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Bibliothèque nationale. Paris. Département des périodiques

1966
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    Par Irène Vilde

    Bibliothèque nationale. Paris. Département des périodiques

    Catalogue collectif des périodiques conservés dans les bibliothèques de Paris et dans les bibliothèques universitaires de France. Périodiques slaves en caractères cyrilliques. Addenda et errata. Etat général des collections en 1960. [Rédigé par Eugène Belin de Ballu et Tatiana Ossorguine.] - Paris, Bibliothèque nationale. 1965. - In-4°, IX-223 p.

    Voilà déjà plus d'un an que le Catalogue collectif des périodiques slaves d'alphabet cyrillique, conduit jusqu'à 1960 par son Supplément (Paris, 1963), s'est accru d'un quatrième volume qui a pris la forme d'addenda et corrigenda dont le besoin se faisait sentir, certes, depuis longtemps, mais dont rien ne laissait présager la parution prochaine. Cette publication s'est effectuée avec une célérité et une discrétion telles qu'elle risque d'être passée inaperçue des premiers intéressés à la question, alors que, tant par les services qu'elle est appelée à rendre que par les conditions de sa réalisation et par les problèmes de programmation et de coordination qu'elle soulève, elle mérite au contraire une large publicité.

    Quelle en est au juste l'économie ? Prévenons d'abord, pour ce qui est du cadre chronologique, qu'il ne faut pas se laisser abuser par le titre : c'est sur le contenu du premier catalogue en deux volumes (Paris, 1956), que portent la grosse majorité des additions et corrections (à l'exception d'une série dont il sera parlé plus loin), c'est-à-dire sur l'état des collections arrêté à 1950. Tâche déjà assez lourde. Un tel travail, si, comme tous les errata, il ne prétend pas à la complétude, permet de saisir sur le vif, mieux peut-être que la consultation de l'original, la somme des difficultés affrontées par ce catalogue à la fois collectif et hautement spécialisé. A l'instar de la publication de 1956, celle-ci opère simultanément sur le plan bibliographique (rectifications de la rédaction des notices et renvois, des rapports reliant les titres, des particularités du mode de publication, etc.) et sur le plan catalographique (rectifications relatives à l'inventaire des collections détenues par les organismes répertoriés). Pour introduire le plus de netteté possible dans cet enchevê-tement, les rédacteurs ont pris soin de distinguer les principaux types de corrections sous des rubriques appropriées. La classique formule « au lieu de... lire... » est précisée, suivant les cas, par les mots « dates », « cotes », « état de collection». Quand elle n'est pas spécifiée, elle s'applique aux modifications affectant le titre de la notice ou du renvoi, qu'il s'agisse d'un mot ou d'un changement plus important. Le complément relatif aux sous-titres est signalé par la mention «sous-titre à ajouter» quand la notice originale n'en comportait pas (peut-être aurait-on pu en faire autant pour les sous-titres à modifier ou compléter). Les « notes à ajouter» sont d'ordre bibliographique : mention de changements de forme du périodique (absorption, fusion, division en séries, etc.), interruption dans la parution, existence de suppléments, etc. Elles renvoient aussi aux notices dites de rassemblement, précédées d'une croix. Aucun détail n'a été négligé. Il faut avouer qu'en l'occurence, on aurait pu se passer de restituer des particularités aussi secondaires que la présence de titres en langues non slaves, par exemple, ou certaines variations dans des appellations d'institutions éditrices sans influence sur le classement. La prédilection accordée à ce type d'émendations s'explique, l'avertissement nous l'apprend, par le fait que l'on dispose depuis peu de sources bibliographiques inconnues des catalogues précédents, surtout pour la période capitale du demi-siècle écoulé où l'on était particulièrement démuni (nos collections, trop souvent fragmentaires, ne fournissaient pas de documentation suffisante). On conçoit que les auteurs aient voulu sans tarder nous faire profiter de précieuses révélations de dates et de filiations. Mais on peut craindre que le souci bibliographique ne les ait détournés de la partie la plus urgente de leur tâche : la rectification des omissions et inexactitudes touchant le recensement des collections répertoriées. C'est ce que l'examen de la suite nous porte à croire.

    Les émendations catalographiques font principalement l'objet des rubriques «notice à ajouter», «bibliothèque à ajouter», «état de collection : au lieu de... lire... ». Si, au point de vue du nombre, elles semblent ne le céder en rien aux précédentes, à y regarder de plus près on s'aperçoit, par exemple, que, déduction faite des notices de rassemblement (les tableaux de filiations), les « notices à ajouter » se ramènent à une centaine de titres, appartenant souvent à des organes d'associations politiques, professionnelles, ou autres, qui ne sauraient intéresser que l'historien ou le collectionneur de raretés bibliographiques. On peut en dire autant des périodiques figurant déjà dans le premier catalogue, mais sous lesquels on avait omis de répertorier les collections de telle ou telle bibliothèque. Parmi les quelque 600 additions destinées à réparer ces oublis, nous rencontrons bien les sigles des établissements qui ont participé au catalogue de 1956, mais aussi ceux d'organismes nouveaux, qui n'avaient été recueillis qu'à partir du Supplément, ce qui complique singulièrement les choses. Dans les apports des uns comme des autres (réduits parfois à un fort petit nombre de numéros), on est surpris de ne pas trouver plus souvent les grands périodiques de caractère savant qui sont l'objet premier de la recherche. Quant aux états de collection simplement rectifiés, dont le nombre ne dépasse pas 330, plus de la moitié en revient à la Bibliothèque nationale. Ce chiffre, toutefois, est à compléter par celui des corrections et additions propres à la Bibliothèque de la Sorbonne. Fort clairsemées en ce qui concerne le catalogue de 1956, elles portent essentiellement sur le Supplément et se trouvent groupées à part, à la fin du volume, particularité sur laquelle nous nous permettrons de donner un mot d'explication.

    Il s'est trouvé que le Service slave de cette bibliothèque, ayant eu la bonne fortune, d'ailleurs toute fortuite, d'apprendre la parution imminente du présent volume, n'a pas voulu manquer cette occasion pour contrôler et améliorer le cas échéant la représentation de ses collections au sein du Collectif cyrillique. Il ne pouvait être question de se livrer à une révision systématique du premier catalogue, travail qui dépassait de loin nos forces et le temps qui nous restait. Au surplus, le plus urgent était de faire mieux connaître nos collections pour la période 1951-1960, la plus consultée par les lecteurs et celle qui a bénéficié massivement de la politique des échanges universitaires, ainsi que de la mise sur pied d'un service spécialisé. Notre liste d'errata, qui peut être considérée comme presque exhaustive (nous nous sommes interdit généralement d'y inclure les changements survenus postérieurement à la publication du Supplément), est malheureusement arrivée trop tard pour être incorporée dans la série générale. Nous n'en devons pas moins de la reconnaissance au Département des périodiques de la Bibliothèque nationale, qui a bien voulu lui réserver une petite place, bien que peu apparente (puisque sa présence n'est pas signalée dans l'avertissement). Du moins ce traitement a-t-il assuré l'unité de ce groupe de corrections. Il permet en même temps de prendre un aperçu de l'importance que pourraient avoir de tels relevés s'ils s'étendaient à l'ensemble des bibliothèques représentées.

    Et c'est là que précisément il faut bien en venir. Il est clair, en effet, que ceux qui sont présentés ici résultent de corrections signalées précédemment et sporadiquement par les intéressés, mais non poursuivies systématiquement en vue de l'actuelle publication. Mais pourquoi n'a-t-on pas envisagé cette manière de procéder et pourquoi n'avons-nous pas été prévenus ? A quoi répond d'ailleurs exactement cette publication ? Quelle place occupe-t-elle dans le plan général du Collectif slave ? A-t-on renoncé à la refonte des trois volumes qu'on nous laissait espérer naguère ? Si, pour l'instant, on se contente de travaux préparatoires, pourquoi donc cette initiative hâtive et unilatérale, excluant la participation de ceux-là mêmes dont le concours était pourtant sollicité il y a deux ans ?

    A vrai dire, nous pensons pour notre part qu'il faut voir dans tout cela moins de parti pris ou de défiance que le défaut du sens du travail collectif, de l'esprit de coopération, qui n'est pas nouveau dans nos bibliothèques ni dans notre pays, mais qu'il convient de dénoncer sans réticence. Peut-être aussi est-ce la survivance d'un état d'esprit né des conditions qui ont présidé à l'élaboration du Catalogue collectif dans les années qui ont immédiatement précédé la dernière guerre. A cette époque, il ne pouvait être question pour nos bibliothèques de fournir elles-mêmes l'inventaire détaillé de leurs collections de périodiques, surtout de périodiques slaves, pour la bonne raison que ceux-ci commençaient à peine d'être classés, inventoriés et catalogués scientifiquement. C'est aux rédacteurs du Collectif, les seuls, au reste, à posséder la compétence technique en la matière, qu'incomba cette charge, dans des conditions qui seront à retracer un jour. Il n'est pas étonnant qu'ils continuent encore à s'en considérer plus ou moins comme seuls responsables. Il l'est peut-être davantage que les bénéficiaires n'aient pas toujours pris conscience de la dette qu'ils ont contractée à leur égard. Sans doute, des progrès ont-ils été réalisés depuis trente ans. Mais peut-on dire que le problème majeur, celui de notre équipement en personnel, ait été résolu, ou soit en passe de l'être ? Ce concours actif dans la mise en valeur de nos propres collections au sein d'ouvrages comme celui-ci, dont nous déplorons qu'il ne nous soit pas demandé plus largement, sommes-nous réellement en mesure de l'apporter maintenant ? Je ne doute pas de la réponse de mes collègues sur ce point. Il nous suffira de penser, par exemple, à la surcharge que représente pour nous des travaux comme les remises à jour nécessitées par les éditions successives de l'Inventaire permanent des périodiques étrangers ou des périodiques soviétiques, qui accaparent pour des semaines les pauvres disponibilités du service et en compromettent le précaire fonctionnement.

    Quand ce quatrième volume du Collectif slave n'aurait eu pour effet que de nous faire toucher la plaie du doigt, il n'aurait pas été vain ! Que Mme Ossor-guine et M. Belin de Ballu ne nous en veuillent pas trop : nous ne les remercions pas moins pour les perfectionnements même partiels qu'ils apportent à l'oeuvre précédente. Notre protestation vise avant tout les responsables directs d'une situation aberrante. Il me semble que cette occasion était bonne de signaler les répercussions sur le plan de la coopération bibliographique du drame - du scandale - permanent que constitue encore le sous-développement en personnel de nos grandes bibliothèques.