibliothèque...).
En 1983, la bibliothèque déménage place du Château et se sépare d'avec le Cabinet des estampes.
En 1998, deuxième et dernier déménagement dans les murs du musée d'Art moderne et contemporain (MAMCS). C'est l'ensemble des collections qui est transféré sur le nouveau site. La bibliothèque conserve donc son caractère encyclopédique : sont concernés tous les domaines et toutes les époques de l'art. Cela explique l'ampleur et la nature des collections.
Elles représentent aujourd'hui environ 100 000 volumes.
Il compte plus de 600 titres de revues d'art anciennes, en toutes langues, auxquels s'ajoutent 250 abonnements aux principales revues d'art.
Elles s'organisent autour de trois points forts : les beaux-arts, les arts décoratifs et l'Alsace.
Dès l'origine, la bibliothèque a été ouverte au public et les acquisitions ont toujours tenu compte des besoins de ces usagers extérieurs aux musées. Elle conserve donc les principaux ouvrages de référence dans toutes les disciplines de l'histoire de l'art.
Comme toutes les bibliothèques d'Alsace, elle possède son fonds d'alsatiques. Il reprend le classement général des magasins de livres : les arts et traditions populaires en Alsace, la gravure, la sculpture, l'histoire de l'Alsace, etc. À noter : 1 500 monographies d'artistes alsaciens et autant de catalogues d'expositions organisées en Alsace. Soit un fonds de 7 000 documents.
Mais cette bibliothèque d'art est aussi et avant tout une bibliothèque de musée, spécificité qui imprime fortement sa marque aux collections :
La mission première de la bibliothèque est de constituer la documentation nécessaire au personnel scientifique des musées pour l'étude et les acquisitions d'oeuvres, et pour l'organisation des expositions.
C'est également une bibliothèque ouverte au public, gratuitement, sans conditions ni formalités, pour une consultation sur place uniquement.
La nouvelle bibliothèque va ouvrir ses portes au public le 7 novembre prochain, avec la volonté d'accueillir un très large public.
C'est une des composantes les moins connues du patrimoine de la Bibliothèque mais une de ses grandes richesses. Le fonds ancien comprend les principales revues d'art du tournant du siècle. Elles ont été présentées lors de l'exposition « L'Europe des revues d'art tenue au palais Rohan en 1991, qui avait largement fait appel au fonds de la bibliothèque.
Une des particularités de la BDMS est de conserver un nombre très important de revues germaniques parues entre 1880 et 1918 et entre 1940 et 1944, qu'elle est parfois la seule ou une des rares bibliothèques en France à posséder. Les revues Art nouveau y sont particulièrement bien représentées. Citons quelques titres assez rares : Ver Sacrum (revue de la Sécession viennoise), Der Sturm (celle des expressionnistes berlinois), Jugend, Simplicissimus, Pan, Zeitschriftfûr Bildende Kunst.
Ce fonds est exceptionnellement riche car la bibliothèque a procédé à l'achat systématique des meilleurs titres paraissant en France et en Allemagne: les jeunes parutions françaises comme L'Art décoratif, Art et Décoration, L'Estampe et l'Affiche, les parutions allemandes comme Deutsche Kunst und Dekoration, Dekorative Kunst, complétées par quelques indispensables titres anglais tels The Savoy et The Studio.
Les revues sont pour la plupart conservées depuis leur origine. C'est le cas pour La Gazette des beaux-arts, depuis 1859, et Art et Décoration, depuis 1897. Si la collection n'est pas complète, des achats rétrospectifs sont effectués chaque fois que c'est possible. Ce fut le cas en 1995 et 1996 pour les Cahiers d'art, en 1997 pour Cimaise.
Pour compléter ce fonds ancien, les efforts de la bibliothèque se sont portés sur l'acquisition de revues émanant des différentes avant-gardes du début du siècle, dadaïstes et surréalistes en particulier : Manomètre du docteur Malespine à Lyon, Merz de Kurt Schwitters, 291 et 391 de Picabia par exemple. Et, dans la perspective de l'ouverture du MAMCS, ils ont porté aussi sur l'achat de revues relatives aux expressions artistiques contemporaines, par exemple les revues situationnistes des années 1960.
Il s'agit de revues apparues dès 1840, mais que la bibliothèque ne conserve que depuis les années 1900 : La Revue de la photographie, Photographische Rundschau, Photo-Pêle-Mêle : la revue illustrée des amateurs photographes (19001910) ; La Photo pour tous 09191933). Dans les années 1940, sont à signaler les numéros spéciaux d'Arts et Métiers graphiques entièrement consacrés à la photographie.
Ce fonds est complété par des revues techniques : La Photographie des couleurs (1907-1911), Le Photographe (1923-1928), Plavic Magazine: la revue dédiée aux amateurs photographes (19261930). Ce sont des acquisitions rétroactives effectuées depuis une vingtaine d'années auprès de collectionneurs, au fur et à mesure que se constituaient les collections photographiques du musée d'Art moderne.
Après les années 1950, la bibliothèque conserve des revues comme Caméra et Photographie nouvelle.
Le fonds couvre la période 18301950. Les titres sont nombreux : journal des dames et des modes, journal des demoiselles, journal des modistes, le Moniteur de la mode, le Moniteur de la coiffure, le journal des ouvrages de dames, la Gazette du bon ton, et plus récemment Modes et Travaux... C'est un fonds particulièrement vulnérable car abondamment illustré de gravures en couleurs qui se prêtent bien à l'encadrement... Ce fonds n'est plus actualisé si ce n'est ponctuellement par des dons : Vogue par exemple.
Il s'agit d'une très importante collection, rassemblée depuis le début du siècle principalement par le biais des échanges de publications, éditées par les musées français aussi bien qu'étrangers.
En 1897, Wilhelm Bode, directeur des Musées royaux de Berlin, est chargé de créer à Strasbourg un Kunstgewerbe Museum avec un objectif à la fois didactique et technologique : le renouveau et la valorisation de l'art décoratif à travers le rassemblement le plus varié d'exemples pouvant servir de modèles. Ce nouveau musée répond tout à fait à ces voeux : il propose documentation et modèles aux différentes branches des métiers d'art. Les architectes et les artisans constituent pendant des décennies le public de la bibliothèque qui y est attachée. Ils viennent consulter la collection d'ouvrages sur les arts appliqués et l'abondante documentation graphique : manuels, ouvrages techniques, répertoires de formes. Le dimanche en particulier, la bibliothèque leur était ouverte. Ainsi, en 1992, la bibliothèque a-t-elle reçu en don la très belle table de travail qu'un sertisseur-bijoutier de Strasbourg lui a léguée en souvenir des matinées dominicales qu'il avait coutume d'y passer de 1920 à 1950.
Ce fonds concerne tous les métiers d'art et d'artisanat. Un exemple : l'Encyclopédie Roret, composée de manuels à l'usage des différents corps de métiers : luthier, relieur, taille-doucier, ciseleur, charpentier, serrurier, plombier-zingueur... Ou encore L'Art du menuisier de Roubo, gros ouvrage en cinq volumes publié en 1769 et abondamment illustré de planches gravées. Il vient de faire l'objet d'un reprint.
Au nombre de 3 000, ils forment une collection très fragile parce que constituée de portfolios de planches souvent en couleurs et de très grand format. Ils étaient destinés aussi bien aux artistes et aux artisans (au sens noble du terme) désireux de renouveler leurs sources d'inspiration qu'aux élèves des écoles d'art décoratif. Les professeurs de ces écoles apportaient d'ailleurs leur contribution. La bibliothèque possède ainsi plusieurs superbes ouvrages d'Anton Seder sur les applications ornementales des plantes et des animaux. Il enseignait à l'école de Strasbourg à la fin du siècle dernier.
Le classement des livres dans les magasins témoigne de l'importance de ce fonds : arts du feu, du bois, du verre, du métal, du textile... Le fonds de livres sur la céramique conservait de façon exhaustive tout ce qui existait sur le sujet jusqu'en 1960. Il est dû à l'intérêt pour le sujet d'un conservateur des musées, Hans Haug. Lui disparu, les acquisitions se firent plus rares. Cette documentation est bien connue des spécialistes de la place, qui sont tout prêts à collaborer pour que ce fonds soit actualisé.
Elles viennent bien entendu compléter cette documentation dans tous les domaines. Pour donner une idée, citons La France horlogère, La Revue de bijouterie-joaillerie-orfèvrerie, La Revue de la céramique, La Construction moderne, L'Art industriel...
Ce sont des documents souvent fragiles, éphémères, très vite épuisés et rarement réédités. Leur collecte au moment de leur publication est essentielle. Car les catalogues d'exposition constituent un instrument fondamental de la recherche en histoire de l'art, indispensable pour l'étude des oeuvres et la constitution de dossiers d'artistes.
Ils sont d'importance matérielle fort variable et ont beaucoup évolué ces vingt dernières années. On est passé de la définition minimale du catalogue d'exposition (une simple feuille portant la liste des oeuvres exposées) à des ouvrages de référence de plusieurs milliers de pages qui font aujourd'hui le point sur un artiste ou un sujet et sont vendus en librairie.
La BDMS les collecte depuis fort longtemps en menant une politique d'échanges systématiques ou ponctuels avec diverses institutions. Cette politique s'est considérablement développée du fait du nombre croissant des expositions organisées et de la politique éditoriale ambitieuse des musées. Les publications des musées de Strasbourg sont très demandées et constituent une excellente monnaie d'échange. À chaque nouvelle parution, une certaine quantité de catalogues est réservée à la bibliothèque. Ce nombre est toujours très largement calculé, car les conservateurs des différents musées tiennent énormément à cette source d'enrichissement. La bibliothèque est donc en correspondance régulière avec plus de 400 musées et galeries en France et à l'étranger. Partenaires privilégiés : les musées allemands et suisses qui sont nos voisins mais aussi les musées belges, américains, canadiens, espagnols, japonais...
Les catalogues d'exposition ne sont pas mis en libre accès mais sont conservés en magasins car il est trop difficile -voire souvent impossible - de les remplacer lors-qu'ils se trouvent détériorés. Et, s'ils sont disponibles, ils coûtent souvent très cher sur le marché de l'occasion. Exemple : la série des Paris (Paris-New York, Paris-Berlin, Paris-Moscou, Paris-Paris), catalogues des grandes expositions-phares du MNAM dans les années 1970-1980, depuis longtemps épuisés et que les collectionneurs recherchaient à prix d'or. Leur réédition dans la collection Bouquins permet de les mettre en libre accès.
Sont conservés également les cartons d'invitation : ce sont des documents très précieux, souvent la seule trace qui reste d'une manifestation. C'est aussi quelquefois le seul moyen de connaître la date d'une exposition, celle-ci n'étant pas mentionnée dans le catalogue.
Ce fonds est constitué de quelque 10 000 catalogues de vente anciens, surtout de ventes de collections particulières et de ventes d'ateliers d'artiste. Documentation très précieuse pour qui cherche à reconstituer l'histoire d'une oeuvre, mais qui est peu exploitée à la bibliothèque faute d'être scientifiquement recensée.
L'actualité du marché de l'art est couverte par les abonnements aux catalogues des salles de vente nationales et internationales :
La réserve est constituée majoritairement par les livres illustrés, les livres d'artiste et les livres-objets. La BDMS n'a jamais eu vocation à constituer une collection de bibliophilie. C'est donc parce qu'ils ont un rapport très étroit avec les artistes ou les oeuvres des musées que ces ouvrages ont été acquis.
Cette spécialité française qu'à l'étranger on appelle « French beau livre existe depuis cent ans. Fruit de la collaboration d'un écrivain et d'un artiste, le livre illustré représente l'idéal de l'art du livre.
La bibliothèque en conserve plusieurs milliers. Citons, parmi bien d'autres, les livres illustrés par Jean Arp, Victor Brauner, Marc Chagall, Robert Delaunay, James Ensor, Max Ernst, Parmiggiani, Picasso, Man Ray... et bien sûr, un grand nombre d'artistes nés ou ayant vécu en Alsace.
Le livre d'artiste est aux antipodes du livre illustré. S'il est d'apparence plus modeste, il est beaucoup plus ambitieux dans son propos. Conçu dans sa totalité par un artiste à qui appartient la responsabilité de l'idée et de son exécution, il propose une autre conception de l'amour des livres.
Né dans les années 1960 avec les mouvements d'arts plastiques d'avant-garde comme le nouveau réalisme en France, le pop art aux États-Unis et Fluxus en Allemagne, il utilise les moyens de reproduction et de communication de masse, livre, cassette, bande magnétique... Publication de format modeste le plus souvent, pas chère et tirée parfois à plusieurs milliers d'exemplaires, le livre d'artiste n'est pas un livre rare au sens bibliophilique du terme. Mais c'est un lieu d'expérimentation.
À la bibliothèque, une liste des artistes du musée ayant une activité éditoriale plus ou moins régulière a été établie, et nous nous efforçons de constituer des ensembles aussi complets que possible de leurs publications. On peut citer Jean Arp encore, Christian Boltanski, Stanley Brouwn, Camille Bryen, Robert Filliou, Gaston Chaissac, Francis Picabia, Ivan Goll, Kurt Schwitters... C'est un fonds de 300 unités qui s'accroît règulière-ment, car la bibliothèque est abonnée à de nombreux catalogues d'antiquariat et saisit les opportunités. Quand un livre dépasse ses possibilités financières, c'est le MAMCS qui se porte acquéreur sur ses crédits d'acquisition d'oeuvres. La bibliothèque achète également des livres d'artistes locaux, par exemple les « Cahiers d'artistes une collection de Livre-Objet créée par Michel Dejean.
Aujourd'hui, le sens du livre d'artiste s'est élargi et désigne plutôt un livre où l'artiste est présent. Les artistes sont nombreux à intervenir dans les catalogues de leurs expositions : Daniel Buren, Paul Armand Gette, Ben, Byars...
Comme on parle de livres d'artiste, on parle de vidéos d'artiste. La bibliothèque a commencé à constituer une collection qui sera consultable dans la salle de lecture et pourra être projetée dans l'auditorium du MAMCS.
C'est Georges Hugnet qui le premier baptisa livres-objets les livres de ses amis surréalistes pour lesquels il concevait des reliures-sculptures. Aujourd'hui, les héritiers en sont ces livres précieux qui se rapprochent du livre illustré en cela qu'ils sont le fruit d'une collaboration : celle d'un auteur qui apporte le texte et d'un artiste qui crée un emboîtage original. Les matériaux sont résolument contemporains : Plexiglas, aluminium, verre.
Il existe une deuxième sorte de livre-objet, tout entière sculpture cette fois, qui n'a plus du livre que la forme. Et qui, quelquefois, n'a même plus la forme d'un livre... L'accent est mis sur la fonction picturale ou sculpturale au détriment de la fonction de communication d'un texte. La bibliothèque en possède une collection assez modeste (une trentaine environ), toujours en relation étroite avec les artistes présents au musée.
Par exemple :
Les livres-objets sont extrêmement fragiles et devront être retirés des rayonnages compacts car ils en supportent mal les vibrations. Chacun reçoit un conditionnement approprié qui le protège ainsi que ses voisins, et chacun est équipé d'une cote spéciale.
Comme on le voit, la typologie de ces différents ouvrages d'art est complexe et leur statut est ambigu. Sont-ils des livres, des sculptures ? Quand ce sont des livres, sont-ils des catalogues d'exposition ou des livres d'artiste, ou des livres-objets ou deux choses à la fois ? Leur place est-elle à la bibliothèque, au Cabinet d'art graphique, au musée ? Tout le monde ne résout pas le problème de façon identique. Ainsi, les livres d'artiste à la BN sont conservés au Cabinet des estampes. À la documentation du MNAM, c'étaient les livres illustrés qui se trouvaient au Cabinet des arts graphiques. À la BDMS, après concertation, il a été décidé ceci : tout document comportant du texte est conservé à la bibliothèque, tout ce qui est estampe originale (sans texte) est conservé au Cabinet d'art graphique ou au Cabinet des estampes. C'est ainsi que sont entrés dans les collections de la bibliothèque tous les ephemera : tracts, manifestes, affichettes Dada et surréalistes qui faisaient auparavant partie des collections du musée d'Art moderne.
Gustave Doré est né et a passé ses premières années à Strasbourg. Il sera très présent au MAMCS, où une salle lui sera consacrée. On y verra des oeuvres de la collection Samuel-Francis Clapp, acquise par le musée d'Art moderne en 1993 et qui comprend, outre des aquarelles, gouaches, lavis et dessins, 132 livres illustrés. Éditions originales, cartonnages d'éditeurs ou reliures de luxe, cette nouvelle collection Doré vient compléter la centaine de livres que possédait déjà la bibliothèque.
Depuis 1975, date de sa première donation de jouets aux musées de Strasbourg, Tomi Ungerer n'a pas cessé de faire des dépôts successifs. Avec les jouets, il faisait également don de la documentation qu'il avait réunie sur le sujet :
Ce sont ces derniers qui sont conservés dans un fonds spécial à la bibliothèque et qui complètent la documentation sur les jeux et les jouets classée dans le fonds général (environ 600 titres).
On imagine sans peine les problèmes que pose la conservation du patrimoine ainsi rassemblé. Constituée principalement d'ouvrages édités entre 1850 et 1950, une grande partie du fonds souffre de la mauvaise qualité des papiers, que leur acidité voue à une mort plus ou moins rapide. Et les caractéristiques physiques des ouvrages compliquent la tâche et rendent difficile leur bonne conservation :
La bibliothèque a donc le souci constant de préserver et de protéger ses collections contre l'usure naturelle du temps, mais aussi contre les mauvais traitements que peuvent leur infliger les lecteurs et, par maladresse ou ignorance, le personnel lui-même.
Depuis une dizaine d'années, ont été mises en place diverses opérations destinées à assurer une meilleure préservation de ces collections patrimoniales : dépoussiérage (achat d'un aspirateur « Muséum Muntz particulièrement adapté au nettoyage des livres), nettoyage des reliures (achat d'un fer à solar pour décoller les étiquettes de cote), entretien des cuirs et des cartons.
Outre des magasins de livres climatisés (température et hygrométrie) et la pose d'une étiquette antivol dans tous les documents, la BDMS assure à ses collections :
Voilà plusieurs années que la bibliothèque dispose de crédits pour acquérir des produits de longue conservation, papiers et cartons non acides, enveloppes et boîtes de conservation. L'idéal serait de pouvoir équiper ainsi tous les documents. Mais l'aspect économique de la conservation ne peut être négligé, et ce conditionnement coûteux est réservé en priorité aux ouvrages de la réserve. Les autres livres sont dotés d'une couverture en plastique qui leur évite d'être dégradés par les étiquettes. Dans une bibliothèque de musée, il faut en effet penser à l'utilisation muséale qui peut être faite non seulement des documents précieux, mais aussi des documents plus ordinaires susceptibles de porter témoignage d'un mouvement, d'un artiste... Toujours pour les ouvrages de la réserve, l'équipement est le plus léger possible : pas de codes-barres, pas de filmolux (sinon sur la couverture ou l'emboîtage), pas d'antivol (mais une surveillance rapprochée).
C'est une chance pour la bibliothèque que d'avoir à sa disposition un atelier de reliure. Cela permet de restaurer ou de réparer les reliures dès les premiers signes de fatigue. Et, lorsque les conditionnements du commerce ne conviennent pas, cet atelier fait du « sur mesure ». C'est le cas pour les grands formats, pour lesquels une campagne de restauration des portfolios a été entreprise.
Mais la reliure n'est pas systématiquement applicable à tous les livres, et de nombreux documents sont laissés chaque fois que c'est possible dans leur état d'origine. C'est vrai en particulier pour les périodiques. Certains se raréfient très vite. C'est le cas d'une revue comme Art Forum, et en général des numéros de tête des revues d'art de qualité. La bibliothèque n'ayant pas les moyens de payer deux abonnements pour un même titre, de façon à pouvoir conserver une collection reliée destinée à la communication et une autre non reliée à des fins de sauvegarde et d'exposition, elle s'efforce de conserver les doubles dans leur état originel, munis de leur jaquettes.
La date d'édition limite autorisant la photocopie est fixée à 1920. C'est un essai. La bibliothèque Forney, qui a un fonds assez semblable à celui de la BDMS, avait posé comme limites 1920 et 1940 selon qu'il s'agissait de livres ou de périodiques. Elle envisage de porter ces dates à 1950, estimant que la sauvegarde des collections est à ce prix. Juste équilibre à trouver afin que des règles trop restrictives n'amènent pas le public à dégrader les livres.
En même temps qu'elle créait un fonds de 4 000 ouvrages en libre accès, la bibliothèque effectuait un récolement en profondeur, prenant en compte aussi bien les qualités matérielles du livre que son originalité, sa rareté, l'intérêt de son contenu du point de vue de l'histoire de l'art. La réserve s'est ainsi accrue de plusieurs centaines d'ouvrages.
À partir de critères de sélection différents de ceux de la réserve « précieuse s'est constituée une réserve « hors bibliophilie en quelque sorte. Où sont pris en compte l'intérêt et l'impact de l'exposition, la notoriété des artistes exposés, des auteurs des textes ou de la galerie, du rôle que cette dernière a joué dans la découverte et la promotion d'artistes nouveaux ou d'avant-garde. Près de 400 catalogues sont pour l'instant entrés dans cette nouvelle réserve.
La BDMS s'efforce ainsi d'assurer la pérennité du patrimoine artistique qui lui est confié, dont l'intérêt, la valeur et la fragilité vont sans cesse croissant. Elle accomplit ce faisant la première mission qui lui incombe : préserver et conserver ; sans pour autant négliger la deuxième : communiquer largement ce patrimoine. L'entrée libre, la mise en accès direct des ouvrages de référence, l'offre de documents multimédias (vidéocassettes et cédéroms) et de banques de données (Vidéo-muséum et Internet), tout est fait dans la nouvelle bibliothèque pour mettre ces fonds spécialisés à la portée de tous. Sans oublier l'informatisation des collections, commencée en janvier 1996. Depuis cette date, la BDMS participe au réseau documentaire local : bibliothèque municipale, École supérieure des arts décoratifs et Musée zoologique.