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    Grenoble

    Animation littéraire

    Par M. Versino

    Depuis six ans, le « groupe lecture » assure, avec un ou deux animateurs professionnels secondés par un groupe de bénévoles une animation lecture à voix haute dans les bibliothèques, les unions de quartiers, les foyers, les centres de documentation, la résidence personnes âgées et les hôpitaux.

    La demande de séance de lecture depuis cette tentative, n'a cessé de croître. Nous y avons répondu, en organisant des formations à la lecture à haute voix, là où le besoin s'en faisait le plus sentir.

    Aujourd'hui nous voudrions réaliser de façon moins ponctuelle, plus cohérente, et peut-être plus profitable pour tous - bibliothécaires et lecteurs - une animation qui aurait trois aspects :

    • 1) l'animation lecture ;
    • 2) la formation ;
    • 3) la décentralisation dans une forme à réinventer, de « l'heure de critique du livre ».

    Les deux premiers points nous apparaissent comme prioritaires.

    L'ANIMATION LECTURE:

    Objectifs :

    • - faire découvrir à des lecteurs des oeuvres (romans, nouvelles, essais, poésies...), par un contact direct : la lecture.
    • - augmenter le nombre des lecteurs sur les points de lecture par cette animation ouverte à tous.
    • - décloisonner les actions en faveur de la lecture (rencontres de responsables, rencontres de public).
    • - faire connaître des ouvrages quasiment « censurés » par un système commercial ou un système d'information (entre autres).
    • - développer l'esprit critique et d'analyse par un travail régulier de rencontres avec le public.
    • - faire enfin qu'un jour, ce public, soutenu par « sa bibliothèque » assure lui-même avec l'aide des responsables des lectures à haute voix, des critiques d'ouvrages.

    Les lectures seraient assurées par des animateurs (ceux de la Maison de la Culture) accompagnés selon les cas, par des comédiens volontaires pour ce genre de travail, ou par des lecteurs bénévoles ayant de réelles qualités d'interprétation.

    L'animation lecture : Pour qui ? Par qui ?

    • - la demande de lecture d'un ouvrage peut émaner du bibliothécaire lui-même. Il serait souhaitable de prévoir un programme de base établi en fin de saison (juillet), qui pourrait être complété pour suivre l'actualité.
    • - elle pourrait provenir d'un lecteur, ou d'un groupe de lecteurs, d'un visiteur ou d'un groupe social proche de la bibliothèque, utilisant habituellement ses services ou attirés par cette nouvelle forme d'animation.
    • - la lecture pourra, en certaines occasions, être effectuée en présence d'un auteur, invité conjointement par la Maison de la Culture et la bibliothèque. Ces deux organismes assurant ensemble la charge financière de l'opération.

    Le budget à prévoir pour ce type d'animation n'est pas considérable : nous pouvons pouvoir l'estimer à 2.000 F pour une soirée où nous inviterions deux ou trois auteurs.

    LA FORMATION :

    Si l'on tient compte de ce que la demande de lecture à voix haute excède de loin les possibilités du secteur lecture de la Maison de la Culture et que ce n'est pas à elle d'en assurer seule la responsabilité, il faut imaginer un système permettant de démultiplier cette action et apportant à ceux qui assureraient cette démultiplication un enrichissement - fut-il modeste - de leur vie professionnelle.

    Nous avons en projet un stage annuel d'une trentaine d'heures, intitulé stage de sensibilisation aux techniques de lecture à haute voix, assuré par l'animateur responsable de ce secteur à la Maison de la Culture, soutenu le cas échéant par des animateurs extérieurs, mais avec l'accord des responsables (Maison de la Culture et bibliothèques).

    Ce stage serait destiné en priorité aux bibliothécaires professionnels et bénévoles. Il pourrait être pris en charge au titre de la formation permanente, la Maison de la Culture ayant reçu l'agrément du Ministère. La répartition des heures de travail dans le temps serait à voir avec les bibliothèques pour l'aménagement le meilleur possible.

    Certains problèmes pourraient être soulevés par la mise en place d'une telle animation :

    • 1) les lieux: quelle place, dans quelle bibliothèque pour accueillir 10 ou 50 personnes ?
    • 2) Les personnes : modification des fonctions des bibliothécaires ;
      • - modification de l'emploi du temps ?
      • - interruption du prêt pendant l'animation (selon les lieux) ou de la lecture sur place ?
      • - si modification de la définition professionnelle, du temps de travail, incidences sur le salaire d'une meilleure qualification professionnelle ou des heures supplémentaires effectuées.
    • 3) Le choix des ouvrages : doit-on éviter tout texte ? ou liberté totale, courage d'aborder « tout ouvrage » avec sa liberté critique et son honnêteté professionnelle ?

    L'HEURE DE CRITIQUE DU LIVRE :

    C'est essentiellement pour le moment une production de la Maison de la Culture, réalisée une fois par mois avec plus ou moins de réussite, à la bibliothèque de la Maison de la Culture, et assurée par les animateurs littérature, ou des auteurs invités.

    Cette animation consiste à présenter une fois par mois une analyse de deux ou trois ouvrages choisis par l'animateur, la bibliothécaire, des lecteurs ou lecteurs potentiels. Quand l'animateur décide d'un choix, il peut être motivé par le silence qui entoure un ouvrage, ou l'excessive publicité qui le vante, ou par ce qu'il apporte à la programmation de la Maison de la Culture : la Chine, les handicapés, l'Italie, la santé, les travailleurs... Le choix de l'animateur ou d'autres personnes peut être dicté par l'intérêt d'une actualité : mort de Franco, de Jean Rostand, compromis historique en Italie... Il va de soi que les auteurs habitant la région sont invités à l'occasion de la sortie de leur livre : Jean Bastaire en juin 1977 pour le Péguy des Cahiers de l'Herne, Suzy Morel pour l'Enfant cavalier en octobre 1977. Il faut noter que la demande venant des lecteurs est d'environ 30 % des ouvrages présentés (ex.: le sucre de Conchon).

    Cette heure de critique ne « dévoile jamais l'histoire » complète du livre. Elle veut aider à découvrir un thème, un sujet, un auteur, un style, éveiller la curiosité de l'auditeur. Elle est donc toujours ponctuée de lecture à voix haute permettant cette appréciation autrement que pour l'explication de texte ou les « commentaires » qui ont éloigné tant de personnes de la lecture.

    Enfin, l'un des objectifs est toujours à redire : réduire la distance entre l'écrivain et le lecteur, réduire par la voix et la présence d'un homme la distance entre le livre et l'individu, faire que la circulation des ouvrages soit entourée d'un environnement plus humain et plus épanouissant, puisque visant à enrichir la réflexion, l'analyse, la comparaison et le dialogue.

    Ce projet a été établi par l'animateur littéraire, entre les bibliothèques de la ville de Grenoble, la direction de la bibliothèque centrale de Grenoble et la Maison de la Culture.

    Il s'agit bien sûr maintenant, pour les bibliothécaires d'aménager ce projet, de se l'approprier et d'en discuter avec les responsables des bibliothèques.