Index des revues

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    Chronique de la censure ordinaire


    La presse s'est fait l'écho de graves problèmes de censure dans les bibliothèques municipales des villes d'Orange, de Marignane ou de Vitrolles, tenues par des élus du Front national (ou aujourd'hui du Mouvement national républicain).

    On parle beaucoup moins de la censure ordinaire, qui existe cachée dans nombre de bibliothèques en France, et donc les collègues qui nous en ont fait la confidence refusent absolument de voir citer le nom de la ville. Ces villes sont régies par des élus de droite ou de gauche, les méthodes de contrôle ne varient pas suivant ce seul critère.

    Parfois, l'Inspection générale ou la direction régionale des affaires culturelles sont informées, parfois non, car les bibliothécaires soumis à ce contrôle hiérarchique de leurs propositions d'acquisitions ne l'ébruitent pas et demandent l'anonymat le plus absolu !

    Ici, le secrétaire général ne souhaite pas que figurent dans les collections des ouvrages sur l'islam ou l'homosexualité. Ailleurs, le maire juge que la bibliothèque n'a pas à offrir ses lecteurs des guides de voyage (« il y a des agences de voyages pour cela ») ou des revues concernant les beaux-arts (« il y a les musées ! »). Dans une autre, ce sont les disques de jazz ou de rap qui posent problème. Les bandes dessinées pour adultes sont également régulièrement contestées, ce qui entraînent des difficultés pour les bibliothécaires.

    Il s'agit clairement de politiques d'acquisitions assumées par des élus visiblement peu concernés par l'encyclopédisme des collections ou par l'ouverture de la bibliothèque à tous les publics sans discrimination, dans le respect du service public.

    Mais, après tout, les collections des bibliothèques municipales doivent-elles être encyclopédiques ou pluralistes ? Au nom de quels principes ? En vertu de quels textes législatifs ? Dès lors, quels sont les recours ?

    Les tribunaux administratifs ont parfois été saisis. Leurs arrêts, même favorables aux bibliothécaires, restent des réponses formelles et formalistes, utiles, nécessaires, mais qui ne contribueront pas à établir des principes fondateurs sur la constitution des collections des bibliothèques publiques...