A partir d'une carrière exercée depuis quelque quinze ans dans l'enseignement supérieur de la gestion, à partir aussi de ma fréquentation de centres de documentation d'organismes économiques privés ou publics, je vous livre quelques réflexions selon une démarche toute pragmatique.
Le Centre d'Enseignement Supérieur des Affaires où j'exerce mon activité professionnelle est un corps administratif dont la déesse tutélaire est la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris et l'objectif, l'enseignement du management par le canal de quatre programmes : l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales (2e cycle), l'Institut Supérieur des Affaires (3e cycle), le Centre de Formation Continue (formation permanente), l'Internat (préparation au doctorat).
Vivre dans ce cadre a des conséquences sur notre perception et notre traitement du problème documentaire. Certaines de ces conséquences sont spécifiques, d'autres plus générales ; je vais en énumérer quelques-unes passant graduellement de la première catégorie à la seconde.
• Le C.E.S.A. est un service de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, ce qui veut dire que nous avons bénéficié d'une certaine continuité financière et d'une relative stabilité du personnel.
• La gestion est le coeur de notre intérêt intellectuel ; l'économie, le droit, les sciences sociales sont des disciplines secondes :
Notre intérêt documentaire se portant sur l'utilisateur, c'est à partir de lui que cet exposé a été construit.
En me référant à ma pratique du C.E.S.A., je ferais quatre catégories :
Comment identifier cette clientèle potentielle ?
Pourquoi identifier les utilisateurs ?
Au moins pour deux raisons :
C'est une des questions les plus débattues et des plus difficiles à résoudre car, dans la majorité des cas, les utilisateurs ne connaissent pas ou expriment mal leurs besoins.
Pourquoi faire des enquêtes de détection des besoins ?
Comment faire ces enquêtes de détection ?
Ce problème mérite à lui seul un débat. En simplifiant, on peut envisager deux solutions :
Je pense que cette pratique est lourde mais possible ; je la crois utile sinon indispensable. Comment gérer une fonction documentaire sans repères ?
Je n'ai pas l'intention, ni d'ailleurs la possibilité de traiter de la méthodologie de la recherche dans l'abstrait puisqu'elle est conditionnée par la politique documentaire que l'on veut mener :
Il y a maintes autres éventualités. L'essentiel est d'avoir réfléchi au « quoi » et « comment » de l'assistance documentaire, de l'avoir défini et fait connaître. Ceci pour l'utilisateur qui saura ce qu'il peut attendre de l'unité documentaire à laquelle il s'adresse. Ceci aussi pour les documentalistes qui pourront proportionner leur temps, leur effort aux promesses explicites ou implicites du centre.
Ayant perçu au moins approximativement les besoins des utilisateurs et sachant, grosso modo, ce qu'on attend d'eux, les documentalistes vont essayer d'employer au mieux les outils à leur disposition.
Quels sont ces outils documentaires ?
La liste énumérée maintenant n'est pas limitative, je compte sur l'imagination des bibliothécaires-documentalistes pour en avoir inventés d'autres :
Les index et abstracts et les bibliographies.
Il s'agit ici de l'accès des documents par les titres de périodiques. Ces dossiers évitent de manipuler des kilos de périodiques pour trouver quelques références.
Ils servent beaucoup aux professeurs et étudiants de doctorat, ils servent aussi au personnel de la bibliothèque pour rectifier des références incomplètes ou erronées.
Cela suppose donc que nous disposions de fichiers et répertoires d'adresses.
Comme pour les bibliographies, je dirai qu'il faut utiliser ce qui existe et la variété est grande mais qu'il faut aussi créer des outils plus à jour, qu'ils aient la forme de fichiers d'adresses ou de listes, communes ou non, de périodiques.
Ainsi énumérés à la file, les moyens d'accès au contenu intellectuel des documents semblent représenter une charge financière, une contrainte de travail très lourdes ; la réalité est moins pesante puisque ces outils sont élaborés ou acquis sur une assez longue période de temps ; il s'agit ici encore de faire un choix.
J'ajouterai que tous ces outils doivent être préparés, organisés de la façon la plus simple, la plus efficace possible afin qu'après une initiation, les utilisateurs puissent les exploiter sans aide ou presque.
Connaissant donc au mieux les besoins des utilisateurs, connaissant aussi au mieux les ressources documentaires disponibles, il s'agit maintenant pour 'les bibliothécaires-documentalistes de rapprocher les uns des autres par des opérations variées, concomitantes et, j'insiste, répétées car rien n'est acquis d'une fois.
J'ai regroupé quelques moyens de rapprochement d'après leur nature : ceux à dominante humaine et ceux à dominante matérielle.
Ce sont celles auxquelles, personnellement, je tiens le plus car elles sont les plus agréables et les plus efficaces ou devraient l'être :
l faut encore que les documentalistes aient une personnalité avenante, sachant maîtriser les relations inter-personnelles.
Je vous fais grâce de propos sur l'accessibilité, sur l'ambiance agréable de l'unité documentaire, cela est si important que c'est évident.
Je vais inventorier quelques moyens de promotion des services documentaires, mais vous en connaissez d'autres. Je vais les inventorier en ne tenant pas compte de leur coût mais en vous rappelant l'importance du couple coût/utilité aussi difficile qu'il soit à établir.
a) La plus simple des choses à avoir est une notice descriptive de la bibliothèque, elle peut être affichée, distribuée, insérée dans une brochure. b) Elle peut se développer en un guide sur la bibliothèque ; bien des bibliothèques en possèdent. c) Pour les nouveaux venus, des visites commentées plus ou moins détaillées sont organisées elles sont souvent décevantes pour les deux parties. d) Une initiation à la recherche documentaire est parfois proposé aux utilisateurs, elle est d'autant plus efficace que les utilisateurs sont plus avancés dans leurs études. e) Parmi l'information continue qui est distribuée ou mise à la disposition des clients, il y a, bien sûr, les listes d'acquisitions et la liste des périodiques reçus. f) Les autres moyens d'information sont à moduler plus spécifiquement selon les destinataires ; je citerai :
g) Il reste encore un moyen de rapprochement des utilisateurs et des documents, il suppose un long investissement mais c'est le moins coûteux et le plus efficace : c'est la bonne réputation de l'unité documentaire.
Voilà ce que j'avais à vous dire sur la fonction documentaire des bibliothèques économiques. J'aurais pu le faire de façon plus savante en parlant de système, c'eut été facile puisque, de mon point de vue, la fonction documentaire est une fonction intégrée, j'aurais parlé des mêmes choses autrement.
Finalement, je terminerai sur une profession de foi qui est aussi un voeu, en disant que bibliothécaires et/ou documentalistes, peu importe le vocable, nous sommes, nous devons être non seulement les gardiens d'une certaine forme de connaissance mais surtout les messagers de cette connaissance et aussi des pédagogues.