Index des revues

  • Index des revues

Lectures et bibliothèques pour les jeunes

1964

    Lectures et bibliothèques pour les jeunes

    Compte rendu de la journée d'études organisée par la Section des petites et moyennes bibliothèques A.B.F.


    Le 10 mai 1964 a eu lieu la deuxième journée d'études organisée par la Section de la lecture publique de l'Association des bibliothécaires français. Cette journée portait sur le thème suivant : lecture et bibliothèques pour les jeunes (1) .

    La rencontre s'ouvre à 9 h. 30 dans les locaux modernes et accueillants de la Maison des jeunes et de la culture, récemment construite à Paris, avenue Maurice-Ravel.

    Un service d'accueil, organisé par la Section, reçoit les participants en leur remettant un dossier qui contient deux articles sur la lecture des jeunes, des bibliographies (ouvrages, documentaires et romans à l'intention des jeunes), des analyses de livres susceptibles d'intéresser la jeunesse, enfin une liste des participants.

    Environ cent quarante personnes assistent en effet à la journée. Ce chiffre marque un net progrès par rapport à l'année précédente avec une participation près de 50 % plus élevée.

    Si le public est constitué dans son immense majorité de bibliothécaires, on compte également quelques professeurs, des éducateurs, des représentants de mouvements. Leur apport se révélera précieux. Les bibliothécaires pré-sents relèvent de bibliothèques très diverses. Les bibliothèques municipales sont particulièrement représentées avec une quarantaine de participants.

    La journée se révèle également une vraie rencontre nationale puisque près de quarante personnes viennent de province. Cette participation, et le sacrifice qu'elle représente en temps et en argent, est vivement appréciée par les congressistes.

    Des personnalités enfin témoignent par leur présence de l'intérêt porté par de grandes institutions au développement des bibliothèques. Nous pensons notamment à M. Jacotin, inspecteur général au Ministère de l'Educa-tion nationale, et à son adjointe, Mme Marchais, dont on sait l'impulsion qu'ils ont donné au développement des services de documentation de lycée ; M. Dupouey, directeur général du Cercle de la librairie ; M. Trichaud, secrétaire général de la Fédération des Maisons de jeunes et de la culture ; M. Busson, secrétaire général de la Fédération des Centres sociaux ; M. Devaux, délégué des Jeunesses littéraires de France.

    Les deux exposés de la matinée retracent les préoccupations et les besoins de la jeunesse actuelle.

    Mlle Coutrot, docteur en Sciences politiques, membre du Comité mondial des Guides et Eclaireuses, dans un exposé très clair où s'allient analyse scientifique et expérience, rend compte des problèmes des jeunes dans leurs loisirs, leurs relations avec les adultes, leur attitude devant la vie. M. Trichaud, secrétaire général de la Fédération des Maisons de jeunes, qui lui succède, apporte son témoignage et présente un tableau des organisations et des institutions qui travaillent en faveur de la jeunesse.

    Ainsi, le problème de la lecture et des bibliothèques se trouve-t-il posé dans une perspective d'ensemble.

    Après les exposés du matin et une brève discussion générale, l'entracte de midi est consacré au repas au restaurant de la maison et à la visite des stands. Ceux-ci son consacrés à la bibliographie, à l'équipement et à la réparation des livres, aux revues pour les jeunes, aux livres de poche. Les expositions circulantes réalisées par la Section sont également présentées.

    Six carrefours où les participants se répartissent au choix, ouvrent l'après-midi. Ils portent sur les sujets suivants :

    • 1. Pédagogie de la lecture sous forme de réunions de lecture, cercles, débats autour du livre.
    • 2. Contribution de la lecture à la formation de l'adolescent. Recherches sur le contenu de la lecture et en particulier, sélection d'ouvrages (romans), intéressants au point de vue de l'éducation, du sens social, du caractère et du coeur.
    • 3. Itinéraire de lecture des jeunes. Paliers de lecture. Passage de la lecture d'enfant à celle de l'adolescent, puis d'adulte.

    Après les exposés du matin et une brève discussion générale, l'entracte de midi est consacré au repas au restaurant de la maison et à la visite des stands. Ceux-ci son consacrés à la bibliographie, à l'équipement et à la réparation des livres, aux revues pour les jeunes, aux livres de poche. Les expositions circulantes réalisées par la Section sont également présentées.

    Six carrefours où les participants se répartissent au choix, ouvrent l'après-midi. Ils portent sur les sujets suivants :

    • 1. Pédagogie de la lecture sous forme de réunions de lecture, cercles, débats autour du livre.
    • 2. Contribution de la lecture à la formation de l'adolescent. Recherches sur le contenu de la lecture et en particulier, sélection d'ouvrages (romans), intéressants au point de vue de l'éducation, du sens social, du caractère et du coeur.
    • 3. Itinéraire de lecture des jeunes. Paliers de lecture. Passage de la lecture d'enfant à celle de l'adolescent, puis d'adulte.
    • 4. Vie et fonctionnement d'une bibliothèque de jeunes (initiative, res-ponsabilités, participation des usagers).
    • 5. Liaison des bibliothèques de jeunes et des autres institutions culturelles.
    • 6. Problèmes de la lecture des adolescents à l'intérieur d'une bibliothèque d'adultes.

    commissions en vue du rapport en assemblée générale, des diapositives por-commissions en vue du rapport en asesmblée générale, des diapositives por-tant sur des bibliothèques de jeunes sont présentées à l'assemblée. On remar-que notamment une série de trente vues retraçant les différents événements qui marquent la vie de la bibliothèque d'une école professionnelle et technique (2) .

    Un débat général s'ouvre ensuite après compte rendu des différents carrefours. Nombreux sont les problèmes évoqués.

    La discussion prend fin sur une courte allocution de Mme Honoré, prési-dente de l'Association des bibliothécaires français, dont la décision d'accorder à la Section des Petites et Moyennes Bibliothèques, le titre plus significatif et depuis longtemps désiré par ses responsables, de Section de la Lecture Publique, est vivement applaudie et le vote d'une motion destinée à marquer la volonté de la Section de contribuer résolument au développement des bibliothèques de jeunes.

    Voici le texte de cette résolution :

    • Les Bibliothécaires réunis ce jour, plus conscients que jamais de ce que la Bibliothèque est pour le jeune une voie privilégiée d'accès à la culture,
    • - parce qu'elle respecte le développement personnel de chacun,
    • - parce qu'elle propose sans imposer,
    • - parce qu'elle suscite des activités intellectuelles et sociales,

    estiment nécessaire :

    • - une meilleure connaissance de ce qui intéresse les jeunes.
    • - la mise au point de nouvelles formules d'animation,
    • - la participation des jeunes eux-mêmes au fonctionnement des biblio-thèques qui leur sont ouvertes,
    • - le développement des moyens de formation à l'intention des respon-sables des bibliothèques à différents niveaux.

    Ils déplorent l'insuffisance quantitative et qualitative du réseau français de bibliothèques d'adolescents.

    Ils réclament :

    • - une coopération entre bibliothécaires et autres éducateurs,
    • - la multiplication des bibliothèques centrales d'établissements scolaires,
    • - un effort, à la mesure des besoins constatés, en faveur des biblio-thèques publiques, des bibliothèques de maisons de jeunes, centres sociaux et autres centres de jeunesse.

    Ils décident de poursuivre leurs efforts en faveur de la lecture chez les jeunes.

    NOTES PRISES AU COURS DE LA CONFERENCE DE MADEMOISELLE COUTROT

    Jeunesse 1964, psychologie, goûts, intérêt, comportement, tel était l'intitulé du sujet qui nous était présenté, sujet énorme qu'il faudra ramener à des proportions plus modestes. Ainsi j'ai fait un choix, peut-être un peu arbitraire, parmi les quelques indications globales que je pensais susceptibles de vous intéresser. Bien entendu, sans pouvoir distinguer selon les tranches d'âge, selon les sexes, selon les milieux, ce qui nous aurait entraîné beaucoup trop loin ; il nous faudra nuancer grâce à notre expérience personnelle. Je vais vous présenter simplement quelques réflexions puisées à ma double expérience, si limitée soit-elle, d'enseignante depuis de très nombreuses années et de responsable de mouvements de jeunesse. Je vais aborder ce sujet sous ses deux aspects, tout d'abord son aspect quantitatif, ce que les enquêtes d'opinion nous révèlent de la tendance générale de la génération de 1964, puis, en guise d'éclairage complémentaire, je voudrais évoquer l'aspect qualitatif, ce que l'expérience quotidienne, et le contact avec les jeunes nous révèle et qui, bien souvent, échappe aux statistiques ; enfin, et ce sera une forme de conclusion, nous pourrons réfléchir aux attitudes possibles des éducateurs en face de cette jeunesse, puisqu'il me semble qu'ici, quelles que soient nos fonctions, c'est bien une préoccupation commune d'éducateurs qui nous réunit.

    Tout d'abord donc, les leçons de quelques enquêtes d'opinion sur les centres d'intérêt, les goûts, les attitudes de la jeunesse. J'ai tiré ces indications d'un certain nombre d'ouvrages que vous connaissez bien : tout d'abord, l'enquête de l'Institut français d'opinion publique qui a été publiée et commentée par Jacques Duquesne, sous le titre « Les seize-vingt-quatre ans » (3) , c'est à ma connaissance, la première enquête à échantillonnage national qui ait porté sur ce sujet ; ainsi quelques laconiques qu'aient été certaines questions, les résultats doivent retenir notre attention. J'ai eu recours aussi à une enquête effectuée parmi le public des Maisons de jeunes et de la culture, et faite, sous le patronage de l'U.N.E.S.C.O., dans certains pays occidentaux et dans certains pays asiatiques, et qui concerne les valeurs auxquelles les jeunes sont attachés. C'est une publication des « Cahiers de l'Enfance », avril 1963. Et enfin, plus rapidement, car l'échantillonnage est plus limité, j'ai eu parfois recours à ces imposants volumes : « La jeunesse dans la famille et la société modernes» (4) , enquête portant sur un échan-tillonnage d'apprentis et de lycéens, tout ceci complété par d'autres enquêtes plus limitées.

    Remarque générale d'abord, sur la portée de ces enquêtes. Il s'agit d'un sondage à échantillonnage national ; les résultats nous livrent un portrait intéressant des jeunes, mais un portrait robot en quelque sorte et sans nuances. Ce sont les grandes orientations, les traits principaux d'une physio-nomie de la jeunesse qui sont esquissés. En ce qui concerne l'enquête de l'U.N.E.S.C.O., sa portée est limitée par le public même auprès duquel elle a été réalisée, des jeunes qui fréquent les Maisons de jeunes et de la culture. De plus, nous nous trouvons toujours en présence d'une difficulté d'inter-prétation des réponses. Je vais vous en donner un exemple très simple : l'Institut français d'Opinion publique a fait une enquête qui a paru dans « France-Soir » il y a quelques mois, sur les intérêts des jeunes en matière politique. A partir des mêmes pourcentages, « France-Soir » titre : « Plus de 60 % des jeunes s'intéressent aux problèmes sociaux et économiques », et un hebdomadaire titre : « A peine la moitié des jeunes s'intéressent aux questions politiques. » Ce qui fait qu'à partir des mêmes pourcentages nous avons des appréciations qui ont un contenu extrêmement différent. Finale-ment, le but essentiel de ces enquêtes est, me semble-t-il, pour des éducateurs, de remettre en question nos schémas de pensée antérieurs qui portent peut-être plus sur l'image du milieu social, du milieu familial, du groupe de jeunes, e t c ... dans lesquels nous avons travaillé. Quels résultats donnent ces enquêtes sur :

    • - les loisirs,
    • - l'attitude à l'égard des adultes,
    • - l'attitude à l'égard de la vie.

    Les LOISIRS d'abord. Ceci nous concerne très particulièrement. A la question : « Quelle est votre façon préférée d'occuper une soirée libre ? », les jeunes ont répondu de la manière suivante :

    • - cinéma 25 %
    • - lecture 22 %
    • - sorties en groupe 21 %
    • - disques 20 %
    • - danse, surprises-parties, bal 13 %

    Ces quelques chiffres nous amènent à des constatations. D'abord, l'impor-tance des loisirs qu'on reçoit sans qu'ii's impliquent une activité personnelle, que ce soit le cinéma, les disques... et il faudrait y ajouter les pourcentages radio, télévision, plus faibles, que je n'ai pas cités ; on arrive donc à un pour-centage important de loisirs qui n'impliquent pas une activité personnelle, physique ou intellectuelle. Vous me direz qu'on peut écouter des disques en état d'activité intellectuelle, bien sûr, mais enfin il y a là une première orientation. La deuxième, mais là, je m'adresse à un public beaucoup plus compétent que moi, j'ai été frappée de l'importance attachée à la lecture. Elle arrive au second rang, après le cinéma. Quelle lecture ? La question n'était pas posée. Et la troisième chose intéressante, me semble-t-il, c'est la vogue des activités en groupe. Cette importance des lectures, des spectacles, et des activités en groupe est parfaitement confirmée par l'enquête faite dans un public d'adhérents aux Maisons de jeunes et de la culture. Parallèlement, on note que, contrairement aux schémas habituellement reçus, l'importance attachée aux loisirs n'est que relative. Quand on demande aux jeunes de quel domaine ils attendent le plus de satisfaction dans le courant de leur vie, 7 % seulement citent les loisirs et ce sont les moins âgés, alors que 59 % citent le foyer, 22 % leur travail, et les trois quarts des jeunes estiment qu'ils ont suffisamment de loisirs. Il y a à cela différentes interprétations possibles : il y a une interprétation optimiste qui serait de dire : « Les jeunes sont sages, ils ont le goût du travail, etc... » Il y a, à l'inverse, une interprétation pessimiste qui serait de constater que, dans bien des cas, les jeunes s'ennuient pendant leurs temps de loisirs, ils ne savent pa où les prendre, ils ne savent pas comment ni avec qui les prendre. Pourquoi ? On connaît le cas de quelques jeunes filles, qui absorbent des somnifères pendant leur temps de loisirs pour échapper à l'ennui... Autant de questions aux-quelles nous ne sommes pas capables de répondre, mais qui doivent concerner tous les éducateurs.

    Deuxièmement, ATTITUDE A L'EGARD DES ADULTES, et ceci nous concerne au premier chef. Je suis obligée là de parler de l'attitude, non pas à l'égard des adultes en général, mais à l'égard de la famille, car je n'ai pas trouvé d'enquête satisfaisante concernant les adultes en général.

    Ici, les résultats, apparemment seulement, sont contradictoires. Ils témoignent en un temps de l'importance de la notion de famille, de l'atta-chement à la famille et d'une attitude de parfaite insatisfaction à l'égard de ce qu'ils espèrent de la famille et quelle ne leur donne pas. En majorité, les jeunes souhaitent vivre dans leur famille, 12 % des garçons de 16 à 18 ans estiment que la meilleure formule est de vivre seul. J'ai pris la formule négative parce qu'il y avait un certain pourcentage d'abstentions, de « je ne sais pas », d'indécis, qui aurait faussé nos résultats. Donc 12 % de garçons de 16 à 18 ans qui pensent que la meilleure formule est d'habiter seul et le pourcentage double quand on s'adresse à des garçons de 19 à 21 ans. Mais ceux qui vivent seuls, eux-mêmes sont partagés. Près de la moitié d'entre eux préféreraient vivre dans leur famille. Et si les enquêtes montrent une série importante de conflits familiaux, elles prouvent aussi que les jeunes ont tendance à exagérer les conflits familiaux chez d'autres qu'eux-mêmes. Seulement 6 % font état de mésentente totale avec le père, et 4 % avec la mère, mais que 17 % d'entre eux estiment que la majorité des jeunes de leur âge ne s'entend pas avec leurs parents. Il y a là une distinction entre leur situation personnelle et l'image, en quelque sorte, qu'ils se font du monde des jeunes et de ses rapports avec les adultes.

    D'autres résultats, en particulier une enquête faite dans un foyer de jeunes travailleurs montrent cet attachement au milieu familial. A la ques-tion : « Es-tu heureux en famille ? » On répond : « Oui, mais... » Oui, mais je ne m'entends pas avec mon frère ; oui, mais mon père m'empêche de sortir, e t c ... et « non » dans trois cas seulement. C'est-à-dire que, conscients de difficultés, les jeunes privilégient malgré tout la réponse affirmative. Et, lorsqu'on leur pose la question : « Es-tu heureux à la table familiale ? », la même réponse, le oui, et surtout le « oui... mais », l'emporte presque à l'unanimité. Mais parallèlement, on constate que cet attachement à la vie de famille est maintenu à condition d'éviter les sujets « tabou ». Ces sujets « tabou » sont nombreux, ils concernent des questions importantes qui ont des racines très profondes dans les intérêt et dans le coeur des jeunes. Et ceci est grave. On parle plus volontiers du travail, ou même de loisirs, que de ses amis. On parle peu de fréquentation avec les jeunes d'un sexe opposé, encore moins de mariage, même de façon théorique, même lorsqu'on n'est pas en présence d'un conflit d'ordre personnel, très peu de religion, très peu de politique. Quant au problème sexuel, c'est un sujet tabou par excellence. Ainsi la volonté d'attachement familial va de pair avec un certain vide des relations familiales, puisque pour éviter les conflits, on est aussi obligé d'éviter les sujets « tabou », et ceci laisse le jeune insatisfait ; c'est tout le problème du dialogue qui est en cause, le dialogue dont ils attendent tant, aussi bien du milieu familial que de l'ensemble des adultes, est si difficile à établir.

    Les jeunes et leur ATTITUDE A L'EGARD DE LA VIE. Là encore, quel-ques indications sommaires. L'enquête de la Fédération des Maisons de jeunes révèle, contrairement à ce que nous pourrions penser, un certain appétit d'existence, une certaine volonté de voir, de découvrir, de vivre. Les réponses positives, quelles qu'elles soient, l'emportent sur les réponses négatives. Souhaiteriez-vous connaître beaucoup de pays? Oui, 90%. Faire beaucoup d'expériences? Oui, 80 %. Jouir de beaucoup de plaisirs? Oui, 73 %. Vous sentir utile ? Oui, 94 %. Le goût de la nouveauté ? Oui, 87 %. Et on pourrait y ajouter le goût de l'international, le goût d'une certaine justice, d'une certaine solidarité, et partout, là, on aurait des réponses posi-tives, de l'ordre de 80 à 90 %.

    Il y a donc ,au départ, un certain élan, un certain goût de la vie et d'aller de l'avant. Mais, parallèlement, nous avons affaire à une génération que je crois très velléitaire, qui manque du sens de l'effort, de la maîtrise de soi, de la volonté qui permet de transposer dans des actes, dans des réalisations, toutes les aspirations potentielles qui existent dans un être. C'est très net, ce n'est qu'un petit exemple, lorsque l'on compare deux pourcentages.

    Avez-vous le goût de la nouveauté ? Oui, 87 %. Mais quand on demande au même public : avez-vous le goût de la lutte, de la concurrence, il n'y a plus que 56 % des gens qui répondent oui, et la différence me paraît significative.

    Me paraît significative aussi, la très faible proportion d'engagements dans des organisations quelles qu'elles soient : sportives, culturelles, politi-ques, confessionnelles, etc... Très faible pourcentage, malgré ce besoin fonda-mental de cette génération de se retrouver, de ne pas être seul, d'avoir une amitié, de lutter contre l'ennui On pourrait multiplier les exemples, me semble-t-il, de cette distorsion entre les aspirations assez velléitaires d'une génération et leur point d'aboutissement, leur réalisation, leurs engagements réels et concrets. Ceci va de pair, semble-t-il, avec un incroyable besoin de sécurité. L'importance énorme accordée à la santé, à l'argent, au confort, la prédominance des valeurs matérielles lorsqu'il s'agit d'énoncer les condi-tions de réussite d'un mariage, de stabilité dans l'amour, ne me semble pas pouvoir être considérée isolément. Elle converge, me semble-t-il, vers un très vif besoin de sécurité. Alors cet attrait d'une sécurité matérielle traduit-elle une volonté délibérée de privilégier des facteurs matériels dans une civilisation technique, ou est-elle un peu aussi une sorte d'amour déçu, un échec dans la recherche d'autres formes de sécurité morales, spirituelles, philosophiques, affectives ? On peut au moins se poser la question. Ce besoin de sécurité me semble en relation étroite avec l'absence de références qui caractérise cette génération. On l'a appelée « jeunesse sans rail », tournée vers l'avenir plus que vers le passé, peut-être pour la première fois dans l'histoire de notre pays. Je dirais même, non pas que le passé ne l'intéresse pas, mais qu'elle a l'impression que le passé ne la concerne pas, ne mord pas sur sa propre existence et sur son propre destin. C'est une force, dans une certaine mesure, car les générations précédentes ont souffert du poids excessif du passé. Cette jeunesse est prête à aller vers l'avenir, mais elle est prête à aller vers l'avenir sans aucune référence. C'est une faiblesse ce manque de référence, car la jeunesse manque de points de comparaison, elle manque d'instruments de mesure de ses propres possibilités, de sa propre orientation, de sa propre image. Dans l'enquête déjà plusieurs fois citée, il apparaît que 15 % seulement des jeunes; voudraient ressembler à leur père et 11 % à leur mère, alors que 19 % affirment ne vouloir ressembler à personne de leur entourage. Et, lorsqu'on leur demande à qui ils voudraient ressembler parmi des personnages réels ou imaginaires, on a 35 % de non-réponses, ce qui indique un très grand flottement ; certains réaffirment ne vouloir ressembler à personne qu'à eux-mêmes et la dispersion des réponses est totale.

    Bien que cela n'apparaisse pas très nettement dans les enquêtes, j'ajou-terais ce que tout le monde sait, à savoir que les conditions de la vie moderne, les rapides changements du monde, accentuent cette impression d'insécurité, cette absence de modèle, de point ferme, auquel se référer, quand ce ne serait que pour se définir en opposition avec le dit modèle, ou le dit point de référence. Le père n'est plus celui qui transmet des connais-sances, ou l'explication de certains phénomènes. Le jeune en sait plus que lui sur l'énergie atomique et dans bien d'autres domaines. Le métier qu'on choisit, le plus souvent, ne peut plus être celui du père et, on sait, ou l'on pressent, qu'une carrière professionnelle risque d'être affectée de bien des changements, eu égard à l'évolution économique. Or, actuellement, ces changements sont ressentis comme un risque, comme un échec, et non comme une possibilité de promotion, parce que la formation scolaire et profession-nelle n'y a pas encore préparé le jeune. Ces enquêtes nous laissent nous-même une certaine impression d'incertitude. Une jeunesse sage, plus que ne le laissent penser les faits divers consacrés aux exploits des blousons noirs, une jeunesse qui n'a pa trouvé une image d'elle-même malgré l'engoue-ment pour les idoles, une jeunesse disponible, tournée vers l'avenir, parfai-tement à son aise dans le courant de la civilisation technique, et qui pourtant a du mal à s'orienter, une jeunesse qui cherche son intégration au monde adulte, en même temps qu'elle le rejette et qui essaie de se construire son monde à elle.

    Quelques mots, maintenant, en complément de ceci, quelques mots sur des vérités d'expérience qui n'apparaissent pas clairement à travers ces enquêtes. Des milliers de cas particuliers, d'exceptions, affluent à notre esprit, viennent nuancer, voire contredire le tableau précédemment esquissé et vous me pardonnerez d'insister davantage sur des cas que nous pouvons considérer comme positifs et facteurs d'espoir. Ce sont tous ces jeunes qui ne renaclent pas devant l'effort, si cela en vaut la peine à leurs yeux, et ceci, même pendant leur temps de loisirs. Un exemple : celui des chantiers internationaux de jeunes qui proposent un travail parfois assez dur, aménage-ment d'un village, fouilles, construction d'un centre de loisirs, etc... Ces chantiers internationaux doivent refuser chaque année un grand nombre de jeunes venus frapper à leur porte, faute d'encadrement et d'équipement, Et pourtant ce ne sont pas là les loisirs les plus faciles. Ce sont aussi ces jeunes qui recherchent la culture dans ce qu'elle a de plus désintéressé. Je crois que M. Trichaud pourrait nous citer maint exemple de cet état de choses. Tout récemment, c'est la dernière expérience que j'ai à l'esprit, j ' ai assisté à un récital poétique, monté par un groupe de jeunes de 17 à 21 ans qui illustre parfaitement cette recherche gratuite. Un récital poétique où les poèmes d'auteurs français se mêlaient à des poèmes d'auteurs étran-gers, où la période contemporaine n'était pas négligée, mais où nous enten-dions aussi un poème chinois du XII e siècle. Ce sont ces jeunes qui suivent des cours du soir, en plus de leur travail professionnel, qui partent comme enseignants, animateurs, aides techniques en Afrique parce qu'ils pensent qu'il y a là une cause juste qu'il faut servir, ou tout simplement qui consacrent leur temps et leur énergie à l'animation d'un mouvement de jeunesse ou d'un organisme d'éducation populaire. Et constamment, je suis hantée par cette question : avons-nous effectivement affaire à une génération qui n'a pas faim, qui n'a pas beaucoup d'appétit, pour employer une image, ou bien la société adulte n'a-t-elle pas su trouver la nourriture qui leur conviendrait, qui leur permette de devenir adulte au sens plein du terme ? Lorsque je tente de faire l'inventaire des leviers possibles de l'éducation, je suis tentée de privilégier l'éducation au sens des responsabilités, qui est le réel moyen de développer la personnalité, et qui est nécessaire enfin, si nous voulons former des citoyens d'une société démocratique. Tout cela se tient. Or, malgré les très grands efforts, et malgré la très grande qualité de la plupart des éducateurs, vous me permettrez de dire que, dans la société actuelle, en France, c'est le principe d'autorité qui domine encore les rapports jeunes adultes. Que ce soit dans la famille, où l'autorité malgré tout est assez contraignante, que ce soit à l'école, que ce soit au service militaire, le principe d'autorité l'emporte sur celui de la prise de responsabilité et de la participation. Je me dis : où le jeune garçon, qui aura vécu dans sa famille, qui aura été à l'école jusqu'à 16, voire 18 ans, qui ensuite sera allé au service militaire, et qui, lorsqu'il rentrera aura l'envie légitime de tous les jeunes qui sera d'économiser pour se marier, avoir un petit appartement et un minimum de confort matériel pour que son mariage ait quelque chance de stabilité, je me dis « où ce jeune aura-t-il fait l'apprentissage de sa vie d'homme, l'apprentissage de ses responsabilités de citoyen ». Il y a là un souci qui devrait être celui de la société française tout entière.

    En quelques mots en guise de conclusion, quel peut être le rôle de l'adulte en face de ces problèmes et traits de caractère. Il semble qu'ici, nous devons parler en termes d'éducateurs soucieux de promouvoir une culture populaire, telle qu'elle puisse être reçue par des jeunes, telle qu'elle soit intelligible des jeunes. Nous sommes sans cesse tiraillés entre le désir d'être compris par le plus grand nombre de jeunes, d'adopter leur langage, de répondre à leur goût, et la nécessité de maintenir les exigences d'une éducation qui implique progression et en quelque sorte aspiration vers le haut. J'avais été très frappée d'une réflexion d'un sociologue américain concernant la radio et la télévision qui sont, après tout, des éléments privilégiés d'éducation populaire, et cette réflexion me semble rejoindre nos préoccupations : « Il y a deux façons, disait-il, d'un point de vue démo-cratique, d'envisager les programmes de la radio et de la T.V. : il y a la formule qui consiste à faire des enquêtes d'opinion, à déceler les aspirations, les goûts les plus élémentaires d'un public, et puis de faire le programme au niveau du plus petit commun dénominateur, au ras des aspirations, telles que les ont manifestées les citoyens des sociétés démocratiques. Mais il y a une autre possibilité qui est de se fixer ensemble un certain nombre d'objectifs et de se donner les moyens d'y parvenir. Donc soit une conception d'une société démocratique qui est une aspiration à un mieux-être - dans tout le sens du terme - soit une conception qui est davantage celle de l'étude du marché et des goûts du consommateur dans ce qu'il a de plus élémentaire. »

    Je redoute pour ma part le nivellement au niveau du plus petit commun dénominateur, encore que je comprenne très bien et souhaite répondre aux besoins du plus grand nombre. Loin de moi l'idée de négliger les besoins - même les plus frustres - du plus grand nombre ; mais ne sacrifions pas pour autant ceux qui cherchent une nourriture plus forte.

    Je m'excuse d'évoquer une question qui relève de votre compétence et d'y insister, bien que vous soyez convaincus d'avance : s'il y a dans une bibliothèque, un certain nombre d'ouvrages difficiles, poétiques, historiques, scientifiques, etc., mettons-les aux meilleures places, même s'ils ne sont que rarement empruntés. Il ne faut pas qu'un seul jeune ait cherché en vain cet enrichissement culturel. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, les minorités, si petites soient-elles, ont droit à toute notre attention. Que nous soyons enseignants, bibliothécaires, parents... notre tâche d'éduca-teur nous invite à rejoindre les jeunes dans leurs intérêts profonds sans pour cela sortir de notre rôle (les jeunes n'aiment pas les parents trop « copains », l'enseignant qui s'impose comme directeur de conscience, etc.). Un seul exemple à ce propos : il y a quelques jours, j'ai terminé un cycle de conférences avec des étudiants qui sont en première année d'enseignement supérieur et, faisant avec eux le bilan de cette année, j'ai été amenée à leur dire : « Je vous souhaite une bonne fin d'année (cela voulait dire un « bon examen »), mais j'espère surtout que dans cette année de travail, vous aurez trouvé beaucoup plus que le strict nécessaire pour passer l'examen, que vous aurez trouvé une réponse à vos questions, à vos inquiétudes, à votre désir de connaissance. » Et, disant cela, alors que j'avais une salle un peu fatiguée, un peu passive en fin d'année, qui avait absorbé le dernier corrigé, j'ai vu les figures s'épanouir. J'ai eu l'impression que, par ces simples mots, qui ne dépassaient pas mes prérogatives, je rejoignais une de leurs préoccupations, qui était, celle de faire leurs études, qu'ils ont choisies, puisqu'ils sont dans l'enseignement supérieur, et de vivre. L'examen n'est pas le tout de leur existence, heureusement. Dans cette rencontre des jeunes au plan de leurs intérêts profonds s'amorce le dialogue.

    Troisième nécessité, me semble-t-il, là je passerai vite : faire accepter une autorité. Je ne crois pas que l'éducation puisse se passer à un moment quelconque, d'autorité : mais je crois qu'il y a mille et une façons de la faire accepter. Un dernier exemple : nous avons eu, il y a un an à peu près, un rassemblement de douze mille adolescentes. Une majorité de bien-portantes, mais aussi une fraction importante de malades, d'handicapées physiques, dans des petites voitures, sur des chariots, etc... Cela posait tout de même quelques problèmes de discipline et de service d'ordre, vous vous en doutez. Nous avons essayé, à un moment, de demander aux bien-portantes : « Mettez-vous par files de quatre. » Impossible de l'obtenir. Et puis, l'une d'entre nous a eu une idée géniale. Elle a dit : « Mettez-vous en files de quatre parce que les chariots des malades vont arriver. » Et aussitôt, prati-quement, en quelques minutes, on a vu douze mille filles se mettre en files de quatre. Nous avons affaire à une génération, et c'est évidemment assez délicat, qui accepte difficilement d'obéir si elle n'a pas compris pourquoi il fallait obéir. Il faut sans cesse motiver, expliquer, mais je crois que cela a un côté positif, cela favorise l'éducation au respect des règles librement consenties et, finalement, un essai de discipline intérieure qui est le but de l'éducation.

    Et enfin, dernière remarque, il est essentiel de la part de l'éducateur ou du groupe qui accueille les jeunes, de créer un cadre, un style de vie, une ambiance où ils se sentent chez eux. Je crois que ce n'est pas en oposition du tout avec les relations de la société adulte Je crois aussi, et là encore les Maisons de jeunes ont une grande expérience dans ce domaine, que, plus les jeunes se trouveront dans un cadre où ils sont à leur aise, où ils pourront parler leur langage, qui sera décorée de la façon dont ils le souhaiteront, plus leur comportement sera meilleur. Trouver un cadre, un local, une ambiance dans lequel les jeunes se sentent chez eux, ce n'est pas du tout favoriser la ségrégation, c'est au contraire, pour moi, favoriser la médiation avec le monde adulte. Et j'oserais, en terminant, en regardant tous les problèmes que nous avons soulevés, sans y répondre, lancer une invitation à la convergence de tous les éducateurs, je dirais même, à la conspiration, à la conjuration, de tous les éducateurs. Pour une meilleure compréhension réciproque des responsabilités qui sont les leurs, responsa-bilités familiales, responsabilités d'ordre scolaire, responsabilités d'éducation extra-scolaire, afin que cette génération qui a tant de mal à s'orienter, qui a tant de mal à choisir ses rails, ne soit pas la proie de systèmes d'éducation séparés, différents, voire opposés, mais qu'il y ait vraiment visée d'éducation globale qui les amène dans la même direction, qu'ils soient dans la famille, qu'ils soient à l'école ou qu'ils soient dans le cadre de loisirs et d'activités extra-scolaires. L'échange d'aujourd'hui est un pas sur cette voie qui nous réunit : bibliothécaires qui ont l'expérience de maisons de jeunes, de lycées, de bibliothèques municipales et bien d'autres, et M. Trichaud et moi-même, qui avons la responsabilité d'organisations de jeunesse. Et c'est pourquoi, je remercie encore les organisateurs et organisatrices de cette journée d'avoir, eux-mêmes, favorisé cet échange et cette convergence des éducateurs.

    RESUME DE LA CONFERENCE DE M. TRICHAUD

    D 'emblée, Mr Trichaud précise qu'il ne veut pas dresser un catalogue de tous les organismes de jeunesse, mais d'abord montrer leurs buts communs et leurs méthodes.

    Tous les Organismes se déclarent éducatifs, et il s'agit de développer la culture générale de chaque membre, à la fois sur le plan personnel et sur le plan de la vie sociale. Cette culture, je pense qu'elle consiste en une recherche personnelle, effectuée d'une part seul, et d'autre part avec les autres. Je souligne « seul » et avec « les autres », parce que je pense que ces deux aspects sont fondamentaux.

    Recherche personnelle, mais dans le cadre d'une société, d'une commu-nauté, d'une équipe, c'est-à-dire dans un cadre vivant, dans un cadre pra-tique. Mais de cette culture que nous cherchons à définir, et que nous cherchons à développer chez les jeunes, cette culture part du livre et aboutit au livre. Sans doute, entre ce point de départ et ce point d'arrivée, il y a toutes les recherches, les expériences, les confrontations, et un large usage des moyens audio-visuels et des activités culturelles qui sont les méthodes de chaque organisme.

    Ces méthodes, du moins en France, se différencient de l'enseignement. Il ne s'agit pas d'enseigner quelque chose, mais de demander aux jeunes une participation active par des travaux et des recherches en équipe, recher-ches faites soit d'après un texte, une enquête, une activité dramatique...

    J'ajouterai à cela l'exercice des responsabilités effectives, de sorte qu'au sein d'une communauté chacun puisse se sentir responsable, non seulement de ce qu'il fait, mais de la totalité de l'ensemble. Il faut que les jeunes se sentent membres d'une communauté. Il faut aussi tendre à ce que la culture mène à l'action.

    Des jeunes travaillent ainsi en équipe sur un sujet, choisissant leur problème, se mettant en quête de documentation, sous ses différents aspects : livres, disques, films..., et lorsqu'ils possèdent le sujet au mieux, ils essaient de le présenter aux autres sous forme d'un montage, d'une exposition.

    Quelques exemples : les jeunes de Besançon ont ainsi employé 1.200 heu-res de loisirs à monter une exposition sur la guerre 1939-1945. De jeunes ouvriers de Dieuze-en-Moselle ont effectué sur leur ville une enquête à la fois historique, sociale et économique.

    Nous retrouvons là l'idée de recherche personnelle, recherche en équipe et restitution aux autres. Un certain nombre de jeunes gens, et je crois que c'est la majorité, sont prêts à accepter des choses difficiles et à les réaliser. Tous les organismes de jeunesse le constatent sous des formes variées.

    Essayons maintenant de voir les modes d'action, et les classifications que nous pourrions donner à ces organismes, qui ont en commun le but de développer la culture générale chez les jeunes, et de les former dans l'exercice de leurs responsabilités.

    En tête, je mettrai ce que nous appelons « Mouvements de jeunesse », parce qu'ils sont les plus anciens. Ils agissent sur une structure que j'appelle-rai verticale, constituant sur l'ensemble du territoire des groupes ayant les mêmes options philosophiques ou religieuses, ou le même milieu social : comme le scoutisme et la J.A.C. La formation qui est donnée est polyva-lente malgré leurs orientations particulières.

    En deuxième lieu, je placerai les organismes spécialisés soit dans les voyages, soit dans les activités artistiques : musique, art dramatique, dessin... A travers leur but bien défini ils visent au fond à une formation aussi complète que possible. Pour représenter une pièce dramatique, il y a l'étude du texte de l'auteur, de l'époque, des costumes ; donc chaque fois une utilisation des activités qui doit aller au-delà de la spécialisation.

    Puis à cheval sur ces mouvements de jeunesse, et ces organismes spécia-lisés, tout ce qui concerne les activités péri et post scolaires, sous le grand chapiteau de la Ligue de l'enseignement. Activités qui se groupent en un certain nombre de branches : sports, colonies de vacances, ciné-clubs... Les méthodes n'en sont pas différentes de celles que nous venons d'exposer, c'est toujours la formation des jeunes par la réalisation d'une activité préparée par eux.

    Jusqu'ici ces différents organismes partaient du lieu d'habitation. Nous ferons une différenciation pour ceux qui agissent dans le cadre du travail : entreprises, ministères, administrations. Leur nombre est important, et leurs différences très grandes se prêtent mal à une analyse.

    Personnellement, je crois davantage en matière de politique de loisirs et de culture au groupement autour du lieu d'habitation, et sur ce terrain, nous retrouvons à côté des formations verticales, comme les mouvements de jeunesse, une série d'institutions dont l'action est plus horizontale, car elles cherchent à travailler avec l'ensemble de la population d'un quartier, d'une commune, d'une zone rurale. Je citerai les Foyers ruraux, les Centres sociaux, les Foyers de jeunes travailleurs qui tous se tournent vers une activité éducative.

    Enfin, les Maisons des jeunes et de la culture qui sont celles que je connais le mieux. Elles sont du type institutionnel et travaillent dans un cadre géographique. Chaque Maison est autonome et gérée par un conseil d'administration dans le cadre de la loi de 1901. Chaque Maison est donc une personne morale.

    Mais à côté de ce conseil d'administration, il y a un conseil de la Maison qui permet aux jeunes de prendre des responsabilités, soit au sein des diverses activités, soit au sein de la Maison. Et cette structure a un grand rôle éducatif par les contacts qu'elle permet et les confrontations avec les idées des autres.

    Maintenant, après ce tableau sommaire des différents organismes, com-ment retrouver notre point de départ, que faire pour que la culture générale qui part du livre et retourne au livre, soit aussi profonde que possible ?

    Il faut pour cela rendre l'accès au livre plus facile par la multiplication des bibliothèques, leur ouverture aux jeunes ; et attirer les jeunes aux livres par différents moyens.

    Au nombre de ces moyens, il y a la technique des expositions, celle des voyages d'études, les centres d'intér:ts, les enquêtes... préparés par la lecture et complétés par elle.

    En bref, je souhaite pour terminer que, si nous avions les uns et les autres les moyens matériels, il y ait une bibliothèque dans chacun des centres s'occupant de jeunesse. Mais une bibliothèque dont le fonds ne serait pas immuable, mais roulant, grâce à l'apport d'une bibliothèque plus grande. Ce fonds qui roule, je souhaiterais qu'il ne soit pas constitué au hasard, mais qu'il soit choisi en fonction de l'évolution des activités, et lorsque les jeunes ont décidé d'étudier par exemple le problème de la mise en valeur du Languedoc... ou des communications fluviales Rhin-Méditerranée, ils puissent trouver livres, revues, études nécessaires.

    Je ne souhaiterais pas non plus que cette documentation soit apportée sur un plateau. L'intérêt augmente dans la mesure d'une certaine recherche demandant l'effort personnel.

    Alors, comment faire pratiquement ? Je pense que c'est par une liaison plus directe entre bibliothécaires et éducateurs, par un échange de point de vues, d'aide, de bons procédés, que l'on pourrait arriver à cela. Mais, dans notre optique, je vois le bibliothécaire plus comme un conseiller qui sait dire que tel livre existe, où il se trouve... plutôt que comme celui qui apporte ce livre tout prêt. C'est une vue sur laquelle je terminerai et j'aimerai en discuter avec vous.

    Des différentes interventions et débats qui ont suivi les exposés de Mlle Coutrot et de M. Trichaud, quelques points se dégagent :

    • - l'importance du rôle des bibliothèques dans l'évolution qualitative de la lecture des jeunes, tant au point de vue littéraire que sur le plan de la documentation et de l'information, en ayant soin toutefois de ne pas brûler les étapes ;
    • - l'effort à faire dans le domaine des bibliothèques pour permettre la participation des jeunes à la gestion des bibliothèques ;
    • - l'intérêt des liaisons à établir entre les bibliothèques et les groupes existant dans la société, en particulier entre les bibliothèques municipales et les bibliothèques se trouvant dans des institutions de service public telles que maisons de jeunes, centres sociaux ou les établissements scolaires non pourvus de bibliothèques, liaison qui doit s'établir à double courant, c'est-à- dire : prêt de livres par la bibliothèque municipale à ces différents organismes et envoi de lecteurs plus nombreux par ces institutions à la bibliothèque municipale ;
    • - la collaboration à établir entre les bibliothèques et les associations d'éducation populaire afin que les bibliothécaires soient aidés pour l'anima-tion culturelle par des spécialistes de ces questions.

    RAPPORT SUR L'ORGANISATION DES STANDS

    STAND DE L'EQUIPEMENT ET DE LA REPARATION DES LIVRES (5)

    Le stand « Equipement et réparation de livres » réunissait les matériaux classiques d'équipement de livres et revues, et le petit matériel nécessaire dans toute bibliothèque.

    Sur chaque objet figurait l'indication du prix et l'adresse du fournisseur.

    Quelques-uns des participants avaient apporté un échantillon plus original, ou avaient indiqué une technique plus particulière expérimentée par eux, pour le plus grand profit de tous.

    Enfin, certains fournisseurs sollicités avaient envoyé une documentation très complète, concernant ce matériel, avec une gamme d'échantillons qui ont pu être distribués largement.

    STAND DES REVUES (6)

    Dans ce stand ont été exposées une trentaine de revues mensuelles pouvant intéresser les jeunes en laissant systématiquement de côté les périodiques destinés spécifiquement à la jeunesse.

    Ces revues ont été groupées en grandes catégories : sciences, art, histoire, littérature, géographie et voyages, sports, travaux pratiques et bricolage, informations générales et actualités.

    Quelques titres entre autres : Science et Vie, Nature-Magazine, Vie des Bêtes, Connaissance des Arts, Tout le Système D, Miroir des Sports, Les Annales, Connaissance du Monde, Historia, Lectures pour tous, Le Spectacle du Monde.

    Une fiche d'identité a été établie pour chaque revue : titre, adresse, sujet, tendance, catégorie des lecteurs, prix du numéro, de l'abonnement, etc. Ces fiches ont été très consultées par les visiteurs qui posaient des questions complémentaires, en particulier sur l'accueil fait par les jeunes à certains de ces titres.

    STAND DES LIVRES DE POCHE (7)

    Le stand des « Livres de poche » présentait l'ensemble des Collections de format de poche avec une note documentaire accompagnant chaque spécimen de Collection.

    Des listes étaient établies comportant 10 titres de livres de poche se rapportant au même sujet :

    • - 10 romans d'aventures,
    • - 10 livres sur la guerre,
    • - 10 livres sur la musique et la peinture, etc...

    Partant d'enquêtes faites sur la lecture des jeunes, un recrutement des oeuvres de leurs auteurs préférés publiés en livres de poche a été établi.

    Enfin, le Catalogue général des Livres de poche publié par le Cercle de la Librairie était présenté à ce stand.

    STAND DE LA BIBLIOGRAPHIE (8)

    Le stand « Bibliographie » avait pour but de présenter d'une façon aussi complète que possible toutes les revues et fiches bibliographiques publiant des analyses et critiques d'ouvrages ainsi que les catalogues ou répertoires pouvant être utiles dans une bibliothèque de jeunes. Voici quelques titres indiqués comme exemple : Bibliographie de la France - Biblio - Bulletin critique du Livre Français - Bulletin du Livre - Les livres - Trait d'union des Bibliothèques - Livres et Lectures - Fiches de l'Association des Biblio-thécaires français, etc... Des ouvrages et revues sur les Bibliothèques et la Bibliothéconomie, sur les Bibliothèques de Jeunes et sur les questions cultu-relles en général étaient aussi présentés à ce stand.

    Signalons également que simultanément à la visite des stands, les personnes participant à la journée pouvaient aller visiter deux des expositions organisées par la Section portant l'une sur la « Lecture des Jeunes », l'autre sur « les pays en voie de développement ». Ces expositions qui comportent une douzaine de panneaux de dimensions très variables sont destinées à circuler parmi les Bibliothèques de notre Section.

    N.B. - On peut se procurer au Secrétariat de la Section : Bibliothèque municipale, place Parmentier, Neuilly-sur-Seine - tous les renseignements précis sur les documents présentés au cours de cette journée, c'est-à-dire :

    • - La liste des bibliographies - enquêtes - analyses de livres contenus dans le dossier de Documentation remis aux participants,
    • - La liste des collections de Livres de poche présentés au stand « Livre de poche »,
    • - La liste des revues bibliographiques - catalogues - répertoires et ouvrages sur les Bibliothèques présentés au stand « Bibliographie »,
    • - L'indication du matériel présenté au stand Réparation et Entretien des Livres,
    • - La liste des revues du stand « Revues ».

    On peut également s'adresser au Secrétariat de la Section pour avoir des renseignements sur les Expositions organisées par la Section, qui sont actuellement en circulation, à savoir : Exposition sur Saint-Exupéry, Exposi-tion sur les pays en voie de développement.

    - Enfin la Section a demandé au groupe des Bibliothèques centrales de prêt de l'Est, le tirage supplémentaire d'un numéro spécial du Bulletin « A livre ouvert », consacré à « la Lecture des adolescents » et comportant des des articles sur les adolescents et la lecture et, en seconde partie : la biblio-thèque type de l'adolescent 1964 (romans, action, policier, anticipation, humour, histoire, découverte du monde, découverte de l'homme, e t c ...). Les personnes qui désirent un de ces bulletins peuvent en faire la demande au Secrétariat de la Section (prix 2 F).

    COMPTE RENDU DES CARREFOURS

    CARREFOUR N° 1

    PEDAGOGIE DE LA LECTURE SOUS FORME DE REUNIONS DE LECTEURS, CERCLES, DEBATS AUTOUR DU LIVRE (9)

    Le sujet est très vaste et l'on nous propose de le réduire à quatre points qui mettent en valeur les principaux objectifs à atteindre :

    • 1er problème: la rencontre du lecteur et du livre.
    • 2e problème : le choix des lectures.
    • 3 e problème : enrichissement par la lecture.
    • 4 e problème : formation pédagogique des jeunes eux-mêmes.

    I - La rencontre du lecteur et du livre

    Le premier point rejoint la publicité de la Bibliothèque qui devra souvent aller au devant du lecteur, aux endroits les plus accessibles, quand c'est possible sur les lieux mêmes de travail.

    Il concerne aussi l'accueil fait au lecteur. Un être qui rencontre un être humain : étape essentielle pour atteindre un public jeune qui a peur du livre, soit par manque de formation, soit par dégoût. Cela nécessite un effort d'adaptation individuelle de la part du bibliothécaire qui veut faire oeuvre d'éducateur : il tiendra compte des nuances variant avec l'âge, le niveau culturel et même les différences de caractère, du plus hardi au plus timide, selon qu'il s'agit d'un étudiant, d'un jeune ouvrier, d'un jeune technicien..., de malades ou de bien-portants.

    II - Le choix des lectures

    Il est particulièrement délicat quand il s'agit d'adolescents ; le but de l'éducation est de rendre l'éducateur inutile : que le jeune sache choisir lui-même et se décider à bon escient, qu'il prenne conscience que la capacité et le temps de lectures étant limités, il doit les utiliser sans gaspillage.

    Mais on ne peut oublier qu'à l'heure actuelle, grâce aux « Livres de poche » en particulier, la lecture est offerte aux jeunes pour un prix modique sans l'intermédiaire de l'éducateur, bibliothécaire ou même libraire : kiosque ou tourniquet sur le trottoir. Est-ce un bien ? est-ce un mal ? C'est un fait dont il faut tenir compte.

    Si les jeunes lisent sans doute beaucoup, quelles sont les incitations qui déterminent leur choix ?

    - la couverture attrayante (importance qu'y attachent les éditeurs de « livre de poche »).

    - les média : les émissions du type « Lecture pour tous » à la Télévision, à la radio et les articles et critiques de la presse. Mais on souligne que ceux qui obtiennent de passer sur le petit écran sont une minorité dont le choix n'est pas dégagé de certaines influences ou protections. Quant aux critiques, ils travaillent le plus souvent sur l'actualité, rendant compte des livres nouvellement parus sans parler d'ouvrages plus anciens dont certains gardent toute leur valeur. Une enquête menée dans des écoles techniques révèle ce que l'on peut appeler une sous-culture autrement dit une grande ignorance de la littérature française.

    On peut remarquer aussi en comparant la lecture des adolescents à celle de la génération précédente, l'ouverture beaucoup plus précoce des jeunes sur le livre d'adulte.

    Pratiquement, on peut distinguer parmi les lecteurs quatre catégories :

    • A) les amateurs d'art : ceux qui aiment la poésie ou les livres d'art ;
    • B) les voyageurs : ceux qui aiment les aventures qui les dépaysent ;
    • C) le lecteur « qui lit pour se distraire », il préfère les histoires imaginaires où il se passe quelque chose ;
    • D) enfin, les militants qui cherchent à étayer leur conviction et désirent trouver des arguments pour convaincre les autres.

    On trouve donc généralement une bonne volonté pour la lecture mais aussi le besoin d'un animateur qui connaisse les livres et puisse les adapter à chaque cas. C'est par excellence le rôle du bibliothécaire. Cela exige de lui :

    • - la conaissance du livre, donc, comme on ne peut tout lire, l'utilisation systématique et critique de l'information bibliographique analytique.
    • - la connaissance du lecteur - donc de la psychologie de l'adolescent avec le doigté que donne l'expérience.

    Une bibliothèque vivante se doit de faire place à l'actualité ; s'il importe que chaque bibliothèque (cas des maisons de jeunes, par exemple) dispose d'un fonds, pour les actualités le dépôt de livres d'une bibliothèque plus importante peut être envisagé comme une bonne solution.

    III - L'enrichissement par la lecture, la pénétration du livre en profondeur

    Le cercle et le montage de lecture sont les moyens auxquels on pense immédiatement, ils ne sont pas faciles pour autant malgré l'aide que peuvent apporter de bons moyens de travail (10) :

    • - difficultés d'ordre matériel et pratique : il faut qu'un nombre appré-ciable de participants aient lu le livre en un temps assez bref - il y aura intérêt à choisir des livres courts - Des exemples ayant donné de bons résultats : « Le petit garçon de l'ascenseur », dans la série « Ce que je crois », Rostand, Mauriac, Maurois, Guehenno.
    • - difficultés personnelles : compétence du meneur.
    • - difficultés pédagogiques : savoir faire taire un jeune auditoire, mais surtout savoir faire parler, aider à s'exprimer : « Oui, c'est pas mal » est bien souvent la seule réponse obtenue spontanément.

    Plusieurs expériences décrites par les participants au carrefour montrent que, dans cette nécessité pédagogique de faire exprimer indispensable pour faire passer du subconscient à la conscience, et arriver à la pensée claire, les moyens audio-visuels peuvent être avec le livre et non contre le livre comme on le craint souvent :

    • - à Béziers, une expérience très positive, a associé la projection du film Thérèse Desqueyroux et la lecture du livre ; les jeunes retrouvent la supé-riorité sur bien des adultes car ils dominent mieux les techniques cinémato-graphiques et s'expriment plus facilement à partir d'elles.
    • - découverte de la Normandie par 30 jeunes travailleurs, enquête, photographies et enregistrements au magnétophone, montage et, pour beau-coup, débouché sur la lecture (Maupassant).
    • - lecture de poèmes enregistrée au magnétophone avec recherche du ton juste, de l'expression, donc approfondissement de la pensée et des sentiments de l'auteur.
    • - les montages audio-visuels peuvent épauler l'exposé d'idées difficiles « La vie de Van Gogh », « le dernier des justes », dans la présentation d'Education et vie sociale (11) , en sont d'excellents exemples.
    • - des dramatisations peuvent aussi entraîner une participation active des jeunes lecteurs - Notre-Dame de Paris, l'oeuvre de George Sand - dans certains fascicules d' « Education et vie rurale ».

    IV - La participation active des jeunes à l'animation de leur bibliothèque

    Dans le choix des livres, les lecteurs doivent donner leur avis sur les ouvrages qui leur conviennent de préférence, mais aussi on souhaite pour les jeunes qui en auraient le goût, des stages courts de formation d'animateur ; l'expérience d'une telle initiation pour l'art dramatique a donné des résultats excellents et montre que lorsqu'ils sont intéressés les jeunes assimilent à une vitesse extraordinaire.

    S'il faut une conclusion à ce carrefour ce serait, je pense, l'utilité plus actuelle que jamais de faire agir les jeunes eux-mêmes, afin d'obtenir leur participation personnelle et une formation humaine en profondeur.

    CARREFOUR N° 2

    CONTRIBUTION DE LA LECTURE A LA FORMATION DE L'ADOLESCENT (12)

    Le livre doit contribuer à la formation du caractère, du coeur et du sens social ; mais ceci ne peut être commencé au moment de l'adolescence. Cette formation doit être entreprise dès le moment où l'enfant commence à lire et poursuivie de façon à ce que, devenu adolescent, le jeune soit en mesure de se retrouver parmi tous les livres qui lui sont proposés.

    Si, répondant aux intérêts, aux goûts encore très simples des enfants, nous leur avons fourni les livres qui, tout en les distrayant, exaltent le courage, le dévouement, le sens de l'humain, auxquels ils sont si sensibles, ainsi que les diverses enquêtes évoquées en témoignent, nous les aurons armés pour accueillir les livres qu'ils rencontreront à partir de leur adolescence.

    Nous pensons en effet qu'il n'y a pas de littérature spécifique de l'adolescence et qu'il n'est pas efficace d'interdire tel ou tel livre dont nous pouvons juger qu'il peut avoir une néfaste influence. L'important nous paraît être le contact à faire naître et à préserver entre jeunes et adultes qui doivent pouvoir débattre ensemble des problèmes posés par la vie.

    Les expériences évoquées ont montré que les livres particulièrement appréciés par les jeunes (ouvrages qui n'ont d'ailleurs pas été écrit à leur intention) sont ceux qui leur présentent le monde qui les entoure ou qui les a précédés ; monde où se posent des problèmes humains importants. Il s'agit généralement d'oeuvres qui montrent l'homme en lutte, non pas combattant pour le plaisir ou la gloire, mais pour préserver une certaine valeur humaine.

    Il semble donc que notre tâche consiste à répandre les livres qui ont un tel contenu. Nous souhaitons que l'information des jeunes, des parents, des éducateurs, soit développée. Pour y parvenir, il paraît nécessaire, d'une part, de coordonner les efforts jusqu'à présent dispersés, d'autre part de pouvoir fournir aux bibliothécaires des éléments d'appréciation sur les livres en publiant par exemple des fiches analytiques, en organisant des rencontres, des discussions autour de livres, de façon à associer, dans toute la mesure du possible, les jeunes au fonctionnement de la bibliothèque.

    CARREFOUR N° 3

    ITINERAIRES DE LECTURE DES JEUNES PALIERS DE LECTURE (13)

    Les participants du carrefour ont commencé par définir ce qu'on appelle : paliers de lecture.

    Chez les adolescents, le passage de la lecture des livres d'enfants à la lecture des livres d'adultes se fait d'une façon continue comme on monte un escalier avec des paliers (trois, semble-t-il). De la lecture distraction, évasion, ou documentation, on peut les amener, en leur facilitant le passage des paliers, à la lecture tout court qui est source de joie et de culture.

    L'évolution est très individualisée. Elle est différente pour chaque adolescent. Elle dépend de facteurs très variés. Le carrefour n'a pas eu le temps de discuter sur ce point. Mais tous les participants ont remarqué la rapidité plus grande de l'évolution qui commence d'ailleurs plus tôt (quelque-fois à douze ans). L'influence du livre de poche a été évoquée et on a discuté longuement sur ses nombreux bienfaits et sur ses quelques méfaits.

    Des types de lectures au niveau des enfants ont été dégagés :

    • - le type « livres d'aventure » avec un chapitre pour le type : « Club des cinq »,
    • - le type « livres sentimentaux », chez les filles,
    • - le type « livres documentaires », chez les garçons,
    • - le type « varié » qui lit tous les genres,
    • - le type « livres de contes uniquement » qui semble devoir disparaître.

    Nous n'avons pas évoqué la lecture des bandes illustrées, mais le problème « Tintin » a été soulevé. Les participants ont essayé de donner quelques indications sur l'évolution de la lecture dans chaque catégorie et sur la possibilité d'élargir les intérêts. (Sortir les adolescents d'une collection ou de livres du même genre). Ce même problème existe chez les adultes. (M. Richter, de Mulhouse, pose la question : que faut-il faire pour les livres, genre Delly) et les participants sont tombés d'accord pour l'utilisation de « livres-amorce ».

    Il ressort de ce carrefour que dans une bibliothèque d'adolescents, le bibliothécaire a un rôle d'éducateur et de conseiller, très important ; ce qui demande un personnel qualifié et nombreux.

    P.S. - Nous publierons plus tard des listes qui peuvent contribuer à l'évolution des lectures et nous demandons des suggestions.

    CARREFOUR N° 4

    VIE ET FONCTIONNEMENT D'UNE BIBLIOTHEQUE DE JEUNES, INITIATIVES, RESPONSABILITE ET PARTICIPATION DES USAGERS (14)

    Une bibliothèque de jeunes peut faire appel largement à l'aide et aux suggestions de ses utilisateurs.

    1) pour l'organisation de la bibliothèque

    a) l'ordre dans la bibliothèque

    Rangements des livres et discipline générale pratiques, peuvent être confiés aux jeunes : ce ne serait pas éducatif de les laisser mettre du désordre, sans le ranger eux-mêmes. Il ne s'agit pas que le bibliothécaire impose cet ordre comme une corvée, mais qu'il en explique aux jeunes la nécessité, qu'il fasse comprendre que la bibliothèque est un bien commun dont l'usage sera rendu meilleur à tous par le soin que chacun y apportera (rangement des livres - exactitude - soin et propreté dans la manipulation des livres, etc...).

    L'équipement de livres permet aux jeunes d'avoir la primeur des livres neufs. C'est toujours au bibliothécaire de faire les fiches, mais il arrive que de jeunes lecteurs qui ont accompli les travaux d'équipement aient demandé comment on faisait les fiches et comment le bibliothécaire choisissait ce qu'il écrivait dessus.

    b) l'ambiance dans la bibliothèque

    C'est aux jeunes qu'on peut confier d'une façon habituelle l'affichage et la décoration de la salle de lecture, la vitrine, la présentation de nouveaux volumes. Un bibliothécaire a même fait choisir à ses lecteurs une partie du mobilier.

    Ils peuvent aussi accueillir les nouveaux lecteurs qui aiment avoir à faire à des jeunes de leur âge, avec qui le contact est plus direct. Rien n'empêche de leur faire confiance pour le prêt, les statistiques, les lettres de rappel, l'intercalation des fiches au catalogue. Le bibliothécaire se réserve alors un rôle moins apparent, mais toutes ses interventions portent, et les jeunes se sentent vraiment responsables de leur bibliothèque.

    c) les achats de livres

    Plusieurs expériences intéressantes ont été exposées ; une « réunion de préparation de commande » a lieu un soir. Le bibliothécaire commente aux quelques jeunes présents (invités par lui ou ayant demandé d'eux-mêmes à venir) une liste de livres plus importante que les crédits dont on dispose. Les jeunes représentent l'ensemble de leurs camarades et discutent de l'opportunité de tel ou tel achat, et peuvent également présenter des sugges-tions orales. Il est bon aussi qu'une boîte à suggestions ou un cahier soient à la disposition de l'ensemble des lecteurs.

    Il est arrivé à un bibliothécaire d'envoyer des jeunes dans une librairie, après leur avoir dit le nombre de livres qu'il souhaitait acheter pour un crédit donné. Il rejoint les jeunes dans la librairie en fin de journée et discute de leur choix. Le libraire est admirable de bonne volonté, et les jeunes se montrent très prudents dans leurs achats.

    Ces achats, avec participation active des jeunes, sont parfois l'occasion d'un cours sur le budget et, dans une bibliothèque municipale, d'un cours d'instruction civique.

    2) pour l'animation proprement dite de la bibliothèque

    Ce carrefour était composé surtout de bibliothécaires qui cherchaient à s'instruire ; peu d'expériences ont été apportées. On a pourtant cité un « club du livre du mois » : une douzaine de jeunes lecteurs se réunissent, et l'un d'entre eux fait devant ses camarades le compte rendu d'un livre qui lui a plu.

    Chacun connaît de réputation les montages de Peuple et Culture.

    Certains jeunes lecteurs rédigent une notice de compte rendu de livre, qui sera collée à l'intérieur du livre ou qui sera portée sur la fiche du catalogue.

    On cite aussi des critiques de livres en commun, ou des recherches de documentation effectuées par les jeunes lecteurs.

    On peut aussi faire participer les jeunes à la préparation et à la réalisation d'une exposition (recherche de document - décoration - prêt d'objets, etc...).

    Conclusion

    Les bibliothécaires présents à ce carrefour sont responsables de biblio-thèques très différentes les unes des autres. Les problèmes ne sont pas les mêmes dans une bibliothèque de lycée ou de centre d'apprentissage, où l'on a les lecteurs « sous la main », que dans une bibliothèque municipale, par exemple.

    Les bibliothécaires sont pourtant tous persuadés que la lecture doit être le plus « animée » possible et déboucher automatiquement sur la critique, les expositions de livres, les disques, etc...

    Mais les bibliothécaires se sentent mal faits pour ce rôle ; ils formulent donc les souhaits suivants :

    • 1) que la bibliothèque ne soit pas isolée sur le plan culturel ou éducatif, qu'elle ait des contacts avec tout ce qui se fait d'autre, aux environs, au point de vue de l'instruction, des loisirs, et de la culture.
    • 2) que la section de la lecture publique organise des sessions de formation d'un maximum de 10 jours, sur deux plans, l'un pour les bibliothécaires qu'il faudrait initier à leur rôle d'animateurs, l'autre pour les employés de biblio-thèques qui n'ont hélas aucune formation. Des échanges d'employés de bibliothèques peuvent être envisagés d'une bibliothèque à l'autre, pour ouvrir leurs horizons.

    Tout au long de ce carrefour, les bibliothécaires ont insisté sur le fait que la participation demandée au jeune pour l'organisation et l'animation de la bibliothèque n'avait pas pour seul but de décharger le bibliothécaire, elle est utile pour le jeune lecteur et forme son sens des responsabiblités et son sens critique ; elle éduque en lui le futur lecteur adulte.

    CARREFOUR N° 5

    RELATIONS ENTRE LES BIBLIOTHEQUES ET LES AUTRES INSTITUTIONS CULTURELLES (15)

    Le carrefour débute par quelques témoignages sur les efforts de coordi-nation entrepris en ce domaine.

    Un premier point se dégage. Une coordination efficace suppose la présence, dans le secteur où la coordination s'établit, de bibliothèques modernes, dynamiques. Ce n'est pas toujours le cas. Il en résulte la nécessité d'actions communes en faveur du développement de telles bibliothèques.

    D'autre part, lorsqu'une bibliothèque moderne existe, il importe de la faire connaître aux autres institutions culturelles, et aux diverses associations du lieu. Les participants : bibliothécaires, enseignants, animateurs, souhaitent la mise au point de techniques publicitaires appropriées et le développement des relations publiques.

    Les contacts entre bibliothèques municipales d'une part, et les petites bibliothèques implantées dans des institutions culturelles telles que les maisons de jeunes et de la culture et les centres sociaux font également ressortir la nécessité de favoriser chez les responsables de petites biblio-thèques le développement d'une formation professionnelle adéquate. Cet effort en vue de la formation est demandé à la fois par les bibliothécaires et par les autres éducateurs. Il mériterait d'être accompli à différents niveaux : formation élémentaire ; compléments de formation sur tel ou tel point.

    CARREFOUR N° 6

    PLACE DES ADOLESCENTS AU SEIN D'UNE BIBLIOTHEQUE GENERALE (16)

    Au début du carrefour, un tour de table des participants a été fait, et les groupes suivants se sont dégagés :

    Bibliothèques d'entreprises : 4

    Grands ensembles :

    • 1 bibliothèque municipale
    • 1 bibliothèque privée
    • 1 bibliothèque de centre social

    Bibliothèques municipales :

    • Paris 1
    • Banlieue 5
    • Province 2

    Bibliothèque d'enseignement : 1

    Centre Culturel : 1

    Divers : 5

    Nous avons tout d'abord jugé bon de préciser le terme « adolescents » : il se situerait en fonction de l'âge entre 13 et 17 ans, 13-14 ans et 16-17 ans étant des âges charnières. Autre suggestion : en se référant aux classes, considérer la 3 e comme une classe charnière, tout en conservant une certaine souplesse.

    Chacun a bien voulu exposer pour sa bibliothèque les solutions, mêmes provisoires, adoptées pour faire face à ce problème de la place des adolescents dans une bibliothèque générale. Les principales tentatives sont les suivantes :

    • - Le bibliothécaire des jeunes donne un petit mot pour le bibliothécaire des adultes à l'enfant qui désire puiser dans la bibliothèque générale une documentation sur un travail particulier.
    • - Une carte d'une couleur particulière est donnée à tout adolescent quittant la bibliothèque des jeunes pour celle des adultes. En même temps, une liste des ouvrages qui lui sont particulièrement recommandés (mais nullement limitative) lui est automatiquement remise pour lui permettre de se retrouver dans le vaste domaine des adultes.
    • - Des pastilles de couleur sont apposées sur le dos des livres à mettre entre toutes les mains. Ou encore, ils sont recouverts d'une reliure d'une couleur déterminée.
    • -• Les ouvrages dont la lecture est à déconseiller sont systématiquement rangés dans les magasins, et font donc l'objet d'une demande spéciale.

    Ce tour d'horizon des différentes solutions adoptées a amené une discussion générale :

    Certains ont estimé que ces diverses façons d'aborder le problème apportent plutôt une limitation qu'une orientation positive à l'intérieur de la bibliothèque générale.

    Il paraît illusoire à quelques-uns de faire une sélection pour les ado-lescents, puisqu'ils peuvent lire tout ce qu'ils veulent en livres de poche.

    Plusieurs réactions se sont élevées contre ce point de vue, mettant en cause la responsabilité du bibliothécaire vis-à-vis des adolescents et vis-à-vis de leurs parents. Par ailleurs, on a souligné le rôle du bibliothécaire qui peut initier progressivement à la lecture par un choix judicieux tandis que le choix arbitraire et anarchique du jeune risque parfois de le décourager ou de le traumatiser.

    Le principal souci qui s'est dégagé de cette discussion est celui de la place à faire à l'adolescent afin qu'il se sente à l'aise dans la bibliothèque générale, en préparant son intégration avec discrétion et souci d'orientation.

    Le principe d'expositions sur un thème d'actualité a été retenu comme une idée intéressante à ce point de vue.

    On peut aussi faire participer les adolescents au choix des livres qui leur sont destinés ; les faire participer à des discussions autour des livres, à des clubs de lectures (découpages de livres du type « Peuple et Culture », «Le Livre vivant»). Ces activités favorisent la cohésion du groupe des adolescents au sein de la bibliothèque générale et leur donnent le sens de leurs responsabilités.

    Une bonne initiative consiste à mettre à leur disposition les journaux et imprimés sur la vie locale intéressant les jeunes (ciné-clubs, Maisons de Jeunes, philatélie, expositions de peinture, etc...).

    Enfin, la question a été soulevée de l'opportunité d'une zone spécialement réservée aux adolescents, et dans laquelle il n'y aurait que des livres pour eux. Cette solution peut leur apporter un sentiment de sécurité dans le choix. Mais elle implique : collections en double, personnel nombreux et formé, possibilité de locaux adaptés.

    Le souhait qui a été formulé en conclusion est que la section de la lecture publique apporte une aide à la solution de ces problèmes de la lecture des adolescents et de leur place dans une bibliothèque générale, par la diffusion de listes de livres pour adolescents et de fiches analytiques d'ouvrages, principalement pour les âges charnières.

    Enfin, le besoin de formation et d'ouverture du personnel s'est fait fortement sentir, d'une part pour créer le climat psychologique nécessaire à l'adolescent, d'autre part pour le guider discrètement à travers la biblio-thèque générale afin qu'il devienne vraiment un lecteur adulte.

    Des différentes interventions ou débats qui ont suivi, les comptes-rendus des carrefours, retenons les points suivants :

    • - désir d'une entraide sur la plan de la formation technique des personnes travaillant dans une bibliothèque sans avoir reçu de formation préalable et d'une information sur les stages de formation pour l'animation culturelle ;
    • - besoin de revaloriser la profession ;
    • - demande de constitution d'une liste-type de bibliothèques d'ado-lescents, et en général de bibliographies pour les jeunes ;
    • - nécessité d'une coordination des efforts convergents qui s'ignorent, dans le domaine de la lecture publique et de la culture populaire.

    CONCLUSIONS

    En conclusion, cette journée d'étude du 10 mai a marqué une étape importante dans la vie de notre Section.

    Elle a permis une recherche plus approfondie des problèmes concernant la lecture des adolescents et fixé quelques jalons précis pour les travaux à entreprendre par la Section dans ce domaine :

    • - liste de livres-charnières permettant le passage d'un palier de lecture à un autre en fonction de l'évolution des jeunes,
    • - bibliographies courantes et rétrospectives pour les jeunes,
    • - analyse d'ouvrages convenant particulièrement aux jeunes.

    Elle a fourni une documentation importante sur différentes questions :

    • résultats d'enquêtes,
    • bibliographie,
    • équipement des bibliothèques,
    • fourniture et matériel.

    Elle a donné l'occasion de nombreuses et nouvelles rencontres entre collègues de Paris et de province, et élargi ainsi les contacts toujours inté-ressants sur le plan professionnel et les échanges d'expériences utiles à tous.

    Enfin, cette journée a été l'occasion d'une très large et fructueuse colla-boration entre Bibliothécaires des différents groupes de travail et entre collègues de Paris et de province, la réalisation des différentes activités de la journée ayant été répartie entre des personnes de Groupes et de Régions différents.

    L'organisation des stands a été prise en charge :

    • - par le groupe des Bibliothèques d'Entreprises (Stand du « Matériel et réparation des livres » et stand des Livres de poche),
    • - par le groupe des Bibliothèques de Centres Sociaux (stand des Revues),
    • - par le groupe des Bibliothèques de Jeunes et Municipales (Biblio-graphie) .

    Les carrefours, comme on l'a vu dans le rapport ci-dessus, ont été menés et leurs conclusions présentées par de nombreuses personnes appartenant aux différents groupes de travail, ou par des collègues de province, en parti-culier par les Bibliothécaires de Cherbourg et de Clermont-Ferrand.

    Enfin le dossier de Documentation a été une oeuvre commune résultant d'apport variés ; le groupe de Lorraine y a particulièrement contribué par la constitution d'une très riche Bibliographie.

    Un travail en commun avait d'ailleurs préludé à cette journée : dès le mois de janvier précédant, une réunion regroupant une douzaine de Biblio-thécaires, dont quatre de province, nous avaient permis de répartir les tâches et de prévoir l'organisation des diverses activités.

    C'est grâce à ce partage des responsabilités que nous avons pu mener à bien cette journée qui a été une oeuvre collective et ce nous est une occasion de remercier tous ceux et celles qui ont contribué si efficacement à sa réussite. Souhaitons que nous puissions continuer à associer nos efforts avec nos collègues de Paris et de ses environs et avec ceux de province pour le développement des Bibliothèques de lecture publique.

    1. Un compte rendu succinct de cette journée - portant surtout sur les carrefours de l'après-midi était dans « Education et bibliothèque », n° 10, de juin 1964. La direction de cette revue nous a autorisé à reproduire les articles parus dans ce numéro relatifs à la journée d'études du 10 mai. Qu'elle en soit vivement remerciée. retour au texte

    2. Ces diapositives peuvent être demandés pour accompagner un exposé sur la question des biblibothèques de jeunes. retour au texte

    3. J. Duquesne, Les 16-24 ans, éd. du Centurion, 1963. retour au texte

    4. G. Teindras et Y. Thireau, La jeunesse dans la famille et la société modernes, éd. sociales françaises, 1961, 2 vol. retour au texte

    5. Responsables : Mme Guillet, Mme Herlingue, Mlle Vandenbergue. retour au texte

    6. Responsables : Mme d'Eudeville, Mlle Gouverneur. retour au texte

    7. Responsable : Mlle Guérin. retour au texte

    8. Responsables : Mlle Altmayer, Mlle Estève. retour au texte

    9. Animateurs: Mme Bérujeau, Mlle Rouverol. Rapporteur : Mlle Groeninck. Secrétaire : Mlle Lombart. retour au texte

    10. Les fascicules « Education et vie rurale », 9, rue du Hanovre, Paris-2 e . Fiches et montages de lecture de « Peuple et Culture », 27, rue Cassette, Paris. retour au texte

    11. Education et vie sociale, 39, rue de Châteaudun, Paris-9 e . retour au texte

    12. Animateur : Mlle Docheret. - Rapporteur : Mme Finitfer, retour au texte

    13. Animateur: Mme Dalimier - Rapporteur: Mlle Guérin. retour au texte

    14. Animateur: Mlle Gaudillot. Rapporteur : M. Bouju. Secrétaire : Mlle Houssay. retour au texte

    15. Animateur: J. Hassenforder, en l'absence de A. Harotte, empêché. Rapporteur : Mlle Untersteller. Secrétaire : Mlle Monginoux. retour au texte

    16. Animateur: Mlle Bouny. Rapporteur : Mlle Patte. Secrétaire : Mlle Estève. retour au texte