Cette année, l'Assemblée générale de l'A.B.F. a tenu ses assises hors des limites de Paris, à la Bibliothèque municipale de Neuilly-sur-Seine où notre vice-président, M. Coulomb, a bien voulu nous accueillir et maintenir pour nous l'exposition « La Belle Epoque à Neuilly ». Les assistants étaient moins nombreux que l'an passé, toutefois l'intérêt que nos membres portent à l'Association se manifesta par un afflux de votes par correspondance pour l'élection du Conseil. Nous devons souligner ici les difficultés que nous rencontrons chaque année pour trouver deux grandes salles, l'une pour le dîner, l'autre pour l'Assemblée, et nous ne pouvons évidemment pas faire toujours appel aux mêmes bonnes volontés.
Un repas froid de qualité a été servi dans la salle de spectacle de la Maison des jeunes, au rez-de-chaussée, avant l'Assemblée proprement dite qui a eu lieu dans la Bibliothèque.
Pendant la lecture des rapports dont le texte suit, les bulletins de vote furent dépouillés. Voici les résultats :
Après ces nombreux témoignages sur l'activité de l'Association, nous avons entendu avec beaucoup de plaisir la causerie de M. Jacques Guignard, conservateur en chef de la Bibliothèque de l'Arsenal, sur Le Livre moderne, illustré. Le sujet était très vaste, nous étions limités par le temps et pourtant nous avons tous eu l'impression d'avoir fait un tour d'horizon très complet. Les exemples donnés à l'aide de diapositives formaient l'ossature de cet exposé qui nous conduisit du début du XXe siècle aux toutes dernières productions de l'édition.
C'est vers 1900 que les éditeurs s'efforcèrent de renouveler l'illustration des livres en faisant appel aux peintres, à Toulouse-Lautrec, Bonnard, Maurice Denis entre autres. Suivant les théories de Maurice Denis, la gravure devait faire corps avec la typographie. Plus tard cette dernière, qui avait été négligée par Ambroise Vollard au profit de l'illustration, reprenait foute son importance avec Jean-Gabriel Daragnès qui pensait que l'essentiel du livre, c'était la lettre. Les Fauves et les Cubistes, qui s'étaient manifestés avant la première guerre mondiale, ne percèrent dans l'illustration des livres qu'aux alentours de 1930. Les premiers pratiquaient surtout la gravure sur bois de fil et furent suivis par des graveurs comme le célèbre Louis Jou, les seconds employaient plus volontiers la lithographie et l'eau-forte, leur action allait être durable. C'est ainsi qu'en 1943, Derain illustrait Pantagruel par des gravures sur bois en couleurs, tandis que les eaux-fortes de Picasso illustraient, en 1948, les poèmes de Gongora. Il faudra trouver alors une typographie nouvelle qui puisse servir les formes nouvelles de l'illustration. Le livre a désormais abandonné le format modeste qu'il avait encore en 1925, son illustration attire de plus en plus les artistes contemporains : Chagall, Buffet, Jacques Villon, Maillol, Miro, pour ne pas les citer tous.
Ce court résumé ne peut qu'être infidèle aux nuances de l'exposé de M. Guignard, qui clôturait l'Assemblée générale où, comme toujours, travail et distractions ont alterné pour la satisfaction de tous.