Guide destiné à faciliter la construction de classifications spéciales sous une forme analytico-synthétique et non plus énumérative et hiérarchisée. En effet, la classification à facettes, qui peut couvrir plusieurs domaines scientifiques, décompose chacun d'eux, selon sa nature, en diverses catégories dont le nombre et la qualité varient d'un domaine à l'autre. Sa construction consiste en l'élaboration d'une table de termes normalisés, groupés en domaines homogènes ; pour chaque domaine, les termes sont divisés en groupes appelés facettes et, à l'intérieur de chaque facette, ils peuvent être classés hiérarchiquement. Quant aux facettes, elles sont habituellement énumérées dans l'ordre dans lequel les termes doivent être combinés pour représenter un sujet composé.
La construction d'une classification spéciale nécessite d'abord la délimitation du sujet par la définition des domaines homogènes dont l'ensemble représente le sujet considéré, et la prévision d'inclusion des sujets marginaux, soit sous forme de table parallèle, soit par subordination arbitraire mais parfois commode. Si un sujet marginal fait l'objet d'une analyse appropriée dans une autre classification valable, il est raisonnable d'utiliser les termes correspondants de celle-ci. Pour les domaines marginaux qui ne font pas l'objet d'une table, il faut procéder à l'analyse du sujet et à l'élaboration de la table correspondante.
Après avoir décomposé le sujet en domaines spécialisés homogènes, il faut, pour chacun d'eux, procéder à l'analyse par facettes en s'aidant de la documentation relevant du domaine examiné (manuels, glossaires, revues d'analyses) et déterminer ainsi les catégories qui constituent le domaine envisagé en s'aidant, au besoin, d'une liste de catégories fondamentales. Puis il faut fixer l'ordre de combinaison des facettes, soit en applicant le principe de « concrétivité décroissante » de Ranganathan (les catégories relatives aux concepts les plus concrets doivent précéder celles qui représentent les moins concrets), soit en adoptant le principe de l'utilisation (par exemple, dans le domaine des techniques, le produit fini doit avoir priorité sur les procédés de son élaboration), soit en envisageant l'intérêt de l'utilisateur. L'ordre d'énumération des facettes dans la table pourra coïncider avec l'ordre de combinaison, ou l'ordre inverse ; il pourra aussi résulter de l'éclatement d'une catégorie avec utilisation de facettes différentielles. Il y a lieu de prévoir aussi des subdivisions communes (espace, temps, forme et au besoin sujets marginaux communs) et des termes de relation (influence, comparaison, association, application).
La phase suivante de l'élaboration d'une classification à facettes consiste à assembler les différents termes de chaque facette en s'aidant d'ouvrages de référence, de vocabulaires, d'index, d'analyses et à les classer hiérarchiquement. Si, à l'intérieur d'une facette, un groupe de termes intéresse les utilisateurs à divers points de vue, il y a lieu d'établir une classification à coordonnées multiples.
Il faut ensuite choisir avec soin la notation en tenant compte de ses fonctions (réalisation du classement mécanique, mise en évidence de la structure des sujets classés, possibilité d'extension), de la nécessité d'élaboration d'éléments fonctionnels en nombre variable selon la classification préalablement établie, et si possible, de sa facilité mnémotechnique.
Il est bien évident qu'un index alphabétique est indispensable aussi bien au classificateur qu'à l'usager. Son élaboration peut avantageusement être conforme à la technique de l'indexation en chaîne.
Ce survol rapide de la méthode de construction d'une classification à facettes trahirait l'ouvrage remarquable de B.-C. Vickery si l'on omettait de préciser que de nombreux exemples pratiques rendent l'exposé de son guide particulièrement clair et attrayant. Il faut ajouter que la lecture, très ardue en anglais, en est considérablement facilitée pour les lecteurs français par l'élégance et la rigoureuse précision de la traduction.